lundi 25 novembre 2024 16:19

Interview avec le peintre-graveur Khalid El Bekay

Khalid El Bekay, peintre-graveur, présente du 27 octobre au 15 décembre une exposition inédite au Maroc, à Estamp'art Gallery. L'artiste y fait découvrir une sélection particulière d'estampes réalisées à Barcelone.

Le Matin : Parlez-nous de votre exposition à la galerie Estamp'art ?

Khalid El BEKAY : Cette exposition, une première au Maroc, se présente sous forme de rétrospective, et ceci pour deux raisons. il s'agit, d'une part, de faire découvrir au public marocain une sélection de mes créations en gravure que j'ai réalisées à Barcelone à partir de 1995 et que je n'ai jamais eu l'occasion d'exposer au Maroc. D'autre part, je présente un recueil de nouvelles estampes conçues récemment. Cette exposition intitulée «T» de Litho présente une vingtaine d'œuvres en lithographie originale sur pierre. Je dessine mes œuvres avec une grande liberté et j'affectionne particulièrement le noir et le blanc en privilégiant le trait. Des silhouettes et des ombres viennent s'y rajouter, entremêlées, fondues les unes dans les autres.

Une infinité d'éléments deviennent symboles. Une palette vivace recouvre, repousse, élargit l'espace entre chaque tracé, entre chaque forme et sur chaque surface. La pureté de la couleur vient habiller les surfaces et leur donner une âme.

Quel a été le moment le plus important dans votre carrière ?

Khalid El Bakay : Tous les moments sont importants dans ma carrière, au début j'ai commencé à découvrir l'art, et maintenant j'expose le fruit de ma recherche. Ce qui me différencie des autres artistes, c'est l'identité de mes œuvres comme peintre marocain dans la mesure où je vis en Espagne. Mais j'ai toujours gardé le lien avec mon pays et même si j ai acquis l'expérience à l'étranger, je suis toujours fidèle a mes racines. Je suis très fier de mes origines. Je veux partager mon identité avec le monde Je dialogue, je raconte, j'exploite, je cherche à transmettre à travers mes œuvres ma culture, ma vision du temps, du travail, de la terre et de la création.

Quand vous étiez jeune, pensiez-vous devenir un jour un artiste professionnel ?

Oui, absolument, malgré mes études en sciences, je souhaitais rejoindre l'école des beaux-arts de Tétouan. Suite à cela, je suis parti à Barcelone pour obtenir une licence en gravure.

Avez-vous un moment ou un lieu de prédilection dont vous tirez votre inspiration ?

Le Maroc, c'est ma source d'inspiration. Même si je vis à Barcelone depuis vingt ans, j'ai toujours gardé le contact avec le Maroc. jJ'y venais au moins deux à trois fois par an pour recharger mes batteries et retourner à Barcelone. Je reste impressionné, ému par la force et la grandeur de la nature. Les éléments que je choisis relèvent certes d'une évolution plastique qui part de la nature morte, avec une palette soignée, pour ensuite aller vers un travail visuel exploitant toutes sortes de papiers déchirés et collés en superposition dans une architecture profonde de formes et de couleurs où se révèle la lumière.

Pensez-vous que vos œuvres soient d'un accès facile et universel ?

Oui, je pense qu'elles sont d'un accès facile. Pour moi, les couleurs utilisées dans les œuvres n'ont aucune frontière et le public pourra facilement les comprendre.

A quel point l'aspect technique est-il important dans vos œuvres ?

J'ai toujours cherché à être très technicien dans ma peinture. Un artiste qui ne domine pas la technique n'est pas un artiste puisqu' il ne peut pas transmettre le message. Il faut réaliser un équilibre entre le concept et la technique.

Quels sont vos souvenirs d'enfance sur l'art ?

Je me rappelle très bien quand j'avais douze ans, j ai dû assister à l'exposition de l'artiste Zine à Maârif, ici sur Casablanca. Je suis vite tombé sous le charme de ses œuvres, et je me suis dit «un jour , je vais devenir un grand artiste et exposer dans les grandes galeries d'art''.

Si vous deviez nous décrire les œuvres exposées… ?

Je me suis limité à quelques formes, limitant ainsi mon champ visuel sans pour autant le limiter en profondeur : l'aubergine, la pomme, la poire, représentent un contraste à la fois pur et complexe, simple et riche. Tout se résume à ça. Je ne trouve aucun intérêt, en tant que peintre, à compliquer mon geste, et capitule gracieusement devant la force de la terre. La magie de la nature.
Quels sont vos projets ?

Tous d abord, j'espère que le public va apprécier mon exposition à la galerie d'art. Ce sera la dernière exposition monographique. Après, j'exposerai aux mois d'avril et de mai en Espagne. J'espère que les Marocains résidant à l'étranger auront l'occasion de venir me voir à cette exposition et découvrir mes nouvelles œuvres.

Quel est votre livre de chevet ?

Etant donné que je suis un artiste, je n'ai pas de choix précis mais j'aime bien lire les livres qui tendent vers la spiritualité. Dans la mesure où je vis en Espagne depuis vingt ans, j' aime aussi les auteurs espagnols.

Le mot de la fin...

J'espère que le public marocain comprendra et appréciera la lithographie et pourra se familiariser avec cet art.
29 octobre 2010-10-29

Source : Le Matin

Google+ Google+