SIEL 2024: Plannigramme
La reprise du procès du député néerlandais d'extrême droite Geert Wilders, jugé pour incitation à la haine raciale et à la discrimination envers les musulmans, a été marquée mercredi par la diffusion du film anti-islam "Fitna", dont le prévenu est l'auteur.
Le film de 17 minutes, qui accuse l'islam de vouloir détruire "la civilisation occidentale", a été projeté au tribunal d'Amsterdam sous le regard impassible de Geert Wilders, qui encourt un an de prison ou 7.600 euros d'amende.
"Je ne veux pas voir" le film, a déclaré aux juges une des plaignantes qui a quitté la salle d'audience à l'annonce de la projection de "Fitna", diffusé pour la première fois aux Pays-Bas en 2008.
M. Wilders, dont le Parti pour la liberté (PVV) a terminé troisième aux élections législatives du 9 juin, est poursuivi pour avoir notamment qualifié l'islam de "fasciste" et réclamé l'interdiction du Coran, comparé au livre "Mein Kampf" d'Adolf Hitler.
"Fitna" juxtapose des images d'attaques terroristes et des citations notamment tirées du Coran qui, selon M. Wilders, appellent au meurtre des non-musulmans. On peut également y voir une caricature du prophète Mahomet portant une bombe dans son turban.
"Nous ne nous sentons plus en sécurité aux Pays-Bas", affirme l'un des plaignants dans un témoignage lu mercredi par le juge Jan Moors: "M. Wilders nous verrait volontiers quitter la société néerlandaise (...) Bientôt, nos enfants ne pourront plus dire qu'ils sont musulmans ou à moitié marocains".
Le procès, qui s'était ouvert lundi et est retransmis en direct sur l'internet par la télévision publique néerlandaise, est prévu sur sept journées d'audience. Le jugement devrait être rendu le 4 novembre.
Le Parti pour la liberté (PVV), arrivé troisième aux élections législatives anticipées du 9 juin, a apporté son soutien à un futur gouvernement libéral-chrétien-démocrate.
Source : La Croix/AFP
Les députés français ont voté mercredi l'interdiction de retour en France pour un étranger en séjour irrégulier qui ne respecterait pas le délai de départ volontaire, une mesure dénoncée par l'opposition qui y voit un «bannissement».
Seules des raisons humanitaires pourront justifier de ne pas prendre cette interdiction, votée dans le cadre d'un projet de loi sur l'immigration qui est examiné par l'Assemblée nationale une semaine.
Le ministre de l'Immigration, Eric Besson, a justifié cette mesure par la nécessité de transposer dans le droit français la directive retour de l'Union européenne.
L'opposition de gauche a combattu cette mesure, de même que certains députés de droite.
À l'initiative du rapporteur du texte, Thierry Mariani (parti présidentiel UMP), la mesure avait été durcie en commission, la «possibilité» de l'interdiction devenant «une obligation».
Dans le cadre du même projet de loi, les députés ont déjà voté la déchéance de nationalité pour les Français naturalisés depuis moins de dix ans et condamnés pour meurtre d'agents dépositaires de l'autorité publique, une mesure réclamée par le président Nicolas Sarkozy et décriée par la gauche.
L'Assemblée a aussi adopté le principe de zones d'attente temporaires qui pourront être créées en cas d'arrivée d'un groupe d'au moins dix étrangers en dehors d'un point de passage frontalier.
Mercredi, la Cimade, une association d'aide aux étrangers, a rendu public mercredi un rapport dans lequel elle déplore un durcissement de la politique à l'égard des immigrés sans papiers, liée à la «volonté de faire du chiffre» en matière de reconduites aux frontières.
L'association s'inquiéte du sort des sans-papiers qui sont placés en centre de rétention administrative (CRA), les lieux de détention pour les clandestins dans l'attente d'une éventuelle expulsion.
La Cimade se dit en particulier choquée de la détention des enfants en même temps que leurs parents. Leur nombre a doublé en cinq ans (165 en 2004, 318 en 2009), selon elle. En 2009, 29 013 personnes sont passées par des CRA, de 154 nationalités différentes, avant leur expulsion.
Source : Agence France-Presse
Angela Merkel a déclaré mercredi que les musulmans devaient respecter la constitution plutôt que la loi islamique s'ils voulaient vivre en Allemagne, intervenant dans le débat sur l'intégration qui agite actuellement le pays.
La chancelière s'exprimait en réaction à des propos du président Christian Wulff qui a profité dimanche de son discours à l'occasion du 20e anniversaire de la réunification pour souligner que "l'islam aussi fait partie de l'Allemagne".
Elle a semblé s'adresser à ceux qui, au sein même de son parti chrétien-démocrate, la jugent trop "centriste" ou qui ont trouvé que le président Wulff, lui aussi chrétien-démocrate, était allé trop loin dans la défense de l'islam.
Merkel, qui est la fille d'un pasteur protestant et dirige un parti majoritairement catholique, a déclaré que Christian Wulff avait insisté sur les "racines chrétiennes et juives" de l'Allemagne.
"Bien sûr, il y a aussi des musulmans en Allemagne. Mais il est important (...) que les valeurs représentées par l'islam correspondent à notre constitution", a-t-elle ajouté.
"Ce qui s'applique ici, c'est la constitution, pas la charia."
Angela Merkel a encore déclaré que l'Allemagne avait besoin d'"imams éduqués en Allemagne et socialement implantés dans le pays". "Notre culture s'appuie sur des valeurs chrétiennes et juives depuis des centaines d'années, sinon des milliers d'années", a poursuivi la chancelière.
Le débat sur l'islam et l'immigration a été déclenché ces derniers mois par les prises de position de l'ancien membre de la Bundesbank Thilo Sarrazin accusant les musulmans, dans des discours et un livre, de profiter du système de protection sociale, de refuser de s'intégrer ou encore d'abaisser le niveau général d'éducation.
Thilo Sarrazin, qui a également évoqué un "gène particulier des juifs", expression qui revêtait selon lui un caractère positif, a été contraint de démissionner de la banque centrale mais des sondages montrent que son point de vue recueille des opinions favorables au sein d'une majorité d'Allemands.
Jean-Stéphane Brosse pour le service français
Source : L’Express/Reuters
Quatre associations ont déposé plainte mercredi contre un "fichier ethnique" de la gendarmerie française sur les Roms et gens du voyage, a annoncé jeudi William Bourdon, l'un de leurs avocats dénonçant un fichier "illégal" et "non déclaré".
L'existence d'un fichier de Roms a toujours été niée par les autorités françaises, sous le feu des critiques depuis l'annonce cet été par le président Nicolas Sarkozy d'un virage sécuritaire ciblant en particulier les Roms, dont les renvois en Bulgarie et Roumanie se sont accélérés.
La plainte, révélée par le journal Le Monde dans son édition datée de vendredi et à laquelle l'AFP a accédé, évoque des documents destinés à "effectuer une généalogie des familles tsiganes", émanant de l'Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI) dirigé par des gendarmes.
Une telle démarche "ne semble possible qu'avec l'utilisation d'un fichier", appelé "Mens" pour "Minorités ethniques non sédentarisées", selon les plaignants.
Selon la plainte, ce fichier est "à caractère ethnique", ce qui est interdit par la loi française et n'a pas été "déclaré" à la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil).
Source : Romandie/AFP
Les communautés juive et musulmane sont la cible d’actes délictueux. Les enquêteurs peinent.
Un sentiment de colère, de lassitude mais aussi d’impuissance est en train de monter face à la multiplication des actes d’intolérance qui frappent, depuis le début de l’année, Strasbourg et les communes voisines. En quelques mois, un homme portant la kippa a été agressé dans la rue par un déséquilibré, deux cimetières juifs et deux carrés musulmans ont été profanés, une église protestante a été incendiée, des tags islamophobes et des symboles nazis ont visé le gérant d’une société de distribution de viande halal, les véhicules d’un responsable de la communauté musulmane et du directeur franco-turc d’un cinéma ont été incendiés… Le week-end dernier, c’est le professeur de gynécologie Israël Nisand qui a découvert des croix gammées et des inscriptions antisémites à son domicile. Il venait de s’exprimer publiquement en faveur de la gratuité de la pilule contraceptive pour les mineures.
