jeudi 28 novembre 2024 22:28

Législatives au Danemark: La course s'annonce serrée, les populistes gagnent du terrain

Les élections législatives du 18 juin prochain au Danemark s'annoncent serrée, les sondages anticipant une course au coude-à-coude entre la coalition de centre gauche conduite par la Première ministre sortante, Helle Thorning-Shmidt, et l'opposition de centre-droit.

Mais l'enjeu de ce scrutin reste, selon les observateurs, le score du Parti du peuple danois (DF), formation populiste anti-immigration, dont la montée en force en fait un acteur clé du paysage politique danois habitué aux gouvernements minoritaires.

Depuis 1909, aucun parti n'a obtenu la majorité absolue au parlement. Les gouvernements sont ainsi souvent constitués d'une coalition minoritaire soutenue par un ou plusieurs partis, le DF ayant appuyé la coalition de droite au pouvoir de 2001 à 2011.

D'après un nouveau sondage réalisé pour la chaîne de télévision publique DR, ce bloc dit ''rouge'', emmené par Lars L?kke Rasmussen, chef du gouvernement de 2009 à 2011, remporterait 90 des 179 sièges du Folketing (parlement) contre 85 pour l'actuelle coalition au pouvoir.

Grâce à une reprise économique soutenue, les sociaux-démocrates gardent l'espoir de rattraper ce retard et permettre à Mme Thorning-shmidt, première femme Premier ministre du Danemark, à briguer un second mandat.

Il faut dire que sur le front économique, le programme des deux blocs ne présente pas de différences majeures, à l'exception de la taille des dépenses publiques.

Selon Helge Pedersen, économiste en chef de la banque Nordea, l'économie danoise ne devrait pas être grandement influencée par l'arrivée au pouvoir de l'un ou l'autre des deux parties.

Il existe un large consensus au sein de la classe politique, selon lui, sur la nécessité de poursuivre la voie des réformes engagées par les précédents gouvernements.

D'après les sondages, l'avancée du DF renseigne surtout la prééminence des thématiques de l'immigration et la place des étrangers dans la société dans le débat public.

Créditée d'un total de 36 sièges, cette formation, déjà large vainqueur des dernières élections européennes, a clairement le vent en poupe.

Avec son agenda axé sur le resserrement drastique de la législation anti-immigration, déjà l'une des plus strictes d'Europe, et un discours hostiles aux étrangers, particulièrement les Musulmans, le Parti du peuple danois a réussi à dicter aussi bien la substance que le ton du débat politique.

Depuis 2011, les questions de l'immigration et du droit d'asile ont en effet pris les devants dans ce royaume scandinave de 5,6 millions d'habitants. Le ton est monté ensuite dans la foulée de l'affaire des caricatures anti-Islam, publiées en 2005 dans le quotidien danois Jyllands-Posten, suscitant la colère dans le monde musulman.

Les attentats de mi-février à Copenhague, attribués à un délinquant Danois d'origine palestinienne, ont servi d'alibi aux politiciens d'extrême droite pour exploiter davantage la peur de l'immigration et faire de l'islamophobie l'essence même de leur discours.

Selon les observateurs, cette influence du DP est d'autant plus évidente aujourd'hui que d'autres partis, de centre-droite comme de gauche, commencent à s'aligner sur le même discours.

Elue en 2011 avec la promesse d'une politique migratoire plus humaine, la PM sortante, à la tête des sociaux-démocrates, a haussé le ton, elle aussi, sur l'immigration.

Avec sa campagne ''Tout le monde doit contribuer'' pour inciter les immigrés à travailler, elle ne fait que consacrer, selon des commentateurs, le stéréotype des étrangers uniquement attirés au Danemark par des avantages indus qu'offre le généreux système de protection sociale.

Si les statistiques officielles confirment le faible niveau d'intégration des immigrés, notamment les nouveaux arrivants, elles renseignent aussi sur les difficultés que ces derniers éprouvent pour trouver un emploi même munis d'un diplôme supérieur.

30 mai 2015

Source : MAP

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