mercredi 27 novembre 2024 06:45

"Mort à vif" est l'intitulé d'un nouveau recueil de la poétesse et traductrice marocaine Siham Bouhlal, paru récemment aux éditions "Al-Manar" à Paris.

Dans ce recueil, qui s'ouvre sur une partie intitulée "Le livre de Driss", Siham Bouhlal replonge dans les souvenirs qui ont tissé sa vie avec son compagnon, décédé il y a trois ans, et voit présente la mort personnifiée qui se barricadait dans leurs moments, pendant qu'ils étaient occupés à aller vers la vie.

Elle entame avec la mort alors un dialogue violent et révolté et défie la mort au moment même où elle prend conscience qu'elle a effectivement et sans possibilité de retour ravi l'être aimé.

Deux autres parties suivent ensuite où elle essaye d'apaiser la colère et d'ouvrir une lucarne d'espoir, celui-là même que son compagnon, dans ses derniers conseils, voulait pour elle.

La couverture de ce recueil est illustrée de dessins du peintre Mahi Binebine.

Née à Casablanca dans une famille originaire de Fès, Siham Bouhlal est installée en France depuis 25 ans où elle a reçu l'enseignement du poète et médiéviste Jamel-Eddine Bencheikh.

Titulaire d'un doctorat en littérature de l'Université Paris-Sorbonne, elle se consacre à la traduction de textes médiévaux (Le livre de brocart ou la société raffinée de Bagdad au Xe siècle, Connaissance de l'Orient, ""Gallimard" 2004) et à la composition et à la traduction de poésies (Printemps des poètes à l'Institut du Monde Arabe, 2003 et 2004).

La poétesse, dont son recueil personnel "Poèmes bleus" est paru aux éditions "Tarabuste" en 2005, a participé en 2006 aux côtés de feu Driss Benzekri et Carlos Freire à l'élaboration de l'ouvrage "Amazigh ou voyage dans le temps berbère", paru aux éditions "Hazan" à Paris.

En 2007, elle prend part au séminaire "Femmes Marocaines et immigration : les femmes et la création" organisé par le Conseil Consultatif des Droits de l'Homme (CCDH) et rédige un texte à cette occasion : "La femme créatrice", puis au colloque "Femmes d'ici et d'ailleurs", organisé par les Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME, 2008).

Elle a également pris part à de nombreuses rencontres sur la question notamment de l'écriture et l'exil comme elle a rédigé de multiples textes à ce sujet, dont "Ecrivains en déplacement", "Au pays de Molières" et "Nostalgie des mots".

Siham Bouhlal est l'auteur aussi des recueils "La tombe d'épines", paru aux éditions "Al-Manar" à Paris en 2007 avec des illustrations de Diane de Bournazel, "Corps lumière" (Al-Manar, 2008) puis "Le sel de l'amour" rehaussé de dessins de Julius Baltazar en 2009.

Elle a publié également une nouvelle traduction dans le domaine ancien "L'art du commensal ou boire dans la culture Arabe" aux éditons Actes Sud, 2009), un livre d'artiste, "Tombeau / Grab", texte bilingue, français/allemand, avec les peintures de Klaus Zylla et un récit "Princesse Amazigh", paru en aux éditions "Al Manar", 2009.

Source : MAP

Le ministre délégué chargé de la communauté marocaine résidant à l'étranger, M. Mohamed Ameur, en tournée en France, a visité des centres cultuels et culturels et tenu des rencontres avec plusieurs élus et représentants des autorités locales dans les régions du Nord et de l'Est de l'Hexagone.

A Armentières, dans la banlieue de Lille (Nord), le ministre a visité un complexe cultuel et culturel opérationnel composé d'une mosquée, de salles de cours et d'informatique, d'un espace de rencontres et d'une bibliothèque que le ministre a offert d'approvisionner en ouvrages diversifiés.

A Strasbourg, le ministre s'est rendu au chantier de construction de l'une des plus grandes mosquées d'Europe. Cofinancée par le Maroc, le conseil municipal de la ville, le conseil régional et les contributions des Marocains de la région, la Grande Mosquée de Strasbourg ouvrira ses portes aux fidèles au printemps 2011.

