Les tentations de repli se profilent une fois de plus à l'horizon en Suisse où les électeurs sont appelés aux urnes, le 9 février, pour un vote crucial sur la limitation de l'immigration, quatre ans après l'interdiction des minarets par voie de référendum.
Comme ce fût le cas en novembre 2009, c'est la droite populiste qui est à l'origine de "l'initiative contre l'immigration de masse" destinée à réintroduire des plafonds annuels de permis accordés aux étrangers pour travailler en Suisse.
Le texte soumis au parlement par l'influent parti d'extrême droite, l'Union démocratique du centre (UDC), s'appliquerait également aux frontaliers et aux requérants d'asile de sorte que les Suisses aient la priorité sur le marché du travail.
Ce régime de quotas annuels d'immigrés avait été abandonné en 2007 en application des accords de la libre-circulation signés avec Bruxelles, mais qui ont entraîné un afflux massif des travailleurs vers un pays où le taux de chômage tourne autour de 3 pc contre 12 pc dans la zone euro.
En mettant en question le principe de libre-circulation qui sous-tend tout le cadre partenarial entre la Suisse et l'UE, la démarche de la droite suscite une levée de boucliers auprès de la Commission européenne, mais aussi l'inquiétude des minorités dans un pays connu pour sa longue tradition d'accueil.
Les principales institutions de la confédération, à savoir le gouvernement et le parlement, ont déjà affirmé qu'elles rejetaient le texte et appelé les citoyens à en faire de même. La proposition de l'UDC est également sous les feux des critiques de la Gauche, des Verts et des principales organisations patronales qui reprochent à ses promoteurs de "créer des problèmes sans proposer des solutions".
"Nous devons notre succès économique à un marché du travail très performant et florissant", a déclaré lundi à la presse le président de l'Union patronale suisse, Valentin Vogt.
Conformément aux récents sondages, ce sont pas moins de 36 pc des citoyens suisses à se déclarer encore favorables au projet sur l'immigration, contre un peu plus de 50 pc il y a trois mois.
Cette chute de popularité dans les sondages a poussé l'UDC à nuancer ses intentions anti-étrangers en assurant "ne vouloir ni la fin de l'immigration, ni dénoncer les accords de libre-circulation".
Il n'empêche que le parti ne rate aucune occasion pour critiquer "ceux qui refusent de parler des problèmes sociaux et économiques nés de l'arrivée chaque année en Suisse de 80.000 nouveaux habitants".
A en croire les analystes, au cas où la proposition de l'UDC "contre l'immigration de masse" serait adoptée le 9 février, le partenariat entre la Suisse et l'UE serait "mis en péril", sachant que le "système actuel a largement profité à l'économie helvétique".
"Sans libre circulation des personnes, la Suisse n'aurait pas un accès privilégié au marché intérieur européen", a mis en garde le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso dans des déclarations à la presse helvétique lors d'un récent déplacement en Suisse.
Se montrant intransigeant, le chef de l'exécutif européen a affirmé que les pays membres de l'UE "n'accepteraient jamais que la libre circulation des personnes soit séparée des autres libertés fondamentales".
La Confédération suisse est l'un des pays européens qui comptent le plus d'étrangers, soit 23 pc de l'ensemble de la population ou 1,9 million de personnes. La majorité de ces étrangers (66 pc) sont des ressortissants de l'Union européenne ou des pays de l'Association européenne de libre-échange (AELE), à savoir l'Islande, Liechtenstein et la Norvège.
09 janv. 2014
Source : MAP