C’est l’une des questions qui divisent le plus : l’immigration. Entre sortie de l'Europe, garde-frontières européens, copie du système canadien ou accueil sans réserve, les positions sont diamétralement opposées.
Le discours est pourtant le même : l'évolution de la question d'immigration est entre nos mains.
Pour le Front National déjà, la position est absolue et inflexible : il faut un retour à nos frontières. Selon Florian Philippot tête de liste dans l'Est, la gestion de l'immigration passe un contrôle franco-français : "Nous demandons la maîtrise de nos frontières nationales. On nous a vendu la disparition des frontières nationales en nous disant à l’époque avec Schengen « nous aurons des frontières européennes ». On n'a pas non plus de frontière européenne. On rentre en Europe comme dans une passoire…"
Un peu moins à droite, Brice Hortefeux, ancien ministre UMP de l'immigration et tête de liste dans le Massif Central, critique violemment les récentes politiques gouvernementales et lâche simplement : rien n'est appliqué ! L’argument pour l'UMP est de dire que si la tendance se confirme, cette année 2014 pourrait être la pire qu'aura connu l'Europe en matière d'immigration clandestine. "Le gouvernement a renoncé à maitriser les flux migratoires", précise-t-il, "donc il y a une première réalité c’est qu’il faut une autre politique en France. Ensuite, il faut une initiative européenne. J’avais d’ailleurs fait adopter à l’unanimité le pacte européen sur l’immigration et l’asile mais rien ne s’est produit depuis."
Certains s'appuient donc sur un système qui fonctionne plutôt bien. C'est le cas du MoDem qui présente avec l'UDI Marielle de Sarnez à Paris. Le rassemblement centriste fédéraliste voudrait calquer le système canadien "avec des quotas par métiers, par pays", explique la candidate. "On délibère de ces quotas dans les parlements nationaux. Et le corollaire de cela c’est que l’on met en place une surveillance réelle de nos frontières européennes avec par exemple la mise en place de garde-côtes européens."
Pourtant d'après le Parti socialiste, il n'y a pas vraiment de problème. Vincent Peillon se présente dans le Sud-Est et s’agace : "L’UMP et le FN, qu’est-ce qu’ils veulent faire ? Rejeter les gens à la mer et penser qu’en se barricadant chez nous on va éviter les transhumances de gens désespérés ? Ça n’a aucun sens. Ils font croire d’ailleurs que nous n’avons pas de politique migratoire, on peut la juger insatisfaisante mais elle est là !" Pour l'ancien ministre socialiste de l'éducation il y a donc l'Europe des égoïsmes à droite, et l'Europe de la solidarité à gauche.
À gauche toujours, où Europe Ecologie les Verts, par la voix de José Bové, précise que nous serons bientôt confrontés à de nouvelles problématiques : celles de l'accueil des réfugiés climatiques ! "Ce sont peut-être des centaines de millions de personnes qui vont se retrouver chassées de chez eux à cause des bouleversements climatiques. Donc on ne peut pas voir l’Europe comme une forteresse. Croire que l’Europe doit être fermée sur elle-même, qu’on va ériger des murs autour pour se protéger des barbares, c’est une vision fausse et caricaturale !" Une situation malheureusement d'actualité encore une fois en ce moment dans les Balkans où les inondations ont fait des dizaines de morts en Serbie et en Bosnie et plus de 30.000 sinistrés.
Encore plus à l’ouest de l'hémicycle, le Front de Gauche prône également un meilleur accueil, plus de droits, pour les demandeurs d'asile et les migrants en tous genres. Et selon Patrick Le Hyaric, communiste et tête de liste en région parisienne, ces droits "ne sont pas respectés. Il faut créer les conditions pour que chacun des pays européens prenne sa part dans l’intégration, l’éducation, la formation, l’accès au travail des migrants. Il faut initier une grande politique de coopération et de développement avec un certain nombre de pays du sud qui souffrent énormément aujourd’hui."
Alors pour le parti fédéraliste européen, plutôt apolitique, mené en Ile de France par Hélène Féo, la seule solution serait une police fédérale aux frontières "sans supprimer la police nationale mais avec un échelon supérieur. Aujourd’hui on a des filières très bien organisées mais personne n’agit parce que chacun reste avec ses polices nationales. Donc on voit bien que ce n’est pas un retour au nationalisme qui va changer quoi que ce soit." Le parti fédéraliste qui revendique en Europe 17.000 sympathisants, 1.500 adhérents en France et qui se présente pour la première fois à une élection avec le même programme, autant en France qu’en Italie, en Belgique, en Autriche au Portugal ou en Grèce.
20 mai 2014, Laëtitia Heuveline
Source : franceinfo