lundi 25 novembre 2024 02:43

Marche pour l’égalité et contre le racisme : trente ans déjà !

Trente ans jour pour jour se sont écoulés depuis « la Marche pour l’égalité et contre le racisme » qui a marqué l’entrée en scène des jeunes beurs dans la vie politique française. Le CCME, dont le président Driss Yazami fut l’un des marcheurs, a célébré cet anniversaire à Casablanca à travers deux manifestations culturelles.

Le 3 décembre 1983, 100.000 personnes accueillaient à Paris la « Marche pour l'égalité et contre le racisme ». Rebaptisée « Marche des Beurs » ou encore « le Mai 68 des enfants d'immigrés », elle a marqué l'entrée sur la scène politique des enfants d'immigrés. Le président du Conseil de la Communauté marocaine à l’étranger (CCME), Driss El Yazami a été de cette marche. Marche que le CCME a tenu à célébrer à Casablanca à travers deux événements. Le premier, une rencontre avec Toumi Djaida et Adil Jazouli, autour de leur livre « La marche pour l’égalité, une histoire dans l’Histoire » paru cette année aux éditions de l’Aube. Le second rendez-vous a été pris au Studio des Arts vivants à Casablanca pour visionner en avant-première, le film « La marche » en présence du réalisateur belgo-marocain, Nabil Ben Yadir. Il s’agit de la première réalisation cinématographique qui retrace la célèbre marche de 1983, partie de Marseille jusqu’à Paris, pour l’égalité et contre le racisme.

Une histoire dans l’Histoire.

Partie dans l’indifférence quasi générale, de la cité la plus violente de l’époque, celle des Minguettes à Vénissieux (banlieue lyonnaise), la Marche pour l’égalité et contre le racisme est peu à peu devenue un événement politique majeur, considéré comme un acte fondateur pour la jeunesse des banlieues. Ces jeunes pacifistes traversent la France pendant plusieurs semaines pour délivrer, contre toutes les violences, les racismes et les injustices, un message d’égalité, de paix, de non-violence et d’amour pour leur pays. A travers la France, une poignée de jeunes issus de l’immigration mais aussi de nombreux Français se sont identifiés aux marcheurs et ont rejoint ce que l’on nommera un temps le « mouvement beur ». A leur arrivée à Paris, le 3 décembre 1983, après sept semaines et 1000 km parcourus, ils sont alors accueillis par plus de cent mille personnes dans une ambiance à la fois grave et joyeuse. Une délégation est reçue à l'Elysée par François Mitterrand.

Reçus à l’Elysée, c’est l’avènement de la carte de 10 ans.

Le chef de l'Etat annonce la création d'une carte de séjour de dix ans pour les immigrés. Malgré la fatigue, « c'était une émotion énorme », se souviennent certains marcheurs. Pourtant, la carte de séjour « n'était pas une revendication » des marcheurs, souvent de nationalité française. Leur principale demande était avant tout la lutte contre les violences racistes qui ne tarda pas à voir le jour avec la création de SOS Racisme.

Cette commémoration du 3 décembre 1983 fut également marquée par une rencontre avec le co-auteur Adil Jazouli, sociologue et membre du CCME, autour de son livre la « Marche pour l’égalité, une histoire dans l’Histoire ». Le co-auteur a souligné que la marche était une belle aventure civique où des jeunes maghrébins ont demandé tout simplement d’être traités d’une manière normale comme les autres citoyens, notant que, par devoir de mémoire, ce livre a été réalisé pour rester comme un témoignage personnel. Pour le président du CCME, Driss El Yazami, cette commémoration est un événement très important, la marche dite des « beurs » est partie avec quelques dizaines de marcheurs pour arriver à 100.000 personnes qui les accueillaient. « C’est une source d’inspiration pour les nouvelles générations pour lutter pour l’égalité et contre la discrimination et la xénophobie en Europe », a-t-il fait savoir notant que cette marche donne un bel exemple de tolérance et d’espoir.

Cette Marche pour l’égalité et contre le racisme restera gravée dans la mémoire collective de la communauté maghrébine de France. Elle est certainement la plus belle aventure de la jeunesse des quartiers populaires de l’histoire récente de la France. « Ces jeunes ne sont plus désormais seulement des enfants d’immigrés invisibles, mais bien des acteurs à part entière de la société française. Cette nouvelle donne a bouleversé la perception de l’immigration et a permis de redessiner le paysage antiraciste », précise le communiqué du CCME.

3/12/2013, Mouna Lahrach

Source : dimabladna.ma

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