dimanche 4 août 2024 19:26

France 3 Aquitaine diffuse samedi un reportage sur les couples mixtes. Aline et Gabriel témoignent.

Gabriel Koumbassa est le propriétaire du Rio Pongo, le seul restaurant africain de Saint-Michel. Il est aussi, depuis quarante ans, l'époux d'Aline. Ils sont les protagonistes d'un reportage de France 3 Aquitaine consacré aux couples mixtes, aux côtés de trois autres couples sexagénaires.

Si les neufs enfants de Gabriel et Aline se sont étonné que l'on fasse un reportage sur leurs parents, c'est qu'ils les ont toujours vus vivre leur mixité avec naturel. « Dans n'importe quel couple, il y a la famille du père et de la mère, avec leurs valeurs propres. Mais en ayant grandi à 6 000 kilomètres l'un de l'autre, nous avons reçu la même éducation », souligne Aline.

« Suggéré, jamais forcé »

L'un est né en Guinée, l'autre à Mérignac. Ils se sont rencontrés en 1972, dans une des premières boîtes africaines de Bordeaux, L'Équateur. Gabriel, étudiant en Libye, était venu rendre visite à un cousin bordelais. Aline avait 19 ans, c'était sa première sortie. Une collègue lui avait forcé la main et elle était tétanisée. Un an plus tard, ils étaient mariés. « Je ne savais rien de la vie mais j'étais amoureuse et hermétique aux ragots. » Gabriel, lui, a toujours cultivé une grande ouverture d'esprit : « Quand on étudie à l'étranger, on étudie tout, on va dans les campagnes, dans les familles. »

C'est dans la même philosophie qu'ils ont éduqué leurs enfants. « Il était essentiel pour nous que nos enfants puissent vivre dans n'importe quelle société. Nous avons fait en sorte qu'ils connaissent aussi la culture africaine et la religion musulmane. Nous avons suggéré, jamais forcé. Certains sont pratiquants, d'autres pas. Le but c'est qu'ils ne soient pas complexés et qu'ils se sentent citoyens du monde, car si on ne sait pas d'où on vient, on ne sait pas ou on va. »

Il y a quarante ans, il y avait déjà beaucoup de couples mixtes ; Aline et Gabriel ne peuvent pas affirmer que c'est plus facile aujourd'hui.

Documentaire diffusé sur France 3 Aquitaine demain, samedi 9 février, à 15 h 30.

8/2/2013, Nathalie Peyneau

Source : Sud Ouest

Capitale européenne de la culture en 2013, Marseille évolue rapidement mais le projet de Grande Mosquée, censée symboliser l’insertion de l’islam dans la ville, reste au point mort.

Derrière les grilles cadenassées, le terrain se cache, envahi par les herbes folles et même les carcasses de voitures. Situé sur le site des anciens abattoirs Saint-Louis, en plein cœur de ces quartiers Nord tant redoutés pour ses trafics et ses règlements de compte, c’est lui qui a été choisi par la mairie pour accueillir la future Grande Mosquée de Marseille. Mais ce lieu phare, attendu à la fois comme le symbole de l’insertion locale de l’islam par les politiques et comme « vitrine » par les musulmans eux-mêmes, tarde à sortir de terre. Pour l’heure, les porteurs du projet se battent surtout contre les squatteurs…

Le 20 mai 2010, pourtant, tout semblait sur les rails. La première pierre était posée en grande pompe par le maire (UMP) Jean-Claude Gaudin, à l’origine du bail emphytéotique signé en 2006, mais aussi par les présidents (PS) de la région, Michel Vauzelle, et du département, Jean-Noël Guérini… Les promesses de dons affluaient, en provenance de l’Algérie au premier chef, mais aussi du Maroc, du Qatar, de l’Arabie saoudite, et même d’Indonésie.

À tel point qu’au projet initial, consistant à « habiller » à la mode arabo-musulmane le bâtiment de 2 500 m2  existant, ses responsables avaient décidé d’en substituer un autre, prévoyant démolition et reconstruction d’un bâtiment orienté vers La Mecque, pouvant accueillir le double de fidèles, et comportant mezzanine pour les femmes, bibliothèque, cafétéria et salles de cours…

Tempête à l’association Mosquée de Marseille

Le tout pour 22 millions d’euros. « Certains pays auraient voulu prendre en charge la totalité, mais c’est nous qui avons décidé qu’aucun donateur n’apporterait plus de 20 % de l’ensemble », assure un membre de l’association. Seule la présence plus que « visible » de l’Algérie lors de cette cérémonie – son ambassadeur était le seul diplomate étranger présent – avait fait tousser quelques-uns des invités présents…

Le ciment était à peine sec que, à l’issue d’une assemblée générale mouvementée, le secrétaire général de l’association Mosquée de Marseille, Abderrahmane Ghoul, Algérien lui-même, renversait son compatriote et ami Nourredine Cheikh.

Officiellement, il dénonçait le « manque de transparence » de ce dernier, les décisions prises « directement depuis le consulat algérien », tout en jurant se situer dans « sa continuité ». En pratique, il estimait surtout, en tant qu’initiateur du projet et alors que celui-ci se concrétisait enfin, que le poste de président lui revenait de droit…

Travaux d’infrastructure

Depuis, les versions divergent mais une chose est sûre, la situation est bloquée. La nomination comme trésorière de Fatima Orsatelli, à la fois marocaine et conseillère régionale élue sur la liste du PS, n’a pas fait que des heureux. « La mairie et l’Algérie se sont senties trahies », avancent les uns. Le vice-consul d’Algérie déclarait vendredi 18 janvier à La Provence : « Tant qu’il n’y aura pas plus de clarté dans l’association, nous ne pourrons pas collaborer »… 

 « Seuls les recours déposés contre le permis de construire nous ont empêchés d’avancer », rétorquent Abderrahmane Ghoul et Fatima Orsatelli. « Depuis sa validation en juin, nous sommes sortis du coma juridique. Les contacts ont été repris avec les ambassadeurs et le projet va redémarrer. » 

Avec les derniers fonds dont l’association dispose, et alors que leur mandat arrive à échéance en juin, tous deux souhaitent lancer symboliquement les travaux « d’infrastructure » – la « clôture du site » notamment – pour déclencher les dons.

