lundi 25 novembre 2024 00:05

Immigration : L’Espagne en bon voisinage avec le Maroc

L’Espagne a fait des choses très positives en liaison avec le Maroc”, soulignait début octobre le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, devant les caméras d’i-Télé, à propos de la dernière tragédie de Lampedusa.

Il y a vingt-cinq ans déjà, à l’automne 1988, on découvrait sur la plage de Los Lances (Cadix) le corps du premier immigrant mort noyé. L’immigration clandestine vers l’Espagne à travers le détroit de Gibraltar n’a cessé d’augmenter jusqu’au naufrage d’une embarcation de fortune en octobre 2003 face à Rota (Cadix), où 37 Marocains ont perdu la vie.

Relation exemplaire. Cette catastrophe a provoqué un changement radical dans l’attitude de Rabat, qui a commencé à coopérer avec l’Espagne pour freiner la vague migratoire. Petit à petit, la route du détroit a été pratiquement fermée tandis que d’autres s’ouvraient, comme celle de l’Atlantique, qui arrivait aux Canaries, et celles de Ceuta et Melilla. Ces dernières semblent presque impossibles à barrer.

Aujourd’hui “la relation [avec le Maroc] est exemplaire, magnifique”, a martelé le 8 octobre le secrétaire d’Etat espagnol à la Sécurité, Francisco Martínez, devant l’Assemblée des députés. Bien qu’il ne l’ait pas mentionnée, la collaboration avec la Mauritanie et le Sénégal donne également de bons résultats.

L’immigration clandestine par la voie maritime vers l’Espagne a diminué de 90,3 % entre 2006 et 2012, un taux qui a même atteint 99,5 % aux Canaries, a rappelé Martínez. Cette tendance s’est maintenue en 2013.

Le gros avantage de l’Espagne par rapport à l’Italie est qu’elle est en face d’Etats capables de contrôler leurs frontières, comme le Maroc et la Mauritanie, alors que la Libye – dont les côtes se trouvent à 176 kilomètres à peine de Lampedusa – est plongée dans l’anarchie depuis le renversement de Muammar Kadhafi, en 2011.

La baisse de l’immigration n’est pas linéaire : des poussées se produisent parfois. En août dernier, par exemple, à la fin du ramadan, une flotte de petits bateaux pneumatiques que la police appelle “toys” parce qu’ils sont vendus dans les rayons de jouets. Selon Martínez, 1 000 passagers de ces embarcations ont été sauvés depuis le début de l’année. Rabat essaie d’enrayer le phénomène “en s’attaquant aux circuits de commercialisation”, a ajouté le secrétaire d’Etat.

Moins de morts. La lutte contre l’immigration clandestine a cependant encore des progrès à faire sur un front : celui de Ceuta et Melilla. Malgré la collaboration de Rabat et la construction d’une clôture deux fois plus haute que l’ancienne, les arrivées par la mer et l’affluence des migrants subsahariens à l’entrée de Melilla ont été cette année aussi massives – 3 000 personnes au total – et fréquentes qu’en 2005. Cette année-là, il avait fallu déployer l’armée marocaine pour protéger les deux villes. En revanche, il y a eu moins de morts (une seule personne a perdu la vie contre quatorze il y a huit ans) et les retombées médiatiques ont été rares.

Le budget du ministère de l’Intérieur n’augmentera donc en 2014 que pour couvrir les frais relatifs aux élections européennes : 2,5 millions ont été débloqués pour renforcer le périmètre frontalier de Ceuta, et surtout celui de Melilla, par l’installation de caméras de surveillance supplémentaires et d’un filet métallique rendant plus difficile l’escalade de la clôture déjà haute de 6 mètres.

Le ministère consacrera également 1,8 million d’euros à perfectionner le système de surveillance électronique (Sive), qui détecte tout ce qui bouge dans le détroit sauf les petits bateaux pneumatiques. Ce dispositif a coûté 237 millions depuis sa création, en 2000.
24 octobre 2013, Ignacio Cembrero

Source : Courrierinternational/El País

 

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