L’intolérance a regagné d’intensité en Europe en 2015, où le sentiment anti-immigrants de plus en plus fort et l’islamophobie ont été parmi les principales tendances relevées dans le dernier rapport de la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI).
Dans ce rapport, l’ECRI note que l’afflux sans précédent de migrants et de demandeurs d’asile en Europe a mis à rude épreuve l’engagement de nombreux pays européens à élaborer des politiques migratoires axées sur les droits de l’Homme, indiquant que certains gouvernements ont eu recours à des mesures restrictives au franchissement des frontières tout en dissuadant les migrants et les demandeurs d’asile de rester sur leur territoire, ou ont érigé en infraction la fourniture d’une assistance aux migrants en situation irrégulière, brouillant inutilement la frontière juridique entre complicité de traite des êtres humains et fourniture d’une aide humanitaire.
Selon le rapport, dans d’autres pays, une "culture de l’accueil" s’est développée, amenant les autorités et des bénévoles locaux à mettre leur temps et des ressources au service des arrivants. Au cours du second semestre de 2015, la capacité des populations locales à faire face à l’afflux toujours plus massif de migrants et de demandeurs d’asile a été mise en doute alors même qu’émergeaient des discours ouvertement xénophobes et islamophobes et que se multipliaient les attaques visant des centres d’accueil.
Le rapport revient aussi sur les attentats perpétrés en janvier et novembre à Paris et en février à Copenhague qui ont renforcé les sentiments islamophobes et ont été exploités par les partis politiques populistes pour alimenter les préjugés et la haine à l’égard des musulmans en général.
Le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe, Thorbjorn Jagland, a mis en garde contre la "banalisation du populisme". "C’est là un jeu dangereux. Nous devons poursuivre sans réserve les efforts déployés pour lutter contre le discours de haine, promouvoir la tolérance et l’intégration pour aider nos sociétés à rester solidaires en ces temps difficile", a-t-il ajouté.
Le rapport a également fait état d’une augmentation de l’antisémitisme et une persistance des discriminations visant notamment les personnes noires, les Roms et Gens du voyage, en relevant par ailleurs que les politiques d’austérité et les restrictions budgétaires ont mis à rude épreuve les organismes dédiés à la lutte contre le racisme et l’intolérance et ont compromis leur efficacité.
26/05/2016
Source : MAP