Paradoxes de la « laïcité à la française »

Pourquoi Marseille, où vivraient environ 200 000 musulmans, est-elle toujours privée d’un édifice en débat depuis 1937 ? « Une Grande Mosquée ? Je suis pour, mais à Marrakech », répétait encore Jean-Claude Gaudin en 1995, en pleine campagne pour les élections municipales et un an après l’inauguration de celle de Lyon. Depuis 2001, son équipe n’a pas ménagé ses efforts, mais l’implication personnelle du maire dans le dossier est parfois mise en doute.

 « Il aurait dû empêcher le changement à la tête de l’association », estime ainsi Abdessalem Souiki, imam de la petite mosquée An Nour. Les aléas de la Grande Mosquée illustrent surtout les paradoxes de la « laïcité à la française », avec l’impossibilité à la fois de recevoir la moindre subvention de l’État et des collectivités locales et la difficulté de trouver les sommes nécessaires au sein de la communauté locale…

Ils résultent aussi d’un changement de pratique récent des pouvoirs publics : la tendance n’est plus désormais au projet de mosquée négocié avec un interlocuteur unique et « ami du maire » mais à l’unification – forcée et donc délicate – de la communauté musulmane.

Regroupement de lieux de culte

En attendant que la Grande Mosquée ne dresse son minaret dans le quartier Saint-Louis, et parce qu’elle ne se substituera jamais aux petites mosquées de quartier, la mairie s’est lancée dans un plan de réhabilitation, de transformation, voire de construction de petits lieux de prière. Sur les 73 de toutes tailles que compte la ville, deux achèvent leur mue et sept pourraient l’entamer, à condition, bien sûr, de réunir les fonds.

À la porte d’Aix, la mosquée El Taqwa, privée de toit pendant plusieurs années et dans un état de délabrement avancé, va subir une rénovation complète pour 2 millions d’euros. Un projet qui a coïncidé avec la décision de ses responsables de faire cesser les prières dans la rue à l’arrière du bâtiment le vendredi après-midi… Non loin de là, celle de la rue Gaillard, elle aussi en très mauvais état, va déménager de deux numéros en échange d’un peu plus d’espace.

Dans les cités de La Busserine, de Plan d’Aou ou de la Solidarité, avec l’aide parfois de la société d’HLM concernée, des lieux de culte quittent des appartements pour se regrouper. À l’Estaque, la petite salle va pouvoir s’agrandir sur un terrain municipal.

Avec ses salles d’ablution toutes neuves, ses mosaïques et son odeur de peinture fraîche, la mosquée Bilal, gérée par la Fédération française des associations islamiques d’Afrique, des Comores et des Antilles et située tout près de la gare Saint-Charles, témoigne du souhait de la Ville de voir « la communauté musulmane rattraper son retard, mais dans le respect de nos lois », selon la formule du maire.

Formations des imams

Reste une question : quels imams pour animer ces lieux de culte ? Les intéressés eux-mêmes reconnaissent l’extrême difficulté de trouver des candidats francophones et dotés d’un minimum de formation théologique. Fondé en 2000 par Azzedine Aïnouche pour prodiguer une formation « au texte et au contexte » aux imams comme aux jeunes musulmans désireux d’approfondir leur tradition, l’Institut méditerranéen des études musulmanes (Imem) a bien du mal à joindre les deux bouts.

Le Conseil des imams, fondé la même année, bute sur les mêmes difficultés. « Pour les mosquées, on trouve toujours de l’argent à cause d’un hadith qui dit : “Quiconque construit une mosquée en souhaitant l’agrément d’Allah se verra construire un château au paradis.” Il en faudrait un sur la formation des imams », sourit Abdessalem Souiki.

 Des pratiques très diverses d’une mairie à l’autre 

 À Marseille, la mairie conditionne la signature d’un bail emphytéotique pour la construction d’une mosquée à la constitution d’une association cultuelle (c’est le préfet qui signe l’arrêté d’agrément 1905 après enquête), à l’ouverture d’un compte à la Caisse des dépôts et à la réunion d’au moins 10 % de la somme totale prévue par un devis.

 Dans d’autres communes, le maire pourra prévoir dans le bail l’interdiction de construire un minaret… Et ailleurs encore, d’autres clauses.

  « Faute de règles très précises en la matière, on bricole »,  reconnaît un habitué de ces dossiers. Plutôt qu’une loi sur le voile intégral « concernant 5 000 femmes au maximum », il aurait préféré donner la priorité au vote d’un texte sur l’exercice de la « liberté de culte, qui fixerait un cadre pour la construction des lieux de culte, l’ouverture de cimetières confessionnels, la formation des personnels religieux ou encore l’abattage rituel ». Un texte qui préciserait également les responsabilités respectives des municipalités et de l’État.

7/2/2013, Anne-Bénédicte HOFFNER

Source : La Croix

Le Royaume-Uni attire plus d'immigrants que tout autre pays de l'UE, ont montré les derniers chiffres disponibles de la branche européenne de statistiques (Eurostat).

En 2010, pas moins de 591.000 personnes ont rejoint le Royaume-Uni, soit plus du double du nombre de ceux qui ont émigré vers la France (251.200), précise cette source.

L'Espagne se place au deuxième rang, avec 465.200 immigrés, suivie de l'Italie (458.900) et de l'Allemagne avec 404.100.

Le Royaume-Uni a également eu le plus grand nombre de personnes ayant acquis la nationalité britannique en 2010, soit 194.800.
Ce chiffre représentait près d'un quart (24%) du nombre total de personnes supplémentaires ayant acquis la citoyenneté dans les pays de l'UE.

La France arrive en deuxième position dans ce classement avec 143.300 nationalités accordées aux étrangers.

Concernant les personnes qui ont quitté définitivement les pays de l'UE en 2010, le Royaume-Uni vient en seconde position (339.000) après l'Espagne (403.000), note Eurostat.

7 févr. 2013

Source : APS

Le gouvernement omanais a décidé de réduire le nombre de travailleurs immigrés à 33 pc de la population et d'augmenter de 200 à 325 rials (630 euros) le salaire minimum des citoyens omanais dans le secteur privé, indique, jeudi, ''Oman News Agency'' (ONA), qui cite le communiqué du conseil des ministres.

Le communiqué ne fixe aucune date pour la réduction du nombre de travailleurs immigrés, tandis qu'il précise que l'augmentation de 200 à 325 rials (630 euros) du salaire minimum devra entrer en vigueur en juillet prochain.