«Dialogue». La plupart des responsables politiques et religieux y voient l’œuvre de « groupuscules agissants » aux motivations variées qui « cherchent à mettre en péril le vivre ensemble », selon l’expression du sénateur-maire de Strasbourg, Roland Ries (PS). Pourquoi frapperaient-ils maintenant, dans sa ville ? Olivier Bitz (PS), adjoint au maire chargé des cultes et de la sécurité, procède par élimination et rejette la piste des tensions communautaires : «Ce qui est certain, c’est que le dialogue interreligieux est excellent. Les choses se passent très bien et il ne faudrait pas que ces actes gravissimes viennent contrarier la concorde.»«Il y a ici une réelle qualité de dialogue entre les cultes, qui n’est pas de façade et qui n’existe nulle part ailleurs, confirme Abdelaziz Choukri, délégué général de la Grande Mosquée de Strasbourg. C’est peut-être cela qui dérange les provocateurs et les semeurs de discorde…» «Je pense qu’il y a une volonté de nuire à Strasbourg, de mettre à l’épreuve son image de capitale européenne et des droits de l’Homme», avance encore Pierre Lévy, délégué régional du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France).
Minaret. Certains actes ciblent clairement la politique municipale en faveur de l’islam. Ainsi le domicile de Roland Ries a-t-il été souillé de tags peu après qu’il s’est déclaré favorable à la construction d’un minaret pour la grande mosquée de Strasbourg, dont le chantier subventionné par les collectivités locales touche au but. Au printemps, le conseil municipal a également voté à l’unanimité la création du premier cimetière public musulman de France.
Une initiative qui a ulcéré le conseiller régional FN Patrick Binder, organisateur d’un récent «apéro alsacien» à Strasbourg, sur le mode «saucisson-pinard». Aujourd’hui, ce dernier est montré du doigt. «Je ne pense pas qu’il soit à l’origine de ces actes, mais les actions qu’il mène encouragent le passage à l’acte», soutient ainsi Abdelaziz Choukri.
Alors que l’opposition réclame la convocation urgente d’un Comité intercommunal pour la sécurité et la lutte contre la délinquance ou l’installation de systèmes de vidéo-surveillance dans les cimetières, Roland Ries préfère contre-attaquer sur le terrain des idées. Il lance un «Appel de Strasbourg» contre les actes xénophobes et racistes, invitant les habitants à le signer en masse pour former « un front républicain de refus de l’inacceptable ». Il réclame également «l’accélération» des nombreuses enquêtes ouvertes. «Il est temps que l’une ou l’autre affaire soit élucidée pour qu’il y ait un effet dissuasif», estime également Pierre Lévy.
Coran brûlé. « Les gens sont conscients des moyens déployés pour les enquêtes, mais l’absence de résultats rend illisible l’action des pouvoirs publics», abonde Abdelaziz Choukri. Pour l’heure, les investigations butent sur le manque d’indices probants. « Des gens ont été interpellés suite aux éléments rassemblés, mais c’est resté sans suite parce qu’on n’avait rien pour les accrocher», commente le procureur adjoint de Strasbourg, Gilles Delorme. Une «cellule spéciale» a été mise en place au sein de la sûreté départementale, chargée de la plupart des enquêtes. Hier, le parquet a annoncé qu’un homme de 30 ans serait cité à comparaître pour «incitation à la haine raciale» après avoir posté sur Internet une vidéo où il brûle une édition du Coran puis urine sur les cendres «au nom de la liberté».
Source : Libération.fr
«20% de la population allemande est constituée de personnes issues de l’immigration», lance Dr. Gerhard Wahlers, secrétaire général adjoint de la Fondation allemande Konrad Adenauer Stiftung, lors du séminaire organisé par cette fondation, le 5 octobre 2010 à Tunis. Un chiffre qui démontre le poids économique qu’ont les migrants dans les pays de destination. Avec toutes les problématiques qui ont été évoqués quant à la question migratoire, leur rôle dans le développement économique n’est pas à négliger.
«Le développement économique de la République Fédérale d’Allemagne n’aurait pas pu être possible sans l’engagement de ces personnes et leur participation active», admet M. Wahlers. On affirme également que 65% des migrants issus du sud de la Méditerranée vivent en Europe, soit 13 millions de personnes alors qu’ils sont seulement 3,7 millions dans les pays du Golfe et 1,7 million dans le reste du monde. On dénombre également 500.000 immigrants clandestins chaque année. La croissance de la population migrante augmente d’année en année. En guise d’exemple, le nombre de migrants tunisiens en Italie croit de 5% annuellement. On estime, selon une étude de l’Union européenne, que les trois quarts des jeunes issus des pays du sud veulent immigrer.
La mise en place d’une politique de gestion des flux migratoires devient une urgence que les politiciens s’attèlent à concrétiser, ne cessent-ils de nous répéter. Mais il est vrai que cette question dépasse l’aspect social et économique pour concerner l’aspect politique, s’agissant ici de la souveraineté et de la sécurité de l’Etat. Comme l’indique Mme Isabelle Schäfer, de l’Université de Berlin, les pays européens adoptent une politique ambivalente vis-à-vis de la migration. «D’un côté, ils développent une approche sécuritaire par le contrôle des frontières à l’entrée. D’un autre côté, ils oeuvrent à la mise en place d’un espace de libre circulation et admettent qu’il y a un manque de ressources humaines et recourent à une politique de compensation par la migration», précise-t-elle.
Ce qui fait que l’Union européenne n’a pas encore adopté une politique migratoire commune à tous les Etats membres. Chaque pays adopte sa propre politique et l’harmonisation n’est pas encore à l’ordre du jour. «On se base ici sur le modèle du Best Practice. On suit l’expérience du voisin et on essaie d’en tirer les avantages», ajoute Mme Schäfer. La France, par exemple, essaie d’appliquer ce qu’on appelle l’immigration organisée ou choisie. Elle a déjà signé un accord de gestion concertée de l’immigration avec la Tunisie. A noter que près de 600.000 Tunisiens vivent en France, actuellement.
Politique migratoire sélective…
Par le biais de cet accord, les cadres tunisiens peuvent -théoriquement- immigrer vers la France en toute légalité et travailler dans les entreprises françaises. Une disposition qui n’est pas totalement appréciée par les uns et les autres. «Par cette immigration choisie, on crée un déséquilibre dans les pays du sud et ceux du nord en attirant les cadres hautement qualifiés. De cette façon, on encourage la fuite des cerveaux et on vide les pays du sud de leurs compétences», s’est indigné un intervenant au débat.
Avec 22 millions d’emplois à créer dans les dix prochaines années, l’Europe est en besoin intensif de main-d’œuvre qualifiée. La politique migratoire sélective de plusieurs pays européens peut être qualifiée d’agressive. Ce qui requiert de porter une plus grande attention à un meilleur équilibre entre l’offre et la demande et repenser cette politique qui profiterait mal aux pays du sud. Selon M. Michael Alexander Speiser, conseiller auprès du Parlement européen, il ne s’agit plus d’une sélection arbitraire. «Nous sommes prêts à accueillir les migrants si nous sommes en mesure de les accueillir correctement. Il faudrait, donc, se baser sur une politique d’intégration plus cohérente et plus équilibrée : ferme pour l’immigration clandestine et ouverte pour l’immigration légale et organisée», explique-t-il.
Cependant, il faudrait manier la critique avec doigté et accuser les Européens de vouloir "absorver" les cerveaux des pays du sud de la Méditerranée, puisque souvent ces derniers, en mal d'offres d'emploi -autrement dit confrontés à un sérieux problème de chômage- préfèrent voir leurs diplômés partir ailleurs...
