Le vote des Suisses en février dernier en faveur de quotas des immigrés européens pourrait coûter 80.000 emplois sur trois ans à la Confédération helvétique, estiment les experts de Crédit Suisse.
"Les répercussions économiques du référendum anti-immigration sont encore difficiles à évaluer, mais crée un climat d'incertitude pour les entreprises", selon une étude du numéro deux de la finance dans le pays.
Le 9 février dernier, les électeurs suisses avaient approuvé à une courte majorité de 50,3 pc une initiative de la droite populiste "contre l'immigration de masse" , excédée par la forte hausse du nombre des immigrés ces dernières années.
De l'avis des économistes de Credit Suisse, les conséquences de ce vote, qui marque un coup d'arrêt à la politique de libre-circulation des personnes entre l'UE et la Suisse, sont encore difficiles à évaluer.
Ils prédisent en gros un certain ralentissement des flux d'investissements et des recrutements, "résultat direct d'une incertitude qui s'installe avec effet immédiat".
D'après l'étude, il n'y a pratiquement aucun doute sur le fait que les sociétés suisses et étrangères qui envisagent des investissements "auraient tendance à retarder leurs décisions, à la fois sur les investissements et les embauches supplémentaires".
Bien qu'ils ne s'attendent pas à un déclin de l'activité économique, les experts considèrent que cette décélération de l'investissement pourrait réduire la production économique de 1,35 milliard de dollars, soit 0,3 pc du PIB durant les trois prochaines années.
Au lendemain du référendum sur l'immigration, la Commission européenne a annoncé le gel des discussions sur un accord dans le secteur de l'électricité et l'exclusion de la Suisse des programmes européens de recherche académique "Erasmus" et "Horizon 20120".
Pour Crédit Suisse, il est encore difficile d'établir des estimations précises "dans la mesure où les conséquences dépendront à la fois de la réaction de l'UE, des négociations que mènera Berne pour étendre ses relations bilatérales et du niveau de quota d'immigrés qui sera fixé".
En tout état de cause, l'exécutif européen a déjà annoncé son intention de procéder à "un réexamen" des relations avec Berne à la suite du "oui" à la limitation des flux d'immigration européenne.
Le vote des Suisses risque en effet de remettre en cause une série d'accords qui fondent le partenariat entre l'UE et la Suisse depuis plus de 10 ans, dont principalement ceux régissant la libre-circulation des travailleurs.
Toutefois, le gouvernement helvétique a fait part de sa volonté d'engager des négociations avec les institutions compétentes de l'UE et ses Etats membres pour "examiner comment refonder" les relations avec Bruxelles.
7 avril 2014
Source : MAP