Ces édifices, qui viennent renforcer l'offre spirituelle en direction de la communauté, témoignent de l'intérêt que les autorités locales des deux régions accordent au bien-être moral de ces concitoyens.

Cet aspect a été présent dans les entretiens que M. Ameur a eus avec les maires d'Armentières et de Strasbourg, le préfet du département de l'Alsace (Est), le président de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Strasbourg et le président de la région Alsace-Lorraine.

Ces responsables ont tous salué le dynamisme et l'exemplarité de la communauté marocaine, parfaitement intégrée dans la société du pays d'accueil. Soulignant que la France progresse avec la richesse et la pluralité de sa population, ces responsables n'ont pas manqué d'insister sur la vitalité du rôle du gouvernement marocain, notamment dans la diversification de l'action culturelle, aspect fondamental pour la pérennisation des liens d'attachement des nouvelles générations des Marocains de France à leur pays d'origine comme pour une meilleure intégration dans leur société d'accueil.

Lors de ces entretiens, M. Ameur a exprimé la détermination de son département à collaborer avec ces autorités et instances, à travers des actions concrètes et ciblées, pour le réconfort et le bien-être de leurs administrés marocains. Il a indiqué, à ce propos, qu'une attention particulière sera accordée précisément aux échanges culturels dans le but de promouvoir une meilleure compréhension mutuelle et consacrer le statut avancé du Maroc dans ses relations privilégiées avec l'Union européenne.

Le ministre, qui a entamé cette tournée le 14 mai, a également tenu des réunions avec les compétences marocaines et les représentants de la communauté marocaine établie dans ces deux régions de la France, rappelle-t-on.

La visite de M. Ameur se poursuivra jusqu'au 23 mai et le mènera, successivement, à Rennes, Nantes (Ouest), Orléans (Centre) et Paris où il signera avec le maire de Mantes-la-Jolie une convention pour la création conjointe d'un centre culturel marocain dans cette banlieue parisienne avant d'animer une conférence, en marge du salon SMAP Immo, sur la politique gouvernementale au service des Marocains du monde.

Source : MAP

Le président Barack Obama a redoublé de critiques mercredi contre les lois controversées de l'Arizona à l'encontre des immigrants illégaux, estimant qu'elles reflètent une frustration mal orientée.

Le président américain s'exprimait lors d'une conférence de presse conjointe avec le président mexicain Felipe Calderon, qui partage ses vues. Il a appelé à une révision des lois sur l'immigration aux Etats-Unis, mais rappelé qu'il lui manque une majorité absolue au Congrès pour le faire.

L'Arizona a décidé de criminaliser le délit de présence illégale dans le pays, ce qui représente selon Barack Obama un risque de violation des droits civiques. "Aux Etats-Unis, une personne qui respecte la loi, qu'elle soit citoyen américain, immigrant légal, en visite ou faisant du tourisme depuis le Mexique, ne peut pas être soupçonnée simplement sur son apparence" a rappelé le chef de l'Etat.

Les lois de cet Etat frontalier avec le Mexique présentent un caractère discriminatoire à l'encontre en particulier de la communauté hispanique, a souligné son visiteur.

Une solution, selon Calderon, serait de créer une zone frontalière plus sure, qui unisse au lieu de diviser.

Il y a deux fois plus d'Américains favorables aux lois anti-immigrants que d'opposants, d'après un sondage réalisé pour l'Associated Press par l'Institut GfK.

Les policiers de l'Arizona devront retenir que la race ou l'origine ethnique ne sont pas des critères suffisants pour appliquer le nouveau texte, a indiqué le principal formateur de la police locale, Lyle Mann, mercredi. Il n'a pas défini ce qui serait un critère de suspicion légitime.

Source : Le Nouvel Observateur/AP

Alors que le projet de loi sur le port de la burqa est présenté ce mercredi en conseil des ministres, beaucoup de musulmans ne cachent plus leur désarroi: de dérapages en débats sur l'identité nationale, ils se sentent pris pour cible.

