A 31 ans, il vient d’ouvrir Hal’shop, premier supermarché halal de France. On y trouve des produits du bled, mais aussi toute la gamme alimentaire française garantie halal. Objectif: séduire la nouvelle génération de Français musulmans.
Rachid Bakhalq, propriétaire du Hal'shop, premier supermarché halal de France./DR
Pourquoi ouvrir un supermarché halal, alors que les épiceries, les boucheries et les grandes surfaces vendent déjà des produits halal ? Telle est la question que l’on pourrait se poser en apprenant qu’un jeune entrepreneur vient d’ouvrir le premier supermarché halal de France à Nanterre, à quelques kilomètres de Paris.
Et pourtant, le projet s’est bel et bien concrétisé sous la forme d’un supermarché de 200 mètres carrés où le client peut trouver des produits de qualité et souvent originaux. Il y trouve aussi la plupart des ingrédients ou des spécialités que consomment au quotidien les Français, quelles que soient leurs convictions. Des surgelés, des sandwichs, des plats cuisinés en barquette prêts à passer au four micro-ondes, de la viande fraîche, de la charcuterie, des boissons, des confiseries, des produits d’épicerie…
Les produits d’Afrique du nord sont bien là, mais curieusement pas ceux que l’on trouve habituellement dans les épiceries orientales. Par exemple toute la gamme des thés et infusion Sultan, ou encore les différentes spécialités de confitures ou de conserves Aïcha. Avant de se lancer, Rachid a d’abord voulu vérifier sa propre intuition: les Français musulmans mangent comme tous les Français. Leurs exigences et leurs habitudes de consommation diffèrent profondément de celles de leurs parents venus du bled.
“La communauté musulmane a complètement changé depuis l’époque de nos parents. Aujourd’hui, leurs enfants sont nés en France et consomment comme le reste de la population, à la différence qu’ils veulent respecter leurs traditions”, pense-t-il. Seule difficulté: trouver dans le commerce des produits halal de qualité et en grande variété.
“Quand vous êtes gourmand, que vous venez du Limousin, une région gastronomique, et que vous aimez cuisiner des plats traditionnels français, c’est plutôt compliqué d’y arriver en respectant les préceptes de l’Islam. Personnellement, j’en avais assez de courir aux quatre coins de Paris pour y arriver… D’où l’idée de rassembler dans un même lieu des produits que les clients peuvent acheter les yeux fermés, dans se poser des questions ou éplucher la liste des ingrédients.”
Rachid Bakhalq, propriétaire du Hal'shop, premier supermarché halal de France
Car, d’après Rachid, le principal souci posé par l’alimentation halal en France est son absence de sérieux. Il estime que la plupart des aliments dits “licites” ne le sont pas en réalité. Et surtout que les certifications les plus souvent mises en avant ne sont pas rigoureuses. Du coup, les consommateurs se montrent de plus en plus méfiants et ne se contentent plus de faire confiance à leur boucher, comme par le passé.
C’est pourquoi il a décidé de rassembler autour de lui une équipe de professionnels chargés de vérifier par eux-mêmes le respect des normes. Pour au final ne retenir qu’un nombre restreint d’industriels considérés comme vraiment sérieux.
Se nourrir d'ambition
Même s’il est trop tôt pour parler de success story – le magasin vient d’ouvrir il y a trois mois – il n’empêche que Rachid est satisfait des premiers résultats et espère bien pourvoir démultiplier son concept de magasin halal “qualitatif”, ailleurs en France. Son idée consiste à ouvrir d’autres magasins en propre dans les mois qui viennent, puis à se développer sous forme de franchise.
Le jeune entrepreneur affirme avoir la fibre entrepreunariale et s’est toujours senti à l’étroit dans les différents postes qu’il a occupés. A tout juste 31 ans, il a déjà derrière lui une belle carrière: après ses classes prépa et son cursus à Sup' de Co' Bordeaux, Rachid a enchaîné les postes en tant qu’acheteur chez General Motors, les laboratoires Mercket le géant de l’agro-alimentaire Danone.
Même si sa vie est aujourd’hui clairement en région parisienne, il garde toutefois un lien très fort avec ses frères et sœurs et ses parents restés à Limoges, mais aussi avec le Maroc. “Chaque année, je vais une fois dans ma famille originaire de Kenifra et Azrou, et une autre fois pour faire du tourisme”. Sauf peut-être cette année où cela risque d’être “un peu compliqué” avec le lancement d’Hal’Shop.
Source : Aufait
Entretien avec M. Driss El Yazami, président du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME)
- Comment se sent la génération d'aujourd'hui, n'étant ni marocaine à 100%, ni européenne à 100% ?