A l'instar des autres Monarchies du Golfe, Oman accueille une importante main d'oeuvre étrangère employée, notamment dans les secteurs des hydrocarbures, du bâtiment et des services.

Sur les 3,3 millions de personnes résidant, actuellement, dans le sultanat d'Oman, environ 1,3 million sont des immigrés, soit 39 pc de la population.

Le sultan d'Oman Qabous Ben Saïdl a affirmé, récemment, que son pays ne pouvait pas se passer du jour au lendemain de la main d'oeuvre immigrée, jouant un rôle prépondérant notamment dans le développement industriel du pays.

7 févr. 2013

Source : MAP

Evoquer les discrimitatios est presque devenu un lieu commun, mais qu’en pensent ceux qui en sont victimes ?...Suite

Dans les années 1990, la France a fait massivement appel à des praticiens venus de l’étranger, dont une majorité des maghrébins. Mais aujourd’hi les jeunes médecins marocains préferent s’installer au Maroc...Suite

 

Maghribocom a l’ambition de servir la cadre formel de mise en circulation de l’information en termes d’opportunité d’affaires de collaboration ponctuelle, d’nvestissement ou d’emploi…Suite

Mardi 6 février 2013, l’Office statistique européen, Eurostat, a dévoilé les nouvelles statistiques migratoires des 27 Etats de l’Union européenne. Sur une population de 502 millions d’habitants, les flux migratoires annuels enregistrent 3,1 millions d’arrivées et 2,0 millions de départs.

En Belgique, Eurostat dénombre l’établissement de 131 000 immigrés au cours du dernier exercice. 45 100 personnes sont des étrangers non européens, contre 59 600 ressortissants des pays de l’Union et 17 000 Belges qui résidaient à l’étranger.

Les étrangers non européens représentent 3,8 % des 11 millions d’habitants vivant en Belgique en 2011. Alors que les étrangers de manière générale représentent 10,6 % de l’ensemble des habitants, un taux nettement supérieur à la moyenne européenne (6,6 %).

L’un des enseignements majeurs des nouvelles statistiques d’Eurostat, c’est qu’il y a de moins en moins d’étrangers qui acquièrent la nationalité belge. En 2000, ils étaient 62.000, alors qu’en 2010 ils ne sont plus que 34.600. Ce qui représente une régression de 44 %. A titre de comparaison, à la même période, le Royaume-Uni a plus que doublé les dossiers d’octroi de la nationalité (82.200 dossiers en 2000, contre 194.800 en 2010). Alors que la France a enregistré un repli plus modéré (150 000 dossiers en 2000, contre 143000 en 2010).

Initialement précurseur en termes du nombre des naturalisations, la Belgique a durci sa loi sur la nationalité, dont la nouvelle version est entrée en vigueur le 1er janvier 2013. Ce durcissement devrait « accentuer l’écart entre la Belgique, qui restreint l’octroi de sa nationalité, et le reste de l’Europe (le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Italie, l’Irlande…) qui, globalement, naturalise de plus en plus de citoyens étrangers, principalement des Marocains et des Turcs ».

8/2/2013

Source : CCME

Mercredi 6 février 2013 a eu lieu le congrès de la fédération bruxelloise du parti socialiste, qui a consacré la vice-Première ministre, Laurette Onkelinx, présidente des socialistes bruxellois. Ce fut également l’occasion pour les membres votants d’élire le sénateur belgo-marocain, Ahmed Laaouej, vice-président de la fédération bruxelloise.

Pour rappel, la vice-présidence était occupé par Rachid Madrane, un autre belgo-marocain, député fédéral jusqu’à sa nomination secrétaire d’Etat bruxellois au lendemain du scrutin communal, en octobre 2012.

Ahmed Laaouej est président de la section PS de sa commune de résidence, Koekelberg, où il siège en tant que conseiller communal depuis 2006. Il est sénateur (coopté par son parti), depuis juillet 2010. De 2004 à 2007, il a occupé la fonction de directeur du cabinet du ministre de la Fonction publique de la Communauté française de Belgique.

8/2/2013

Source : CCME

La réussite scolaire de l'aîné s'observe dans toutes les familles, qu'elles soient riches ou pauvres, d'origine française ou issues de l'immigration. "Parmi les descendants d'immigrés, les aînés ont de meilleurs résultats scolaires que les cadets, constate la sociodémographe Laure Moguérou, maître de conférences à l'université Paris-Ouest. Les parents ont souvent un projet d'ascension sociale qui a exigé des sacrifices et ils investissent beaucoup sur leur premier-né, chargé de montrer l'exemple. L'aîné doit en outre seconder ses parents au quotidien, ce qui lui permet d'acquérir des compétences qu'il peut transposer à l'école."

Dans les milieux populaires, les écarts scolaires entre l'aîné et les autres enfants sont cependant moins prononcés que dans le reste de la population. Parfois, le petit dernier parvient à rattraper son aîné : réalisée à partir de l'étude Trajectoires et origines (INED-Insee), l'enquête - à paraître - de Laure Moguérou, Emmanuelle Santelli, Christelle Hamel et Jean-Luc Primon montre que, dans les familles issues de l'immigration, les benjamins redoublent aussi peu que les aînés.

Vécu migratoire

Ils sont en outre aussi souvent qu'eux orientés vers des cycles longs en fin de troisième, et ils les talonnent de près pour l'obtention du bac ou l'accès à l'enseignement supérieur. "Chez les descendants d'immigrés, être le benjamin ne constitue pas un frein à la réussite scolaire", résume Laure Moguérou.

Pour expliquer le succès de ces petits derniers, les sociologues invoquent la singularité du vécu migratoire. "Pour le premier-né, les parents maîtrisent mal la langue, les rouages et les codes de l'institution scolaire, explique la sociologue Emmanuelle Santelli. Mais, au fil des naissances, ils se familiarisent avec cet univers et, pour le dernier-né, ils ont les clés de compréhension : ils connaissent le système des orientations et ont moins peur de rencontrer les professeurs. Les petits bénéficient aussi de l'aide de leurs aînés pour les devoirs, ce qui contribue à leur réussite scolaire."

