vendredi 29 novembre 2024 19:28

Le travail domestique en plein boum dans le monde

Les domestiques seraient au moins 52 millions, soit en hausse de 60 % en quinze ans, selon une première étude sur le travail domestique publiée ce mercredi 9 janvier par l’Organisation internationale du travail

Des employées de maison indonésiennes se proposent pour travailler à l’étranger lors d’une réunion, en juin 2011, dans un centre de police local.

Les femmes constituent plus de 80 % de ces travailleurs souvent éhontément exploités

Que l’Organisation internationale du travail (OIT) tente de pousser les portes des domiciles pour entrevoir la réalité du travail des domestiques est une première. Le rapport « les travailleurs domestiques dans le monde », publié ce mercredi 9 janvier, fait suite à l’adoption en juin 2011 d’une convention et d’une recommandation sur le « travail décent pour les travailleuses et les travailleurs domestiques ».

L’OIT ne cache pas que ce premier rapport donne une photographie très imparfaite et incomplète de la réalité du travail domestique et notamment que ses statistiques sont à prendre avec prudence tant elles ont toutes chances d’être sous-évaluées.

Des statistiques sous évaluées

Cette première étude montre que le travail domestique est en plein boum dans le monde. Il concernait au minimum 52,6 millions de personnes en 2010, soit une augmentation de 60 % en 15 ans. Ceux-ci pourraient être de fait deux fois plus nombreux selon les spécialistes, car ce travail est souvent dissimulé. De plus ces chiffres ne prennent pas en compte les mineurs de moins de quinze ans encore exploités dans de nombreux pays pour les tâches domestiques dont le nombre avait été estimé à 7,4 millions en 2008.

Si certains de ces emplois sont dévolus aux hommes employés comme jardiniers, chauffeurs ou maîtres d’hôtel, ils sont à 83 % occupés par des femmes. Dans certains régions du monde le travail domestique représente jusqu’à 16 % de l’emploi féminin (Amérique latine ou Caraïbes) voire 20 % (Moyen-Orient). C’est toutefois en Asie-Pacifique ainsi qu’en Amérique latine et Caraïbes que se concentrent respectivement 41 % et 37 % des domestiques de la planète.

Des travailleurs exploités

Une grande part de ces employés à domicile sont exclus des législations nationales sur le travail et n’ont aucune protection juridique, ce qui favorise leur vulnérabilité et leur exploitation sans limites. L’OIT souligne ainsi que plus de la moitié de ces travailleurs n’ont pas de limitation de leur durée hebdomadaire de travail et que 45 % d’entre eux environ n’ont aucun droit à une période de repos hebdomadaire. Plus d’un tiers des femmes n’ont pas de congé maternité.

L’obligation de résider au domicile de l’employeur est souvent de nature à aggraver la dépendance et l’exploitation des employés de maison, d’autant plus que logement et nourriture sont considérés comme des paiements en nature déduits des revenus.

L’impact encore timide de la convention de l’OIT

La nouvelle convention internationale sur le travail décent pour les travailleuses et les travailleurs domestiques prévoit une durée de travail raisonnable, un repos hebdomadaire d’au moins 24 heures consécutives, une limitation des rémunérations en nature, une information claire sur les conditions d’embauche et le respect des droits fondamentaux au travail. Elle n’a pour l’instant été ratifiée que par trois États, les Philippines (grand pourvoyeur de domestiques), Maurice et l’Uruguay. D’autres devraient suivre.

Le rapport précise toutefois que de nombreux pays d’Amérique latine et Caraïbes, d’Afrique et du monde industrialisé ont déjà étendu certaines protections aux travailleurs domestiques et les initiatives se multiplient. Singapour a par exemple étendu le repos hebdomadaire aux travailleurs domestiques migrants. La Namibie a créé une commmision concernant les salaires minimaux des domestiques. Le Brésil a lui intégré ces travailleurs dans les caisses d’assurance-sociale.

9/1/2013, MARIE VERDIER

Source : La Croix

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