Driss El Yazami : Même s’il faut toujours se garder des approches trop globales, on pourrait dire que la principale caractéristique des nouvelles générations nées et socialisées dans les pays de résidence est cette double appartenance, qui peut être gérée par les individus de manière plus ou moins harmonieuse, en fonction des histoires familiales, de la réussite socioprofessionnelle, du débat public sur l’immigration dans tel ou tel pays, etc. De manière générale, on constate, y compris à la deuxième et à la troisième génération un maintien d’un attachement fort au Maroc. Ceci étant dit, iI y a au moins deux problématiques centrales : comment, d’une part, agir pour aider ces générations à mieux réussir leur parcours scolaire et affronter les discriminations, souvent invisibles au niveau professionnel ? Et, d’autre part, comment amplifier l’offre culturelle marocaine en leur direction ? Il y a dans ce domaine de très fortes attentes.
- Quel est le nouveau profil des MRE (niveau de vie, formation,...) ?
Driss El Yazami : L’émigration marocaine a connu et connaît toujours des mutations radicales dont une féminisation croissante, une expansion démographique importante depuis le milieu des années 1990, une mondialisation continue en termes de pays d’installation, le rajeunissement d’un côté et le vieillissement de l’autre, l’extension du phénomène migratoire à toutes les couches sociales et à toutes les régions du pays et enfin la progression du niveau socioculturel des migrants marocains. Ainsi, on parle beaucoup de l’émigration illégale des Marocains, mais on évoque beaucoup moins la migration légale des cadres hautement qualifiés qui participent à ce que l’on appelle la circulation internationale des élites professionnelles. Ce phénomène, encore mal mesuré, touche probablement quelques milliers de Marocains par an.
- Quelles sont leurs attentes?
Driss El Yazami : Ces attentes sont nécessairement diversifiées en raison de la diversité même des populations concernées, de leur statut professionnel dans les pays de résidence, de leur itinéraire migratoire, etc. Mais on peut faire l’hypothèse que ces attentes se situent au moins à deux niveaux. A l’égard des gouvernements des pays de résidence, dont ces Marocains sont de plus en plus des citoyens, il ya de fortes demandes en termes d’égalité de traitement ; à l’égard du Maroc, il est clair qu’il y a des attentes considérables dans le domaine religieux et culturel. Pour les parents, l’enjeu est celui de la transmission à leurs enfants du patrimoine culturel et de l’éducation qu’ils ont reçus en héritage. Et pour les jeunes, la question est bien celle de la gestion de cette double appartenance, question lancinante qu’ils se posent et que les sociétés des pays de résidence leur posent. Le sondage réalisé l’été dernier par notre Conseil auprès d’un échantillon significatif de Marocains d’Europe avait montré qu’il y a en outre de fortes attentes en direction de l’administration marocaine, de la justice, etc.
- Ressentent-ils toujours le besoin de rentrer à leur pays d'origine?
Driss El Yazami : Ce même sondage avait montré un pourcentage important de Marocains, y compris à la deuxième génération, qui disent ne pas exclure de rentrer une fois la retraite venue et l’observation empirique montre qu’il y a un nombre de plus en plus important, même s’il reste minime par rapport à l’ensemble de la population émigrée, de personnes qui tentent l’expérience du retour. Ceci étant, il est probable que la majorité de la population est appelée à s’enraciner dans les pays d’immigration. Ce qui est un phénomène général qui touche toutes les populations émigrées.
- Quels sont les divers problèmes qu'ils rencontrent lors de l'exercice de leur religion dans les pays laïcs?
Driss El Yazami : Le défi est justement de pouvoir pratiquer sa religion dans des pays laïques, même si les traditions nationales en la matière varient d’un pays d’immigration à l’autre, dans un climat d’islamophobie croissante et où l’islam suscite de fortes interrogations. En théorie, les lois de tous ces pays garantissent le libre exercice des cultes, mais on peut noter ici et là des discriminations dans la pratique comme l’a encore rappelé un rapport récent de l’Agence européenne des droits fondamentaux. Les musulmans doivent aussi faire l’apprentissage de la vie dans des sociétés profondément sécularisées et pluralistes. Ce qui exige une meilleure connaissance des traditions historique des pays où ils résident, des cadres associatifs compétents, de meilleures capacités d’organisation et des aptitudes accrues pour répondre à des questionnements théologiques inédits.
- Existe-t-il toujours autant de discriminations envers les MRE?