07.02.2013, Anne Chemin

Source : Le Monde culture et idees

Le Réseau des Indépendants Marocains de l’Etranger et le parti du Rassemblement National des Indépendants (RNI) organisent, le 9 Février 2013 à Paris, une rencontre consacrée la nouvelle constitution au Maroc, sa mise en œuvre ainsi que les nouveaux droits attribués à la diaspora marocaine…Suite

Laurent Chalard, géographe, conteste les méthodes de l’Insee et dénonce un tabou sur la population étrangère :

Laurent Chalard est géographe, spécialiste des questions liées aux populations urbaines. Il s’intéresse notamment aux habitants des quartiers en difficulté.

Pourquoi, selon vous, la population légale publiée par l’Insee ne correspond-elle pas forcément à la réalité dans certaines villes ?

La population varie de deux façons : le solde naturel et le solde migratoire. Le solde naturel, ce sont le nombre de naissances, moins le nombre de décès. Ce sont des chiffres où il n’existe qu’une infime marge d’erreur possible. En revanche, sur le solde migratoire, c’est beaucoup plus compliqué. Pour le calculer, il faudrait avoir le nombre d’entrées sur le territoire et celui des sorties. Or, on ne sait pas combien de personnes entrent chaque année sur le territoire. La seule indication dont on dispose, ce sont les titres de séjour accordés. Ce qui exclut les entrées illégales. Par ailleurs, nous ne comptons pas les personnes qui sortent. Soit des étrangers qui rentrent dans leur pays, soit des Français qui partent vivre dans un autre pays. Aussi curieux que cela puisse paraître, la France ne connaît pas son solde migratoire. Derrière tout cela, il y a le grand tabou des chiffres de l’immigration, un vieux tabou politique français. Dans les années 80, alors que le Front national commençait à percer, que cette question devenait tendue, l’Insee n’avait pas hésité à dire que le solde migratoire était nul. Cela correspondait au discours disant que la France ne recevait plus d’immigrés. Ces dernières années, le solde migratoire est officiellement d’environ + 50 000. Mais on ne voit pas bien à quoi cela correspond. Pas forcément à la réalité en tout cas.

Est-ce que le changement de méthode de recensement depuis 2004 a favorisé selon vous l’augmentation des erreurs ?

Oui, incontestablement. En tout cas pour les villes de plus de 10 000 habitants où la méthode des sondages est appliquée. Il est évident qu’une extrapolation à partir du recensement de 8% des logements comporte une part de risque. Cela n’a pas la même fiabilité qu’un recensement exhaustif. Les erreurs sont très nettes lorsqu’on observe les évolutions de populations de certaines villes.

Sur certaines communes, on a des variations d’une année sur l’autre de 4 à 5%. De tels écarts ne sont pas crédibles. On a avec cette méthode une perte de qualité de la connaissance de la population locale. Or, ces chiffres locaux sont très importants pour la définition des politiques publiques. Aucun pays n’a d’ailleurs adopté la méthode des sondages. C’est une méthode basée sur des modèles mathématiques complexes, qui fonctionne dans un monde parfait mais pas dans le monde réel.

Des communes comme Grigny, dont certains quartiers comptent de nombreux hébergements illégaux et une proportion importante d’étrangers, sont-elles particulièrement sensibles aux erreurs ?

Oui. Personnellement, je suis sceptique sur la qualité du recensement dans des quartiers très sensibles, où il est parfois compliqué de monter dans les cages d’escaliers pour les personnes extérieures et où l’on constate un taux de non-réponse plus fort qu’ailleurs, et surtout, de plus en plus important. Par ailleurs, on note, notamment lorsqu’il y a des personnes en situation irrégulière, une tendance à la sous-déclaration du nombre d’occupants du logement. Dans une commune comme Grigny, on a ces deux phénomènes qui se cumulent, ce qui augmente les marges d’erreurs.

5 février 2013, Alice Géraud

Source : Libération

Un rapport commandé par Matignon dresse un bilan accablant de la politique d’intégration menée depuis trente ans et suggère de régulariser une grande partie des sans-papiers.

Des personnes sans papier attendent devant la préfecture de Seine-Saint-Denis pour une demande de régularisation.

 « Une approche apaisée et confiante de la présence étrangère en France. » C’est à partir de ce postulat que le conseiller d’État Thierry Tuot a rédigé un rapport qui propose une « refondation » de la politique française de l’intégration. Ce long et précis travail qui débouche sur de nombreuses propositions repose sur un équilibre : concilier à la fois la tradition nationale d’« inclusion » (et non pas d’assimilation) en refusant le multiculturalisme, et un esprit de « tolérance » à l’égard des étrangers et de la religion musulmane.

Une critique sévère de la politique d’intégration

Ce rapport devrait être remis dans les prochains jours au premier ministre Jean-Marc Ayrault. Mais à la suite d’une rupture de l’embargo par l’AFP, La Croix en livre les principaux axes. L’auteur se livre d’abord à une critique sévère de la politique d’intégration menée par la France, estimant que les responsables, « tous partis confondus », ont « oublié jusqu’au mot même d’intégration   »  et ont « détruit les outils » de cette politique.

En 2000, cet ancien directeur général du Fond d’action sociale pour les travailleurs immigrés et leurs familles (FAS) avait écrit sous un pseudonyme Les indésirables, un ouvrage qui critiquait déjà l’inaction de la France en matière d’intégration des étrangers. Certaines propositions du rapport ne manqueront pas de faire à nouveau polémique.

Un « titre de tolérance » pour les sans-papiers

Afin d’aborder avec « franchise » les réalités de l’immigration, Thierry Tuot propose que l’État reconnaisse que la majorité des sans-papiers sont inexpulsables « soit parce que le pays vers lequel on les reconduirait leur ferait un très mauvais sort » soit en raison de leur « situation personnelle (enfants, santé…) » 

Il faut selon lui commencer à les intégrer en créant une sorte de « titre de tolérance », leur permettant avec « des droits réduits » au moment de la délivrance et un parcours étalé sur cinq ans d’aboutir à une régularisation. La création de ce titre permettrait de se « substituer aux campagnes périodiques de régularisation » auxquels tous les gouvernants se livrent de bon gré ou pas.

Cette proposition a immédiatement déclenché les foudres de l’opposition. « Le premier ministre fait définir, par un rapport caché, le “mode d’emploi”  d’une régularisation générale des clandestins », a estimé le député UMP Guillaume Larrivé. Il y a entre 200 000 et 400 000 sans-papiers en France. Environ 30 000 sont régularisés chaque année, et autant expulsés.