Cette fois, Brice Hortefeux a fait le déplacement. Jeunes en jogging, retraités maghrébins, fidèles des villes voisines de Beaucaire, d'Arles ou même d'Avignon... Dans le cimetière de Tarascon giflé par la pluie et le mistral, ils sont près d'un demi-millier, ce 9 mai, à se recueillir derrière le ministre de l'Intérieur et les élus locaux. Quelques jours plus tôt, sept stèles de soldats musulmans morts pour la France durant la Première Guerre mondiale avaient été profanées - provocation stupide d'un gamin désœuvré, dira l'enquête.

Après la prière, Mohammed Moussaoui, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), se livre à un sombre décompte : "32 impacts de balles relevés sur les murs" d'une mosquée d'Istres (Bouches-du-Rhône) ; une boucherie halal de Marseille "mitraillée" à la kalachnikov, "15 mosquées dégradées depuis le début de 2010" sur tout le territoire français, dans l'indifférence quasi générale. "L'islam est une religion de paix, victime des amalgames, de la crispation et du repli identitaire qui menace notre société", résume ce timide agrégé de mathé­matiques au verbe mesuré. Quatre jours plus tard, trois nouvelles tombes musulmanes étaient maculées d'injures racistes à Vienne (Isère).

Quelle loi contre le niqab?

Le gouvernement a choisi d'agir en deux temps: d'abord une résolution, votée à l'unanimité par les députés le 11 mai ; ensuite un projet de loi, examiné en Conseil des ministres le 19 mai, qui prohibe le port de la burqa dans la totalité de l'espace public au nom de la dignité des femmes et du "vivre ensemble".

Révélé par Le Figaro, le texte prévoit une amende de 150 euros pour celles qui violeraient l'interdiction et/ou un stage de citoyenneté "à titre de peine alternative ou complémentaire". Imposer le port du voile intégral par "la violence, la menace, l'abus de pouvoir ou d'autorité" serait considéré comme un délit passible de 15 000 euros d'amende et d'un an d'emprisonnement.

Ce projet devrait être examiné en juillet par les députés, et en septembre par les sénateurs, avant son adoption à l'automne. Le Conseil d'Etat a déjà averti qu'une interdiction absolue et générale serait "exposée à de fortes incertitudes constitutionnelles et conventionnelles". Les socialistes ont concocté leur propre proposition de loi, limitant l'interdiction du port du voile intégral aux services et aux transports publics.

Eric Besson et Michèle Alliot-Marie peuvent se retrousser les manches. Après la présentation au gouvernement du projet de loi prohibant le port du niqab, ce mercredi 19 mai, il faudra beaucoup de talent au ministre de l'Immigration pour démontrer aux musulmans que "l'interdiction du voile intégral" n'est pas "stigmatisante pour l'islam". Et beaucoup de persévérance à sa collègue de l'Intérieur pour pratiquer la "pédagogie" qu'elle revendique. Car, si bannir le niqab n'équivaut évidemment pas à partir en croisade contre l'islam, les musulmans ont des raisons de ne pas saisir la nuance. De la pédagogie ? "Contrairement à la loi sur le voile à l'école, en 2004, qui avait été précédée de nombreux débats au sein de la commission Stasi, ce dossier part dans tous les sens, déplore un observateur bien informé. Besson annonce la création d'instituts d'imams, Eric Raoult, député UMP de Seine-Saint-Denis, propose la création d'un observatoire de l'islamophobie, mais toutes ces initiatives ne sont que de simples contre-feux, de la pub."

Pis : comme le souligne le sociologue Didier Lapeyronnie, "avec les dérapages de Brice Hortefeux, la traque des "mariages gris", lancée par Eric Besson, et les discours récurrents de Nicolas Sarkozy contre l'islamisme, on entend une forme de racisme s'exprimer au plus haut niveau de l'Etat. Malgré leurs efforts d'intégration, les musulmans se disent qu'ils ne seront jamais des Français comme les autres et les extrémistes s'engouffrent dans la brèche, explique ce spécialiste des banlieues, auteur de Ghetto urbain (Robert Laffont). Alors qu'ils sont majoritairement contre le voile intégral, les musulmans pensent que, quoi qu'ils fassent, rien ne changera. Alors, par réflexe, ils s'identifient aux femmes en burqa et se sentent directement visés par le projet de loi."

Au terme d'un an et demi de polémiques, ces mêmes musulmans semblent "assommés" et plus fatalistes que va-t-en-guerre. La burqa? Un "non-sujet qui ne concerne qu'une minorité de femmes", et un coup de plus à encaisser.