Driss El Yazami : Plus graves que le racisme, il y a en effet les discriminations qui ont souvent un caractère pernicieux, invisible, et qui restent difficiles à combattre malgré les dispositifs publics mis en place par pratiquement tous les pays d’immigration, Comme la « Equality and Human Rights Commission » au Royaume-Uni, le Centre pour l’égalité des chances en Belgique ou la HALDE en France. La crise actuelle et l’instrumentalisation politicienne de la question de l’immigration accroissent les risques et la déstabilisation des communautés immigrées. Mais il y a deux facteurs d’espoir : la prise de conscience des communautés qui revendiquent leurs droits et l’existence dans ces sociétés de forces démocratiques qui refusent ces discriminations et la xénophobie.
Source: L'Economiste magazine
«Diaspora marocaine et diplomatie culturelle et politique» Entretien avec Mohammed Charaf, chercheur
Dans l'entretien accordé au «Matin», le chercheur appelle pour une stratégie de mobilisation des compétences établies à l'étranger.
Du 14 au 21 juillet, le ministère chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger organise «le Raid des Marocains du Monde» qui devrait entamer ce périple par Agadir, Guelmim, Tarfaya, Laâyoune, Ichtoukane, Dakhla, Boujdour Tantan et Tiznit.
LE MATIN : En terme d'analyse, et il faut rendre hommage aux responsables actuels, l'émigration n'est plus perçue comme une perte, comme un exode des cerveaux .Elle exige une véritable stratégie de mobilisation des compétences, à laquelle le Maroc s'est attelé. Partagez-vous cette idée ?
MOHAMMED CHARAF: Jusqu'à la fin des années 1980, les politiques nationales et internationales, se sont focalisées en terme d'analyse, sur la notion du "capital humain". Logiquement, la personne qualifiée, résultat d'un investissement, est considérée comme un bien capital et sa migration une perte sèche pour les pays d'origine. Aujourd'hui, le mode de saisie d'un tel phénomène a évolué au cours des années. Faisant que désormais on souligne plus ‘le gain de compétence' que sont censées devoir constituer des élites intellectuelles et scientifiques expatriées pour le pays de départ. Il y a eu une évolution dans la conception de la mobilité des compétences, à tel point que de nos jours on insiste plus sur le "brain gain" (gain de compétences), basé sur l'idée que la population qualifiée expatriée peut être considérée comme un avantage potentiel plutôt qu'une perte définitive.
Tout recours postérieur à ce type de compétences à fort capital en valeur ajoutée ne pouvant qu'entraîner un avantage comparatif certain pour le pays d'origine n'ayant pas à charge de former cette élite sur le plan du savoir pratique. Pour ce faire, il serait en mesure théoriquement de recourir à un retour programmé sur le plan institutionnel et préparé techniquement par ces dernières ; comme déjà concrétisé pour certains pays asiatiques. Encouragent leur retour et leur insertion dans un tissu technico-industriel, conséquent, de sorte, qu'ils puissent participer aux activités de recherche-développement et apporter leur savoir faire Comme ce fut le cas notamment en Chine, en Corée et à Singapour, par contre ce fut un échec total dans les pays subsahariens . Il y a aussi, la possibilité de mobiliser à distance cette "diaspora scientifico-technique" et à solliciter sa contribution au développement du pays d'origine. Sans retour physique permanent, il suffit d'inciter pour ce faire, d'encourager la création de réseaux et de développer des liens à travers lesquels elle pourrait être connectée effectivement au pays et à son développement au sens large. Une telle approche est avantageuse, dans la mesure ou non seulement elle laisse le libre arbitre au migrant, sans aucune contrainte, mais aussi, elle permet au pays d'origine de capitaliser sur des ressources préexistantes, sans nécessité d'investissement infrastructurel préalable important. Ceci d'autant plus que les compétences, peuvent à la fois baigner dans des structures de recherches pointues, être au courant de nouvelles découvertes et de nouveaux projets et développer par la même des relations de coopérations avec leurs compatriotes dans les pays d'origines
A voir ce phénomène de retour des RME dans leur pays d'origine pour des vacances, on peut mesurer, la force du lien qui attache les RME au Maroc ?
Même si les RME sont intégrés aux pays d'installation, ils n'en continuent pas moins à se sentir concernés par le pays d'origine ; ne serait-ce qu'à travers le tissu dense des relations privées toujours entretenues. Ce lien reste très fort, mais cela ne suffit pas , il faut une véritable stratégie de mobilisation des compétences à laquelle s'est attelée Mr Ameur.
Comment peut-on mobiliser la diaspora scientifique au service du développement du Maroc ?
