jeudi 26 décembre 2024 20:29

Merkel brigue un 4e mandat pour défendre les valeurs démocratiques

Angela Merkel a annoncé dimanche son intention de briguer un quatrième mandat de chancelière l'an prochain avec l'objectif notamment de défendre les valeurs démocratiques face à la montée des populismes en Allemagne et dans le monde.

Elle a toutefois prévenu s'attendre à des élections très "difficiles" en Allemagne en 2017, qu'elle abordera en position affaiblie sur le plan intérieur même si sa cote de popularité dépasse les 50% d'opinions favorables.

"Je suis prête à poser à nouveau ma candidature": à 62 ans et au pouvoir depuis déjà onze ans, la chancelière a officialisé sa décision à l'issue d'une réunion à Berlin des dirigeants de son parti conservateur, la CDU, en la plaçant clairement dans le contexte de la poussée des idées populistes.

"En Europe et au plan international nous devons défendre nos valeurs et nos intérêts ainsi que, pour parler simplement, notre mode de vie", a-t-elle dit.

Parmi les valeurs qui lui tiennent à coeur, cette fille de pasteur élevée dans l'ex-RDA communiste a cité "la démocratie, la liberté et l'Etat de droit". "C'est ce qui me guide", a-t-elle dit, rejetant la "haine" de l'autre.

"Angela Merkel est la réponse au populisme de l'époque, elle est quasiment l'anti-Trump", lui a fait écho un des cadres de la CDU, Stanislaw Tillich.

Angela Merkel a averti que les élections législatives allemandes, prévue en septembre ou octobre 2017, s'annonçaient "les plus difficiles" depuis "la réunification allemande" en 1990, en raison de la polarisation de la société et des récents succès de la droite populiste anti-réfugiés de l'Alternative pour l'Allemagne.

Cette formation a connu un progression spectaculaire en 2016 lors de scrutins régionaux en dénonçant l'ouverture des frontières du pays par la chancelière à un million de migrants.

Mme Merkel a aussi souligné que sa candidature interviendrait dans un contexte mondial agité "avec une situation internationale qui doit être réajustée après l'élection américaine", marquée par la victoire du populiste Donald Trump, et également concernant "la relation avec la Russie".

Après la victoire du milliardaire républicain, Mme Merkel lui avait clairement rappelé l'importance du respect des valeurs démocratiques.

Dans le même temps, la chancelière a jugé "grotesques et absurdes" les appels de ceux qui voient en elle le dernier défenseur du "monde libre" et des valeurs démocratiques face aux tendances autoritaires.
Une telle tâche ne peut être remplie par une seule personne, "les succès ne peuvent être remportés qu'à plusieurs", a-t-elle dit.

Mme Merkel est au pouvoir en Allemagne depuis 2005. Au vu des sondages, elle est de loin la mieux placée pour revenir à la chancellerie à l'issue des législatives de 2017, à la tête d'un gouvernement de coalition.
Elle serait alors en mesure de rentrer dans l'histoire en battant le record de longévité au pouvoir en Allemagne du chancelier d'après-guerre Konrad Adenauer (14 ans) et en égalant celui de son propre père en politique, Helmut Kohl (16 ans).

Selon un sondage publié dimanche, 55% des Allemands souhaitent qu'Angela Merkel reste en poste, contre 39% d'avis contraires. En août la proportion favorable n'était que de 50%.

Angela Merkel se trouve néanmoins dans une situation paradoxale: fêtée à l'étranger, où les attentes à son égard ont décuplé depuis le Brexit et le succès de Donald Trump, elle attaque l'année électorale affaiblie sur le plan intérieur suite à l'arrivée d'un grand nombre de réfugiés.

"Dans son pays, son pouvoir s'effrite", juge l'hebdomadaire de gauche Die Zeit. Sa famille politique n'est créditée que de 32% ou 33% des intentions de vote, près de dix points de moins que lors de l'élection précédente de 2013. Une partie importante de la base de son parti la trouve trop centriste.

"L'effet d'aspiration créé par la victoire de Trump atteint Merkel à un moment où ses possibilités de leadership sont limitées: elle ne peut compter sur l'Europe pour aller de l'avant, n'a pas de parti uni derrière elle et n'a pas le soutien franc de la population dont elle jouissait encore il y a un an et demi", juge Die Zeit.

"Merkel n'est plus imbattable", a estimé dimanche Thomas Oppermann l'un des dirigeants du parti social-démocrate (SPD), partenaire de coalition des conservateurs de Mme Merkel.

20 nov 2016

Source : AFP

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