Le Maroc va devoir scolariser "plusieurs milliers" d'enfants subsahariens, contre seulement "quelques dizaines" actuellement, en vertu de sa nouvelle politique migratoire, ont indiqué mardi des responsables d'ONG.
Rabat a annoncé en septembre dernier une "nouvelle politique migratoire (...) humaniste", qui compte notamment un programme de régularisation pour 30.000 clandestins, essentiellement d'origine subsaharienne, qui se trouveraient sur son sol. Le mois suivant, le ministère de l'Education a émis une circulaire visant à "l'intégration des élèves étrangers issus des pays du Sahel et subsahariens dans le système scolaire marocain".
Avec ce projet, ce sont "plusieurs milliers d'enfants qui ont besoin d'entrer à l'école", a déclaré à l'AFP le délégué de l'ONG Terre des hommes, Vincent Tournecuillert, rappelant que le Maroc était devenu pour certains migrants "un pays de destination, et non plus de transit".
Moins de 200 enfants subsahariens ont été scolarisés ces dernières années, affirme Halima Qassemy, de l'association "Oum El Banine", précisant qu'il s'agit de données collectées par des ONG, en l'absence de chiffres officiels.
Son rapport intitulé "Les enfants migrants et l'école marocaine", fruit de trois ans de travaux menés par diverses ONG avec le soutien de l'Union européenne, constitue "un état des lieux", mais aussi un "plaidoyer" et "un outil pour l'Etat et la société civile", a-t-elle avancé à l'occasion de sa publication.
Il compte 31 recommandations et met notamment l'accent "sur la nécessité de la sensibilisation".
"C'est l'éducation des parents qui influence beaucoup l'attitude des enfants. (...) On a eu des cas où les enfants ont carrément été retirés (de l'école) car ils subissaient des actes de discrimination" tandis que d'autres y sont heureux, a dit Mme Qassemy.
L'annonce de la nouvelle politique migratoire du Maroc, en pleine rédaction du rapport, a par ailleurs été un "moment-clé", a-t-elle estimé: sur 184 cas de scolarisation recensés dans les régions de Rabat, Tanger (nord) et Oujda (nord-est), 73 enfants l'ont été à la suite de la circulaire ministérielle.
"Le rapport relève de bonnes pratiques d'intégration, mais qui restent encore embryonnaires", a toutefois prévenu M. Tournecuillert, d'après qui les recommandations visent justement à les "développer".
07-05-2014
Source : AFP