dimanche 24 novembre 2024 19:59

Un graphique combat les clichés à propos de l'immigration

L’immigration est très souvent la cible privilégiée des partis populistes. En guise de réponse, des chercheurs viennent de publier un diagramme interactif qui reprend les statistiques liées aux flux migratoires de 196 pays. Ce graphique permet de faire taire certains clichés.

La principale information de ce sondage : l’immigration mondiale n’a pas augmenté ces vingt dernières années. En outre, l’Europe n’est pas la cible privilégiée des populations migrantes.

Nikola Sander, géographe et statisticienne autrichienne a réalisé ces graphiques avec l’Anglais Guy Abel. Elle a accepté de commenter certaines idées reçues sur le sujet.

L’immigration, phénomène de masse ?

"A l’échelle mondiale, notre étude estime que seulement une personne sur mille change de pays de résidence dans une période de cinq ans.

On savait jusqu’ici que 3% de la population mondiale était née dans un autre pays que celui où elle réside. Ce chiffre comprend évidemment une grande partie de personnes installées de longue date à l’étranger, et ne nous renseigne pas sur les flux migratoires actuels.

C’est là que réside la nouveauté de notre travail, qui mesure les flux migratoires à 0,6% de la population mondiale".

Les migrations augmentent-elles ?

"Dans le monde, ce taux de 0,6% de migrants n’a pas augmenté sensiblement sur les vingt années que couvre notre étude. C’est un chiffre qui prend bien sûr en compte l’accroissement de la démographie mondiale : il y a certes davantage de migrants en valeur absolue, mais aussi plus d’êtres humains sur la planète. Le nombre de migrants n’a pas augmenté plus rapidement que la population totale".

L’Europe privilégiée ?

"En 2005-2010, le flux migratoire le plus important allait du Mexique aux Etats-Unis. Notre étude s’arrête en 2010, mais les données récentes indiquent que ce flux s’est depuis réduit, suite à la croissance économique mexicaine des dernières années.

L’Europe, au contraire, est moins prisée que sa puissance économique nous porterait à penser. Par exemple, l’Allemagne attire proportionnellement moins de travailleurs qualifiés originaires des quatre dragons asiatiques cCorée du Sud, Taïwan, Singapour, Hong-Kong) que les États-Unis, le Canada, l’Australie ou même le Royaume-Uni. Nous sommes à la traîne".

Les pauvres vont-ils chez les plus riches ?

"Les flux suivent un modèle en échelle : sur une échelle, on ne monte que d’un barreau au suivant, progressivement.

Ce ne sont ainsi pas les plus pauvres qui immigrent dans les pays riches, mais plutôt les ressortissants de pays qui sont déjà en transition, des personnes qui ont un certain niveau de formation et qui disposent de ressources financières. Du coup, c’est plutôt en Asie que se trouve un important potentiel d’émigration. Mais les flux migratoires dans cette région sont nettement orientés vers les Pays du Golfe et les États-Unis, pas l’Europe".

9 avril 2014

Source : rtbf.be

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