samedi 30 novembre 2024 11:51

L'échec de la politique d'intégration aux Pays-Bas n'est pas consécutif à un "problème culturel

L'échec de la politique d'intégration des communautés étrangères, notamment marocaine, aux Pays-Bas n'est pas consécutif à un "problème culturel" chez ces communautés mais il est, en partie, le produit de tout un contexte social, économique et politique, a affirmé l'historienne des migrations marocaines aux Pays-Bas, Nadia Bourass.

C'est un échec qui trouve ses racines dans les années 1970 et au début des années 1980 marquées par la crise économique mondiale et la fermeture des frontières néerlandaises avec tout ce qui s'en est suivi: Regroupement familial, montée de chômage parmi les immigrés et surtout l'apparition d'un discours "politiquement incorrect" chez des politiciens, a-t-elle expliqué dans un entretien à la MAP.
Faire croire aux Néerlandais que l'échec de cette politique est lié à "un problème culturel" chez les immigrés est "complètement absurde", insiste-t-elle.

La Haye a beaucoup investi, les trente premières années dans le renforcement de l'attachement des immigrés notamment marocains à leur pays d'origine, convaincue qu'en étant soi-même, l'intégration sera plus facile. Mais à partir des années 1980, relève l'historienne, la politique néerlandaise ne sera plus la même: ceux à qui on demandait de rester eux-mêmes doivent oublier ce qu'ils sont et devenir Néerlandais.

Du jour au lendemain, le gouvernement découvre que sa politique d'intégration était "un échec" au vu des problèmes causés par des immigrés, les adolescents en particulier, qu'il avait imputé exclusivement à la culture du pays d'origine, alors que quelques années auparavant il y voyait le moyen idéal pour faciliter l'intégration.

Mais, jamais le gouvernement néerlandais ne s'est remis en question en assumant, au moins, une part de la responsabilité dans ce soi-disant échec, en ce sens qu'il s'agissait d'une politique qu'il avait lui-même mis en place et défendu au cours de plusieurs années, a-t-elle déploré.

Le débat sur l'immigration marocaine aux Pays-Bas a ainsi commencé pour se poursuivre jusqu'à aujourd'hui, accentué par des événements majeurs ayant marqué la scène néerlandaise et étrangère notamment le 11 septembre et l'assassinat du réalisateur néerlandais Theo van Gogh, qui a changé radicalement la perception des Néerlandais de l'immigration, a dit cette spécialiste de l'immigration marocaine aux Pays-Bas.

Des faits qui seront mis à profit par des hommes politiques notamment de l'extrême-droite pour convaincre le peuple que "l'immigration marocaine est la source de tous les maux de la société néerlandaise", comptant ainsi sur la complicité des médias mais aussi de certains partis politiques jusque-là connus pour leur défense des immigrés.

La plupart des partis politiques néerlandais se sont rangés désormais du côté de l'extrême-droite en reconnaissant que cette immigration constitue "un problème" pour les Pays-Bas, a relevé Nadia Bourass, ajoutant que plusieurs d'entre eux ne le font pas par conviction mais utilise ce discours anti immigrés qui plait, de plus en plus, aux Néerlandais.

Le débat qui a eu lieu dernièrement au parlement hollandais à l'initiative du parti de l'extrême-droite (PVV), connu pour ses positions hostiles aux immigrés et à l'Islam, sur ce qu'il appelle "Marokkanenprobleem" a suscité un tollé du côté la communauté marocaine, choquée de voir des partis traditionnellement pro immigration s'aligner sur des thèses d'une formation populiste et radicale.
Nadia Bourass, également membre du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), précise dans ce sens que les petits délits commis par "une minorité d'adolescents marocains" ne représente qu'une infime partie des problèmes et crimes qui surviennent aux Pays-Bas, sachant que toute la communauté marocaine représente seulement 2 pc de la population néerlandaise dont le nombre total s'élève à 17 millions d'habitants.

23 avr 2013

Source : MAP

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