mercredi 27 novembre 2024 15:35

Le flux de migrants cubains vers l'Amérique centrale et les prémices d'une crise humanitaire

Avec l'afflux croissant de milliers de migrants illégaux cubains vers les pays d'Amérique centrale, une crise humanitaire commence à se profiler à l'horizon après la décision de plusieurs pays de la région de fermer leurs frontières à ces migrants en quête du "rêve américain" pour lequel ils ont emprunté tous les chemins possibles et imaginables.

Le centre d'accueil du gouvernement panaméen dans la ville de Puerto Obaldia, près de la frontière avec la Colombie, abrite des centaines de Cubains qui ont afflué massivement à Panama après avoir traversé la forêt tropicale Darién. Cette ville constitue un passage obligé vers l'Amérique latine pour les immigrés cubains qui embarquent dans un voyage périlleux de milliers de kilomètres qui leur mène jusqu'à la frontière américano-mexicaine.

Faute de bonnes conditions économiques et sociales, beaucoup de Cubains tentent de quitter le pays de "la justice sociale" à la recherche d'un avenir meilleur, et de plus de libertés et d'opportunités.

Le centre de "Puerto Obaldia" accueille 700 immigrés cubains, en attente de permis de séjour de 7 jours auprès du service de police aux frontières et des services d'immigration qui leur permettront de résider temporairement sur le territoire panaméen avant de prendre le bateau à destination de la ville de Colon puis Panama-City avant de se diriger vers le poste-frontière de "Paso Canoas" qui sépare le Panama et le Costa Rica.

Au lieu de parcourir moins de 200 kilomètres séparant l'île de Cuba de la Floride, des milliers de migrants cubains préfèrent emprunter une route longue et difficile afin d'éviter les garde-côtes cubains ainsi que les américains qui mènent régulièrement des patrouilles dans la mer des Caraïbes.

Ces migrants se déplacent d'abord en Equateur, pays qui ne leur demande aucun visa. A pied, en camion ou en bateau, leur périple passe ensuite par la Colombie, le Panama, le Costa Rica, le Nicaragua, le Honduras, le Guatemala et le Mexique jusqu'à la frontière américaine. Le voyage, facilité par des passeurs, coûte environ 10 mille dollars par personne.

Selon les chiffres officiels de la Direction nationale de Migration, plus de deux mille cubains arrivent illégalement au Panama chaque mois. Depuis juillet 2015, le nombre de migrants a atteint environ neuf mille personnes.

Sur le plan diplomatique, lors d'une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères du Système d'intégration centraméricain (Sica), tenue mardi à El Salvador, les représentants du Mexique, de Cuba, de la Colombie, et de l'Equateur ont échoué à parvenir à un accord pour déterminer le sort de plus de trois mille Cubains bloqués à la frontière entre le Nicaragua et le Costa Rica.
Les consultations du Sica ont été suspendues en raison d'un désaccord entre le Costa Rica et le Nicaragua au sujet de la gestion de la crise. Pour sa part, le gouvernement panaméen a appelé à "davantage de solidarité pour les migrants cubains, et à agir d'urgence face à cette situation humanitaire".
Un nombre d'observateurs estiment que les flux migratoires ont augmenté ces derniers mois, depuis l'annonce du rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les Etats-Unis. Plusieurs Cubains craignent une prochaine abrogation du "Cuban Adjustment Act", une loi américaine qui offre l'asile politique aux Cubains qui foulent le sol des Etats-Unis.

De son côté, le ministère cubain des Affaires étrangères a souligné que les migrants cubains qui se trouvent dans plusieurs pays d'Amérique centrale ont quitté Cuba légalement, mais "sont tombés victimes de réseaux de trafic d'êtres humains", ajoutant que les personnes souhaitant retourner au pays ne seront pas poursuivies.

Alors que le Nicaragua s'obstine à garder ses frontières fermées, des milliers de migrants cubains restent toujours bloqués dans des centres d'hébergement temporaires installés tout au long des frontières qui séparent les pays d'Amérique centrale, ce qui ne fait qu'empirer une situation déjà précaire.

25 nov. 2015,Hicham El Moussaoui

Source : MAP

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