"On vient nous désintégrer"

"A chaque fois qu'on parle de nous, c'est pour nous accuser, lâche Abdelhak Eddouk, aumônier musulman à Grigny (Essonne). On a eu les minarets, puis le débat sur l'identité nationale et, maintenant on a ce boucher halal de Nantes, une vraie caricature..." "On pensait être intégrés, en fait, on vient nous désintégrer", renchérit Mohamed Dekoune, conseiller principal d'éducation à Tarascon. La lassitude se lit aussi dans les commentaires postés sur le site d'information SaphirNews, où médias et politiques en prennent pour leur grade. Les internautes ne donnent pas dans la nuance!"Normal, d'après le rédacteur en chef du site, Mohammed Colin, ils ne parviennent pas à faire comprendre que leurs revendications sont les mêmes que celles des autres Français : avoir un lieu décent où pratiquer leur religion, trouver un boulot, économiser pour partir en vacances..."

Des tensions surgissent entre pratiquants eux-mêmes

Il y a aussi ces injures qu'on pensait oubliées, comme "bicot", "bougnoule" ou "voleur", entendues dans les rues de Marseille et d'ailleurs. Ici, une femme voilée au visage découvert se voit refuser l'entrée d'un bowling. Là, des policiers collent une amende à deux porteuses du niqab, alors que la loi n'est pas encore votée.

Des tensions surgissent entre pratiquants eux-mêmes: des musulmanes s'en prennent en plein marché à leurs coreligionnaires en burqa ; à l'inverse, des "nounous" africaines à l'islam peu rigoriste se font chapitrer au parc par leurs "sœurs" maghrébines. Certains, telle Fatima Orsatelli, élue de gauche à Marseille, pointent du doigt l'élite musulmane "qui ne se sent pas concernée, alors qu'elle aurait dû se faire la porte-parole de la communauté".

Et c'est bien là la grande question : pourquoi les musulmans ne condamnent-ils pas eux-mêmes plus fermement ces intégristes qui nuisent à leur image et à leur religion? La réponse n'est, en réalité, pas si simple.

Le CFCM, installé par le gouvernement en 2003 et censé les représenter, se trouve ligoté par ses luttes de pouvoir internes et ne détient, aux yeux des fidèles "de la base", aucune légitimité. Interpeller les salafistes? "On ne peut pas arracher les voiles dans la rue! s'exclame Abdelhak Eddouk, l'aumônier de Grigny. Ce serait répondre à la violence par la violence. Seul le dialogue au cas par cas fonctionne." Des arguments qui ne convainquent pas complètement.

Sans doute, comme le dit Abdelaziz Chaambi, président de la Coordination contre le racisme et l'islamophobie, les musulmans modérés sont-ils un peu "perdus". "Les pouvoirs publics les présentent comme des islamistes, les salafistes les font passer pour des mécréants, les médias, pour des voleurs... A force, ils se replient sur eux-mêmes."

Alors qu'il eût fallu soutenir les associations locales pour lutter contre la déstructuration sociale dans les cités et le repli communautariste, leurs membres mettent la clef sous la porte les uns après les autres, faute de subventions. Dans ces banlieues à chômeurs livrées à elles-mêmes, où policiers, postiers et chauffeurs de bus ne veulent plus mettre les pieds, où les élèves s'enfoncent dans leurs écoles ghettos, les prêcheurs de niqab sont promis à un bel avenir.

Bien que légitime et nécessaire, la loi contre le voile intégral aura raté sa cible si elle s'en tient aux grands principes, sans enclencher d'autre sursaut politique qu'un mauvais feuilleton médiatique.

Source : L’Express/REUTERS

Les immigrés occuperaient une part bien plus importante de la population salariée russe que ne l’indique le rapport publié le 31 mars par l’ONU. Moscou se penche sur sa politique migratoire.

La Russie comptait 2,4 millions d’immigrés officiellement enregistrés en 2008, mais le chiffre réel serait probablement trois fois plus élevé, selon le rapport sur l’évolution de la situation démographique en Russie établi par l’Organisation des Nations Unies. « En prenant en compte les zones d’ombre du marché du travail, les étrangers travaillant actuellement en Russie représenteraient près de 10% de la masse salariale », indique le rapport. « Les immigrés illégaux occupent principalement des emplois mal payés que les Russes refusent ».