La circulation des personnes n'étaient jusque là abordée que sous l'angle du contrôle de l'émigration et de la surveillance des frontières. Or, la circulation humaine, dans ses différents aspects migratoire, scientifique ou touristique, participe de façon décisive à la dynamisation des espaces économiques, que ce soit à travers les transferts d'argent des émigrés à leur famille, les diverses formes d'investissement ou les pratiques touristiques saisonnières. Dans ces conditions, il apparaît nécessaire de s'intéresser de plus près au potentiel que représentent les acteurs économiques migrants dans l'évolution économique du Maroc. Dans son rapport de mai 2006 sur la migration internationale et le développement, le Secrétaire général des Nations unies insiste sur la capacité des communautés transnationales d'apporter un soutien très efficace au niveau des transferts de fonds à l'échelle locale, les transferts de technologie, la facilitation d'investissements et de développement d'entreprises, et la mise en place d'institutions de gouvernance démocratique dans les pays d'origine. Généralement les réseaux "d'expatriés de la connaissance" identifiés, sont classés en 5 catégories: réseaux étudiants/académiques, associations locales d'expatriés qualifiés, groupes d'experts d'assistance à travers le programme de transfert des connaissances par les ressortissants expatriés (TOKTEN) programme du PNUD et enfin les réseaux diasporas scientifiques/intellectuels. Ces réseaux sont facilités par les techniques modernes de communication comme Internet et par la connexion devenue habituelle, à travers le monde, entre chercheurs de la même discipline.
Pouvez-vous nous donner un exemple de diaspora scientifique particulièrement bien réussi dans le monde ?
Le plus connu et le plus ancien de ces réseaux constitutifs d'une diaspora scientifique et technique est sans doute le réseau colombien CALDAS qui réunissait 1000 scientifiques et étudiants expatriés, en 1995. Le but est, à travers ces réseaux, de maintenir les liens avec les nationaux pour parfaire l'information scientifique et technique dans le pays, contribuer à l'internationalisation des communautés scientifiques nationales. et on peut également faire appel aux expatriés en cas de besoin. Ainsi le "brain overflow" devient un "brain pool", une réserve. Pour revenir au Maroc ,dés le milieu des années quatre vingt dix, se sont constitués les premiers réseaux de Marocains comme celui de l'Association virtuelle des Étudiants marocains à Montréal (ww.geocities.com / Collège Park / Library / 1593 / index.htm), des scientifiques (biologistes) marocains en Belgique (dbm.ulb.ac.be / biomatec / Biomatec.html) ou de l'association des centraliens (WWW. ecp. fr/ clubs / marocasc/). Il faut souligner aussi la présence de quelques associations, comme l'Amicale des Travailleurs Marocains du Bassin de la Sambre (WWW. geocities. com/ CapitolHill / 5967/) ou l'Association jeunesse et développement. De nombreuses réunions ont eu lieu, notamment à Marrakech en 1995, pour tenter de structurer les compétences marocaines à l'étranger, autour du programme TOKTEN qui vise justement à favoriser la « mobilité des cerveaux ». Ce fut une grand- messe sans lendemain, il y avait beaucoup de déceptions. En 2006, une nouvelle expérience est lancée, à partir de la même philosophie FINCOM. qui est toujours en cours. De leur côté les pays d'installation, cherchent à résoudre certaines difficultés et problèmes d'immigration, en mettant parfois en avant "Migration et développement" ou "migrations et co-développement".
L'objectif final du projet est de permettre le retour effectif ou à distance pouvant avoir des effets positifs tant sur la vie professionnelle des bénéficiaires que sur le développement économique et social de leur pays d'origine.
La gestion de l'émigration a beaucoup évolué au Maroc. D'une gestion de peur et de contrôle, nous sommes passés à une gestion qui rend hommage à cette partie du Maroc. Que pensez vous de ce changement de perception ?
Le Conseiller de S.M. le Roi Mohammed VI, André Azoulay, avait témoigné de cette évolution devant le Sommet des intellectuels de l'Afrique et de la Diaspora qui s'est tenu à Bahia de Salvador du 12 au 15 juillet 2006 Il avait déclaré :que "les Nations, après s'être longtemps méfiées de leurs diasporas, étaient en train de prendre conscience des atouts et de la force d'une réalité historique, démographique et politique qui s'impose désormais aux décideurs en Afrique, en Europe et dans les Amériques et en Asie".La force de la diaspora marocaine , ses compétences peuvent être perçues à travers les multiples réseaux comme celui de l'Association Maroc Entrepreneurs, le plus grand réseau d'étudiants et jeunes diplômés issus des grandes écoles françaises (6393 membres); l'Association des Informaticiens marocains en France (environ 200 membres), l'Association Marocaine des Biologistes en France, l'Association Marocaine des Biologistes aux Etats Unis , la «Moroccan Academic Research Scientists » (USA), le Réseau des Intellectuels Marocains en Europe, l'association «Savoir et Développement»,… L'AMGE-Caravane (Association des Marocains dans les grandes écoles) a été créée au début des années 90 avec près de 2 200 membres, l’association baptisée «ESSEC-Maroc».