Source : webmanagercenter.com
Exposition "Résonances" du CCME Quand les artistes marocains reconnus à l'étranger exposent au Maroc
Le Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger (CCME) organise, à partir d'aujourd'hui et ce jusqu'au 7 décembre au Musée de Marrakech dans le cadre des parcours artistiques proposés par la Marrakech Art Fair, une exposition collective intitulée “Résonances, artistes marocains du monde”. Détails.
L'exposition “Résonances, artistes marocains du monde” proposée par le CCME à partir d'aujourd'hui et jusqu'au 7 décembre au Musée de Marrakech présentera pour la première fois au Maroc un grand nombre d’artistes marocains de l’étranger, tous reconnus ailleurs.
Une initiative inédite où les artistes se font écho
“Elle réunit une quinzaine d’artistes contemporains et se propose de mettre en évidence les correspondances géographiques, culturelles et émotionnelles dont se nourrissent leurs créations”, souligne le communiqué de l'évènement.
Ainsi, le public pourra admirer les œuvres de Aziza Alaoui, Wafae Ahalouch El Keriasti, Chourouk Hriech, Charif Benhelima, Fouad Bellamine, Hicham Benohoud, Mohamed El Baz, Lalla Essaydi, Mounir Fatmi, Bouchra Khalili, Najia Mehadji, Malik Nejmi, Ilias Selfati, Abderrahim Yamou et Mohamed Ezoubeiri.
“Vivant en Europe et sur le continent américain, chacun de ces artistes recourt à différents médiums (peinture, dessin, installation, vidéo, photographie) pour créer des œuvres reliant les deux cultures, se faisant ainsi l’écho d’interférences créatives passionnantes entre le Maroc et le monde”, explique Brahim Alaoui, le commissaire artistique de l'exposition.
Au-delà des frontières
Ainsi, ce rendez-vous permet en quelque sorte de passer au-delà des frontières.
Car qu'est-ce qui unit ces artistes? C'est vivre, pour reprendre l’expression du peintre Joachim Pissaro évoquant l'oeuvre de Mahi Binebine, “dans cet entremonde”.
“Un entremonde parcouru de tensions, de chocs, d’oppositions, dont les scènes artistiques, complexes, porteuses de contradictions diverses, apparaissent comme les symptômes les plus flagrants” (Le paradoxe de la conscience in Mahi Binebine. Ed. Atelier K).
Ces œuvres exposées témoignent ainsi des identités plurielles, mixtes, en fusion, assumées, et qui enrichissent les créations, les rendent parfois troublantes voire ambivalentes pour l’amateur, mais qui épousent l’universel.
Une exposition comme un trait d'union entre des mondes.
Source : Aufait
Homophobie, racisme, course aux chiffres, sexisme: une ex-adjointe de sécurité (ADS), Sihem Souid, publie un rare réquisitoire dénonçant "omerta" et "discriminations" à la police aux frontières (PAF) service de pointe dans le contrôle de l'immigration.
Française d'origine tunisienne, aujourd'hui adjointe administrative à la préfecture de police de Paris, Mme Souid, 29 ans, explique dans un entretien à l'AFP "avoir subi ou vu tellement de choses graves" qu'elle "ne (peut) plus se taire".
Elle sait qu'elle s'expose à une révocation pour avoir enfreint le devoir de réserve, mais dit ne pas pouvoir "cacher plus longtemps des actes illégaux dont (elle a) été témoin".
"Je me battrai jusqu'au bout", lance-t-elle, car il faut briser l'"Omerta dans la police", titre de son livre (le 14 octobre aux Editions du Cherche-Midi).
Interrogés sur le livre, des syndicats de police se disent "prudents".
Par ailleurs l'ancien responsable de la PAF, le commissaire Alain Bianchi, mis à la retraite après avoir été écarté pour "abus de pouvoir", selon Mme Souid, qu'elle met en cause en termes virulents, nie ces accusations. Il a indiqué à l'AFP se réserver la possibilité de porter plainte pour diffamation.
L'éditeur de Mme Souid s'est entouré d'un luxe de précautions afin d'éviter les fuites. Il affirme même craindre une saisie. Celle-ci n'est pas à l'ordre du jour, a répondu à l'AFP la direction générale de la police nationale.
Le livre est une longue série de graves accusations contre une "minorité" de policiers, chargés du contrôle de l'immigration à la PAF.
L'ouvrage fourmille d'exemples dont l'auteur dit détenir les "preuves", mais non publiées en annexes comme prévu initialement.
Sihem Souid, entrée "par vocation" dans la police, s'est retrouvée ADS (anciens emplois jeunes de la police) à la PAF d'Orly -300 policiers sur plus de 7.000 en France - après un passage comme cadre à la Brink's (transports de fonds).
Mais la jeune femme déchante vite, confrontée, accuse-t-elle, à des cas de sexisme, maltraitance d'immigrés, homophobie, passe-droits de la hiérarchie, course effrénée aux chiffres.
"Le langage courant de la PAF, c'est +Je vais contrôler les bougnoules+ ou +Tiens, voilà encore un avion de nègres+", écrit-elle.
Elle cite le cas d'une femme venant de Brazzaville (Congo) interpellée car soupçonnée de clandestinité. Son mari est "victime de violences", elle se retrouve nue dans une cellule au vu de tous, filmée par un policier avec un portable.
Il y a dix expulsions illégales par semaine à Orly, affirme-t-elle, ajoutant que les victimes de "comportements discriminatoires" sont monnaie courante à la PAF d'Orly.
Mme Souid avait pris la tête d'une fronde judiciaire avec six collègues et porté plainte en 2008, notamment pour discrimination. Plainte classée sans suite en 2009.
Sihem Souid affirme avoir porté plainte devant un juge d'instruction et saisi la Haute autorité de lutte contre les discriminations, où son cas susciterait des "réserves", selon des sources proches de cette institution. Une "décision a été prise et va être notifiée aux parties", a simplement déclaré la Halde.
Source : AFP
L'Assemblée nationale a voté, mardi 5 octobre, au cours de débats animés qui se sont prolongés en séance de nuit, trois dispositions du projet de loi sur l'immigration qui ont fait l'objet de vives critiques des députés de gauche et de certains députés de la majorité.
Mesure d'éloignement des étrangers
Cette proposition du gouvernement qui vise à faciliter l'éloignement des étrangers, y compris les ressortissants de l'Union européenne, fait partie d'un ensemble de dispositions qui visent plus particulièrement les Roms. Pourront ainsi être reconduites dans leurs pays d'origine les personnes qui, autorisées à un séjour de moins de trois mois, "représentent une charge déraisonnable pour notre système d'assistance sociale". Le ministre de l'immigration, Eric Besson, a fait valoir que sa proposition n'était que la transposition en droit français d'une directive communautaire.
Le député UMP Etienne Pinte a fait remarquer que cette directive prévoyait l'obligation, pour l'Etat, de prouver cette "charge déraisonnable" pour les séjours compris entre trois mois et cinq ans. "Le faire sur une période de trois mois serait contraire au droit communautaire", a-t-il estimé.
Droit de séjour des "étrangers malades"
Les députés de gauche et certains députés de la majorité se sont également opposés à la mesure visant à limiter l'accès au séjour aux "étrangers malades", que le rapporteur du texte sur l'immigration, le député UMP Thierry Mariani, avait fait adopter en commission le 15 septembre. M. Mariani a fait valoir que la notion de "non-accès effectif" aux soins dans le pays d'origine, contenue dans la loi Chevènement de 1998, était interprétée de façon "très généreuse" par le Conseil d'Etat, faisant peser une obligation "déraisonnable" sur le système de santé français.
