lundi 25 novembre 2024 08:31

Politique d'immigration en France: Net durcissement en 2009

La France a nettement durci, en 2009, sa politique d'immigration en procédant à l'adoption de nouvelles règles plus sévères pour l'entrée, la circulation et le séjour des étrangers et en expulsant des milliers de personnes de son territoire, a constaté la PANA.

Selon les statistiques officielles, près de 45000 étrangers, dont des centaines d'Africains, ont été reconduits hors du territoire français ces dix- neuf deniers mois.

"On peut considérer que 2009 a été l'année du renouveau des politiques autoritaires en matière d'immigration. En présentant le 19 janvier dernier son bilan à la tête du ministère de l'Immigration, M. Brice Hortefeux a rappelé qu'il a contraint 45000 étrangers à quitter la France en 19 mois. C'est tout dire", a commenté pour la PANA, le politologue camerounais, spécialiste des questions migratoires, Lendja Ngnemzué.

Pour lui, l'arrivée de M. Eric Besson au ministère de l'Immigration n'a fait que renforcer le durcissement de la politique d'immigration, notamment par la création d'une nouvelle disposition légale proposant la régularisation des clandestins en échange de la dénonciation des passeurs.

"Le ministre Besson avait annoncé cette disposition le 5 février dernier dans les locaux de la préfecture de police de Paris. La circulaire dit clairement que tout clandestin qui dénonce son passeur recevra en contrepartie un titre de séjour. Cette mesure est un nouveau tour de vis à la politique migratoire", a averti M. Ngnemzué.

Il a en outre rappelé que la France a essayé, en 2009, de soumettre les candidats au regroupement familial à des tests ADN.

"Déjà avec la mise en place de la disposition carte de séjour contre dénonciation des passeurs, certains candidats à l'immigration clandestine ont été découragés. Car, la disposition met en péril leurs familles laissées au pays. Les tests ADN procédaient aussi de la logique du durcissement", a expliqué le politologue, auteur de "Les étrangers illégaux à la recherche des papiers", paru en 2008 chez "l'Harmattan" à Paris.

Soulignant les difficultés techniques posées par l'application des tests ADN, il s'est réjoui de la décision des autorités judiciaires françaises de refuser un système à deux vitesses, selon que l'on est français ou étranger.

"L'application des tests ADN débordait clairement de la politique d'immigration pour poser le problème du système juridique. Avec ces tests, selon que le français est marié à un conjoint étranger ou français, on n'allait pas lui appliquer la même loi", a soutenu le spécialiste des questions migratoires.

"On allait techniquement vers un éclatement du droit commun avec ses tests qui touchaient directement les fondements même culturels et identitaires la société française. Heureusement que le Conseil constitutionnel a encadré l'application de ces tests au point de les rendre inapplicables", a-t-il ajouté.

La France a par ailleurs poursuivi en 2009, la signature avec les pays africains des accords de gestion concertée des flux migratoires qui prévoient la réadmission par les Etats concernés de leurs ressortissants en situation irrégulière sur le territoire français en échange de la délivrance des titres de séjour et des visas.

Si le Burkina Faso et le Sénégal ont, entre autres, accepté de signer ces accords, en revanche, Bamako, sous la pression de la société malienne, refuse de céder aux exigences de la nouvelle politique migratoire française.

Source: Afrique en ligne

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