Accès à la nationalité

Pour faciliter l’intégration des primo-migrants, Thierry Tuot propose également une mesure forte. Il s’agirait de donner la nationalité « sur simple déclaration » aux jeunes qui ont suivi une scolarité complète en France ainsi qu’aux « ascendants de Français séjournant en France depuis vingt ans ou plus ».

Pour faciliter l’intégration des populations étrangères, le conseiller d’état fait également de nombreuses propositions qui concernent aussi bien la rénovation des foyers de travailleurs migrants, que les conditions d’attribution de logements sociaux. Thierry Tuot ne préconise pas directement, en revanche, de donner le droit de vote aux étrangers aux élections locales.

Relancer la politique d’intégration

Une large part du rapport est consacrée à la politique publique d’intégration. L’auteur suggère d’une part une remise à plat de l’organisation et des rôles des différents acteurs publics tel le Haut conseil à l’intégration. D’autre part, l’ancien directeur du Fas plaide pour un renforcement des dispositifs de soutien aux associations « en inventant des modes de financement plus simples et plus adaptés à leurs missions ». Thierry Tuot souligne le paradoxe selon lequel l’État a abandonné la politique d’intégration aux associations tout en procédant à des coupes budgétaires et des complications procédurales qui entravent leurs missions.

Bienveillance vis-à-vis de l’islam

Le rapport plaide pour une meilleure intégration de l’islam auquel il faut donner « toute sa place de grande religion ». Il suggère notamment de « permettre la création de nouveaux lieux de culte via le recours à des fondations ». De même conviendrait-il de faciliter les modalités d’implantation de carrés musulmans dans les cimetières. Mais au-delà des aspects techniques, c’est le plaidoyer de l’auteur en faveur d’un regard bienveillant sur l’islam qui risque de soulever des réserves. « La “question musulmane”, pure invention de ceux qui la posent, ne cesse d’enfler et de soucier, de polluer le débat public, et de troubler jusqu’au délire les meilleurs esprits. À l’islamisme (…) répond un laïcisme de combat, furibond et moralisateur. » Le rapport estime que les comportements vestimentaires (le voile) ou alimentaires ne posent pas de vrais problèmes à la société. « Laissons son culte se déployer, respectons la pleine liberté de ses croyants. » 

Un rapport qui risque d’être vite enterré

Ce rapport va soulever bien des critiques au sein même de la majorité et ses propositions les plus fortes risquent d’être vite enterrées. Jeudi 7 février, sur Europe 1, le ministre de l’intérieur Manuel Valls a écarté l’idée de régulariser progressivement les sans-papiers inexpulsables. « Il n’y aura pas de régularisations massives », a-t-il redit, sans dévier de sa ligne. Les régularisations continueront d’avoir lieu « au cas par cas », a-t-il dit. Manuel Valls a aussi opposé une fin de non-recevoir à une acceptation plus large de certains comportements vestimentaires. « Le voile qui interdit aux femmes d’être ce qu’elles sont doit rester pour la République un combat essentiel », a-t-il dit.

7/2/13, BERNARD GORCE

Source : La Croix

Entre 2001 et 2008, près de la moitié des personnes (48,5%) avec un passé migratoire en Belgique ont porté leur choix sur un conjoint qui résidait encore dans leur pays d'origine, selon une étude menée par des sociologues de l'Université de Gand (UGent), présentée jeudi. Les chercheurs ont cependant constaté une nette diminution de cette tendance entre les migrants de première et de deuxième génération.

Frank Caestecker, John Lievens, Bart Van de Putte et Koen Van der Bracht ont plus spécifiquement ciblé leurs recherches sur les populations d'origines marocaine et turque, qui constituent les deux plus importantes communautés de migrants en Belgique et qui représentent à elles seules 51% des unions légales (cohabitations et mariages) de personnes issues de l'immigration. Parmi la population d'origine marocaine, les migrants de première génération, c'est-à-dire nés au Maroc avant d'émigrer en Belgique, ont majoritairement choisi (60% sur 2001-2008) un conjoint né au Maroc avant que le couple ne s'établisse en Belgique. Les migrants de deuxième génération, c'est-à-dire nés en Belgique avec la nationalité marocaine, optent eux d'abord pour des unions locales avec d'autres personnes elles-mêmes issues de la communauté marocaine de Belgique (45% en 2008). A noter que les unions mixtes sont également en hausse pour la deuxième génération, passant de 11 à 16,5% des unions légales. Chez la population d'origine turque établie en Belgique, la tendance à choisir un conjoint migrant est encore plus marquée. Elle passe de 70% en 2001 à un peu moins de 60% en 2008 pour les migrants de première génération. Pour les migrants turcs de seconde génération, l'union locale avec une autre personne issue de la communauté turque devient également majoritaire (47% des unions en 2008). Dans leurs conclusions, les sociologues gantois soulignent que la législation belge relative à la migration des conjoints est plus stricte depuis 2011 et que cela pourrait remettre en question un certain nombre d'unions avec des migrants ou des Belges. Les chercheurs se sont basés sur 126.757 unions formalisées issues du registre national pour leur recherche, en précisant que ce registre ne donne pas accès à certaines informations utiles dans le cadre des unions (religions, revenus, etc.). (PVO)

07 Février 2013

Source : RTL/be/Belga

Maghribcom vient d’être relancé le 31 janvier dernier à Casablanca. Nous ne disons pas «né» mais bel et bien «relancé»; eu égard à l’initiatrice du concept… Car la naissance de ce concept (et il faut rendre à Nouzha Chekrouni ce qui appartient à Nouzha Chekrouni) a eu lieu le 25 mai 2007 sous le nom de FINCOME.

FINCOM (Forum International des Compétences Marocaines à l’étranger) sonnait comme un appel à l’intention de la diaspora marocaine pour venir s’investir et investir dans son pays d’origine.

- FINCOME ? (Où êtes vous?)

- Présents ! Avaient répondu, le 26 et 27 mai 2007, à Casablanca, 200 participants, « représentant la diaspora des résidents marocains à l’étranger (MRE), jeunes et moins jeunes, tous actifs et heureux de retrouver leur pays d’origine » (Raja Kantaoui, Le Matin)

Lors du lancement officiel du FINCOME par le premier ministre marocain, il fut précisé qu’il s’agit d’un « appel aux différentes compétences de la diaspora marocaine, pour accomplir des missions, sur place et / ou à distance, en appui ou dans le cadre des programmes de développement de leur pays d’origine, sur la base du volontariat et d’un engagement Déontologique».

