lundi 25 novembre 2024 11:38

La moudawana expliquée aux Marocains d'ici et aux Français

Yahya Benasaïd et René Knockaert ont mis toute leur énergie pour organiser cette conférence. Et, malgré une assistance qu'on aurait pu espérer un peu plus fournie, vendredi soir à la salle Carnot, ces efforts ont été récompensés. Le sujet, d'abord, méritait vraiment un débat : la « moudawana », dispositif législatif en vigueur au Maroc depuis 2004, revoit complètement la condition de la femme et le code de la famille au pays de Mohammed VI. Grâce à l'entremise de Mohammed Ameur, ministre de la Communauté marocaine résidant à l'étranger, que le président Yahya Benasaïd avait rencontré l'été dernier, le gouvernement marocain a délégué deux excellents conférenciers : Driss Kitouni, magistrat marocain qui connaît tous les détails juridiques de la moudawana, et Fatima Moujahir, collaboratrice du ministre Ameur, sociologue de formation et spécialiste de l'histoire de la condition des femmes au Maroc et dans les pays arabo-musulmans. Fatima Moujahir d'abord et Driss Kitouni ensuite rappelèrent l'intérêt, pour les Marocains de France et singulièrement ceux de l'Armentiérois (qui constituent la quasi-totalité de la communauté d'origine maghrébine d'ici), de connaître cette moudawana. D'abord parce que l'esprit progressiste de cette moudawana doit aussi bénéficier aux femmes marocaines résidant à l'étranger. Ensuite parce que, en droit, sa lettre s'applique directement aux couples marocains résidant en France (statut de l'épouse, conditions de divorce, etc.).

Fatima Moujahir parla longuement et avec passion du statut des femmes au Maroc, rappelant que Mohammed V, à l'indépendance, avait déjà pris des dispositions en faveur de la scolarisation des petites filles et de la condition de la femme. Elle rappela que des intellectuels égyptiens prônaient, déjà au XIXe siècle, l'égalité de la femme. Elle dit enfin les énormes avancées depuis dix ans : les programmes de scolarisation des filles dans les campagnes, les campagnes pour l'accouchement gratuit et une politique de quota dans les élections (30 femmes députées et 7 ministres). Mais, évidemment, les mentalités, surtout dans les campagnes, sont difficiles à faire bouger : « Les hommes veulent bien accepter l'égalité mais, souvent, pas encore au point d'être représentés par des femmes ! » La moudawana, c'est surtout un cadre législatif qui s'applique au Maroc mais aussi en France pour les ressortissants marocains qui s'y marient et qui y divorcent. Driss Kitouni expliqua les avancées que cela constitue (simplification des démarches, contrôle strict du consentement des époux lorsqu'ils sont mineurs, droit des femmes de demander le divorce et de bénéficier de la garde des enfants, d'allocations compensatrices, etc.). À l'évidence, cette soirée était riche d'informations pour les Français mais aussi pour les Marocains ou jeunes Français d'origine marocaine vivant à Armentières. Ne serait-ce que pour cette raison résumée par Fatima Majouhir : « Nous avons remarqué que certaines femmes n'étaient pas au courant de la moudawana et ne bénéficiaient pas de ces nouvelles règles marocaines alors qu'elles vivent ici, en France. »

Source : La Voix du Nord.fr

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