Les actifs exerçant un emploi sont près de 74,5 millions, soit 52% de la population russe, selon les données de février 2010 du Service national des statistiques. Le rapport félicite les autorités pour la simplification de la procédure d’enregistrement des immigrés et l’amélioration du contrôle aux frontières, mais il précise cependant que le pays ne dispose toujours pas d’une approche systémique.

« La Russie est toujours à la recherche d’une politique migratoire efficace pour résoudre son problème démographique », dit le rapport. « La pénurie de main-d’œuvre et les risques posés par la migration illégale sont sous-estimés ».

Une loi régissant le statut des travailleurs étrangers est entrée en vigueur en 2007. Elle exige que ceux-ci présentent leur passeport, leur carte de migration et s’acquittent d’une taxe pour obtenir une autre carte les autorisant à exercer une activité professionnelle. La loi permet aux migrants d’obtenir un permis de travail et de changer d’employeur librement, alors qu’auparavant, le travailleur étranger dépendait de son premier employeur pendant toute la durée de son permis de travail. Cette mesure libératoire est remise en cause : Vladimir Poutine a promis d’associer chaque migrant à un employeur particulier pour mieux contrôler les flux de travailleurs étrangers.

Les temps ont changé, explique Nikita Mkrtchyan, chercheur à l’École supérieure d’économie : si les premières étapes de la réforme ont permis à la Russie de tirer profit de l’immigration, la récession a forcé le gouvernement à repenser sa stratégie.

Source : Le Figaro

A Sasabe, à 90 km de Tucson, la grande ville du sud de l'Arizona, les gardes-frontières assurent que, même si la nouvelle loi de répression de l'immigration illégale n'est pas encore entrée en vigueur, "le trafic de clandestins a déjà pas mal baissé". La peur s'est installée parmi ceux qui résident en Arizona - 500 000 illégaux pour 6,6 millions d'habitants, dont un tiers d'Hispaniques citoyens américains - depuis que la gouverneure, Jan Brewer, a signé le 23 avril la loi SB1070, qui autorise la police locale à contrôler les résidents dès lors qu'elle a un "soupçon raisonnable" sur leur statut. Et l'inquiétante nouvelle - "La chasse au clandestin va commencer !" - s'est aussi répandue de l'autre côté de cette frontière mexico-arizonienne où 1 000 personnes tentent quotidiennement d'entrer aux Etats-Unis. Illégalement, s'entend.

Ne serait-ce que pour cette raison, Joe Arpaio, shérif de Maricopa, se réjouit de cette loi. A 78 ans, l'homme règne sur un comté qui regroupe huit des dix premières villes de cet Etat semi-désertique, à commencer par Phoenix, la capitale où il nous reçoit. Sa règle d'or : "La loi et l'ordre." Ses méthodes sont controversées, mais il n'en a jamais démordu : c'est lui qui a réintroduit dans sa juridiction les chaînes en fer aux pieds des prisonniers et les uniformes rayés à la frères Dalton. "Les phraseurs me traitent de fasciste. Mais je ne dois de comptes qu'à mes électeurs. Et il faut croire que je leur conviens." Ils le plébiscitent depuis dix-huit ans.

Sa nouvelle croisade consiste à traquer et à incarcérer les immigrés clandestins. "On m'accuse de contrôles au faciès. En trois ans, j'ai arrêté 5 000 clandestins. Personne n'en a fait un fromage. Maintenant la loi a décrété que la présence illégale est un crime. C'est parfait, cela permet d'emprisonner ces gens. Mais mes policiers doivent se justifier par un "soupçon raisonnable de délit". Je déteste l'hypocrisie. On n'interpelle pas les gens pour savoir s'ils ont bu un coup de trop mais s'ils sont clandestins ou pas, parce qu'être clandestin est interdit, point à la ligne."

Pourquoi est-il si important de "criminaliser" la clandestinité, alors que les gardes-frontières peuvent déjà procéder à des expulsions ? "Parce que ça ne suffit pas : ils reviennent. Il faut d'abord leur infliger une peine dure pour leur faire passer l'envie de revenir chez nous et faire un exemple pour les autres."