Pour corriger cette "dérive", M. Mariani avait proposé de remplacer cette notion par celle d'"inexistence" du traitement dans le pays d'origine. Dans un souci de conciliation, Eric Besson a proposé de remplacer ce terme par le mot "indisponibilité". "C'est cynique, a lancé Martine Billard (Parti de gauche). Inexistence ou indisponibilité revient au même !" Le centriste Jean Dionis du Séjour, qualifiant la mesure proposée par le projet de "recul", a plaidé en faveur de "ces gens qui nous arrivent très malades". Le villepiniste Jean-Pierre Grand a, quant à lui, accusé le gouvernement de "porter une fois de plus atteinte à l'image de la France".
Les "mariages gris"
La mesure visant à punir les "mariages gris", qui prévoit sept ans de prison et 30 000 euros d'amende, a aussi suscité de nombreuses critiques. "Comment décidera-t-on qu'un étranger a volontairement trompé son conjoint sur ses sentiments ?", a demandé Etienne Pinte, soulignant que "certains couples mixtes sont déjà confrontés à un véritable parcours du combattant".
"Vous allez créer des situations inextricables", a renchéri le député socialiste Christophe Caresche, qui a fait remarquer qu'il serait "difficile, pour un juge, de prouver que la volonté matrimoniale d'un des conjoints était absente". Eric Besson a estimé normal que la pénalisation des mariages "gris" soit plus sévère que celle des mariages "blancs", où la fraude concerne les deux parties.
L'examen du texte sur l'immigration se poursuivra dans la journée de mercredi. Les débats devraient revenir sur une mesure transposant la directive européenne "retour", qui prévoit d'interdire l'entrée sur le territoire européen pendant deux à cinq ans à tout sans-papiers sous le coup d'une obligation de quitter le territoire.
Source : Le Monde
L'exposition se tient du 7 octobre au 7 décembre au musée de Marrakech
Ils sont quinze artistes marocains venus du monde entier à exposer leurs œuvres au musée de Marrakech. Chacun son style et son empreinte, ils réunissent tous leurs œuvres sous le toit du musée de Marrakech, du 7 octobre au 7 décembre.
Après des années passées à l'étranger, ces quinze hommes et femmes marocains du monde se rencontrent lors de l'exposition «Résonances» organisée dans le cadre de la première édition de la foire internationale « Marrakech Art Fair ».
A l'origine de cette initiative, le Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger qui présente pour la première fois au Maroc un grand nombre d'artistes marocains de l'étranger, tous reconnus ailleurs. Driss El Yazami, président du CCME explique :«cette manifestation confirme s'il en était encore besoin, l'extraordinaire ébullition de la scène artistique marocaine qui a connu depuis une décennie un développement significatif. Dans ce mouvement fécond, cette exposition témoigne aussi des mutations de l'émigration et de la création marocaine.»
Ce sont donc quinze artistes qui partagent leurs expériences et racontent leurs parcours en œuvres.
Photographies, peintures, dessins, installations et vidéos se côtoient dans le même espace pour dévoiler le vécu de chaque artiste, divulguer ses secrets et déclarer son amour pour son pays d'origine, un Maroc qu'il a porté dans son cœur et dans son âme au fil des pays parcourus, des villes visitées. Un pays qu'il n'a de cesse au fil des toiles et des créations. Installées dans le monde, les œuvres de ces créateurs qui n'ont émigré de nulle part, entretiennent avec l'origine une dynamique tenace et fertile, sans cesse renouvelée. Par le pinceau, l'appareil photo ou la caméra, ces artistes reflètent leur double appartenance à deux cultures différentes. Leurs œuvres, se présentent comme un pont entre deux régions, se faisant ainsi l'écho d'interférences créatives passionnantes entre le Maroc et le monde.
Inscrite dans une diversité sans limites, «Résonances» rassemble des créateurs de divers horizons. Ils se distinguent par la singularité de leur style et la pluralité de leurs parcours et leurs œuvres. Le commissaire de l'exposition, Brahim Alaoui explique « La convergence de destins de ces artistes ne doit pas masquer la pluralité des œuvres et des vécus. L'esthétique du métissage qui est la leur est avant tout le fruit de leur élaboration personnelle et de leurs trajectoires singulières porteuses de leur propre altérité. »
C'est dans ce contexte que l'exposition «Résonances» prend son sens. Présentant les œuvres récentes de quinze artistes contemporains issus de la diaspora marocaine, elle se veut un catalyseur d'expressions, certes enracinées dans une expérience personnelle, mais dont le propos s'ouvre de façon plus universelle sur le devenir de l'homme dans un monde changeant.
Passeurs d'art
Selon Brahim Alaoui, certains artistes d'origine marocaine, dont la sensibilité est marquée par ce tissage de liens culturels et affectifs avec la Méditerranée, ont choisi d'œuvrer dans l'entre-deux, de puiser leur inspiration dans leur double identité. Leur parcours individuel et leur talent les conduisent à penser l'identité et l'altérité – ici et l'ailleurs – comme facteurs d'inventivité. Ils contribuent à élaborer dans leur pays d'accueil la culture en devenir et jouent une sorte d'interface avec l'autre rive de la Méditerranée puisqu'ils participent, par leurs œuvres et leur présence sur les lignes frontalières, à la création de liens, à l'évolution de la pensée et à la transformation des mentalités. Ce jeu de miroirs permet ainsi au champ artistique des pays du Nord et du Sud de s'ouvrir à la différence et à la diversité des cultures.
Source : Le Matin
"Résonances" est l'intitulé d'une exposition d'oeuvres d'artistes marocains contemporains du monde, qui se tiendra du 7 octobre au 7 décembre au Musée de Marrakech, à l'initiative du Conseil de la Communauté marocaine à l'étranger (CCME).
Placée sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, cette manifestation artistique riches en couleurs, est organisée dans le cadre de "Marrakech Art Fair", première foire d'art contemporain marocain, indique un communiqué du CCME.
Ce sont donc quinze artistes marocains contemporains du monde, qui témoignent comme le souligne Driss El Yazami, président du CCME, "des mutations de l'émigration et de la création marocaines (...) et de ces identités plurielles, mixtes, assumées", qui prendront part à cet événement phare des arts plastiques.
La même source ajoute que la richesse des oeuvres, le nombre des créateurs et la diversité de leurs parcours font de cette exposition une avant- première.
Issus de six pays de résidence différents (France, Belgique, Etats-Unis, Mexique, Espagne, Pays-Bas),
Il s'agit des artistes: Aziza Alaoui (Mexique), Wafae Ahalouch El Keriasti (Pays-Bas, Allemagne), Chourouk Hriech (France), Charif Benhelima (Belgique), Fouad Bellamine (Maroc, France), Hicham Benohoud (France), Mohamed El Baz (Maroc, France), Lalla Essaydi (Etats-Unis), Mounir Fatmi (France, Maroc), Bouchra Khalili (France), Najia Mehadji (France, Maroc), Malik Nejmi (France), Abderrahim Yamou (France, Maroc), Ilias Selfati (Espagne, France, Etats-Unis), et Mohamed Ezoubeiri (Etats-Unis).
Ces artistes proposent au public des oeuvres sous différents supports : peinture, vidéo, photographie, dessin ou installation.
Au total, plus de 50 oeuvres qui, comme l'explique Brahim Alaoui, commissaire de l'exposition, "relient les deux cultures, se faisant ainsi l'écho d'interférences créatives passionnantes entre le Maroc et le monde (...) et mettent en évidence les correspondances géographiques, culturelles et émotionnelles dont se nourrissent ces créations ", indique la même source.
Institution nationale consultative et de prospective, le CCCME, de par ses missions de prospective et de conseil sur la question de l'émigration, encourage les initiatives permettant de faire connaître au sein des communautés marocaines le patrimoine culturel dans sa diversité ainsi que la création plurielle au sens large (littérature, musique, arts plastiques).