Le réseautage des compétences marocaines à travers un portail (www.foncome.ma) fut lancé.

Le chantier fut gigantesque, mais que peut faire un ministre dont le département n’avait quasiment pas de budget et qui, en plus, était sous la tutelle d’un autre ministère (Le ministère des affaires étrangères et de la coopération) ?

Le Maroc n’a eu un vrai ministère pour s’occuper des MRE qu’avec l’arrivée de M. Mohammed Ameur. Tout en gardant dans l’esprit le concept et la stratégie du FINCOME, le successeur de Mme Chekrouni aurait privilégié une approche basée sur un «contact humain direct», s’appuyant sur le tissu associatif et sur sa nouvelle composante : les réseaux et les forums des compétences marocaines à l’étranger.

Les résultats seraient mitigés.

Mais cette approche aura au moins le mérite d’avoir mis le doigt sur le bobo : Les MRE seraient encore traumatisés par les séquelles laissées par les amicales (des années de plomb) ainsi que par leurs dirigeants.  La méfiance est de mise et peu de vraies compétences embarquent dans le tissu associatif aux structures et encadrement vieillissants.

Or le fait de bouder les associations, ne signifierait pas un déni du Maroc : Ceux et celles qui ont à cœur le développement de ce Maroc veulent avoir des interlocuteurs directs (dans le pays d’origine) et rejetteraient toute forme de tutelle… Surtout celle venant d’associations dont le discours ne cesse de parler des générations futures mais qui oublient de se regarder dans le miroir du temps pour voir à tel point certains de leurs cadres ont vieilli ! Ces mêmes associations qui, dans leur myopie, n’arrivent pas à voir que les « générations de demain » dont ils truffent leur discours démodés sont déjà celles d’aujourd’hui, celles des NTIC… Celles des réseaux sociaux ! Et du coup les rives des mers et des océans se confondent sous l’effet d’un simple clic !

MAGRIBCOM vient à point !

Il fut lancé par M. Maazouz comme on aurait lancé un (autre) jeu de mots (Votre Maroc) auquel certains récalcitrants seraient tentés de répondre comme le chanteur feu Fouiteh «Aw malou lou !» (Qu’est-ce qu’il a notre Maroc?) . Mais le temps est aux réponses, aux réactions et aux prises de positions responsables : Ce ne sont pas les jeux de mots qui dérangent mais l’incapacité d’aller jusqu’au bout des discours. MAGHRIBCOM est capable de faire sortir de vraies compétences de leurs retraites !

6 février 2013, Abderrahman El Fouladi

Source : Maroc-Canada info

La communauté marocaine résidant à l’étranger représente 3 millions de personnes, soit 10% de la population. Vu l’importance de leurs tranferts, le rouame a voulu créer un mécanisme d’encouraghement à l’investissement…Suite

Conférence de Lionel Kesztenbaum, chercheur à l'Institut national des études démographiques, animée par Marianne Amar, responsable de la recherche à la Cité.

Les années qui suivent la Seconde Guerre mondiale occupent une place singulière dans l’histoire des migrations en France. Situées entre deux séquences d’arrivées massives de migrants (les décennies 1920 et 1960), elles apparaissent comme une période de transition, qui voit notamment l’émergence de l’immigration coloniale, avec en toile de fond le climat très patriotique de la Libération. L’après-guerre marque aussi un relatif désintérêt pour le sujet qui disparaît des préoccupations courantes des Français : aujourd’hui encore, ces années restent peu étudiées par les historiens. Pourtant, elles occupent une place centrale dans la construction d’une interrogation politique et scientifique sur l’immigration.

Les enquêtes publiées par l’Institut national d’études démographiques (Ined) en 1953 et 1954 sous le titre Français et Immigrés constituent une des rares sources sur la situation des immigrés dans la France des années 1940-1950. Mais elles sont également un témoignage de ce qu’a été l’appréhension des populations immigrées, à travers leur construction comme objet scientifique. L’histoire de ces enquêtes et de leur conception permet donc de comprendre comment, concrètement, s’est opéré un discours de différenciation des immigrés selon leur origine – Européens ou Algériens.

Cette conférence s’attachera à étudier les fondements de ces enquêtes et à en explorer les origines, afin de préciser la portée de leurs résultats. Produits de leur temps, dans les questionnements comme dans les protocoles, ces enquêtes n’en restent pas moins un témoignage important pour comprendre les migrations dans une période peu connue mais décisive.

Jeudi 21 Février 2013, 18:30 à Auditorium de CNHI - Entrée libre

Source : Site de CNHI

Un rapport commandé par Matignon dresse un bilan accablant de la politique d'intégration menée depuis 30 ans et suggère plusieurs réformes, dont la création d'un "titre de tolérance" pour régulariser par étapes une grande partie des sans-papiers.

"La politique de lutte pour l'intégration des immigrés a toujours été un désir ou un regret (...) plutôt qu'une réalité", écrit le conseiller d'Etat Thierry Tuot dans un rapport dont l'AFP a eu connaissance.

Les responsables, "tous partis confondus", ont "oublié jusqu'au mot même d'intégration" et ont "détruit les outils" de cette politique, en coupant les crédits des établissements et des associations, poursuit-il.

Le rapport de cet ancien directeur général du Fonds d'action sociale pour les travailleurs immigrés et leurs familles (FAS) devait être remis vendredi dernier au Premier ministre qui a annulé au dernier moment la présentation pour des raisons d'"agenda".

En lui confiant la rédaction de ce rapport, Jean-Marc Ayrault pouvait s'attendre à un constat au vitriol: en 2000, Thierry Tuot avait écrit sous un pseudonyme "Les indésirables" pour critiquer l'inaction de la France en matière d'intégration des étrangers.

Il propose cette fois d'aborder avec "franchise" les réalités de l'immigration afin de "dissiper les fantasmes".

L'Etat doit notamment avouer que la majorité des sans-papiers sont inexpulsables "soit parce que le pays vers lequel on les reconduirait leur ferait un très mauvais sort" soit en raison de leur "situation personnelle (enfants, santé...)".

Or, "tous les gouvernements sans aucune exception, de droite comme de gauche, finissent par leur donner des papiers", écrit-il.

"Bout de tissu"

Il faut, selon M. Tuot, commencer à les intégrer en créant une sorte de "titre de tolérance", leur permettant avec "des droits réduits" au moment de la délivrance et un parcours étalé sur 5 ans d'aboutir à une régularisation.

