mercredi 27 novembre 2024 00:33

L’engrenage de la déchéance de la nationalité française

Après le deuxième attentat terroriste survenu le mois de novembre 2015, François Hollande a déclaré l’état d’urgence et beaucoup d’autres mesures parmi lesquelles, figure la déchéance de la nationalité française pour les binationaux. En fait, cette mesure, François Hollande l’a empruntée au parti de droite. Nul n’est dupe ! Le Président actuel pense à 2017, et il fait tout pour attirer l’électorat de tous bords, quitte même à vendre son âme au diable.

Les binationaux et surtout les Français de confession musulmane sont la cible de cette loi. Déjà après les attentats, on a enregistré des centaines d’agressions sur les femmes voilées, et le saccage des mosquées partout en France. Le racisme antimusulman en France est quatre fois supérieur au racisme anti-noir aux Etats-Unis. Il faut ajouter à ça, des pseudo-intellectuels à l’image d’Alain Finkielkraut, futur académicien, qui stigmatise les musulmans dans tous ses ouvrages. Il donne son avis sur l’islam, une religion qu’il ne connaît pas. Et aussi sur les banlieues où il n’a jamais mis les pieds. Il n’a aucune compétence sur les questions migratoires. Et quand on le contredit dans un débat télévisé, il demande à haute voix à ses contradicteurs de se taire. D’ailleurs, il y a une vidéo de lui qui circule sur le web et qui s’intitule : « taisez-vous ». Cette vidéo est enregistrée au cours d’un débat intitulé « Doit-on se ressembler pour pouvoir vivre ensemble dans le même pays ? »

Pour Finkielkraut, un immigré qui possède la nationalité française doit connaître Flaubert, et si possible toute l’Histoire de France. Quand la France en mal de mains d’œuvre, est allée les chercher nos parents au pays, elle n’a pas demandé à ces derniers s’ils maitrisent l’Histoire de France. Quand mon père est arrivé en France à l’âge de 18 ans dans les années 60, on lui a donné une pelle, et on lui a demandé de creuser. Maintenant, on demande aux immigrés de se dépouiller de leurs cultures, et même de changer leurs prénoms, comme le propose Zemmour, un autre pseudo-intellectuel.

François Hollande qui s’est mis à dos toute une partie de la gauche et une grande majorité de Français d’origine étrangère s’est mis dans un engrenage, et il ne sait pas comment en sortir. Car, ces français de seconde zone, votent aussi. Et le Président a besoin de leurs votes en 2017.

Il faut savoir que 50% des jeunes français qui partent en Syrie sont d’origine française. Ils ne sont pas musulmans, ils n’ont jamais connu l’immigration, et sont souvent issus de milieu favorisé. Parmi les terroristes de confession musulmane, on trouve des jeunes qui sont très bons élèves et issus de milieu favorisé aussi. Alors qu’est-ce qui pousse ces jeunes à immigrer en Syrie, et à mourir pour le djihad ?

Sûrement le manque de spiritualité, et aussi ils ne supportent plus de vivre dans un monde creux. Un monde de consommation, et de mondialisation. Ces jeunes souffrent, ils ne trouvent pas d’idéal qui donnera un sens à leurs vies. Et les rabatteurs qui sévissent sur le net, leur propose cet idéal ; un moyen pour exister. Il faut que François Hollande sache que les terroristes actuels sont des kamikazes, ils ne se disent pas le moment venu, au moment de déclencher leurs ceintures : « Ah Zut ! Si je me fais exploser, je vais perdre ma nationalité. »

Cette loi sur la déchéance de la nationalité est un enfumage, comme le sont les commémorations récemment. Trop de commémorations tuent les commémorations. D’ailleurs, il n’y a pas eu grand monde à la commémoration de Charlie Hebdo. Les vrais problèmes des Français sont ailleurs, avec le chômage qui augmente, de plus en plus de jeunes ne trouvent pas de travail. Et que fait le gouvernement ? Il est en train de réfléchir à un moyen pour taxer les chômeurs, verser moins de 75 % à ces derniers. Car les salariés qui ont cotisé pendant des années à l’assurance chômage, et qui perdent leurs emplois perçoivent trop d’argent. Comment un smicard peut-il s’en sortir avec moins de 75% de son salaire ?

A l’heure où j’écris cet article, La ministre des gardes des sceaux Christiane Taubira, vient de présenter sa démission, car elle juge que cette loi sur la déchéance de la nationalité est déplacée. Madame Taubira, contrairement au Président de la République est cohérente. Elle a choisi d’adhérer au Parti Socialiste pour les valeurs humanistes que ce parti prône. Elle n’a pas envie de défendre une loi avec laquelle, elle n’est pas d’accord, et elle mérite du respect.

Monsieur le Président : « Nous, Français de hasard, car on ne choisit pas le lieu de notre naissance, ni notre origine, ne voulons plus être français, tant que vous incarnerez cette idée de la France. »
Comme le rapporte « L’Express » du 22 janvier 2016, la réforme constitutionnelle, qui doit être examinée à compter du 5 février par les députés, exigera pour être votée définitivement une majorité des trois cinquième du Congrès, députés et sénateurs réunis. Comme on lui demandait si une majorité de députés PS voteraient finalement la réforme constitutionnelle et la déchéance, Jean Christophe Cambadélis s’est voulu prudent mercredi : « Je n’en sais rien. Je n’ai pas sondé les reins et les cœurs de cette étape. »

L’opposition de droite, globalement favorable aux deux mesures proposées, tient pour sa part à ce que la déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour terrorisme figure bien dans la constitution. Vingt parlementaires LR, dont Nathalie Koscukso-Moizet et le Juppéiste Edouard Philippe, ont cependant fait savoir dans une tribune au Figaro vendredi, qu’ils ne voteraient pas cette réforme constitutionnelle dénonçant un projet « inutile et dangereux » et une « manipulation politique ».
FÉVRIER 2016, Mustapha Bouhaddar,  

Source : Maghreb Canada Express

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