Le shérif Arpaio, son langage et ses méthodes, Clarence Dupnik les connaît par coeur. Lui aussi est shérif : celui du comté de Pima. Il officie à Tucson, première grande ville où passent la plupart de ces clandestins que son homologue entend pourchasser. A 72 ans, dont cinquante et un comme policier, lui aussi bénéficie du soutien sans faille de ses ouailles : il est élu et réélu depuis vingt-quatre ans. "Cette loi, dit-il, est inconstitutionnelle, inapplicable et immorale. Comprenez-moi bien, moi aussi je considère qu'on doit mieux sécuriser la frontière. C'est nécessaire parce que les mafias mexicaines dominent les trafics de drogue et d'êtres humains. Mais la politique migratoire, c'est l'affaire du gouvernement fédéral, et c'est très bien ainsi. Et moi, je déteste la démagogie : qui peut croire que l'on va emprisonner ou expulser de cet Etat un demi-million d'illégaux ? Cette loi flatte la xénophobie des gens sans rien résoudre."

Joe Arpaio est républicain de tendance ultra, même s'il peste contre les "politiciens véreux" de son propre parti. Clarence Dupnik, lui, est démocrate, même s'il se dit "exaspéré par les jeux politiques à Washington".

L'un et l'autre représentent les deux tendances dominantes du débat qui monte aux Etats-Unis : que faire des immigrés "undocumented" - les sans-papiers ? En 1986, Ronald Reagan en avait régularisé quelque 4 millions. George W. Bush entendait faire de même, mais son parti, aidé par une fraction importante de démocrates, l'a empêché de procéder à une forme de régularisation de 12 millions de personnes en 2007, avec la possibilité pour une partie d'entre eux d'accéder à la citoyenneté américaine. Barack Obama s'était engagé à faire adopter une loi dès sa première année de mandat. Il y a renoncé.

"Washington est paralysé", clame le shérif Arpaio, qui éprouve une détestation inextinguible pour le sénateur républicain de l'Arizona, John McCain, l'adversaire de Barack Obama lors de la dernière élection présidentielle. Or une primaire oppose ici M. McCain à un adversaire de la droite dure, J.-D. Hayworth. Le sénateur avait 27 points d'avance il y a six mois dans les sondages. Il n'en a plus que 7, à la grande jubilation du shérif Arpaio. Depuis, M. McCain, connu pour ses positions ouvertes sur l'immigration, a viré à 180 degrés. Il court derrière son adversaire, adoptant ses slogans, à un point que le chroniqueur politique de l'Arizona Republic, E. J. Montini, juge "presque comique".

"Les gens de ce pays avaient perdu le sens de la lutte contre le crime. Durant la campagne, Obama et McCain ont balayer l'immigration sous le tapis. Maintenant, l'affaire leur explose au nez, jubile Arpaio. McCain a tourné casaque pour ne pas être laminé. Une révolution nationale est en marche et l'immigration en est la tête de proue !"

Diverses études font ressortir trois éléments comme creuset de l'hostilité aux immigrés mexicains : les clandestins prendraient le travail des Américains ; leur criminalité est perçue comme exceptionnellement élevée ; enfin, ils "ne s'intègrent pas culturellement" comme leurs prédécesseurs.

Pour Clarence Dupnik, la population de son Etat "est réellement exaspérée" par l'afflux des clandestins. "Même des Hispaniques le sont, précise-t-il. Mais qui dira que l'éradication totale de leur passage, comme le laisse accroire la campagne anti-immigrés, est un leurre et une ineptie ? La topographie du terrain rend la chose incontrôlable. Et tant qu'il n'y aura pas de classe moyenne au Mexique et qu'y régneront une pauvreté et une corruption aussi désolantes, on n'empêchera pas des gens courageux de chercher à faire vivre leur famille plus dignement."

Quant aux policiers, "cette loi les met dans une position intenable, affirme-t-il. S'ils l'appliquent, ils seront attaqués par les défenseurs des droits de l'homme. S'ils ne l'appliquent pas, ils seront attaqués par les xénophobes. Cette loi, c'est le visage le plus dégueulasse de l'Amérique".