Cette proposition a immédiatement déclenché les foudres de l'opposition. "Le Premier ministre fait définir, par un rapport caché, le +mode d'emploi+ d'une régularisation générale des clandestins", a estimé le député UMP Guillaume Larrivé.

Elle "risque de détourner l'attention de la question posée: celle de l'intégration", a pour sa part déploré Pierre Henry, directeur général de France Terre d'Asile (FTA), qualifiant le rapport de "bienveillant mais confus".

Il y a entre 200.000 et 400.000 sans-papiers en France. Environ 30.000 sont régularisés chaque année, et autant expulsés. Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a réaffirmé qu'il ne prévoyait "aucune régularisation massive".

Autre sujet polémique: Thierry Tuot suggère d'en finir avec "la question musulmane" qui "pollue le débat public". "A l'islamisme (...) répond un laïcisme de combat, furibond et moralisateur", regrette-il.

Il suggère donc de mettre un terme aux débats sur le voile. "La France a-t-elle jamais dépendu de ce qu'un bout de tissu - boubou, coiffe bretonne, chèche ou béret - soit porté d'une façon ou d'une autre?"

Le conseiller d'Etat dresse une liste de réformes possibles à court terme, à forte portée symbolique: ériger un "mur du souvenir" aux soldats étrangers morts pour la France, créer des "lieux de mémoire" dans les quartiers...

Il insiste sur les efforts à réaliser en direction des vieux immigrés: terminer rapidement la rénovation des foyers Adoma (ex-Sonacotra), faciliter leurs allers et retours entre la France et le pays d'origine...

Puisque l'acte ultime de l'intégration est d'être enterré en France, il préconise le développement de carrés musulmans dans les cimetières. Aujourd'hui, faute de tels carrés, trois quarts des musulmans morts en France sont inhumés dans leur pays d'origine.

6 février 2013

Source : Libération

La Suisse et l'Angola viennent de signer deux accords, dont l'un porte sur une coopération migratoire entre les deux pays. Le second supprime l'obligation de visa pour les diplomates angolais, a indiqué mercredi le Département fédéral de justice et police (DFJP).

En visite à Luanda, la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga a paraphé mercredi l'accord de coopération migratoire avec le ministre de l'Intérieur Angelo Veiga Tavares. La convention est similaire à celle signée lundi avec la République démocratique du Congo (RDC).

Elle vise à promouvoir et soutenir le retour volontaire de requérants d'asile angolais déboutés en Suisse. L'Angola s'est engagé, comme la RDC, à réadmettre sur son territoire ses ressortissants n'ayant pas ou plus le droit de séjourner en Suisse.

Mme Sommaruga s'est également entretenue avec le ministre angolais de la Justice, Rui Jorge Carneiro Mangueira, qui lui a exposé les nombreux défis que doit relever son pays confronté à plusieurs centaines de milliers de migrants séjournant illégalement. Durant son séjour en Angola, la ministre de la justice a rencontré des représentants d'ONG et visité la mine de diamants de Cazombo.

Mme Sommaruga a ainsi mis un terme à un voyage de travail en Afrique entamé vendredi passé. La cheffe du DFJP s'est rendue au Nigeria, en RDC et en Angola. Elle rentrera en Suisse jeudi.

06.02.13

Source : L’Hebdo/ATS

En 2011, 236 jeunes migrants clandestins tunisiens disparaissent près de l'île italienne de Lampedusa. Convaincus qu'ils sont arrivés sains et saufs en Europe, leurs familles se sont lancées sur leurs traces.

Les documents portent des inscriptions en arabe, des flèches, des traits de feutre rouge entourent les visages. Nourddine Mbarki a étalé le maigre fruit de plus de 20 mois de recherches acharnées sur la table en plastique rouge d’un bar du marché de Piazza Vittorio, non loin de la gare Termini, à Rome.

C’est lui qui a choisi le lieu de rencontre. Depuis son arrivée dans la capitale italienne, il y a plus d’un an, il y retrouve régulièrement d’autres familles de Tunisiens, à la recherche comme lui d’un de leurs proches.

Nourddine Mbarki a frappé à toutes les portes, d’un côté et de l’autre de la Méditerrannée. Il a expliqué sa situation aux journalistes, aux volontaires des ONG, aux responsables des services d’immigration. Il a rejoint ses compatriotes dans des sit-in devant l’ambassade, demandé des entretiens aux représentants des autorités tunisiennes. En vain.

En ce début 2013, ce père pétri d’angoisse n’a toujours aucune preuve de vie supplémentaire de Karim, son fils de 23 ans, parti le 29 mars 2011 de Tunis. Karim a pris la mer en fin d’après-midi, ni ses parents, ni ses frères et sœurs, les petits jumeaux n’ont pu le retenir.

La quête de liberté de jeunes Tunisiens

A l’époque, juste après la révolution, un vent de liberté soufflait sur la jeunesse tunisienne. L’horizon, barricadé depuis si longtemps, s’ouvrait enfin. Comme des dizaines de milliers de Tunisiens —24.769 migrants en provenance de Tunisie ont débarqué à Lampedusa entre janvier et juillet 2011, selon le ministère italien de l’Intérieur— Karim a choisi d’embarquer pour la liberté. Il n’a plus jamais donné de nouvelles.

«On a tout de suite commencé à s’inquiéter, en voyant qu’il n’appelait pas», raconte son père, Nourddine.

«On est allés au ministère des Affaires étrangères à Tunis, avec ma femme, on a demandé, s’il s’était passé quelque chose, s’ils avaient des informations. Ils nous ont dit "non, il n’y a pas eu de naufrage ou quoi que ce soit", voilà tout ce qu’on nous a dit.»

Face au silence des institutions et à l’inquiétude grandissante, Nourddine a fini par entrer en contact avec des familles confrontées au même problème. Un groupe s’est formé, les proches des «desaparecidos» ont entamé une lutte acharnée pour la vérité.

Rebeh Kraiem, Tunisienne exilée en Italie depuis 26 ans, est devenue le point de référence en Italie pour ces familles en détresse.

«J’ai été contactée presque immédiatement par ces parents qui me demandaient de les aider à chercher leurs enfants. Ils ne savent pas que l’Italie c’est très grand, ils ont l’impression que c’est un village.»