C'est une véritable force de frappe, dites-vous. Dans quel sens ?
C'est une étude intéressante qui constatait que" l'une des principales caractéristiques du développement économique de ces vingt dernières années réside dans sa dépendance de plus en plus forte à l'égard de la production et de l'utilisation de nouvelles connaissances. Ainsi la part des produits considérés comme de haute technologie dans le commerce mondial est-elle passée de 8% en 1976 à 23% en 2000, les exportations de produits liés aux technologies de l'information et de la communication connaissant la plus forte progression sur la période 1985-2000. Cet avènement d'une économie de la connaissance s'est traduit par une croissance importante de la demande en personnels qualifiés, notamment de chercheurs et d'ingénieurs. De ce fait, Il a pu conduire à des pénuries de main d'oeuvre qualifiée dans plusieurs branches de haute technologie des pays industrialisés. De tels manques ont par conséquent favorisé l'intégration internationale du marché du travail des personnels scientifiques et techniques". Dans ce contexte, il est clair que le Maroc est placé face à des défis majeurs. Et cela, non seulement pour arrimer et impliquer ses compétences à l'étranger dans les mutations socio-économiques en cours, mais aussi pour atténuer la fuite de nouvelles compétences et pourquoi pas, en attirer à partir d'autres pays. Ce sont là des enjeux vitaux pour, tout à la fois renforcer sa dynamique économique, stimuler son système d'enseignement supérieur et activer le secteur de la recherche.
Les pays d'accueil sont eux aussi concernés par la problématique de l'exode des cerveaux. Faute de quoi, et à défaut de développement durable, les pays à forte émigration peuvent multiplier les capacités de nuisances ?
Il semble qu'il faille désormais ne concevoir de solution réelle et réalisable que dans la perspective d'un accompagnement et un arrimage au sein duquel les trois partenaires que sont le pays de départ, celui d'installation et le migrant, fonctionneraient de concert et trouveraient de ce fait chacun la concrétisation de leur satisfaction. Chose ne pouvant être réalisée et réalisable que dans le cadre d'une mobilité bien comprise et assumée par toutes les parties en question. Dans le cadre également d'une promotion de la recherche, l'innovation et le développement dans les pays de la rive sud, tout en mettant en place des structures d'information pour les jeunes chercheurs maghrébins, désireux de poursuivre leurs études et recherches en Europe.
Il est nécessaire de mener une politique de motivation ou d'incitation pour que les jeunes élites se sentent véritablement valorisées et respectées, au sein de leur domaine de compétence. En faisant du savoir, non plus le seul objectif de la réussite socio-économique ou de l'accès à une sécurité de l'emploi par le fonctionnariat ; mais l'appartenance à un monde du savoir et de la connaissance, reconnus comme vraies valeurs sociétales, avec par exemple la création de "trophées de recherches".. Avec les responsables européens , il faut gommer aussi les disparités criantes entre "l'épicentre scientifique " et une certaine "périphérie " régionale.
En remédiant pour ce faire, au manque de moyens financiers, à l'absence d'autonomie de gestion et de décision, au surpeuplement pléthorique et à la mobilité limitée des enseignants chercheurs.
La question des visas est au centre des discussions avec la publication du dernier rapport de la CIMADE qui pointe du doigt les dysfonctionnements des consulats. Que faudrait-il faire pour fluidifier la circulation ?
Certains ont proposé la mise en place d'un visa scientifique, tendant à favoriser et faciliter la mobilité des étudiants et des chercheurs en leur simplifiant les démarches administratives; en attribuant des visas de longue durée qui évitent ainsi aux chercheurs les nombreux allers et retours de type administratifs. En fait, il faut par le dialogue sensibiliser toutes les parties prenantes sur la question de la migration dans la région ; en développant l'idée centrale que la migration est l'un des facteurs majeurs de toute intégration régionale et du développement et que chaque partie est partie prenante du processus de ce développement.
Source : Le Matin
Mauvais accueil, procédure de délivrance opaque, informations erronées, corruption…
Une enquête réalisée en 2009 met à nu les dysfonctionnements des consulats de France dans six pays dont le Maroc.
L’activité visa est un business juteux pour l’Etat français : 130 M€ en 2008 dont 10% ont été versés par les demandeurs sans obtenir de visa.
