vendredi 29 novembre 2024 23:03

Tunisie : le sort incertain des réfugiés de Libye

Tunisie : le sort incertain des réfugiés de Libye

Le camp de Choucha, où ont afflué des milliers de réfugiés fuyant la guerre libyenne, doit fermer en juin prochain. Des centaines de migrants sont toujours confinés dans ce camp en attente de la régularisation de leur statut.

Réunis le 28 janvier sur la place des Droits de l'homme à Tunis sous diverses banderoles – on pouvait lire sur l'une d'elles : "HCR, finis ton boulot !" – une centaine de migrants du camp de réfugiés de Choucha sont venus protester contre le rejet de leur demande de statut de réfugié.

Alors que ce camp installé près de la frontière libyenne doit fermer en juin, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) vient de refuser le statut officiel de réfugié à quelque 200 migrants qui y sont installés. Ainsi, ces personnes déplacées n'ont toujours aucun statut qui garantisse leur droit d'accès à l'alimentation, aux services médicaux et à une réinstallation dans un autre pays [le camp compte maintenant 1 357 résidents].

Les manifestants de la place des Droits de l'homme étaient originaires du Soudan, du Nigeria et du Tchad, notamment. Beaucoup avaient fui l'instabilité dans leur pays d'origine et s'étaient installés en Libye dans l'espoir d'y trouver des perspectives économiques, mais la guerre de 2011 les a de nouveau contraints au départ.

"Je demande au HCR de nous écouter, explique Paul Oluibade, un réfugié nigérien venu manifester à Tunis. L'organisation refuse de nous donner de quoi nous nourrir, et nous ne vivons que grâce aux dons de citoyens tunisiens." "Beaucoup sont morts l'année dernière [dans le camp], à cause de la faim ou du manque de soins", ajoute-t-il.

"Nos revendications sont claires, poursuit Ahmad Othman Ahmad, un Soudanais. Qu'on nous accorde le statut de réfugiés et qu'on rétablisse sur le camp les services que nous avions auparavant." Leur manifestation avait le soutien de plusieurs organisations issues de la société civile comme le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) ou encore Boats 4 People.

Des demandes d'asile rejetées

Selon le communiqué du FTDES, la Tunisie ne dispose pas de système d'asile, et, depuis deux ans, aucun autre pays doté d'un système d'asile n'est intervenu pour résoudre la crise que vivent tous les migrants du camp de Choucha. Nicanor Hoan, du FTDES, assure que son organisation soutient les migrants qui exigent le réexamen des demandes d'asile rejetées. Les organisations internationales doivent par ailleurs octroyer "une protection internationale pour toutes les personnes ayant fui la guerre en Libye" et réinstaller "tous les réfugiés du camp de Choucha dans des pays sûrs, dotés de systèmes de protection effectifs".

Or selon Dalia Al-Achi, porte-parole du HCR en Tunisie, l'agence onusienne reconnaîtra uniquement les réfugiés ayant fui leur pays d'origine en raison de troubles politiques ou sociaux, mais pas les migrants économiques. "Nous sommes conscients de l'état de santé et de l'état psychologique très mauvais dans lesquels se trouvent ces personnes, reconnaît-elle. Le HCR n'est pas indifférent à ces souffrances, et nous faisons tout notre possible. Mais nous ne pouvons pas octroyer le statut de réfugié à de simples migrants."

Pour Dalia Al-Achi, c'est aux autorités tunisiennes qu'il incombe de venir en aide aux migrants, et de leur offrir une protection.

29 janvier 2013, Amira Masrour

Source : Courrier intarnational/Tunisia Live

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