Mais Rebeh Kraiem, n’a pas baissé les bras, elle s’est immédiatement sentie investie d’une mission. Présidente de l’association Giuseppe Verdi des Tunisiens de Parme (nord de l’Italie), elle a immédiatement activé ses réseaux, appelé des amis, fait des recherches sur Internet, lancé des messages sur Facebook. Et peu à peu, elle est parvenue à remonter le fil, à retrouver quelques maigres traces des 236 passagers des quatre barques disparues entre le 1er et le 29 mars 2011.

Des mères et des familles en détresse

Rebeh Kraiem a aussi obtenu l’autorisation d’entrer dans le centre de rétention (CIE) de Turin, où elle a pu montrer des photos et des vidéos des disparus à de jeunes Tunisiens, enfermés là en attente d’être identifiés puis expulsés.

«Les jeunes ont reconnu des visages sur les photos. Ils m’ont confirmé que tous étaient bien arrivés à Lampedusa, mais ils ne savent pas ce qu’ils sont devenus ensuite.»

Rebeh Kraiem est persuadée que les 236 jeunes disparus sont bien vivants et qu’ils sont quelque part en Italie.

«L’enquête que j’ai menée me pousse à dire qu’ils sont en prison. Quand ils sont arrivés je pense qu’ils se sont fait passer pour des Libyens, ou quelle qu’autre nationalité que l’Italie ne peut pas rapatrier, persuadés qu’à leur sortie de prison ils obtiendraient un permis de séjour.»

L’énergique Rebeh Kraiem n’en démord pas, bien que cette hypothèse semble très improbable. «Il est techniquement impossible que ces jeunes aient disparu en Italie», explique le journaliste Gabriele del Grande, fondateur du site FortressEurope.

«Les prisons secrètes n’existent pas ici et les migrants retenus dans les centres d’identification ont toujours la possibilité de communiquer avec l’extérieur, que ce soit à travers leurs avocats, les téléphones portables, les médiateurs culturels, les associations.»

«Les mères tunisiennes sont encore très marquées par les années Ben Ali», relève à son tour Serena Boeri, membre d’un collectif féministe, «le venticinqueundici», qui a tout de suite prêté main forte à ces femmes en détresse. «A l’époque, il arrivait fréquemment que des gens disparaissent et soient enfermés et torturés en prison. Elles imaginent que c’est comme ça partout».

Si les féministes italiennes du comité «venticinqueundici» se sont rangées du côté des mères tunisiennes et les appuient dans leurs recherches, elles cherchent cependant à ne pas alimenter leurs fantasmes.

«Aujourd’hui nos recherches portent plutôt sur un possible naufrage en mer, on essaie d’obtenir et de recouper des données satellite grâce aux appels de téléphone portable passés pendant la traversée, pour tenter de retrouver des traces de ces quatre embarcations.»

L'Italie frontière de l'Europe

L’hypothèse du naufrage semble également beaucoup plus plausible aux yeux de Gabriele del Grande, qui depuis 2006 suit tous les mouvements de migrants en Méditerrannée.

«En 24 ans, 18.000 personnes sont mortes aux frontières de l’Europe, cette tragédie ne serait pas la première», souligne-t-il avec aigreur. 

Mais les familles des jeunes tunisiens disparus rejettent catégoriquement cette éventualité et poursuivent sans relâche leur enquête «artisanale», autofinancée, autogérée pour pallier le manque d’attention et d’intérêt des institutions.

Le collectif des mères tunisiennes en est réduit à harceler chacune des administrations qui pourraient fournir des indices. «Dès le début, on m’a conseillé de demander les registres d’empreintes digitales pour retrouver ces jeunes» explique Rebeh Kraiem. La demande a été faite, mais n’a jamais abouti.

«Les Italiens nous disent que les noms ne sont pas dans les ordinateurs. Les Tunisiens nous ont donné des fichiers d’empreintes datant de 2001», renchérit Nourrdine Mbarki.

Une voie sans issue.

«A un moment, début 2011, les empreintes digitales des arrivants n’ont plus été relevées à Lampedusa, parce que les barques arrivaient à un rythme très soutenu. L’île était devenue une salle d’attente, où l’urgence pour les migrants était de trouver un abri, sous les camions ou les barques abandonnées, admettait il y a quelques mois Laura Boldrini, alors représentante de l’UNHCR en Italie. Mais ces empreintes digitales ont été relevées après, au moment du transfert vers le continent», précisait-elle.

Peu de probabilité donc que 236 jeunes Tunisiens aient pu échapper aux contrôles au moment de quitter Lampedusa et se volatiliser ainsi. Mais les mères ne se résignent pas. Elles sont prêtes à tout pour retrouver leurs enfants. «L’été dernier nous sommes allées à Tunis, pour rencontrer les familles» raconte Serena Boeri.

«Certaines de ces mères sont tellement irritées par le silence des institutions, les portes fermées, le refus de leur accorder des permis de séjour temporaires pour se rendre en Italie… qu’elles envisagent de monter toutes sur une barque pour venir elles même chercher leurs fils en Italie.»

Rebeh Kraiem confirmait il y a quelques jours: «un nouveau groupe de mères devrait arriver sous peu, elles attendent les visas».

Frapper à toutes les portes ensemble

Pour la représentante du collectif féministe «venticinqueundici», au-delà du drame vécu par les familles, «le fait que ces femmes puissent se regrouper, s’associer, aller frapper à toutes les portes ensemble, sans jamais démordre, c’est déjà un signe de changement». «Avant la révolution, elles auraient été réduites au silence, intimidées, voire arrêtées. L’émigration était un délit et tout complice était punissable par la loi», rappelle Serena Boeri.

Autour de la table en plastique rouge du bar de Piazza Vittorio, où ils s’étaient tous réunis pour raconter leur histoire, un des pères tunisiens, la cinquantaine, a l’air absent. Sa voisine de table, glisse d’un air entendu aux autres qui sont là:

«Lui, son fils est mort au moment de la traversée, on le sait, il le sait, mais il refuse de l’accepter».

Elle parle à voix basse, comme si elle avait peur que ces mots puissent porter malchance. Les autres se hâtent de détourner le regard et de changer de sujet.

En 2011, selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les Réfugiés, plus de 1.500 personnes sont mortes en Méditerranée en tentant la traversée vers l’Europe.

7/2/2013, Mathilde Auvillain

Source : Slate Afrique

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