mardi 26 novembre 2024 00:28

Le Maroc piste ses compétences installées en Belgique

Le but du forum était d'exposer les grands chantiers économiques du Maroc pour venir y contribuer.   Informatique, ingénierie, ressources humaines, médecine, pharmacologie..., ils exercent dans tous les domaines. Un réseau est sur le point de fédérer toutes ces compétences.

Bruxelles, le 11 décembre. L’auditorium d’un grand palace de la capitale de l’Union Européenne est archicomble. Quelque 250 Marocains de Belgique, pour la plupart compétents et expérimentés dans des domaines aussi variés que l’informatique, l’ingénierie, les ressources humaines, les technologies de l’information et de la communication, la médecine, la pharmacologie, la biologie, la physique, l’agronomie, l’architecture, le monde des affaires… ont répondu présent. Le ministère chargé de la communauté marocaine résidant à l’étranger (MCMRE), et les cadres de plusieurs ministères sont allés à leur rencontre pour les écouter, mais surtout pour leur exposer les besoins du Maroc en ressources humaines. C’était dans le cadre du Ier Forum des compétences belgo-marocaines organisé en partenariat avec l’ambassade du Maroc en Belgique.

La question que s’est posée le ministère, et sur laquelle le staff du ministre Mohamed Ameur travaille depuis trois ans, est de savoir comment jeter un pont entre les besoins du Maroc en ressources humaines et ces compétences marocaines de Belgique. Ils sont nombreux à vouloir contribuer au développement de leur pays pourvu qu’on s’approche d’eux, qu’on leur explique de quoi le Maroc a besoin, pour venir un jour ajouter leur pierre à l’édifice que le pays est en train de construire. «L’objectif, explique M. Ameur à La Vie éco, est de mettre en relation l’offre des compétences marocaines à l’étranger et la demande intérieure, et de chercher le dispositif adéquat pour bâtir un partenariat avec elles, sans pour autant oublier d’inscrire ce processus dans la dynamique de partenariat entre le Maroc et la Belgique. Dans ce pays,  il y a une élite marocaine bien intégrée, très présente dans le domaine politique et économique, pourquoi le Maroc n’en tire pas le meilleur parti ?» Les grands chantiers lancés par le Maroc, on les connaît: Plan émergence, Plan Maroc Vert, Pacte national pour l’émergence industrielle, des projets de développement qui se comptent par milliers initiés par l’INDH, le grand chantier Plan urgence du ministère de l’enseignement appelé «Stratégie nationale de l’environnement et de développement durable»... Ce sont ces grands chantiers que le MCMRE est allé exposer à Bruxelles à sa communauté étrangère, à travers plusieurs ateliers. Force est de constater que l’attention de ces compétences était d’autant plus grande qu’elles ignoraient beaucoup de choses sur ces chantiers. Et nombre d’entre elles n’ont pas caché leur ardent désir de rentrer au pays.

Houria Grana est l’une d’elles. En 1965, sa famille émigre en Belgique. Elle avait onze ans. Elle fait de brillantes études en ressources humaines à l’Université Libre de Bruxelles. En 1990, après un passage au siège d’Alcatel à Bruxelles, elle crée son propre cabinet de recherche de compétences. Un «chasseur de têtes, dit-elle, qui va à la rencontre de cadres». Elle est en même temps vice-présidente d’Associate international executive search (AIMS south) qui compte parmi le topten des entreprises de recherche de cadres dans le monde entier au cours de ces cinq dernières années. Rentrer au Maroc pour créer un cabinet du même genre que celui qu’elle possède en Belgique est un rêve.

Natif de Bruxelles, Mehdi Saâdi nourrit aussi la même ambition dans la bureautique et la création de sites. Il a hâte de rentrer investir au Maroc. D’autres compétences sont intéressées par le Plan Maroc Vert et veulent investir dans l’huile d’olive, la valorisation du cactus, la création de coopératives de femmes dans le Sud du Maroc... Mais tous s’interrogent sur le climat des affaires, le comportement de l’administration, le taux des crédits bancaires pour le financement de projets, sur l’existence ou non d’accords de libre-échange..., inquiétude somme toute normale lorsqu’on sait la lourdeur de l’administration marocaine, et le manque de communication entre les Marocains de l’intérieur et ceux de l’extérieur.

Pour relever ce défi, des centaines d’associations belgo-marocaines sont à pied d’œuvre pour fédérer leurs actions au sein d’un «réseau des compétences belgo-marocaines», à l’instar du «réseau des compétences germano-marocaines» venu louer ses services à l’Université d’automne des compétences marocaines en Allemagne qui s’est déroulé à Fès en 2009.

Ce regain d’intérêt du MCMRE pour les compétences s’explique par une autre inquiétude : les Marocains de l’étranger sont de plus en plus nombreux à s’installer définitivement dans les pays d’accueil, et il y a risque que leurs liens avec le pays d’origine s’estompent un jour, ce qui constitue une menace pour les transferts de fonds, mais pas seulement.

FOCUS : Plus de 70% exercent des métiers peu qualifiés.

Les MRE disposant ou non de la nationalité belge sont sur représentés dans les emplois qualifiés, communément désignés sous le qualificatif d'emplois col-bleus. Plus de 70% d'entre eux sont cantonnés dans cette catégorie de métiers, victimes du phénomène d'ethno-stratification du marché de l'emploi belge. La plupart de ces Marocains d'origine sont ainsi rejetés vers les marges du système scolaire : 70% parmi eux ne disposent pas des qualifications nécessaires pour décrocher les emplois les plus valorisants. Ce qui n'est pas étonnant lorsqu'on sait qu'une bonne proportion de ces Marocains de Belgique (55%) vit en dessous du seuil de pauvreté.

20/12/2010

Source : La Vie eco

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