dimanche 24 novembre 2024 22:33

Une jeune "colombe" marocaine s'initie au chant sous les cieux de l'Alberta

Son nom est Intissar Louah et elle en est fière jusqu'à la moelle. Marocaine à peine âgée de 14 ans, elle établie à Edmonton, en Alberta, dans l'ouest du Canada. Jusqu'ici, tout semble, le moins qu'on puisse dire ordinaire et "normatif" au commun des mortels. Mais, ce qui brave et défie le "normal" et lui octroie incontestablement le statut de génie, c'est qu'elle vient de publier son premier roman (98 pages) en pays d'accueil intitulé "Le chant de la colombe".

Un titre des plus révélateurs et mûrement réfléchi qui renvoie subrepticement à sa personnalité encore juvénile, à une certaine sublimation et à une volonté de vouloir voler de ses propres ailes et traverser, voire outrepasser l'Atlantique, afin de concrétiser un rêve qui l'a de tout temps caressé dans son pays d'origine. Celui de démontrer de vive voix sa capacité d'écrire et de décrire de manière éloquente avec un style original et éblouissant son parcours d'enfant, bref et ambivalent soit-il.

En fait, dès sa prime enfance, alors qu'elle admira les nombreuses peintures gravées de par-ci par-là sur les murailles et les rues de la ville de Chefchaouen, Intissar développa un goût pour le dessin. Elle commença également à explorer l'art de l'écriture. A huit ans déjà, elle écrivait de courts récits et poèmes qu'elle présenta devant ses amis de l'école.

Incrédule, Leïla, l'héroïne du "Chant de la colombe", apprenait en fait qu'elle et sa famille vont finalement rejoindre le père après deux ans. Elles traversent l'océan atlantique vers le Canada. Pourtant, très peu sait-elle que son premier jour à l'école et dans son nouveau pays d'accueil sera le début d'une véritable chasse au trésor, écrit l'auteure dans la préface du livre.

Intissar, au sens "victorieux" du terme, est devenue pratiquement une vedette en Alberta où elle est courtisée par les médias canadiens avides de glaner une déclaration de cette jeune fille marocaine qui, nonobstant sa bravoure et les sacrifices qu'elle a consentis pour s'intégrer dans un nouveau monde et un environnement qui ne sont guère les siens, a pu relever haut et fort les défis et défricher un chemin semé d'embûches pour s'imposer avec méritocratie dans la société d'accueil et devenir un modèle dont il faut s'inspirer, de l'avis même de ses enseignants canadiens.

Contacté par téléphone depuis Montréal, le père d'Intissar, M. Driss Louah, a déclaré à la MAP qu'il ne peut qu'être fier de l'exploit de sa fille qui a réussi, dès son tendre âge, à parer aux clichés injustement collés et colportés à l'encontre des communautés étrangères établies dans les pays d'accueil et à inciter ceux qui président aux destinées de ces contrées lointaines et généralement "inhospitalières" à remettre en cause et à revoir leurs préjugés et à reconnaître les exploits dont sont capables les immigrés.

"Ma fille Intissar demeure l'illustration la plus parfaite de tous les jeunes marocains et marocaines issus de l'immigration qui, dès que les moyens leur sont disponibles, excellent aussi bien dans les études que dans la vie professionnelle", a-t-il ajouté.

"Elle écoute et observe tout avec une sagesse surprenante et sa facilité à apprendre fait qu'elle se classe première de sa classe dans toutes les matières", s'est félicité le père d'Intissar, rappelant que sa fille aime l'écriture et, depuis son plus jeune âge, elle écrit, dans son journal intime, des histoires relatant les événements ayant marqué le plus sa vie tant bien au Maroc qu'au Canada.

Considérée comme la plus jeune écrivaine de la province anglophone d'Alberta, Intissar vient tout juste de recevoir le prix "On authoring and publishing a book" qui lui a été décerné par son école à l'occasion de la fête de fin d'année scolaire.

"J'écrivais depuis que j'étais toute petite et il s'avère donc tout à fait naturel qu'après avoir réussi, grâce à un style que je commençais à peine à maîtriser, à écrire de nombreux poèmes et narrer des histoires courtes. Actuellement, je me suis lancée dans ce projet de roman et Dieu merci ça était concluant", a confié à la MAP Intissar avec une humilité qui augure inéluctablement de bons auspices devant elle.

Son prochain challenge est de réécrire ou plutôt de "rechanter" son roman en langue anglaise, a-t-elle souhaité, tout en exprimant son immense regret de ne pas pouvoir le traduire pour le moment en langue arabe.

Aujourd'hui, Intissar est une adolescente, dont le talent inspire toute une génération dans le pays d'accueil. Une jeune fille qui s'est adonnée coeur et âme à l'écriture et tient délibérément à se sacrifier sur l'autel de l'excellence et de l'affirmation de soi, de surcroit lorsqu'on n'est pas chez-soi.

Bref, Intissar (victoire en langue arabe) compte n'épargner aucun effort pour affûter et perfectionner sa voix de jeune colombe et briller en tant qu'étoile avant de devenir bientôt une star, dont les étincelles transatlantiques attiendront et orneront comme un feu d'artifice le ciel du pays d'origine, le Maroc.

Source : MAP

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