mardi 26 novembre 2024 01:50

Les Danois opposés à une politique d'immigration dure

Un sondage publié mardi 14 décembre confirme le tournant amorcé ces dernières semaines au Danemark : le gouvernement de droite est en recul, ainsi que son allié de l'extrême droite, et la gauche disposerait d'une majorité confortable en cas d'élections. Et ce changement intervient sur le terrain très symbolique de la politique migratoire.

Selon une étude d'opinion publiée fin novembre, 63 % des Danois sont désormais d'accord avec la présidente du parti d'opposition social-démocrate pour dire qu'on ne peut plus durcir davantage la politique d'immigration. Début novembre, le gouvernement libéral conservateur avait lancé un nouveau système à points pour encadrer le regroupement familial. Selon la majorité, l'objectif du système est de permettre l'entrée d'immigrés qualifiés qui ne soient pas à la charge de l'Etat-providence.

Ce système vient remplacer la règle actuelle des 24 ans, âge limite pour prétendre au regroupement familial, qui avait été adoptée officiellement comme un moyen de lutter contre les mariages blancs. Désormais, les étrangers doivent aligner un nombre de points minimum qui valorise les formations universitaires, les expériences professionnelles et les qualifications linguistiques. Ce nouveau durcissement était proposé par le Parti du peuple danois (DF), la formation d'extrême droite qui soutient le gouvernement minoritaire depuis 2001.

L'ALERTE EST GRAVE POUR LE GOUVERNEMENT

Au fil des ans, DF se vante d'avoir obtenu la mise en place de la politique d'immigration la plus dure de l'Union européenne et de fixer l'agenda politique sur ces questions au Danemark. "Le gouvernement est allé trop loin cette fois, analyse Rune Stubager, politologue à l'université d'Aarhus. Les Danois ne disent pas qu'ils veulent relâcher les règles vis-à-vis des immigrés, mais ils ont signifié que le maximum était atteint."

C'est après avoir constaté dans un sondage qu'une majorité de Danois s'opposait au plan gouvernemental que les sociaux-démocrates ont changé leur fusil d'épaule. Le Parti libéral du premier ministre, Lars Løkke Rasmussen, obtient même, dans les sondages, son plus mauvais score depuis cinq ans. L'alerte est grave pour le gouvernement, à quelques mois des élections législatives qui se tiendront au plus tard à l'automne 2011.

CRITIQUES EN INTERNE

Pour les sociaux-démocrates, c'est un tournant, car depuis leur retour dans l'opposition, en 2001, ils n'avaient cessé d'aller dans le même sens que le gouvernement sur l'immigration, de peur de perdre encore des voix au profit de l'extrême droite. Cette attitude a provoqué des dissensions internes. Ritt Bjerregaard, ex-ministre social-démocrate et ancienne commissaire européenne, a ainsi récemment demandé à la direction du parti d'"arrêter de faire la course avec le Parti du peuple danois".

Pour les sociaux-démocrates, l'exercice est difficile. "Ils ne veulent pas donner l'impression d'être mous sur ces questions d'immigration", explique M. Stubager. Sans renier un système à points, ils ont lancé une alternative plus souple, qui met en cause l'exigence d'un diplôme universitaire, estimant qu'une formation professionnelle ou pratique est tout autant qualifiante pour immigrer au Danemark.

Source : Le Monde

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