Absence d’information ou diffusion d’informations erronées, délais d’attente très variables entre pays, décisions de refus non justifiées, liste de documents à fournir interminable, coût prohibitif du visa, mauvais accueil, procédure de délivrance de visa floue et opaque, corruption… la liste des dysfonctionnements est longue». La Cimade, une organisation non gouvernementale de solidarité avec les migrants, les demandeurs d’asile et les réfugiés, tire à boulets rouges sur les consulats de France à l’étranger. Une enquête sur les pratiques des consulats menée en 2009 dans six pays à savoir l’Ukraine, la Turquie, le Maroc, l’Algérie, le Sénégal et le Mali et dont les résultats ont été rendus publics vendredi dernier, dresse un constat accablant. Un véritable labyrinthe administratif dans lequel se perdent les demandeurs de visas pour pouvoir obtenir le sésame d’entrée en France. D’emblée, les acteurs de la mission d’observation de la Cimade critiquent le manque de transparence dans la procédure de délivrance du visa. «L’insuffisance de règles et de critères clairs et précis rend ce dispositif très opaque», dénoncent-ils. Les auteurs du rapport d’observation veulent pour argument la liste des pièces justificatives à fournir à l’appui d’une demande de visa, qui selon eux, symbolise parfaitement cette opacité.
D’ Absence d’information ou diffusion d’informations erronées, délais d’attente très variables entre pays, décisions de refus non justifiées, liste de documents à fournir interminable, coût prohibitif du visa, mauvais accueil, procédure de délivrance de visa floue et opaque, corruption… la liste des dysfonctionnements est longue». La Cimade, une organisation non gouvernementale de solidarité avec les migrants, les demandeurs d’asile et les réfugiés, tire à boulets rouges sur les consulats de France à l’étranger. Une enquête sur les pratiques des consulats menée en 2009 dans six pays à savoir l’Ukraine, la Turquie, le Maroc, l’Algérie, le Sénégal et le Mali et dont les résultats ont été rendus publics vendredi dernier, dresse un constat accablant. Un véritable labyrinthe administratif dans lequel se perdent les demandeurs de visas pour pouvoir obtenir le sésame d’entrée en France. D’emblée, les acteurs de la mission d’observation de la Cimade critiquent le manque de transparence dans la procédure de délivrance du visa. «L’insuffisance de règles et de critères clairs et précis rend ce dispositif très opaque», dénoncent-ils. Les auteurs du rapport d’observation veulent pour argument la liste des pièces justificatives à fournir à l’appui d’une demande de visa, qui selon eux, symbolise parfaitement cette opacité. après le rapport, aucune liste nationale n’existe et la réglementation reste muette sur cette question. Résultat : les consulats établissent eux-mêmes ces listes, sans aucun encadrement législatif. Pis encore, «des documents sont exigés alors qu’ils n’ont aucun rapport avec le motif de la demande». Les chances d’obtenir un visa ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre puisque les demandeurs ne sont pas confrontés aux mêmes exigences. De grandes disparités existent entre pays voire entre différents consulats d’un même pays, parfois au sein du même consulat. Le témoignage de M.B illustre cet état de fait. «Avant de déposer sa demande de visa en tant que conjoint de Français, M. B. cherche des renseignements sur le site Internet des consulats de France au Maroc. Elle y trouve une liste de pièces justificatives à fournir et un formulaire de demande de visa à télécharger, qu’elle remplit. Elle se présente au consulat de France à Fès munie de ces documents, après avoir pris rendez-vous». Quelle fut sa surprise lorsqu’on lui fournit une liste de pièces justificatives différente de celle qu’elle avait trouvées sur Internet et un autre formulaire de demande de visa ? Déception et colère. M.B doit donc prendre un nouveau rendez-vous au consulat pour déposer son dossier. Il lui aura fallu attendre 45 jours pour obtenir son premier rendez-vous, puis 15 jours pour obtenir de France les nouveaux documents exigés par le consulat, puis encore 45 jours pour obtenir le second rendez-vous.
«Humiliation», tel est le mot utilisé dans les témoignages des demandeurs de visas recueillis par la Cimade. Ces derniers dénoncent le mauvais accueil que leur accordent les consulats. Des pratiques qui découragent les gens à demander un visa.
En somme, obtenir un rendez-vous est synonyme de parcours de combattant, et nombreux sont ceux qui ont renoncé à tenter l’aventure. C’est ce qui explique la baisse des demandes de visas. En 2008, les ambassades et consulats de France ont traité
2.336.779 demandes de visas contre 2.508.052 en 2003, soit une diminution de 6,8%. En 2009, la diminution est encore plus marquée puisqu’on enregistre une baisse de 10,8% par rapport au premier semestre 2008.
