lundi 25 novembre 2024 07:52

Une mosquée profanée dans le Tarn

La mosquée Bilal de Castres, dans le Tarn, a été profanée dans la nuit de samedi à dimanche par des inconnus. Après avoir franchi le portail de deux mètres, ils ont dessiné des croix gammées et écrit «Sieg heil» (slogan nazi, ndlr) sur les murs extérieurs de l'édifice, où ils ont également tracé des inscriptions telles que «La France aux Français» et «White power», a indiqué le président de l'Association islamique de Castres, Abdelmalek Bouregba, responsable du lieu de culte.

Des pieds de cochon ont également été suspendus à la poignée du portail. Sur la porte, des oreilles de cochon avaient été agrafées et des affiches placardées sur lesquelles étaient dessinés des drapeaux français, a-t-il précisé. Il a indiqué que les auteurs de la profanation n'avaient pas pénétré à l'intérieur de la mosquée. La police s'est rendue sur place pour procéder à des relevés d'empreintes, a ajouté Abdelmalek Bouregba, en précisant qu'il allait porter plainte.

Le responsable de la mosquée, ouverte en 1986 dans un ancien hangar et comportant une salle de prière de quelque 200 m2, s'est déclaré outré par la profanation, qu'il a qualifié d'«acte prémédité». «C'est un ensemble. Depuis un certain temps, on n'arrête pas de viser la communauté musulmane», a-t-il dénoncé, faisant notamment allusion à certains dérapages dans les débats sur l'identité nationale et au référendum pour l'interdiction de la construction de nouveaux minarets en Suisse.

«Aucune piste n'est écartée», a déclaré Paul Agostini, le directeur de la police départemental du Tarn, qui a précisé qu'aucun incident, ni litige n'avait été signalé les jours précédents autour de la mosquée. Une enquête est en cours.

Condamnations unanimes

La préfète du Tarn, Marcelle Pierrot, a rencontré sur place la communauté musulmane «pour lui exprimer sa solidarité». «Ces actes de profanation condamnables (sont) contraires aux valeurs de notre république laïque qui permet à chacun de pouvoir exercer sa foi dans le respect des règles et des valeurs de notre démocratie», a-t-elle souligné. Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a estimé que le racisme, la xénophobie et l'antisémitisme n'avaient pas leur place en France. Le député du Tarn Bernard Carayon (UMP) a dénoncé pour sa part cet acte, estimant qu'«il faut beaucoup de médiocrité et de haine pour s'attaquer aux lieux sacrés qui rassemblent les croyants». Quant au député Philippe Folliot (app-NC), il a «condamné de la manière la plus absolue cette provocation», parlant d'«acte lâche». Enfin l'UMP a témoigné «toute sa compassion aux musulmans tarnais. «Ces actes scandaleux et intolérables portent atteinte aux valeurs fondamentales de notre République que Nicolas Sarkozy a encore récemment rappelées à tous nos concitoyens et notamment celles du respect de l'autre et de la tolérance», a déclaré le porte-parole adjoint , Dominique Paillé.

SOS Racisme a condamné dans un communiqué la profanation, qui «vise très clairement, de la part des auteurs de ces méfaits, à laisser entendre qu'un musulman ne saurait être Français», et déplore «la libération de la parole raciste, libération que le débat sur l'identité nationale permet et organise».

L'actuelle mosquée Bilal, d'une capacité de 250 personnes, ne peut accueillir tous les pratiquants, la prière du vendredi regroupant près de 350 personnes venant de Castres et des environs. Les femmes et d'autres fidèles sont accueillis dans une salle proche. La construction d'une nouvelle mosquée est envisagée, pour une ouverture d'ici à 3 ans, avec «une salle de prières de 800 m2 pour accueillir 600 fidèles, et aucun minaret n'est prévu», a noté Abdelmalek Bouregba.

Source : Le Figaro

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