L'une des préoccupations premières du CCME est en effet l'élaboration d'une offre culturelle diversifiée et de qualité, qui permette d'une part de diffuser au sein de l'émigration les arts et cultures populaires, mais aussi la création contemporaine plurielle, et d'autre part de témoigner au Maroc même du dynamisme culturel des populations et des créateurs de l'émigration.
Le CCME contribue ainsi au renforcement de l'offre culturelle du Maroc par de nombreuses actions, entre autres, l'édition de CD de musique, la traduction et la publication d'Âœuvres d'auteurs marocains, le soutien aux manifestations culturelles des acteurs associatifs marocains dans les pays de résidence, et la présence des artistes marocains de l'étranger dans plusieurs festivals au Maroc.
Le CCME met en place durant le dernier trimestre 2010 deux manifestations de taille à savoir : l'exposition Résonances regroupant 15 artistes marocains du monde à Marrakech et l'exposition d'André El Baz, plasticien marocain vivant à Paris, en partenariat avec la Fondation ONA, à la Villa des arts de Casablanca, puis à celle de Rabat, en novembre 2010, lit-on dans le document.
Source : MAP
Parmi les structures qui visent le développement de la Formation et l’accès à la qualification des jeunes et adultes. L’Institut Émergences & Développement propose la création d’une École de la 2e Chance au Maroc sous le modèle du projet européen. L’Institut travaille sur l’orientation des jeunes et adultes vers les métiers du sanitaires et sociaux avec la création d’un organisme des métiers du Médico-Social avec des agréments européens. Les stagiaires auront l’opportunité de valider compétences par le biais de stages en France et Canada.
L’association a crée suite un réseau de femmes cadres d’Ile de France qui se mobilise dans l’accompagnement vers l’emploi et la création d’entreprises de femmes marocaines en situation d’handicap, et la mise en place d’une cellule de conseil et d’aide juridiques des retraités Marocains résidant à l’étranger….Suite
Projet de loi sur l'immigration : la directive "retour" longuement débattue par les députés français
La mesure issue de la directive européenne dite "retour", prévoyant d'interdire le retour sur le territoire européen à tout sans-papiers sous le coup d'une obligation de quitter le territoire, a été longuement débattue tard dans la soirée de mardi par les députés de l'Assemblée française…Suite
La délégation marocaine, composée des présidents des Chambres des représentants et des conseillers, respectivement M. Abdelouahed Radi et Mohamed Cheikh Biadillah et de parlementaires des deux chambres, a poursuivi, mardi à Genève, sa participation aux travaux de la 123ème Assemblée de l'Union interparlementaire (UIP) et Réunions connexes, qui se déroulent à Genève jusqu'à mercredi.
Intervenant lors de la réunion spéciale sur le thème "Migrations et développement", Mme Khadija Ezzoumi, membre du Groupe Istiqlal à la Chambre des conseillers a rappelé la tenue au Maroc en juillet 2006 de la Conférence ministérielle Euro-Africaine sur la Migration et le Développement et les recommandations sur lesquelles cette rencontre a débouchées et qui constituent, a-t-elle dit, une réponse appropriée à la problématique de la migration. Elle a fait savoir que cette problématique ne peut être traitée indépendamment du contexte économique général et sans tenir compte des exactions physiques et psychologiques dont sont victimes les migrants, particulièrement les enfants et les femmes.
Elle a relevé que le débat récurrent qui s'organise autour de cette question au sein d'instances internationales, d'associations et au sein de l'Union interparlementaire ne débouche pas sur des décisions et résolutions applicables sur le terrain, de sorte que ce débat s'avère infructueux.
Aussi, a-t-elle indiqué, le 4ème Forum mondial sur la migration et le développement qui se tiendra au Mexique en novembre prochain sur le thème "Partenariats pour les migrations et le développement humain: prospérité partagée - responsabilité partagée" se devra-t-il de poser les vraies questions concernant cette problématique.
Mme Ezzoumi a, d'autre part, évoqué l'injustice au niveau des salaires, du travail et du logement qui frappe trois millions de migrants marocains, dont plus de dix mille chercheurs dans les pays d'accueil.
Elle a, en outre, insisté sur le danger que représente l'immigration clandestine dans la région du Sahel et le trafic de drogue, d'êtres humains et d'armes et le développement du terrorisme qu'elle génère, faisant remarquer que le Maroc a pu, grâce à la coopération, réduire de 80 pc le flux des immigrés clandestins.
De son côté, Mme Latifa Bennani Smires, présidente du Groupe Istiqlal à la Chambre des représentants, a pris part à une Réunion-débat, dans le cadre de la 1ère Commission permanente de la paix et de la sécurité internationale de l'UIP autour du thème "Prévenir la violence électorale et assurer une transition politique sans heurt".
Mme Smires a mis en exergue les efforts déployés au Maroc pour améliorer, sans cesse, les mécanismes conduisant à des élections honnêtes et de plus en plus transparentes. Elle a fait savoir que l'opération électorale est supervisée au Maroc par la justice aux plans local et national. Elle a aussi cité la neutralité de l'autorité et le contrôle du financement des élections.
Ces mécanismes, a-t-elle dit, sont opérationnels au Maroc et ont fait que l'ensemble des acteurs ayant participé aux dernières élections, ont reconnu que l'autorité était neutre et que la consécration de la probité des élections est sur bonne voie.
L'opération électorale au Maroc, a-t-elle ajouté, donne l'occasion de réviser et d'affiner les moyens qui permettent de garantir l'égalité des chances et la transparence, ainsi que la participation effective de tous les acteurs à la vie politique dans le cadre des institutions élues, le Maroc étant un pays pluraliste.
Mme Smires a, par ailleurs, signalé que la violence électorale est répandue dans les régions du monde qui détiennent les sources de richesse (énergie ou matières premières), stratégiques ou dans des entités disposant de la possibilité de l'unification dans le cadre national ou fédéral, soulignant que les interférences extérieures ont joué un rôle capital dans la division de ces micro-Etats.
La délégation marocaine comprend également M. Mohamed Ibrahimi, membre du Groupe socialiste (USFP) à Chambre des représentants.
Source : MAP
La Commission européenne et la Libye ont envisagé des actions communes pour lutter contre l'immigration clandestine, sans aborder leur financement, a annoncé mardi soir une délégation européenne de haut rang au terme d'une visite de deux jours en Libye.
"Nous avons signé un agenda de coopération qui couvre plusieurs volets à commencer par les racines de l'immigration, la surveillance des frontières et le combat contre le trafic d'êtres humains", a déclaré Cécilia Malmström, commissaire européenne chargée des questions d'immigration.
Selon un communiqué conjoint, la Libye et l'UE affirment être d'accord sur une "liste d'initiatves pour une éventuelle coopération", comprenant notamment "des mesures concrètes pour un système de surveillance des frontières", les problèmes liés à la mobilité et "le dialogue sur les réfugiés".
Mme Malmström a reconnu qu'il existait toujours des divergences sur la convention de Genève sur les réfugiés, que la Libye refuse de signer.
"Mais nous sommes d'accord pour travailler ensemble en vue de garantir les droits des plus vulnérables et la protection des réfugiés", a-t-elle dit lors d'une conférence de presse conjointe avec son collègue chargé des accords de coopération entre l'UE et ses voisins, Stefan Füle.
Sur la question du financement, Mme Mamström a estimé qu'il fallait "d'abord étudier les programmes de coopération avant de parler financement".
Au sujet des 5 milliards d'euros par an réclamés par Tripoli pour "stopper définitivement" l'immigration clandestine à partir de ses côtes, elle a affirmé avoir évoqué ce chiffre avec les ministres libyens des Affaires étrangères Moussa Koussa et de l'Interier Abdelfatteh El Obeidi.
"Les deux ministres ont assuré que ce montant n'est pas destiné à la Libye seule mais à toute l'Afrique", pour favoriser le développement dans les pays d'origine, a-t-elle dit, affirmant que l'UE accordait déjà 5 milliards d'euros d'aide à l'Afrique et allait financer un programme de lutte contre l'immigration clandestine en Libye doté de 50 millions d'euros.
