jeudi 26 décembre 2024 21:21

L'immigration en hausse en 2012 et plus européenne, selon l'OCDE

L'immigration a augmenté de 7% en France en 2012 avec près de 242.000 nouveaux entrants, ce qui s'explique notamment par une hausse de l'arrivée d'Européens, montre un rapport préliminaire de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) publié mardi.

L'OCDE, qui fonde son étude sur des critères différents de ceux du ministère de l'Intérieur, souligne que l'immigration a atteint en 2012 son plus haut niveau depuis des décennies en France mais reste assez marginale par rapport à la population totale, même en comparaison avec les autres pays européens.

A six mois d'un forum au niveau ministériel sur les migrations économiques, l'OCDE réfute en outre une nouvelle fois l'idée que l'immigration coûte nécessairement cher à la France.

Les chiffres diffusés fin mars par le gouvernement faisaient état d'une immigration stable entre 2011 et 2012 avec 193.600 autorisations de séjour délivrées, dont un peu moins de 59.000 étudiants.

L'OCDE montre une augmentation de 7% hors étudiants -leur séjour étant, dans un premier temps au moins, temporaire- mais avec les ressortissants des 27 autres pays de l'Union.

Ceux-ci ont été près de 100.000 à venir s'installer en France en 2012, un chiffre en hausse de 10% qui explique en grande partie l'augmentation globale et porte la marque d'une immigration essentiellement de travail.

L'OCDE souligne que les étrangers contribuent plus à la richesse nationale qu'ils ne coûtent à l'Etat et pourraient le faire encore davantage si leur taux d'accès à l'emploi était équivalent à celui des personnes nées en France.

0,6 POINT DE PIB À GAGNER

L'OCDE évalue ainsi à 0,6 point de PIB les recettes fiscales supplémentaires qu'offrirait un taux d'emploi égal.

"La politique d'intégration, qui cherche à réduire l'écart entre les deux groupes, n'est pas une dépense mais un investissement parce que cette politique a un rendement", dit Jean-Christophe Dumont, directeur de la division migrations à l'OCDE.

D'autant que le niveau d'éducation des immigrés progresse. La part de diplômés du supérieur dans la population née en France et âgée de 15 ans et plus atteignait 23,57% en 2012. Chez les immigrés, elle était de 23,56%, donc strictement identique.

La différence se fait plutôt au niveau du premier cycle du secondaire, que les personnes nées à l'étranger ont été moins nombreuses à franchir : 47,55% ne sont pas allées au-delà de la fin du collège, contre 35,61% des personnes nées en France, ce qui peut s'expliquer par la forte immigration non qualifiée de l'après Seconde Guerre mondiale.

Ainsi l'idée d'une France à l'immigration incontrôlée prend du plomb dans l'aile d'autant, rappelle l'OCDE, qu'elle est loin d'être le pays développé le plus exposé aux flux migratoires.

En 2012, le nombre total de nouveaux entrants a compté pour environ 0,4% de la population française, contre 1,2% en Norvège, près de 0,9% en Suède ou 0,6% en Espagne, malgré un nombre total d'immigrés en forte baisse dans ce pays (-22%).

"Les niveaux en termes de migration par habitant en France restent tout à fait modestes", souligne Jean-Christophe Dumont.

L'immigration a reculé en Espagne, en Italie (-19%) ou au Royaume-Uni (-11%), sur fond de crise économique, mais ces pays accueillent plus d'étrangers que la France.

Quant à l'Allemagne, elle a connu une poussée sans précédent avec presque 400.000 immigrés supplémentaires, en hausse de 38% par rapport à 2011 et de 72% par rapport à 2007.

L'exemple allemand est parlant : il s'agit d'un flux structurel de migrations "qui proviennent toujours beaucoup plus des pays de l'Est et du Sud-Est que des pays du Sud". Pour la France, ces données ne sont pas disponibles.

Il s'agit donc de flux davantage dus à la forme qu'a pris l'Europe qu'à la crise : "En Allemagne, la Pologne fait plus d'entrées à elle seule que l'Espagne, le Portugal, l'Italie et la Grèce réunis", souligne Jean-Christophe Dumont.

"La résurgence des flux Sud-Nord, dont on a beaucoup parlé dans les médias, existe mais elle est quand même de second ordre par rapport à aux flux Est-Ouest."

20/05/2014, Gregory Blachier, édité par Emmanuel Jarry

Source : Reuters

 

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