mercredi 25 décembre 2024 14:38

L'Europe s'inquiète de la montée de ses extrêmes

L'éclatement de l'ancien bloc de l'Est communiste et la fin des régimes autoritaires ont fini par libérer les passions, y compris les plus exécrables.

La commission européenne contre le racisme et l'intolérance du conseil de l'Europe vient de publier un rapport accablant sur la montée du racisme et de l'antisémitisme en Hongrie et en Pologne et fustige la passivité des pouvoirs publics de ses deux Etats, tout en les invitant à prendre les mesures qui s'imposent pour sanctionner les déclarations racistes et leurs auteurs.

Le rapport met à l'index le parti d'extrême droite et populiste hongrois JOBBIK, qui avait remporté 20,5% des voix lors des dernières élections législatives de 2014, dont un député avait demandé en 2012 l'établissement d'une liste de personnes ayant des ancêtres juifs, sous prétexte qu'ils constituent un danger pour la sécurité du pays. La communauté Roms est la cible directe de la violence raciste qui s'exprime ouvertement sur internet et dans la presse dans un ''climat d'impunité'' totale .

En Pologne de plus en plus de groupes nationalistes naissent et s'activent, ils se revendiquent des ''valeurs polonaises traditionnelles''. Proches de l'église catholique, ils mènent campagne ouvertement homophobe, et semblent trouver dans l'islam et les musulmans une nouvelle cible. Les rassemblements sportifs sont régulièrement l'occasion de manifestations racistes et xénophobes. L'espace internet polonais est un lieu où la parole raciste est libérée sans censure ni sanction. Le rapport de la commission européenne contre la racisme rappelle que le code pénal polonais n'interdit pas explicitement l'appel à la violence et à la haine raciale ou sexiste. Parmi les recommandations du rapport pour inciter les autorités polonaises à la lutte contre la montée du racisme et des mouvements d'extrêmes droites, la commission invite la Pologne à transposer la convention européenne des droits de l'homme dans la législation polonaise.

La résurgence des mouvements d'extrême droite en Europe, qu'ils soient nationalistes, traditionalistes, populistes, néo-nazies ou néo-fascistes, avec des particularités propres, portent les mêmes germes de rejet et de haine envers tout ce qu'est considéré comme un corps étranger à la ''nation'', considéré comme un ennemi de l'intérieur dans une posture de dénonciation de la passivité voire la complicité des gouvernements en place issus des partis conventionnels, selon la fameuse théorie du complot.

Les crises économiques qui perdurent ne font qu'exacerber les crispations identitaires et les frustrations des peuples.

Crispations identitaires et frustrations collectives sont les deux moteurs des mouvements d'extrêmes droites. Le retour aux valeurs traditionnelles, la défense de l'identité nationale et la préférence nationale trouvent facilement un écho favorable auprès de tous ceux qui se sentent abandonnés et qui par désarroi tournent le dos aux formations politiques démocrates usées par le jeu du pouvoir.

Par le passé, d'autres rapports font état des inquiétudes du Conseil de l'Europe devant le sort réservé aux minorités et la montée des mouvements d'extrême droite dans d'autres pays comme la Bulgarie, la Slovaquie, la Roumanie ou la Grèce.

Hamid Soussany

Google+ Google+