Les deux commissaires revenaient de la ville de Koufra, un no man's land situé à 2.000 kilomètres au sud-est de Tripoli, aux confins des frontières égyptiennes, tchadiennes, soudanaises et nigériennes, où ils ont visité des postes de surveillance de frontière et rencontré des migrants détenus dans le centre de rétention de la ville.
"Nous avons aussi pris connaissance des routes suivies par les contrebandiers et les immigrants et des difficultés de surveiller les frontières dans des régions désertiques dangereuses et nous avons discuté avec les autorités libyennes de l'assistance qui pourrait être apportée aux émigrés qui arrivent dans cette région au bout d'un voyage pénible à travers le désert", a déclaré Mme Malmström.
Les négociations entamées depuis novembre 2008 entre Bruxelles et la Libye en vue de la conclusion d'un vaste accord de partenariat, et qui peinent à ce jour à progresser, ont été également au centre des entretiens de la délégation européenne à Tripoli.
M. Füle a souligné la "volonté des deux parties de rattraper le retard" et de signer cet accord pendant la première moitié de l'année 2011.
Avec ses 1.770 km de frontières maritimes, la Libye qui partage plus de 4.000 km de frontières avec ses six voisins africains, est un pays de destination et de transit d'immigrés originaires notamment de l'est et du sud de l'Afrique, vers Malte ou Lampedusa (Italie).
Source : AFP
Agés de 17 ans, Youssef et Tahar sont les fils d'Atiq 8enchikar, journaliste et animateur à 2M, et jumeaux. Depuis l'âge de 7 ans, ils vivent à Amiens et passent toutes leurs vacances au Maroc.
Le Magazine VH les choisit pour rebondir sur le sondage effectué par le CCME (Conseil de la communauté marocaine à l'étranger) auprès de jeunes MRE sur leur intégration dans leur pays de résidence et leurs liens avec le Maroc. En bons jumeaux , leurs deux voix n'en font qu'une ...Suite
Dans le cadre de sa démarche de concertation avec la société civile, le Conseil consultatif a organisé une rencontre avec les associations des droits de l'Homme.
Dans le cadre du débat national lancé autour de l'élaboration d'un projet de loi visant la lutte contre le phénomène de la traite des personnes, le Conseil consultatif des droits de l'Homme a organisé lundi dernier à Rabat une rencontre de concertation avec les associations des droits de l'Homme autour du même sujet.
Cette rencontre tenue suite à une première réunion organisée en septembre dernier par le conseil avec les secteurs gouvernementaux et les institutions nationales concernées s'inscrit dans le cadre de la finalisation d'un projet d'étude que prépare le Conseil sur le phénomène de la traite dans le cadre de la mise en œuvre de ses prérogatives dans le domaine de la protection et de la promotion des droits de l'Homme. La première mouture du projet a été présentée lors de la dernière session du Conseil tenue durant le mois de juillet dernier.
D'après le président du Conseil consultatif des droits de l'Homme, Ahmed Herzenni, le conseil a adopté une approche des droits de l'Homme participative et intégrée prenant en considération la réalité du phénomène, les efforts nationaux engagés dans la lutte contre ce dernier, ainsi que les moyens de coopération internationale, régionale et les expériences comparées dans ce domaine dans une optique visant à protéger la dignité des personnes.
D'après le même responsable, le phénomène de la traite des personnes est considéré par le CCDH comme une violation grave aux droits de l'Homme vu qu'il viole le droit global de l'homme à la vie, à la liberté et à l'émancipation et qu'il porte atteinte à la vie de l'enfant et aux femmes. Des principes que l'on retrouve également dans le protocole additionnel à la convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes en particulier des femmes et des enfants.
Ce protocole définit la traite des personnes comme étant le recrutement, le transport, le transfert et l'hébergement ou l'accueil de personnes par la menace de recours ou le recours à la force où à d'autres formes de contrainte par enlèvement, fraude, tromperie, abus d'autorité ou d'une situation de vulnérabilité ou par l'offre ou l'acceptation de paiements ou d'avantages pour obtenir le consentement d'une personne ayant autorité sur une autre aux fins d'exploitation.
L'exploitation comprend dans ce sens l'exploitation de la prostitution d'autrui ou d'autres formes d'exploitation sexuelle, le travail ou les travaux forcés, l'esclavage ou les pratiques analogues à l'esclavage, la servitude ou le prélèvement d'organes.
L'étude réalisée par le CCDH fait donc le point sur l'évolution du phénomène du trafic des personnes dans le contexte international et régional à travers des données statistiques.
Elle étale également les différents mécanismes et organisations internationales concernées et leurs actions ainsi que les multiples bonnes pratiques et expériences au niveau national en la matière.Le document fait état également de la situation au Maroc, des mécanismes mis en place pour lutter contre le trafic des personnes et formule des recommandations et propositions concernant deux volets, à savoir le cadre législatif et institutionnel.
Concertations avec les acteurs institutionnels
Il est important de souligner que le Conseil consultatif des droits de l'Homme a participé dans le cadre de la préparation de cette étude à plusieurs rencontres internationales sur la question de la traite des personnes et a pris connaissance des expériences réussies et des bonnes pratiques dans le domaine. Il a ainsi étudié les conventions internationales relatives à la question et considéré les statistiques et données existantes.
Le conseil a veillé également, dans le cadre de la préparation de cette étude, à s'ouvrir sur les différents acteurs gouvernementaux, institutionnels, politiques et de la société civile en vue de s'informer sur leurs propositions et leurs recommandations s'inscrivant ainsi dans le cadre d'une approche globale et participative visant à lutter contre ce phénomène sur le plan législatif et institutionnel.
Source : Le Matin
Pour justifier le durcissement de sa politique anti-immigration, le gouvernement prétend que l’évidence statistique permet d’établir un lien de causalité entre immigration et délinquance. Deux questions se posent. Est-ce que les données françaises permettent réellement de tester ce lien de causalité ? Quelle est l’évidence disponible dans les pays étrangers ?
Les économistes se sont intéressés aux questions de crime et de délinquance depuis Gary Becker. Selon ce dernier, s’engager dans une activité criminelle plutôt que dans une active légale résulte d’une comparaison entre lescoûts, les risques et les bénéfices des deux activités. Le modèle initial s’est depuis enrichi pour prendre en compte le rôle des interactions sociales entre individus comme les effets d’émulation («peer effects»). Cette approche a permis de mettre à jour l’effet statistique de l’âge, du niveau d’éducation, des opportunités sur le marché du travail, et de l’activité policière dans le risque de délinquance. En conséquence, établir le rôle causal d’un déterminant additionnel de l’activité délinquante - par exemple, le statut d’immigré - nécessite de contrôler les caractéristiques dont le rôle est déjà connu, comme l’âge ou le niveau d’éducation.
Les données fournies en France par les forces de police de gendarmerie sur des personnes mises en cause dans des crimes et délits ne donnent que trois caractéristiques démographiques : le sexe, le statut (majeur ou mineur) et la nationalité (étrangère ou française). Si on exclut les violations à la législation sur le séjour des étrangers, le pourcentage d’étrangers mis en cause est autour de 11 à 12 %. Un premier problème déjà soulevé est que le pourcentage d’étrangers ne peut être comparé au pourcentage d’immigrés dans la population française (6 %) puisque ce dernier chiffre ne se réfère qu’aux étrangers résidents en France.
Un problème plus fondamental est qu’en absence d’informations sur l’âge ou le niveau d’éducation, il est impossible de conclure que la nationalité joue un rôle additionnel dans la délinquance. Ce chiffre de 12 % peut refléter non pas la surreprésentation des étrangers dans la délinquance mais seulement leur surreprésentation dans des catégories d’âge, d’éducation ou de situation socio-économique qui sont associées à un risque de délinquance accrue. En conséquence le lien de causalité entre immigration et délinquance n’est pas établi en France.
