mercredi 25 décembre 2024 07:55

La France face à une "pression migratoire" venue d'Italie

Selon un rapport de la Police aux frontières (PAF), dévoilé mardi par Le Figaro, l'afflux massif de migrants irréguliers, via l'Italie, entraîne une accentuation de "la pression migratoire" en France.

Le 9 juillet dernier, suite à une note confidentielle de la Police aux frontières (PAF), une "réunion exceptionnelle" s'est tenue à la préfecture de Nice, indique mardi Le Figaro. L'objet des discussions : l'arrivée massive de migrants clandestins en France, via l'Italie, au premier semestre 2014. Le compte-rendu de la direction zonale sud de la PAF, que le quotidien a pu consulter, évoque "la pression migratoire sur la frontière avec l'Italie". Celle dernière se serait "accentuée à partir du début du mois d'avril 2014".

Toujours selon ce document, le nombre d'interpellations est en forte hausse : + 165% au mois de mai (1.845) et + 43% au mois de juin (2.628). Au total, pour le premier semestre 2014, la PAF a procédé à 5.235 arrestations. Un afflux qui serait la conséquence de la forte  augmentation de l'immigration clandestine en Italie par voie maritime où "entre le 1er janvier et le 30 juin 2014, 61.591 migrants irréguliers ont débarqué". En comparaison, "ils n'étaient que 7.913 pour la même période en 2013 et seulement 4.301 pour les six premiers mois de 2012", peut-on lire.

Un "phénomène connu", selon Beauvau

Les Erythréens représentent 31% de ces migrants (18.282). "La situation est assez dramatique et exceptionnelle depuis la guerre entre l'Erythrée et l'Ethiopie. (…) Entre 2.000 et 4.000 personnes fuient chaque mois le pays", explique mardi sur France Inter David Bozzini, anthropologue et spécialiste de l'Erythrée. Les Syriens arrivent en seconde position, avec 10.371 (17%).

"L'absence de document d'identité ou d'éléments objectifs justifiant la provenance d'Italie rendent la sollicitation auprès de ce pays d'une réadmission effective impossible. Dans le cas d'espèce, une obligation à quitter le territoire est notifiée à l'étranger", expliquent les rédacteurs du document.

Joint par l'AFP, le ministère de l'Intérieur a indiqué mardi qu'il s'agissait d'un "phénomène connu". "Cependant, tout, à commencer par la baisse des demandes d'asile en France au 1er semestre 2014, indique que la France est pour ces migrants un pays de transit", a également tenu à indiquer la place Beauvau.

France Terre d'Asile y voit "une impuissance de l'UE"

Pour le porte-parole de France Terre d'Asile, Pierre Henry, ce phénomène est la conséquence "du refus de l'Union européenne de venir en aide à l'Italie, qui l'a demandée depuis le début de l'année lorsque des migrants sont arrivés sur ses côtes". Selon lui, environ 70.000 personnes sont arrivées en Italie depuis le début de l'année "par différents moyens, parmi lesquelles beaucoup de demandeurs d'asile".

Or, selon la convention de Dublin de 1990, les demandes d'asile doivent être examinées uniquement dans le pays d'entrée dans l'UE, donc normalement l'Italie, ce qui n'est pas le cas, a relevé ce responsable. "Ce n'est pas du tout un problème de politique intérieure, c'est un problème européen. Il n'y a pas un laxisme particulier, il y a une impuissance de l'UE à répondre à la fois en termes de prévention, de protection des personnes vulnérables et de solidarité entre les Etats membres", a-t-il insisté auprès de l'AFP, notant que ce phénomène se "retrouve" à Calais.

Ces dernières heures, des rixes entre migrants d'Afrique de l'Est - des groupes de Soudanais et d'Erythréens - ont eu lieu à trois reprises dans le centre et dans la zone portuaire de Calais, malgré l'envoi d'une quarantaine de CRS en renfort dès dimanche soir. Ces heurts ont fait près de 70 blessés.

05 août 2014, A-Ch. D

Source : leJDD.fr. (avec AFP)

 

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