La fièvre qui s'est emparée des marocains ces derniers jours suite aux victoires éclatantes du Raja de Casablanca au championnat des clubs champions, est un phénomène que d'autres nations ont déjà connu, à l'occasion de victoires sportives.
C'est bien la victoire face aux autres que l'on fête et l'affirmation que le modèle que nous représentons l'emporte. C'est donc une affirmation de soi, par la capacité de se distinguer et le besoin de le dire, de le crier. Car, souvent dans ce type de fièvre qui gagne toutes les catégories de la population et qui submerge les médias, on est bien en présence d'un véritable phénomène de société imprévisible et spontanée conditionné par deux éléments : une victoire ou une série de victoires éclatantes et une prédisposition psychique à extérioriser un sentiment collectif d'appartenance à un groupe, à une société, un pays, pour se transformer en une immense vague rafraichissante.
Car, il faut bien le rappeler, il s'agit bien au départ de la performance du club du Raja de Casablanca que tous les marocains s'approprient comme leurs propres performances, leurs propres victoires.
En même temps, cette expression collective d'appartenir au Maroc, dans la joie de la victoire sonne comme une libération, un bon signe social et politique, un anti-dépressif en temps de crise économique, pour faire face aux difficultés quotidiennes. C'est un grand moment d'évasion, mais surtout le moyen par excellence d'union et d'osmose.
Le sport, joue ici son rôle de ciment du peuple. Les politiques n'hésitent pas à surfer, sur la vague rafraichissante, car ils ont aussi besoin de reprendre confiance, d'être rassurés devant les liesses du peuple exprimant sa joie.
Le Raja de Casablanca entrera désormais dans l'histoire du sport marocain, un parcours exemplaire malgré sa défaite en finale face au Bayern, il démontre la capacité des marocains à se surpasser, avec des moyens ordinaires ils sont capables d'affronter des géants, c'est le club le plus pauvre de la compétition.
C'est désormais, une spécialité marocaine : avec le minimum faire le maximum !
Hamid Soussany