Au contraire des données françaises, les données américaines permettent de contrôler les caractéristiques démographiques et d’éducation mais aussi de différencier l’origine des immigrés. Le fait majeur mis au jour par les économistes Kristin Butcher et Anne Morisson est que les immigrés ont des taux d’incarcération cinq fois moins élevés que les citoyens nés aux Etats-Unis qui ont le même niveau d’éducation. Ce fait s’explique non pas par le risque d’expulsion des immigrés condamnés mais par une sorte d’autosélection des candidats à l’immigration qui les rend moins susceptibles de commettre des crimes et délits. Les données américaines permettent aussi de mesurer la délinquance de la seconde génération d’immigrants. Le taux de délinquance de la seconde génération d’immigrants est nettement plus fort que celui de la première génération et équivalent ou légèrement supérieur à celui des citoyens de même niveau d’éducation et nés de parents américains.
Au Royaume-Uni, une équipe de recherche menée par Steven Machin a étudié les effets sur la délinquance de deux vagues successives d’immigration. La première vague, à la fin des années 90, correspond à l’afflux de demandeurs d’asile en provenance de pays en guerre (Afghanistan, Irak et Somalie). La seconde vague, à partir de 2004, résultait de la décision prise par le Royaume-Uni d’ouvrir immédiatement, à la différence de la France, son marché du travail aux nouveaux pays accédants à l’Union européenne (Pologne, Hongrie, etc..).
Les résultats de l’étude montrent qu’aucune des deux vagues n’a été associée à une hausse des violences contre les personnes. Seule la première vague fut suivie d’une légère hausse du taux d’atteinte aux biens (de 2,5 à 2,7 %). Au final, l’étude valide le modèle de Gary Becker : les opportunités de travail légal constituent un déterminant essentiel du niveau de délinquance. Les immigrants de la première vague eurent un accès difficile au marché du travail parce qu’ils devaient attendre longtemps la décision finale sur leur demande d’asile alors que ceux de la seconde vague furent rapidement intégrés.
Romain Rancière est chercheur à l’Ecole des Ponts et Chaussées et professeur associé à l’Ecole d’économie de Paris.
Source : Libération.fr
"La protection des droits humains aux frontières" est le thème d'une Conférence internationale organisée, mardi à Oujda, à l'Initiative de l'Association Beni Znassen pour la culture, le développement et la solidarité (ABCDS).
Les politiques migratoires, la protection des droits des migrants et des réfugiés aux frontières internes et externes de l'Europe, les politiques de rétention et d'expulsion, les alternatives citoyennes ou encore le rôle des sociétés civiles du Sud, sont autant de sujets soulevés par les intervenants.
La rencontre, qui a connu la participation de représentants d'Associations et de Réseaux nationaux et internationaux des pays du Sud et du Nord qui œuvrent notamment pour la promotion et le respect des droits fondamentaux des migrants, des demandeurs d'asile et des réfugiés, a constitué aussi une occasion pour faire un état des lieux, échanger les expériences et engager une réflexion sur les actions et les efforts à déployer dans ce domaine.
Les intervenants, tout en estimant que les mesures exclusivement répressives ne peuvent stopper la migration, ont plaidé en faveur d'un véritable changement des politiques internationales dans ce domaine afin de consacrer le respect des droits fondamentaux de la personne et des obligations internationales découlant de la Déclaration universelle des droits de l'Homme et des conventions et pactes internationaux.
Certains participants ont appelé au renforcement de la collaboration entre les différentes parties que sont les pays d'origine, de transit et d'accueil pour mieux résoudre les questions liées à l'immigration et assurer la protection des groupes vulnérables de migrants, loin des réflexes xénophobes et des mesures discriminatoires.
Ils ont, de même, mis l'accent sur le rôle que peuvent jouer les sociétés civiles pour "infléchir les politiques européennes" dans ce domaine et plaider pour des lois et des solutions concrètes qui préservent la dignité humaine.
"Les politiques européennes en matière d'asile et d'immigration sont très restrictives et sont conçues dans l'optique de limiter l'accès au territoire européen aux personnes qualifiées", a estimé Diane Kitmun, du Groupe d'information et de soutien des immigrés (GISTI) en France, dans une déclaration à la MAP, mettant l'accent sur "les conséquences de ces orientations au sein même de l'UE".
Après avoir rappelé que la migration est un phénomène planétaire, elle a indiqué qu'il faudrait "arrêter d'être dans cette logique d'immigration choisie et aller vers une politique de libre-circulation".
Les Associations de la société civile peuvent jouer un rôle important tant au niveau juridique que politique, a-t-elle noté, faisant remarquer que le GISTI agit sur ces deux aspects.
Source : MAP
Des Etats-Unis à l'Europe, partout le débat s'envenime autour de la religion musulmane et des menaces que fait peser l'islamisme sur les sociétés occidentales. Un terrain fertile pour les amalgames, les manipulations, l'exploitation des peurs. L'Express décrypte ce dossier. Sans tabous.
En théorie, le xxie siècle aurait pu être celui de l'Occident. A la fois civilisation et force géopolitique , il apparaissait en position de poursuivre son influence planétaire tout en conservant son attraction. Ses ennemis avaient été mis à terre, un à un, qu'il s'agisse de ses propres pulsions dévastatrices - l'idéologie fasciste - ou de son farouche adversaire du xxe siècle, le bloc communiste érigé par l'URSS. Certes, on a vu les tensions internes se multiplier depuis l'effondrement du mur de Berlin, notamment lors de l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis, en 2003 ; le lien s'est néanmoins resserré, non sans débats, en Afghanistan. De même, la construction européenne a-t-elle suivi un chemin pour le moins chaotique et discutable ; mais elle a confirmé les atouts historiques accumulés par cette partie du monde, que François Mitterrand avait définie comme une "communauté de valeurs et de civilisation". Or c'est précisément cet héritage qui semble aujourd'hui menacé. Vraie ou fausse, cette perception ne cesse de gagner l'opinion, modifie les clivages politiques traditionnels et annonce une zone de graves turbulences pour les démocraties.
La supériorité des valeurs occidentales est d'un faible secours face à un faisceau convergent d'éruptions planétaires, que résume clairement Gilles Andréani, ancien directeur du Centre d'analyse et de prévision du ministère des Affaires étrangères : "Le populisme "néobolivarien" en Amérique latine, l'invocation des "valeurs asiatiques" en Asie orientale, des rémanences néo-impériales vaguement slavophiles en Russie, l'islamisme militant dans le monde musulman."
Cette dernière cause d'inquiétude est de loin celle qui engendre le plus de tensions. Des Etats-Unis à la Hongrie, il n'est plus un pays qui échappe à l'impression, diffuse mais tenace, que l'identité occidentale est confrontée à une sorte de défi géant lancé par l'islam, une simple religion, donc, laquelle n'a par essence aucune des caractéristiques d'une force unie ni aucune définition stratégique. Funeste amalgame, qui se fait au détriment de millions de musulmans anonymes, soucieux avant tout d'intégration mais pris en otages par une noria de groupuscules agissant pour le compte d'un islamisme affiché et conquérant. D'où une asymétrie consternante. Des imams face à la plus forte concentration de missiles jamais vue, des masses démunies opposées à la partie la plus riche du monde, des Corans et la charia contre un millénaire de droit séculier et deux siècles de démocratie individuelle : pour la première fois de l'Histoire, une spiritualité exogène se transforme en angoisse endogène.
Comment décrypter la part d'irrationnel et de réel dans cette frayeur collective, de nouveau entretenue par des rumeurs récurrentes d'attentats terroristes ? Depuis des semaines, les mises en garde gouvernementales se multiplient : Paris, Londres, Berlin préviennent ouvertement leurs populations respectives d'une amplification du risque. Washington vient aggraver l'inquiétude par une déclaration officielle d'un genre inédit : "Le département d'Etat alerte les ressortissants américains du risque potentiel d'attentats terroristes en Europe." Sans que le terrorisme islamiste soit nommément désigné, il est directement suggéré.