Autre grief formulé par la Cimade : les délais d’instruction sont extrêmement variables. Certains consulats instruisent les demandes en quelques jours, d’autres en plusieurs mois. A titre d’exemples, la demande est traitée en 24 ou 48 heures à Tunis, en 3 jours à Hong Kong et à Macao, entre 1 jour et trois semaines à Montréal, en trois semaines maximum pour les visas de court séjour et en trois mois maximum pour les visas de long séjour à Toronto. La loi française prévoit un délai légal de deux mois mais le non respect de ces délais n’implique aucune sanction pour l’administration… Au-delà de cette échéance, la demande est considérée comme implicitement rejetée, déplorent les auteurs du rapport, puisque le demandeur de visa est la seule partie qui pâtit. En somme, soulignent les auteurs de l’étude, «en l’absence de cadre précis dans la réglementation française de la demande de visa et de son instruction, le demandeur est soumis aux aléas et aux disparités des pratiques consulaires». En d’autres termes, l’obtention du sésame d’entrée en France dépend tout simplement du bon-vouloir des consulats, chacun édicte sa propre «loi».
En outre, la Cimade critique l’absence de justification des décisions de refus et la difficulté pour les intéressés de contester le rejet. Les auteurs du rapport n’ont pas manqué à ce sujet d’indiquer que deux nouvelles dispositions entreront en vigueur le 5 avril 2011 pour plus de transparence. Il s’agit de motiver tous les refus de visa de court séjour et d’indiquer les voies et délais de recours. Cette mesure est une obligation introduite par le Code communautaire des visas, adopté le 29 juin 2009 par le Conseil de l’Union européenne.
En attendant cette réforme, les dysfonctionnements de la procédure de délivrance de visa par les consulats de France dans les six pays cibles de l’étude ne sont pas sans conséquences néfastes. Cette situation «encourage la fraude et la corruption et le développement de réseaux… qui rendent encore plus prohibitif le coût d’une demande de visa, déjà hautement dissuasif», selon le rapport de la Cimade. Et de poursuivre : «Il est de notoriété publique qu’il existe de la corruption dans un certain nombre de consulats français… Face au manque d’information et aux difficultés pour rencontrer un interlocuteur, les demandeurs de visa sont tentés d’acheter de faux documents, de payer un intermédiaire ou encore de faire appel à des personnes mieux placées pour obtenir des faveurs».
Il suffit de faire un petit tour aux abords du consulat de Casablanca pour se rendre compte de cette réalité. Des intermédiaires abordent les demandeurs au vu et au su de tous. «Tout s’achète : un renseignement, un formulaire, la liste des pièces à fournir, des justificatifs… voire même un visa». La corruption est devenue un véritable casse-tête pour la France. Une mission d’enquête a été même dépêchée au nom de la commission des Finances, bien avant la mission d’observation de la Cimade, plus précisément en 2007. «Pas un consulat que votre rapporteur spécial a visité depuis 2005 n’a été épargné par des cas de corruption d’agents, en relation avec la demande de visas», écrit Adrien Gouteyron, sénateur UM dans le rapport.
Le business des visas symboliques
L’activité visa représente pour l’Etat français une source de revenu et une manne financière importante. Jugez-en vous même : En 2008, 2 millions de demandeurs de visas ont versé environ 130 M€ aux consulats de France. Sur cette somme, près de 13 M€ ont été versés généreusement par les demandeurs puisqu’ils n’ont finalement pas obtenu leur visa. C’est la règle : que le demandeur obtient ou non son visa, il doit s’acquitter des frais d’instruction des dossiers. Le Maroc qui figure parmi les 15 pays où ont été délivrés le plus grand nombre de visas en 2008 est placé 2e (151.909 visas délivrés) après la Russie (341.393). La France fixe le coût des visas de long séjour à 99 €. Alors que les visas de court séjour Schengen coûtent 60 € ou 35 € dans le cadre des accords de facilitation. La France justifie ces frais par le fait que ces sommes payées par les postulants servent à couvrir les dépenses engagées par l’Etat pour instruire les demandes de visas. Or, dans son rapport de 2007, le sénateur Gouteyron affirme que les frais versés par les demandeurs seraient bien supérieurs au coût réel de l’instruction des dossiers.
Bonne nouvelle pour les demandeurs de visa Schengen, à partir de l’année prochaine, ils ne paieront les frais qu’après avoir obtenu leur visa.
Source : Le Soir échos
Encore une fois le syndicat anglais Unite sonne le tocsin et prend la défense des droits de quelque 1.200 travailleurs marocains résidants dans le Rocher.
Unite, critique la manière avec laquelle le gouvernement de Gibraltar applique ses lois «arbitraires et capricieuses» sur l’immigration et la résidence.
Le 10 août est la Journée nationale de l’immigré. Loin des fastes de cette date et des laïus de circonstances, plus d’un millier de Marocains résidents à Gibraltar souffrent la discrimination et l’arbitraire. Depuis des années, c’est devenu le lot quotidien de ces MRE. Ce n’est malheureusement pas le constat du département de Mohamed Ameur ou d’une quelconque ONG marocaine, mais c’est encore une fois le syndicat anglais Unite qui sonne le tocsin et prend, comme à son habitude, la défense des droits de quelque 1.200 travailleurs marocains résidents dans le Rocher. Dans des déclarations à la presse, Kévin Coyne, le responsable de Unite, critique la manière avec laquelle le gouvernement de Gibraltar applique ses lois d’immigration et de résidence, qu’il a qualifiées d’ailleurs au passage d’«arbitraires et capricieuses».
