Seule ministre noire du gouvernement italien, Cécile Kyenge a annoncé mercredi qu'elle relancerait en janvier la "Déclaration de Rome" contre le racisme, adoptée fin septembre, en raison de l'augmentation récente du nombre d'"épisodes racistes" en Europe.
"Cette déclaration a déjà été signée par 23 pays de la communauté européenne et en janvier nous présenterons le pacte pour les années 2014-2020, qui servira également durant la campagne des élections européennes", a affirmé la ministre de l'Intégration lors d'une conférence de presse à Rome.
"Ces derniers temps, on a vu une augmentation des épisodes racistes dans de nombreux pays, probablement en raison de la crise économique mais également en raison d'une ignorance générale et surtout d'une ignorance des vraies valeurs de l'Europe", a souligné Mme Kyenge.
Ce pacte, qui concernera autant les institutions européennes, les pouvoirs publics que la société civile, doit servir "à faire comprendre quels sont les valeurs fondamentales de l'Europe": la diversité, l'éducation civique, l'intégration, la transparence etc... Tout en refusant le "populisme", a précisé la ministre.
Le 23 septembre, dans un geste inédit, les ministres de dix-sept pays de l'UE étaient venus à Rome et avaient apporté leur soutien à cette ophtalmologiste de 49 ans, originaire de République Démocratique du Congo et arrivée en Italie en 1983, qui avait été la cible d'insultes racistes. Ils avaient alors adopté la "Déclaration de Rome" contre le racisme.
Depuis sa nomination au sein du gouvernement de coalition gauche-droite d'Enrico Letta fin avril, Mme Kyenge s'est notamment vu traiter d'orang-outang par un sénateur de la Ligue du Nord, parti opposé à l'immigration.
A la question de savoir ce qu'elle avait pensé des insultes adressées à la ministre française de la Justice, Christine Taubira, comparée à un "singe", Mme Kyenge a répondu en souriant qu'elle "aussi avait reçu des bananes", et que ce geste ne l'avait pas "beaucoup surpris".
"Ce qui me fait tenir, ma force, c'est le contact avec les gens, la chaleur que l'on me prodigue dans la rue", a encore affirmé Mme Kyenge, en réponse à une question d'un journaliste africain lui demandant si elle ne se sentait pas trop "isolée".
04 déc 2013
Source : AFP