Le malaise va croissant si l'on en juge par la multiplication des signes. Et par le caractère transversal du problème : aucun pays, ou presque, n'échappe à la question de l'islam. Par un enchaînement dramatique, le positionnement des différents acteurs politiques par rapport à cette religion en vient à représenter le nouveau clivage des démocraties : non plus entre droite et gauche seulement, mais entre partisans de la tolérance et défenseurs de l'identité traditionnelle. Comme toujours, les règles du jeu politique amènent leur lot de simplifications, de radicalisations, de manipulations, d'exploitations.
Aux Etats-Unis, un projet de centre culturel comportant une mosquée, pourtant situé à une distance raisonnable de Ground Zero, sert de ligne de fracture entre républicains et démocrates offrant aux adversaires de Barack Obama un cheval de bataille électoral qu'ils ont tôt fait d'enfourcher.
En France, le débat envahit la scène publique de manière incessante dans un étonnant mélange d'arrière-pensées électoralistes et de réflexions de fond. L'islam "à la française", gageure des années 1990, a déserté le credo officiel. Mais Nicolas Sarkozy, qui a cherché à explorer une nouvelle voie en institutionnalisant la religion musulmane, n'a fait, paradoxalement, que "confessionnaliser" davantage le débat. Au moins a-t-il permis à d'autres voix de s'exprimer pour affronter certains tabous. Du côté de la "sarkophobie", on trouve Emmanuel Todd, pour qui une "islamophobie des classes pensantes et parlantes, intellectuelles et médiatiques" s'est répandue en France comme ailleurs en Europe. Dans Après la démocratie (Gallimard), Todd estime qu'"une laïcité désorganisée par la disparition de son adversaire catholique s'efforce d'en trouver un autre, en l'occurrence l'islam, perçu comme la dernière des croyances religieuses actives". Argument à prendre en considération.
En Grande-Bretagne, un autre ouvrage défraie la chronique en décrivant le fossé qui se creuse inexorablement. Auteur de Reflections on the Revolution in Europe. Immigration, Islam and the West (Doubleday), Christopher Caldwell présente l'islam comme une "supra-identité" et résume ainsi le sentiment des musulmans européens : "Même s'ils ne croient pas à l'islam, ils croient au camp islam." Pour Caldwell, les faits parlent d'eux-mêmes : en 2006, à Bruxelles, où 57 % des nouveau-nés sont musulmans, les sept prénoms les plus couramment enregistrés par l'état civil étaient Mohammed, Adam, Rayan, Ayoub, Mehdi, Amine et Hamza.
Presque partout en Europe, les tensions aboutissent à l'émergence de partis ou de formations qui ont en commun l'exploitation politicienne du rejet de l'islam. Après le référendum suisse sur les minarets, en 2009, la percée de Geert Wilders, aux Pays-Bas, comme le succès de l'extrême droite lors des récentes élections législatives en Suède, patrie de la social-démocratie et de la tolérance, confirment que l'émiettement des majorités dans les pays démocratiques et la multiplication des coalitions gouvernementales (Belgique, Allemagne, Pays-Bas, Italie...) offrent à un nouveau populisme antimusulman un terreau fertile. D'autant plus que l'Union européenne est parcourue de tentations identitaires réductrices, qui ont déjà abouti (République tchèque et Slovaquie) ou qui font peser une menace d'éclatement (Belgique, Espagne, Italie, Autriche, Roumanie).
Le pari: une synthèse entre l'islam de Mahomet et l'esprit critique
Peut-on encore oser un discours raisonnable pour éviter à la fois l'emploi du mot "islamophobie" (terme qui trouve son origine dans l'idéologie islamiste) ou, à l'opposé, celui d'"Eurabie" (né au Royaume-Uni en réaction au ghetto communautaire du "Londonistan") ? Peut-on éviter d'en arriver à un "occidentalisme" ascendant comme il y eut un "orientalisme" condescendant ? Oui, si l'on revient aux causes de la stigmatisation de l'immigration musulmane. Le parcours de millions d'hommes et de femmes issus de l'immigration est désormais lié au destin même de l'Occident. Avec plus de 20 millions de musulmans installés en Europe (dont 5 en France, 4 en Allemagne, 2 au Royaume-Uni), principalement concentrés dans les grandes villes, le visage des sociétés européennes subit une transformation inéluctable sous l'effet de deux facteurs décisifs, qui doivent échapper à la polémique.
Le premier tient au déclin démographique de l'Europe. En 2010, la population du Vieux Continent a dépassé la barre symbolique des 500 millions d'habitants, soit 1,4 million de plus que l'année précédente. Or ce faible gain, qui cache de fortes disparités (19 Etats membres de l'Union européenne ont progressé, dont la France, tandis que 8 autres ont reculé, comme l'Allemagne), est principalement dû à l'immigration : 0,9 million d'immigrés de plus, soit 60 % de la progression globale. Rien de bien alarmant en soi, puisque les flux migratoires vers l'Europe ont même tendance à baisser par rapport à 2007 en raison du ralentissement économique, mais l'accroissement naturel de la population européenne (différence entre le nombre de décès et de naissances) n'est, lui, que de 0,5 million. Conclusion : en cinquante ans, le rapport entre la contribution des naissances et l'immigration s'est inversé. A titre de comparaison, en 1960, l'ensemble aujourd'hui constitué par les 27 pays de l'Union enregistrait un accroissement naturel de 4 millions.
Le deuxième facteur tient à la part prépondérante prise par les immigrés originaires de pays de culture musulmane et à leur affirmation identitaire, qui se fait d'abord par ostentation religieuse. Par définition, le courant migratoire principal ne pouvait qu'être musulman en raison des disparités de développement et des liens tissés durant la période coloniale, qui, contrairement à un avis répandu, a coïncidé avec l'augmentation des flux de population vers le Nord. Ce qui pose surtout problème est le désir d'identification islamique, qui entraîne une attitude de plus en plus revendicative. Il en sera ainsi tant que l'islam d'Europe sera une continuation de l'islam tel qu'il est pratiqué dans les pays d'origine.
Le pari de l'avenir consiste à voir advenir une synthèse entre l'islam de Mahomet et l'esprit critique occidental, l'islam des Lumières, somme toute. C'est la voie étroite qu'explorent, à leurs frais, des penseurs courageux comme Abdennour Bidar ou Ayaan Hirsi Ali, purs produits d'un islam "objectivisé". L'émergence d'une voie musulmane affranchie du carcan de la charia et le passage de la loi religieuse à une spiritualité privée, tel est le dernier défi lancé à un Occident largement sécularisé. Ce n'est pas le moindre.
Car, à l'heure actuelle, pris dans les rets des écoles coraniques traditionnelles, les musulmans européens représentent une proie de choix pour les prêcheurs, accourus du Caire ou de Karachi, qui visent avant tout le pouvoir sur ces communautés déracinées. Pire encore, des Etats présentés comme alliés de l'Occident, tels que l'Arabie saoudite, financent à l'envi la construction de mosquées et la diffusion du wahhabisme, courant rigoriste farouchement opposé à la permissivité occidentale. C'est ainsi que la maladie de l'islam, cette mainmise de la religion sur toute la société et sur les comportements privés, se transfère à l'Europe.
La question de l'islam place autant les Occidentaux face aux musulmans que les pays arabo-musulmans face à leur propre devenir. Elle suppose non seulement des réponses intérieures aux sociétés européennes, mais aussi une évolution globale qui met en cause des régimes du Sud largement délégitimés, orfèvres du double langage à l'égard de l'islamisme. C'est tout le problème et il est de dimension historique.
Source : L’Express.fr
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