samedi 28 décembre 2024 11:26

L'Arizona inscrit dans la loi le délit de faciès

Le débat sur l'immigration vient de refaire surface aux Etats-Unis après que l'Arizona a voté une loi très dure à l'égard des sans-papiers. L'affaire risque de remonter jusqu'à la Maison-Blanche.

Les sénateurs républicains John McCain et Jon Kyl présentent le plan en 10 points pour lutter contre l'immigration clandestine dans l'état de l'Arizona.

Le Parlement de l'Arizona a adopté, le lundi 19 avril, une proposition de loi très dure qui permet à la police d'arrêter toute personne suspectée d'être un immigrant clandestin. Des législateurs hispaniques en appellent déjà à l'intervention du président Obama si la gouverneure de cet Etat, Jan Brewer, ne met pas son veto au texte. "Elle doit s'opposer à cette proposition de loi et, si elle ne le fait pas, Barack Obama doit rappeler que le domaine de l'immigration relève du gouvernement fédéral", a déclaré le représentant démocrate de l'Illinois, Luis Gutierrez. La Maison-Blanche a pour sa part fait savoir qu'elle examinait déjà le texte. Il permet notamment à la police de procéder à une arrestation sur la seule base de "suspicion légitime" d'immigration clandestine, si la personne appréhendée n'a pas sur elle de permis de conduire ou de papiers d'identité. "C'est une folie de vouloir arrêter des gens parce qu'ils ont une certaine apparence ou qu'ils sont soupçonnés d'avoir enfreint les règles de l'immigration. Cela ne peut déboucher que sur une chose : la violation des droits civils les plus élémentaires, le délit de faciès", s'est insurgé Luis Gutierrez. Mais si ce démocrate critique les républicains, il lance également un avertissement à la Maison-Blanche, qui tarde selon lui à mener une réforme globale de l'immigration. "Au final, tout va dépendre du président des Etats-Unis et de l'énergie qu'il mettra ou non à réaliser cette réforme", fait observer Gutierrez.

De leur côté, les partisans de la loi de l'Arizona font valoir qu'elle donnera à la police les outils dont elle a besoin pour lutter contre les crimes commis par les immigrés clandestins. Russell Pearce, le principal auteur du projet de loi et membre républicain du sénat de l'Arizona, affirme que "la clandestinité n'est pas une race mais un délit". Jan Brewer a cinq jours pour prendre sa décision. Cette proposition de loi a attiré les regards de tout le pays vers l'Arizona, notamment après que le sénateur républicain de l'Arizona, John McCain, s'est déclaré en sa faveur. Le candidat déçu à la présidentielle de 2008 a sans doute voulu montrer par là qu'il abandonnait le soutien qu'il affichait auparavant à une réforme de l'immigration. Il fait face à une dure course à l'investiture républicaine en vue des élections législatives de mi-mandat, en novembre prochain. J.D. Hayworth, un ancien député, se prépare à le défier pour décrocher à sa place l'investiture du parti de l'Eléphant. Le député démocrate de l'Arizona, Raul Grijalva, dénonce "une volte-face complète" de la part de John McCain, rappelant que "la campagne de J.D. Hayworth l'a fait changer de position à plusieurs reprises". Mais si la proposition de loi est approuvée, elle risque d'être très rapidement remise en cause, puisque la Constitution américaine protège les citoyens contre les traques et les arrestations qui ne sont infondées.

Source : Courrier International

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