«1.200 Marocains souffrent de la discrimination des autorités du Rocher, lesquelles ne leur permettent même pas de voter lors des élections locales ou d’accéder à des maisons publiques», souligne Unite dans un communiqué de presse. Dans ce contexte, le syndicat anglais annonce par ailleurs dans les prochains jours le lancement d’une forte campagne de mobilisation en faveur des travailleurs marocains de Gibraltar afin qu’ils bénéficient de la justice et des droits humains les plus élementaires.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le syndicat Unite défend les travailleurs marocains contre Peter Caruana, le ministre principal du Rocher. La langue de bois mise en sourdine, en janvier de cette année, Unite monte au créneau et dénonce la politique de Caruana à l’égard des Marocains de Gibraltar qui équivaut à celle menée par les Etats-Unis avec les Afro-américains. Unite avait dans un communiqué salué le travail de la communauté marocaine qui vivait en paix sur le Rocher depuis plus de 40 ans. Une époque durant laquelle, «les Marocains ont joué un rôle très important dans l’économie de Gibraltar et le maintien de la base militaire». Il faut rappeler qu’après la décision, 1966, du dictateur Franco de fermer les frontières avec le Rocher, l’économie locale pour ne pas tomber dans l’asphyxie souhaitée par Franco, s’était tournée vers la main d’oeuvre marocaine. A partir de cette date, commence alors l’immigration des Marocains vers le Rocher.
Après le communiqué de Unite, Mohamed Ameur, le ministre chargé des MRE, nous avait déclaré que «notre communauté à Gibraltar compte un peu plus de 1.000 résidents. C’est une communauté qui connaît une situation spéciale. Pour cela, ses préoccupations doivent être traitées d’une manière spéciale. Notre consulat général d’Algésiras s’occupe de manière régulière de toutes les prestations administratives de cette communauté. Donc à ce problème, cela ne pose aucun problème». Le ministre dans ses réponses par mail, avait même annoncé la tenue d’ un rendez-vous avec les représentants de cette communauté en janvier dernier. Depuis ses déclarations de bonnes intentions, il semble que la situation des MRE de Gibraltar n’a guère évolué. Mais en l’absence du gouvernement marocain, Unite prend la défense des Marocains de Gibraltar. En juin de l’année dernière, le syndicat anglais a présenté une plainte à Caruana dans laquelle il dénonce les mesures discriminatoires qui frappent les Marocains au même titre que les membres des communautés non-européennes lorsqu’ils sollicitent des permis de résidences ou encore demandent aux services de l’administration des certificats d’hébergement, le sésame sans lequel leurs proches ne peuvent leur rendre visite. Lors de sa déclaration devant les deux Chambres du Parlement, Abbas El Fassi ne s’est pas attardé sur la situation des MRE, se contentant d’évoquer l’Opération Marhaba et les colonies de vacances pour les enfants des MRE. Deux points qui ne s’inscrivent pas dans la listes des préoccupations des travailleurs marocains de Gibralatr.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le syndicat Unite défend les travailleurs marocains contre Peter Caruana, le ministre principal du Rocher.
Source : Le Soir échos
Le département d'Etat américain procédera à l'augmentation des frais des services consulaires à partir du mardi 13 juillet, indique lundi un communiqué de l'ambassade des Etats-Unis à Rabat.
Ces frais concernent les passeports américains, les visas immigrant et autres services consulaires, précise la même source, ajoutant que les frais couvriront toutes les dépenses opérationnelles concernant les 301 postes consulaires basés à l'étranger et les 23 agences locales qui délivrent les passeports aux Américains, ainsi que tous les autres centres consulaires qui fournissent des services aux Américains et aux étrangers.
L'étude du coût de traitement des services consulaires réalisée en juin 2009 par le Bureau d'affaires consulaires a conduit le département d'Etat américain à fixer le coût réel des 27 services consulaires qui doivent être réajustés, conformément à la loi.
Les frais d'application pour un visa de non-immigrant (140 dollars US ou son équivalent en dirhams) doivent être versés auprès d'une agence de la Banque marocaine pour le commerce et l'industrie (BMCI).
Les autres frais, y compris ceux relatifs à un passeport américain, doivent être versés directement au consulat américain à Casablanca qui accepte les dollars américains, les dirhams et les cartes de crédit, selon la même source.
Source : MAP
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