Un accord entre l'Union européenne et la Turquie sur des échanges de migrants serait illégal et inefficace, affirme Nils Muiznieks, commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, qui invite l'UE à y renoncer.
Les Vingt-Huit doivent se retrouver jeudi et vendredi à Bruxelles avec les représentants d'Ankara pour finaliser l'accord par lequel la Turquie reprendrait les migrants arrivés en Europe via son territoire en échange d'une aide financière accrue et d'une libéralisation du régime des visas.
Pour chaque Syrien reconduit en Turquie depuis la Grèce, un autre Syrien de Turquie serait par ailleurs accueilli dans un Etat membre de l'Union européenne.
"Le retour forcé que l'accord prévoit est illégal et sera inopérant", affirme Nils Muiznieks dans un point de vue publié lundi par le New York Times. Il rappelle les règles du droit des Nations unies relatives aux demandeurs d'asile et l'interdiction par la Convention européenne des droits de l'homme des expulsions collectives.
De plus, "il est évident que, dès l'entrée en vigueur de cet accord, les réfugiés syriens et leurs passeurs trouveront d'autres routes pour gagner l'Europe", ajoute-t-il.
"Plutôt que de se torturer l'esprit pour donner une forme légale aux expulsions collectives, les membres du Conseil européen devraient avoir le courage de laisser tomber l'accord", poursuit-il.
Le Commissaire aux droits de l'homme invite les Etats à adopter à la place des mesures "audacieuses" et à "changer radicalement" leur approche sur les questions migratoires.
Il les invite à présenter un front uni dans les négociations sur une solution politique en Syrie, à "redoubler d'efforts" pour appliquer la politique de partage du fardeau des réfugiés et à développer des voies légales d'entrée des réfugiés dans leurs pays.
14 mars 2016
Source : Reuters