Thème récurrent sur la scène politique italienne, la question migratoire est revenue, au cours des derniers jours, au devant de l'actualité par le fait d'initiatives de la Ligue du Nord (parti de droite participant au gouvernement de Silvio Berlusconi) qui place la lutte contre l'immigration au cœur de son programme.
Ainsi, ce parti a défendu durant plusieurs jours la réduction à six mois seulement de la durée pendant laquelle un travailleur immigré pouvait bénéficier de l'assurance-chômage, avant de se rétracter samedi dernier.
L'amendement proposé en ce sens par la ligue du nord avait suscité de vives critiques dans les milieux de l'opposition de gauche et au sein de l'église, omniprésente en Italie.
"Le seul fait de proposer de limiter un droit comme l'assurance-chômage, à des travailleurs qui y ont contribué, pour la seule raison qu'ils sont nés à l'étranger est aberrant", a dénoncé notamment le quotidien catholique "Avvenire".
Autre sortie ayant suscité de vives réactions, celle prise par le maire liguiste de la ville lombarde de Coccaglio (nord) relative au lancement d'une opération consistant à recenser tous les étrangers de sa commune et à dénoncer aux autorités ceux dont le permis de séjour est arrivé à échéance.
Quelque trois mille habitants de cette ville qui en compte 8000 habitants, sont d'ailleurs sortis dans la rue, samedi, pour protester contre cette opération que le maire Franco Claretti, a baptisée "Noël blanc".
Même le leader de la Ligue du Nord, Umberto Bossi, a accueilli avec réserve cette opération. "Ce n'était pas la peine de l'appeler +Noël blanc+. Parfois la forme fait aussi partie du contenu", a-t-il notamment commenté.
Les élus de la Ligue sont coutumiers des initiatives visant les immigrés. Fin 2007, à Padoue, une ancienne vice-ministre avait fait scandale en promenant un porc sur le terrain d'une future mosquée. A Milan, un conseiller municipal a proposé l'instauration dans le métro de wagons réservés aux Milanais.
La Ligue du Nord, à laquelle appartient le ministre de l'intérieur, Roberto Maroni, avait accueilli avec grande satisfaction l'adoption, l'été dernier, d'un texte durcissant la législation anti-immigration. Le texte considère la clandestinité comme un délit passible d'une amende pouvant aller jusqu'à 10 mille euros et d'une expulsion immédiate.
La ligue se fait l'adversaire, à présent, de propositions du président de la Chambre des députés, Gianfranco Fini, en faveur d'un assouplissement des conditions d'obtention de la nationalité italienne et du droit de vote aux élections locales pour les immigrés légalement installés depuis cinq ans en Italie.
M. Fini, qui a fondé le parti du Peuple de la liberté (PPL) avec M. Berlusconi, estime, pour sa part, que "le grand défi de l'intégration doit être remporté à travers un programme d'extension de la citoyenneté sociale et politique"
Source : Le Matin/MAP