Littérature, arts plastiques, gastronomie, traditions, cinéma, théâtre, humour… Donner à apprécier et mieux connaître la culture marocaine dans sa pluralité et ses splendeurs, telle est l’ambition des organisateurs à travers un large éventail d’activités. «Vous serez conviés à parcourir un Maroc riche d’une civilisation fascinante et plurielle qui a réussi à unir dans son identité les influences les plus variées : arabe, andalouse, berbère et juive. Dans un festival de rythmes, de couleurs, de saveurs et de créativité, les visiteurs croiseront le regard d’artistes représentatifs de la diversité du Maroc contemporain, ouvert, audacieux, mais fidèle à son histoire», suggère Ayat El Aoufir, président de l’association Amitié Maroc-Sud Alsace aux habitants de la cité alsacienne. De quoi leur offrir d’agréables moments de détente.
Située à proximité de l’Allemagne et de la Suisse, la ville de Saint-Louis accueillera du 7 au 12 janvier courant la première édition de cet évènement culturel et artistique d’exception. Car, «la Semaine du Maroc à Saint-Louis» reflète «l’excellence des relations qu’entretiennent, depuis fort longtemps, le Maroc et la France et tend également à concrétiser la compréhension entre les peuples», ajoute Ayat El Aoufir. Son association, créée en mai 2011, ambitionne de favoriser les échanges, de susciter un dialogue interculturel et de promouvoir la découverte du patrimoine marocain. Cette philosophie se traduira, une semaine durant, à travers plusieurs activités. D’abord, une exposition de peinture «En amont» au Forum de l’Hôtel de Ville, l’occasion de découvrir les œuvres récentes du plasticien et poète Kamal Lakhdar. Cette exposition, dont le vernissage a eu lieu le 4 décembre dernier, se poursuit jusqu’au 12 janvier pour le plaisir des amateurs de l’art contemporain marocain. Un vrai régal pour les regards même les plus blasés d’autant plus que pour Kamal Lakhdar l’art c’est avant tout «cette alchimie qui transforme en beauté les faiblesses». Cette citation du grand Aragon trouve tout son sens chez l’artiste.
Et c’est nettement perceptible dans ces travaux. Des travaux où souvent dans le choix des couleurs, la mobilité, la fluidité et l’impulsion qu’il donne à son geste font pénétrer le regardeur dans l’univers intérieur du peintre et lui laissent entrevoir les émotions ressenties au moment de la création. Puis, le 7 janvier sera consacré à l’hommage que rend cet évènement aux Tirailleurs marocains. Pour cela, un film documentaire «Zidou l’gouddam» littéralement «Allez de l’avant», réalisé par Éric Beauducel et Bernard Simon sera projeté. Il y aura aussi des visites guidées dans les lieux historiques de la cité alsacienne, dont le site Winkel et celui de la forêt de Hardt. Cette partie de l’évènement aura lieu le 8 janvier. Le lendemain, les amoureux de la littérature marocaine d’expression française auront rendez-vous avec le Prix Goncourt de la Nouvelle 2013, Fouad Laroui. Le jour même, «Les Chevaux de Dieu», ce film à succès de Nabil Ayouch, en lice pour les Oscars 2014, sera projeté à 20 h 30 au cinéma la Coupole.
La soirée du vendredi 10 janvier sera entièrement réservée à l’inauguration officielle de «La Semaine du Maroc à Saint-Louis». À cette occasion, une ballade musicale contée aux allures d’un voyage à travers l’Occident et l’Orient dans la plus pure tradition arabo-andalouse sera assurée par le musicien et chanteur belgo-marocain Mousta Largo. Et enfin, la grande soirée de clôture. Prévue à la Salle des Fêtes pour le 11 janvier, cette soirée, coordonnée par Ahmed Hammouche de la société Axel Event, sera déclinée en plusieurs parties : gastronomie, musique, danse et exposition. Il y aura des repas traditionnels, de l’animation musicale avec le DJ Youcef de Mulhouse, un spectacle de danse, une cérémonie du thé et de henné. À noter aussi une exposition à la Médiathèque de Saint-Louis, un travail avec le Collègue de Ferrette autour du thème «La mémoire». Le bénéfice de ce moment exceptionnel de plaisir et de partage sera totalement versé à la revalorisation du sentier des Tirailleurs marocains de Winkel. Une initiative à saluer, bien sûr !
Le devoir de mémoire
Pour garder vivante une page de l’histoire au cours de laquelle des hommes venus d’un autre continent se sont engagés corps et âme aux côtés d’un peuple ami en payant le prix du sang. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Tirailleurs marocains, quasiment armés de leur seul courage, sans peur du sacrifice suprême, ont permis la libération des terres alsaciennes avec des moyens dérisoires, puis ont tenu les positions prises de Haute-Alsace jusqu’au Sundgau. Ils ont majoritairement représenté l’armée française lors de la libération de Mulhouse, Colmar, Rouffach, Soultzmatt, les montagnes avoisinant Thann et des dizaines d’autres villages. Lors de la terrible bataille de la Hardt qui a débuté le 28 novembre 1944, l’attaque a été confiée au premier Régiment de Tirailleurs marocains appuyé par des unités de la première DB. L’objectif de ce travail de mémoire est que le flâneur qui foule le sol de la Hardt n’oublie pas que reposent encore sous ses pas de jeunes soldats venus d’Afrique du Nord qui sont morts pour la liberté des Alsaciens : 162 morts, 279 disparus et 349 blessés en 6 jours de combat. Pour que le promeneur qui suit les sentiers de Winkel sache que la position fut, en ces temps-là, tenue exclusivement par le régiment des Tirailleurs marocains.
Source : Maglor