Le shérif Arpaio, lui, ne s'en laisse pas conter : "Chez vous, en France, un flic a bien le droit d'exiger de quiconque ses papiers. Et soyez francs : ceux qu'on interpelle ont souvent une tête d'Arabe, non ? Alors, pas d'hypocrisie, s'il vous plaît."

A Sasabe, le policier Ken Taylor finit sa tournée quotidienne le long de la barrière qui borde partiellement la frontière. "Mon grand-père lui-même était un immigrant. Il a fui l'Allemagne, à l'époque nazie. Il est passé par le Mexique", sourit-il. On lui demande s'il était juif ou communiste... "Non, dit-il, simplement il ne voulait pas vivre sous les nazis." Est-il entré légalement ? "Non, clandestinement." Taylor a du mal à ne pas "admirer des gens qui prennent le risque de traverser à pied 60 km de désert pour s'en sortir". Il dit aussi que sécuriser les frontières est devenu "une nécessité". Il adore son métier, mais se retrouver à chasser les clandestins, ça lui fait "tout drôle".

Source : Le Monde

L'emploi est le premier facteur d'intégration pour les étrangers. Or près de 30 % des immigrés sont au chômage. Pour remédier à cette situation, rappelée par le ministre de l'Immigration, Pôle emploi et l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) ont signé, hier, une convention qui vise à mettre en place un suivi personnalisé des demandeurs d'emploi qui ne sont pas originaires de l'Union européenne. Depuis le 1 er janvier 2007, les étrangers arrivant pour la première fois en France signent avec l'Etat un contrat d'accueil et d'intégration qui leur permet notamment de bénéficier d'un bilan de compétences. L'an passé, plus de 100.000 personnes ont signé un tel contrat et 55.000 se sont vu prescrire un bilan de compétences. Si 21 % des bénéficiaires de ce dispositif se sont révélés directement « employables », selon les chiffres de l'Ofii, 26 % ont besoin d'une formation, notamment pour améliorer leur niveau en langue française.

Améliorer le suivi statistique

Trois mois après leur bilan de compétences, 21 % des bénéficiaires déclarent avoir décroché un emploi, en grande partie dans le secteur des services à la personne et dans le BTP. Parmi eux, la moitié ont obtenu un CDD, 30 % un CDI et 18 % sont en intérim. Des chiffres encourageants mais que le ministère souhaite améliorer avec l'aide de Pôle emploi.

La convention signée hier prévoit ainsi la mise en place d'un « référentiel partagé des qualifications professionnelles acquises dans le pays d'origine » et une meilleure identification des offres d'emploi non satisfaites qui peuvent être proposées à des professionnels étrangers. En outre, le suivi statistique du parcours d'accès à l'emploi des étrangers devrait être amélioré par une mise en commun des fichiers de l'Ofii et de Pôle emploi. L'adaptation nécessaire des systèmes d'information des deux opérateurs ne permet toutefois pas d'espérer une mise en oeuvre avant 2011.

La signature de cette convention intervient au moment même où le ministère tente de résoudre un autre sujet épineux, celui des travailleurs sans papiers. Alors qu'une réunion s'est tenue la semaine dernière avec les syndicats, le ministère du Travail et celui de l'Immigration, Eric Besson a rappelé hier son opposition à toute évolution des critères de régularisation fixés par la circulaire du 24 novembre 2009 : « Il est hors de question de rouvrir des négociations sur le sujet. La circulaire est assez généreuse et pragmatique. » Le ministre a en outre précisé que le projet de loi qu'il a présenté en Conseil des ministres le mois dernier, prévoyant des sanctions alourdies pour les entreprises employant des salariés sans titre de séjour, serait discuté à partir de septembre par les parlementaires.

Source : Les Echos

La donne migratoire doit être appréhendée selon "une approche qui s'articule sur la responsabilité partagée, la solidarité et le co-développement", a souligné M. Rachad Bouhlal, ambassadeur du Maroc en Allemagne.

S'exprimant lors d'une conférence, organisée les 18 et 19 mai à Weimar à l'Etat de Thuringe (Centre-Est de l'Allemagne), sous le thème "l'Europe de la responsabilité et le partenariat en matière de la politique de la migration des jeunes", le diplomate marocain a indiqué que cette appréhension s'articule également sur "l'implication concrète des pays d'origine, de transit et de destination".

