mardi 26 novembre 2024 02:29

Migrations : créer une politique européenne sur mesure avec les pays de départ et de transit

L'UE lance des partenariats avec les pays les plus concernés par les migrations. Le ministre italien Paolo Gentiloni Silveri et le commissaire européen Dimítris Avramópoulos décryptent les défis auxquels l'Europe devra apporter des réponses concrètes.

Paolo Gentiloni Silveri est un homme politique italien. Membre du Parti démocrate, il est ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du gouvernement Renzi depuis 2014.
Dimítris Avramópoulos est un diplomate et homme politique grec. Membre de la Nouvelle Démocratie, ancien ministre, il est commissaire européen aux Migrations et aux Affaires intérieures depuis 2014.

Les défis liés aux flux migratoires que l'Europe a connus ces dernières années ont clairement montré que nous avons besoin d'une approche globale allant bien au-delà des frontières européennes.

C'est la raison pour laquelle l'Union européenne a lancé un nouveau cadre pour des partenariats avec les principaux pays d'origine et de transit des migrants. L'élément principal de notre nouvelle approche - née d'une initiative italienne - est l'établissement de partenariats sur mesure, des «pactes», pour mieux gérer la migration en fonction de la situation spécifique de chaque pays partenaire.

Le fondement de ces partenariats est gérer les flux migratoires de manière solidaire grâce à des actions communes fondées sur des intérêts partagés.

Le fondement de ces partenariats repose sur la gestion des flux migratoires de manière solidaire grâce à des actions communes fondées sur des intérêts partagés: en luttant contre les causes profondes de la migration irrégulière, en agissant contre les passeurs et les trafiquants, en soutenant un meilleur contrôle aux frontières de ces pays, et en améliorant le retour des immigrés irréguliers.

Dans le cadre de cette nouvelle approche, ces 10 et 11 novembre, nous visiterons ensemble le Niger, le Mali et le Sénégal. Notre visite a pour objectif de renforcer le partenariat avec chacun de ces trois pays pour une meilleure gestion conjointe des flux migratoires.

Investir dans la paix et dans le développement de l'Afrique n'est pas seulement au bénéfice de l'Afrique. Cela signifie investir dans notre sécurité et dans notre prospérité. Le futur de l'Afrique est en effet un des principaux défis globaux du XXI° siècle, étant donné qu'avant 2050 sa population atteindra 2,4 milliards de personnes, avec les implications qui en découlent, entre autres, en matière de pression démographique et de flux migratoires.

Afin d'exploiter le potentiel positif de ce «dividende démographique» sans précédent, il est nécessaire d'avoir de bonnes politiques.

Afin d'exploiter le potentiel positif de ce «dividende démographique» sans précédent, il est nécessaire d'avoir de bonnes politiques et non des fermetures égoïstes. L'Union européenne, leader mondial en matière d'aides au développement, dispose de ressources pour favoriser la réalisation en Afrique d'infrastructures économiques et sociales qui réduisent la poussée à l'émigration. L'aide au développement local, régional et national peut aider à remédier aux causes profondes de la migration irrégulière. Par ailleurs, nous pouvons offrir une aide à la réintégration et des programmes de formation pour les migrants qui doivent ou décident de retourner en Afrique. A cela s'ajoute la coopération entre les polices européennes et africaines, le soutien aux coopérations régionales africaines pour la gestion des frontières, la lutte contre les passeurs et le trafic des migrants.

L'Union européenne a décidé d'augmenter les ressources financières dédiées au « Fonds Fiduciaire d'urgence pour l'Afrique » en allouant 500 millions d'euros.

Dans cette perspective, et suivant aussi l'impulsion de l'Italie, l'Union européenne a décidé d'augmenter les ressources financières dédiées au «Fonds Fiduciaire d'urgence pour l'Afrique» en allouant 500 millions d'euros supplémentaires et en accélérant leur utilisation. Plusieurs projets ont été ou vont bientôt être lancés dans 5 pays africains considérés comme prioritaires pour les partenariats. En plus du Niger, du Mali et du Sénégal que nous visiterons, il y a l'Ethiopie et le Nigéria.

Par ailleurs, la Commission européenne a proposé - avec le soutien de l'Italie - la mise en place d'un Plan européen extérieur d'investissement qui, s'il est approuvé par le Conseil et le Parlement européen, mettra à moyen terme des ressources financières supplémentaires pour la gestion des flux migratoires.

Entretemps, il est important d'obtenir des résultats concrets le plus rapidement possible. L'approche conjointe entamée avec le Sénégal, le Mali et avec le Niger avance positivement et est déjà en train de produire des résultats concrets.

Il s'agit de premiers pas par rapport à un engagement complexe et de longue haleine. Le défi migratoire, surtout en Méditerranée, est une question globale avec laquelle nous devrons coexister. Les pays en première ligne dans le secours en mer et dans l'accueil demandent à l'Union européenne et aux autres Etats membres d'agir en Afrique avec urgence et dans un esprit de solidarité. La cohésion et les valeurs du projet européen sont en jeu.

08/11/2016

Source : Le Figaro

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