lundi 25 novembre 2024 08:40

La proposition de loi sur la burqua fait des vagues dans la majorité française

Depuis mardi, le débat sur le voile intégral divise la majorité présidentielle. Coup médiatique, coup de gueule... A quelques heures des vacances parlementaires, les esprits s'échauffent à l'UMP.

Alors que les activités parlementaires sont suspendues mercredi pour les fêtes de fin d'année, l'UMP semble vouloir jouer les prolongations. En l'espace de 24 heures, le débat sur la burqa a provoqué de nombreux remous au sein de la majorité présidentielle. Et ce alors que plusieurs voix discordantes s'étaient déjà élevées à droite pour protester contre le débat sur l'identité nationale lancé par Eric Besson.

Tout a commencé mardi par une surprise de taille, signée Jean-François Copé. Le patron des députés UMP, apparemment très pressé d'avancer sur le dossier «burqa», annonçait le dépôt en janvier d'une proposition de loi interdisant le port du voile intégral dans l'espace public.

Une sortie qui a fait grincer beaucoup de dents dans les rangs de l'UMP. Car Copé grille ainsi la priorité à la mission parlementaire sur le sujet. Constituée de députés de tous bords, elle doit rendre ses conclusions fin janvier. Mais le chef du groupe UMP a aussi pris de vitesse son propre parti, qui devait transmettre, courant janvier, sa position officielle à la mission.

Piqué au vif, le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a immédiatement réagi, jugeant l'initiative du député-maire de Meaux «prématurée» par rapport aux conclusions de la mission parlementaire. Le porte-parole du gouvernement Luc Chatel a quant à lui pris ses distances avec la démarche de Jean-François Copé, en expliquant que l'«on ne peut pas demander à la fois au Parlement d'occuper l'espace et ne pas accepter qu'il y ait un débat».

La majorité est largement acquise à l'idée de légiférer pour interdire totale du port du voile intégral, même si un débat persiste toujours sur la prohibition de la burqa dans la rue. Mais certains élus UMP ont toutefois exprimé leur désaccord vis-à-vis d'une loi, lors de la réunion de groupe, mardi, dans la salle Colbert du Palais Bourbon. A l'image de Jean Bardet, député du Val d'Oise, qui n'a pas caché son agacement, redoutant qu'avec une tel texte, les femmes concernées «n'aient plus du tout le droit de sortir dans la rue».

Nouveau «clash»

C'est au cours de cette même réunion à huis clos du groupe majoritaire à l'Assemblée que le débat a dérapé. Selon plusieurs participants, Pascal Clément, député de la Loire, aurait déplacé le thème de la discussion et évoqué la question des minarets, en déclarant : «Le jour où il y aura autant de minarets que de cathédrales en France, ça ne sera plus la France».

Un discours que n'a pas apprécié Nora Berra. La secrétaire d'Etat aux Aînés a claqué la porte de la réunion, suivie par deux de ses homologues, Nathalie Kosciusko-Morizet et Martin Hirsch. Jugeant les propos de Pascal Clément «insupportables», Nora Berra s'est émue du fait «qu'un ancien garde des Sceaux tienne ces propos anti-laïcs dans une enceinte symbole de la République». Et en a profité pour se prononcer «a priori contre» la loi interdisant le port de la burqa.

Si ce nouveau «clash» n'a pas été officiellement évoqué lors du conseil des ministres de mercredi matin, les réactions ont été nombreuses au sein de l'UMP. Le Haut commissaire aux Solidarités actives Martin Hirsch s'est exprimé sur le sujet sur le perron de l'Elysée : «Je trouve qu'il y a des limites. Il faut faire un peu attention sur ces sujets ». Et d'ajouter: «Plutôt que d'attiser les peurs, il faut se projeter dans des choses qui mobilisent les gens».

Paascal Clément, quant à lui, dément formellement avoir formulé la petite phrase qui a mis le feu aux poudres. L'ancien garde des Sceaux a toutefois reconnu sur France 3 avoir parlé de minarets, sans se prononcer pour une interdiction de ceux-ci en France. «Ils doivent s'inscrire dans un code de l'urbanisme qui effectivement s'appuie sur l'histoire et sur notre identité culturelle. Nora Berra a traduit ça par cette phrase qu'elle a inventée et qu'elle m'attribue», a-t-il expliqué.

Avant d'aller plus loin : dans un communiqué diffusé mercredi, Pascal Clément reproche à Nora Berra, candidate aux régionales dans le Rhône, de «chercher la publicité sur le dos d'un ami politique». Ambiance à trois mois d'un scrutin majeur pour l'UMP.

Et cette nouvelle polémique n'a pas fini de faire parler. Sortant d'une rencontre avec Nicolas Sarkozy à l'Elysée, le président du Conseil français du culte musulman Mohammed Moussaoui a réagi mercredi après-midi en déplorant les «dérapages» survenus lors du débat sur le port du voile intégral, estimant qu'ils peuvent « contribuer à un sentiment d'incompréhension et d'inquiétude chez les musulmans de France». Avant de préciser qu'il avait obtenu des «engagements fermes du président de la République à ne pas tolérer la stigmatisation de l'Islam».

Source : Le Figaro

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