Il y a un an, presque jour pour jour, le 15 septembre 2012, a eu lieu ce que certains observateurs ont nommé ''le sommet de Casablanca'' qui avait réuni, à l'initiative du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), une trentaine d'acteurs associatifs issus de l'immigration marocaine.
Cette rencontre a été l'aboutissement d'une réflexion plurielle, partagée par plusieurs acteurs associatifs, sur ''l'indispensable dialogue avec le CCME''. La réunion, qui avait tantôt suscité la curiosité, tantôt une certaine incompréhension, est née d'une prise de conscience collective.Certes, cela été le fruit direct d'un dialogue initié par le CCME avec certains acteurs associatifs issus de plusieurs pays, qui avaient le sentiment d'avoir été marginalisés par le conseil, mais dans le fond cela est dû à d'autres facteurs plus objectifs.
Circonstances et convergence de la rencontre du 15 septembre de Casablanca:
Cette prise de conscience collective s'est opérée dans des circonstances bien particulières :
- D'abord, elle part d'un constat collectif et responsable, celui de sortir de cette posture stérile et non productive au profit d'un dialogue citoyen et d'une démarche positive.
- La nouvelle Constitution marocaine adoptée en 2011, consacrait pour la première fois la participation politique et civique des marocains du monde, ce qui a permis la dissipation d'un grand malentendu, puisque certains acteurs MRE tenaient pour responsable le conseil au sujet de la question du ''blocage'' s'agissant de la participation politique des marocains du monde.
- Le premier mandat du CCME est arrivé à expiration, beaucoup d'acteurs MRE expriment leur disposition de faire le bilan et surtout de s'inscrire dans une perspective d'avenir du futur Conseil.
- Et puis, il y a eu le 20 aout 2012 le discours de sa Majesté, qui a marqué un nouveau tournant dans la reconnaissance de l'apport de l'immigration marocaine au Maroc, et la confirmation Royale des droits politiques et civiques des marocains de l'étranger. Le discours Royal a permis une nouvelle dynamique au sein du mouvement associatif des marocains du monde avec la multiplication des rencontres, débats, des écrits.
Voilà le cadre politique global, dans lequel la rencontre de Casablanca a vu le jour, et qui a permis la réalisation de cette ''inflexion responsable'' dans le débat public, en rupture avec le passé. Il ne s'agit nullement, donc, de motivations dictées par je ne sais quel marchandage ou d'ambitions personnelles qui, somme toute demeurent légitimes pour chaque individu. Ces facteurs qui ont conditionné la fameuse rencontre de Casablanca ne peuvent échapper aux personnes avisées qui ont la prétention d'observer la scène migratoire marocaine.
La rencontre du 15 septembre de Casablanca a germé les graines d'autres rencontres, notamment celles du 20 octobre 2012 et du 26 janvier 2013 à Paris, dont le communiqué de presse final a été signé par 55 associations MRE, ce qui constitue un évènement majeur dans l'histoire du tissu associatif MRE, et qui a défini les revendications principales du moment des MRE, qu'on peut citer pour rappel, comme suit:
1- L'émergence d'un conseil de la communauté marocaine à l'étranger rénové (considéré désormais comme un acquis fondamental, la maison commune de tous les MRE), en mesure de relever les défis futurs et de répondre aux aspirations de la communauté marocaine de l'étranger.
2- La mise en pratique, sans tarder, de la nouvelle Constitution, s'agissant des droits politiques des ressortissants marocains à l'étranger (MRE), ainsi que l'application des recommandations royales, en matière d'extension des droits civiques aux MRE au sein des conseils nationaux.
3- Appel pour la tenue au Maroc des assises de l'immigration marocaine, pour un large débat national autour de la question de la participation citoyenne des MRE.
Un an après, le bilan s'impose au service d'une vision prospective
La rencontre de Casablanca n'a été finalement qu'une étape de lancement vers d'autres rencontres et d'autres initiatives au sein, en marge et à l'extérieur du groupe de Casablanca qui s'est élargi au fur et à mesure des rencontres, à Paris, à Amsterdam, Canada, Maroc, Italie...
Un an après, il parait judicieux de permettre une rencontre afin de faire le bilan des réflexions et des actions menées d'une part, et d'autre part de faire le point sur la situation actuelle au profit d'une vision prospective, afin de peser sur le débat public, tant sur la future loi concernant le CCME, que sur la mise en pratique des droits politiques et civiques des MRE.
Hamid SOUSSANY