mardi 26 novembre 2024 02:55

Renforcer les partenariats avec l'Europe pour lutter contre la discrimination genre

Faire avancer l'agenda de l'égalité est au cœur des recommandations de la première rencontre des femmes marocaines d'Europe.

Après deux jours de débats approfondis autour de la problématique des femmes d'Europe, l'ensemble des participants à la première rencontre des femmes marocaines d'Europe, qui a eu lieu à Bruxelles les 18 et 19 décembre, ont mis plus de lumière sur la réalité de cette tranche de la population. Différents chercheurs et acteurs associatifs et politiques ont soumis au Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) leurs réflexions et les résultats de leurs enquêtes et investigations sur la thématique de l'égalité entre les hommes et les femmes dans les différents pays de résidence des Marocaines.

A l'issue de ces rencontres, il a été constaté qu'à côté des acquis qui renforcent la situation de la femme à l'intérieur du Maroc mais aussi à l'étranger, plusieurs lacunes subsistent l'empêchant de s'épanouir pleinement et de jouer son rôle social et économique aussi bien dans son propre pays que dans le pays d'accueil. Le cadre législatif international européen reste encore limité dans son application. Les lois, qui devraient garantir l'égalité des chances entre les sexes et les races sont bien existantes mais ne sont pas toujours mises en œuvre. Pour sa part le contexte politique national et européen manque, à son tour, d'évaluation et de dispositif mis en place.

Ces lacunes juridiques sont accentuées par un ensemble de facteurs évoqués par Driss El Yazami, président du CCME : «Il est un élément d'aggravation de la discrimination et dont il faut également prendre conscience. Il s'agit de l'instrumentalisation partisane politicienne par un certain nombre de courants politiques, notamment les courants d'extrême droite et ceux populistes». Autre élément soulevé par ce responsable, la crise économique qui touche tous les citoyens européens et qui est durable et risque de toucher les immigrés de manière forte et les femmes immigrées de manière encore plus forte. Et El Yazami de préciser : «Ce n'est pas l'Etat marocain qui a la responsabilité ni la possibilité de limiter les effets de cette crise».

Pour leur part, les militantes associatives, qui font de la quête de l'égalité des sexes leur cheval de bataille, ont salué les avancées de la femme dans l'acquisition de cette égalité. Elles ont tout de même mis l'accent sur la méconnaissance des législations réciproques au Maroc et dans les différents pays d'Europe. Ce qui a pour conséquence la difficulté de faire reconnaître les jugements marocains dans les pays d'accueil des femmes marocaines. D'où la nécessité d'institutionnaliser des groupes de travail entre juges marocains et juges des pays de résidence afin de favoriser une connaissance réciproque des législations et de leurs effets et la création de réseau pour la coopération juridique.

Autre handicap souligné par les associations, et qui entrave l'égalité des sexes, l'obsolescence des conventions bilatérales qui remontent au temps de l'immigration de travail et qui ne tiennent pas compte de l'évolution des mutations de la société marocaine. De ce fait, les militantes associatives appellent, entre autres, à la « renégociation afin de ratifier une convention avec l'Union européenne sur le droit de la famille qui permettrait d'harmoniser les législations et d'inclure les pays qui n'ont jamais signé de convention bilatérale, à la mise en conformité des législations marocaines avec les conventions internationales ratifiées par le Maroc».

C'est dire que le défi de cette lutte contre la discrimination dont sont victimes les Marocaines de la diaspora reste du côté marocain, comme l'a précisé Driss El Yazami, qui considère qu'il est grand temps d'arrêter de nous considérer comme des victimes, qu'il nous faut maîtriser les programmes et les institutions existants et être des acteurs à part entière. « Il est temps également pour le mouvement associatif marocain d'Europe de changer de manière d'être ».

Dans un pays démocratique comme le Maroc, ou les associations agissent en toute indépendance, ce n'est pas aux institutions étatiques de les organiser.

Et le président du CCME de renchérir en s'adressant aux associations : « La seule chose que je peux vous dire au nom du CCME est que le Maroc d'aujourd'hui, sous le règne de S.M. le Roi Mohammed VI, est disposé à être votre partenaire. Les moyens, les stratégies et les alliés sont là. Cela ne dépend que de nous d'en tirer le meilleur profit. Il y a aujourd'hui deux dynamiques citoyennes qui sont à l'œuvre, celle de l'Etat et de la société marocaine. Et ce qui fait justement la particularité du Maroc, c'est ce double dynamisme et l'interaction entre les deux ».

Il est à rappeler que la rencontre de Bruxelles est la première d'une série de réunions régionales que le CCME organise dans le cadre de la troisième édition des Marocaines d'ici et d'ailleurs, dont les deux éditions précédentes s'étaient tenues à Marrakech en 2008 et 2009. La prochaine rencontre, consacrée aux femmes de l'Afrique sub-saharienne est programmée pour le mois de mars 2011.

22/12/2010

Source : Le Matin

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