"De même, il sera pertinent que les partenaires des deux rives de la Méditerranée puissent traiter, en toute transparence et responsabilité, toute politique, mesure ou action qui aurait des incidences sur la situation juridique, économique, sociale ou culturelle des populations immigrées en Europe", a souligné M. Bouhlal, indiquant que "c'est notamment le cas du Programme de Stockholm, troisième du genre à être lancé par l'Union européenne, après ceux de Tampere et de La Haye".

"Il serait en effet utile que, dans la mise en œuvre des dispositions de ce Programme, l'UE associe de manière étroite ses partenaires les plus concernés par le phénomène migratoire, comme le Maroc", a-t-il dit, ajoutant que toutes les parties doivent "poursuivre ensemble un seul et même objectif, à savoir celui de concevoir une politique migratoire qui saura, tout à la fois, soutenir la croissance économique, corriger les différentiels démographiques et qui saura surtout appréhender la migration et la mobilité humaine dans la normalité des choses".

Cette conférence, organisée à l'initiative du Centre européen de l'information dans la Chancellerie de l'Etat de Thuringen, s'inscrit dans le cadre de l'année européenne de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (2010), qui constitue l'un des objectifs principaux de l'UE.

Les débats de cette conférence de deux jours ont porté sur plusieurs thèmes relatifs à la migration et le développement, dont la migration et l'intégration des jeunes en Europe et le partenariat euro-africain dans le domaine de la migration et les expériences des ONG, concernant l'intégration, l'enseignement et la formation des jeunes migrants.

La question migratoire qui est au centre de cette conférence, "contient des implications politiques, économiques et sociales de plus en plus sensibles", a-t-il affirmé, précisant que, sur le plan politique, "elle fait partie des débats liés à l'identité nationale de certains pays d'accueil et revêt un enjeu électoral grandissant partout en Europe".

D'un point de vue sécuritaire, "les mouvements migratoires ont apporté avec eux des défis inédits : la migration illégale, la traite des être humains, la constitution de réseaux criminels", a-t-il souligné.

L'ambassadeur a indiqué qu'"une volonté commune peut enrayer les flux migratoires illégaux. Dans les Iles Canaries par exemple, le nombre des arrivées enregistrées en 2009 est le plus bas depuis dix ans. Au total, 2.242 personnes ont rallié l'archipel lors des douze derniers mois contre plus de 9.000 en 2008, qui marquait déjà une nette décrue. En 2006, ils étaient près de 14000 qui avaient gagné les Canaries."

"Cette baisse drastique est la résultante directe et logique de l'approche concertée que mène l'Espagne avec les pays de transit (comme le Maroc) et ceux d'origine (les pays subsahariens)", a indiqué M. Bouhlal, ajoutant que cette approche englobe bien sûr la lutte contre l'immigration irrégulière, mais aussi l'encouragement de la migration circulaire et les actions de co-développement dans les pays d'origine.

"Il s'agit là de la mise en œuvre concrète et tangible des recommandations de la conférence euro-africaine sur la migration et le développement que le Maroc a abrité en juillet 2006", a-t-il dit.

"Il nous incombe d'éviter à ce que des communautés immigrées légalement établies en Europe constituent aujourd'hui la cible première de mesures économiques, deviennent victimes de procédés discriminatoires. Car, ce sont des femmes et des hommes qui ont contribué à l'essor économique de leurs pays d'accueil et sont dans leur droit absolu d'exiger de la dignité et du respect", a souligné le diplomate marocain.

Il a, par ailleurs, indiqué qu'"à l'heure actuelle, il est clair que les pays de la région méditerranéenne sont de plus en plus interdépendants et liés, et pour faire face aux problèmes auxquels cette région est confrontée, l'UPM représente incontestablement un cadre politique, économique et culturel supplémentaire".

En somme, a-t-il dit, l'UPM dispose de tous les atouts pour ériger le bassin méditerranéen comme un espace géopolitique apaisé et solidaire, un territoire économique viable et compétitif et un champ culturel modèle pour l'Alliance des civilisations.

Source : MAP

Google+ Google+