Trajectoire linéaire d'un jeune Africain en quête d'une vie meilleure, qui paye un passeur, débarque en Espagne, gagne la France, travaille au noir, trouve l'amour. Le pays est indéterminé, comme l'est le garçon qui est une figure générique plus qu'un véritable personnage.
Rien n'est dit de sa vie africaine, le réalisateur préférant montrer quelques plans de ville vide, retravaillés graphiquement et accompagnés d'une musique surplombante, et les entrecouper de scènes symboliques – la conversation avec un ancien qui le pousse à partir, le face-à-face avec une femme qui le met en garde contre les dangers de la traversée, un monologue dans lequel il passe en revue ses possibles points de chute…
DES IMAGES PLAQUÉES SUR DES LIEUX COMMUNS
Le voyage en bateau est évoqué par des images qui servent surtout à introduire la séquence suivante, face à un juge en Espagne. Ce seront ensuite Roissy, la zone d'attente, l'examen de sa demande d'asile devant le tribunal, la relaxe… Et puis les employeurs véreux, les contrôles au faciès, la rencontre avec une jeune femme…
Chaque séquence donne l'impression, de fait, de n'être qu'une transition vers la suivante. Trop occupé à rendre compte des étapes de cette aventure violente qu'est celle des migrants d'aujourd'hui, Nicolas Karolszyk, qui réalise ici son premier long-métrage, néglige son intrigue et oublie ses personnages. Restent des images, plaquées sur des lieux tristement communs.
Film français de Nicolas Karolszyk avec Christian Mupondo, Léticia Belliccini, Abou Ndende (1 h 15).
10.12.2013, Isabelle Regnier
Source : Le Monde.fr