mercredi 27 novembre 2024 19:50

L’intégration forcée des Turcs jugée illégale en Hollande

La Haute cour administrative d’Utrecht a jugé illégale la loi néerlandaise sur l’immigration. Celle-ci oblige les immigrés turcs en séjour régulier à suivre des cours d’intégration sous peine de sanctions financières. Cette décision soulève à nouveau la question de l’intégration des populations étrangères aux Pays-Bas.

« Les Turcs ne sont pas obligés de s’intégrer » dans la société néerlandaise. Voilà la décision rendue par la Haute cour administrative d’Utrecht (institution judiciaire administrative suprême aux Pays-Bas), qui rappelle au gouvernement batave les implications de la convention d’Ankara, établie entre la Turquie et l’Union Européenne en 1963. Elle y indique notamment que les Turcs ont le même statut que les immigrés issus de l’UE. Or, ce verdict rend illégale la loi sur l’immigration de 2007 qui oblige tous les immigrés à suivre une formation payante sur la langue et les coutumes devant aboutir à un examen de passage. Le résultat de l’examen détermine si un immigré peut devenir hollandais ou pas. Là où le bât blesse, c’est que les Turcs qui ne réussissaient pas l’examen devaient s’acquitter d’une amende ou leur titre de séjour leur était refusé, ce qui va à l’encontre des accords d’Ankara. En comparaison avec les Pays-Bas, les lois françaises sur l’immigration insistent aussi sur l’intégration des candidats étrangers. Depuis janvier 2007, une formation de l’OFII (l’Office français de l’immigration et de l’intégration) est obligatoire pour les primo-arrivants. Tout comme aux Pays-Bas, cette formation évalue le niveau des prétendants sur la langue française et sur leurs connaissances des valeurs de la République. Si le niveau de langue est jugé trop faible, le candidat devra suivre des cours de français qui seront sanctionnés par un examen. Toutes les formations, évaluations et cours de français sont dispensés gratuitement mais en cas de réussite l’immigrant doit payer une taxe relative à l’obtention de son titre de séjour (340 euros).

L’échec de l’intégration en Hollande

Aux Pays-Bas, on paie en cas d’échec aux examens de passage, alors qu’en France les immigrants turcs ne sont pas concernés car les lois hexagonales sur l’immigration ne vont pas à l’encontre de la convention d’Ankara.

De par la loi de 2007 sur l’immigration, les autorités néerlandaises semblent vouloir pointer le doigt sur une communauté en particulier, qu’elles jugent trop éloignée culturellement pour envisager un traitement égal avec n’importe quel Européen. Ce climat malsain a eu des conséquences. Le Bureau central des statistiques néerlandais indique que depuis quelques années, les Turcs de Hollande reviennent en Turquie. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène. La Turquie est devenue une puissance économique qui compte et l’Europe subit une crise économique, politique et identitaire avec la montée des partis populistes qui s’étend à presque tout le continent. Les chiffres donnés sont surprenants. Ils indiquent que les Turcs sont plus nombreux à quitter le territoire qu’à y rentrer. Ce ne sont pas des Turcs qui souhaitent profiter d’une paisible retraite dans la terre de leurs aïeux mais ceux de la première ou de la deuxième génération, nés en Hollande et qui souhaitent émigrer dans un pays dynamique où leur culture ne sera pas un enjeu. Cela pose le problème de l’intégration des populations qui ne se sentent pas chez elles dans un pays où elles sont nées. La crise économique qui agite l’Europe n’est pas seule responsable de cet échec. La montée du Parti de la liberté de Geert Wilders, ouvertement islamophobe et qui a obtenu 16 % des voix aux élections européennes de 2009 n’y est sûrement pas étranger non plus.

29/8/2011

Source : Zamane France

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