mardi 26 novembre 2024 23:21

Les cinéastes marocains établis en Belgique contribuent au brassage des cultures marocaine et belge, a affirmé la réalisatrice belge, Karine de Villers, en marge de sa participation à la 17-ème édition du festival international du cinéma méditerranéen de Tétouan (FICMT).

"II y a plusieurs jeunes marocains installés en Belgique qui ont réalisé des films et qui sont connus et reconnus aussi bien en Belgique qu'au niveau international", a-t-elle confié à la MAP, relevant que "ces jeunes réalisateurs nous apportent leur lecture du monde".

Parmi les réalisateurs d'origine marocaine qui se sont illustrés en Belgique, Karine de Villers a cité Nabil Ben Yadir qui a réalisé "Les barons", un des meilleurs succès belges de l'année 2009, et Yasmine Kassari, réalisatrice de plusieurs documentaires et fictions dont "Quand les enfants pleurent" et "L'enfant endormi".

Evoquant le FICMT, la réalisatrice belge a indiqué que ce festival "constitue un magnifique lieu de rencontres entre les professionnels du grand écran, distributeurs, producteurs, réalisateurs de fictions et scénaristes, et une merveilleuse occasion pour la projection de plusieurs documentaires et de court-métrages".

Karine de Villers, qui a pris part à un colloque international sur le film documentaire initié dans le cadre de la 17-ème édition du FICMT (26 mars-2 avril), a déploré le fait que ce genre cinématographique "a du mal à émerger contrairement au films de fiction".

"En Belgique, on a des cinéastes qui sont des pères fondateurs du documentaire notamment Henri Storck mais nous n'arrivons pas à toucher le public par nos films, c'est un peu dramatique", a-t-elle dit.

Née à Quito en Equateur, Karine de Villers a fait des études d'histoire de l'art en civilisations non-européennes, archéologie et anthropologie à l'Université Libre de Bruxelles. Elle a réalisé plusieurs documentaires tels que "Le petit château", "Comme je la vois" et "Luc de Heusch. Une pensée sauvage".

29/03/11

Source : MAP

Un avion de la RAM (un Boeing 747) a quitté, mardi soir, l'aéroport de Djerba à destination de Casablanca avec à bord 515 Marocains ayant fui la Libye.

Ce groupe est arrivé au point de passage frontalier Ras-Jdir à bord d'autocars en provenance de plusieurs villes de l'ouest libyen avant d'être conduit à l'aéroport de Djerba à la suite de la dégradation de la situation sécuritaire en Libye.

Contacté par la MAP, le secrétaire général du ministère chargé de la communauté marocaine résidant à l'étranger, M. Mohamed Bernoussi, qui conduit une délégation marocaine se trouvant au poste frontalier de Ras-Jdir, chargée d'accueillir et de rapatrier les ressortissants marocains quittant la Libye, a indiqué que les membres de la délégation ont veillé à assurer l'hébergement à près de 640 ressortissants marocains dans les camp des réfugiés avant de les conduire à l'aéroport de Djerba.

Près de 100 ressortissants marocains ont passé la nuit de mardi dans le camp installé par les Emirats arabes unis à Ras-Jdir avant d'être conduits, ce mercredi, à l'aéroport de Djerba pour prendre un autre vol de la RAM à destination du Royaume, a-t-il ajouté.
Un groupe de 500 Marocains avait quitté, lundi, la Libye à bord d'un vol spécial de la RAM, rappelle-t-on.

30/3/2011

Source : MAP

Le tribunal d'Amsterdam a ordonné mercredi la poursuite du procès du chef de file de l'extrême droite néerlandaise Geert Wilders pour incitation à la haine raciale et à la discrimination envers les musulmans.

"Le procès va se poursuivre", a déclaré le juge président Marcel van Oosten lors d'une audience publique.

Le tribunal a estimé que le parquet était compétent pour poursuivre M. Wilders, contrairement à ce qu'affirmait sa défense.

Geert Wilders, qui encourt jusqu'à un an de prison ou 7.600 euros d'amende, est poursuivi pour avoir notamment réclamé l'interdiction de la vente et de la lecture du Coran, comparé au livre Mein Kampf d'Adolf Hitler, dans son court-métrage Fitna.

La défense avait plaidé, lors d'une audience le 14 mars, que les délits reprochés à M. Wilders n'avaient pas été commis à Amsterdam, le film Fitna ayant été diffusé par des serveurs américains.

"Le film est, compte-tenu de son contenu et du sous-titrage en langue néerlandaise, destiné à un public néerlandais", a estimé le juge van Oosten.

Ouvert le 4 octobre 2010, le procès du chef du Parti pour la liberté (PVV) avait été arrêté le 22 octobre, les juges ayant été récusés à la demande du prévenu, qui avait mis en doute leur impartialité.

Les nouveaux juges avaient autorisé l'avocat de M. Wilders à présenter des "objections préliminaires" pour contester la compétence du parquet à poursuivre son client.

Le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders, arrivé troisième aux élections législatives du 9 juin 2010, a apporté son soutien au gouvernement du Premier ministre libéral, Mark Rutte.

30/3/2011

Source : AFP/Romandie

Après, Bruxelles, en Belgique, c’est au tour de Montréal, au Canada, d’accueillir les « Marocaines d’ici et d’ailleurs ». Organisée par le Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger (CCME), la deuxième rencontre de cette 3e édition se tiendra les 14 et 15 mai.

L’évènement a pour objectif de « contribuer à la compréhension des problématiques spécifiques à cette région et d’apporter un éclairage scientifique aux défis vécus et aux actions concrètes à entreprendre par le Maroc et les pays de résidence », rapporte un communiqué.

Le CCME partira ainsi à la rencontre des Marocaines des Amériques, qui s’activent dans les champs politique, économique, associatif, culturel et universitaire. Plus 150 femmes issues du Canada, des Etats-Unis, de l’Amérique latine et du Maroc, se donnent rendez vous à la métropole canadienne. Deux autres rencontres seront programmées au cours de l’année 2011.

29/3/2011

Source : Yabiladi

Avec l'accès de Marine Le Pen à la tête du Front , national et sa popularité croissante dans les sondages, la France rejoint la vague des mouvements nationalistes qui traverse toute l'Europe, Il faut bien comprendre les nouvelles dynamiques qui sous-tendent la récidive du mouvement d'extrême droite: ce dernier change de visage, cessè d'être marginal, détourne l'héritage de Mai 68, prend l'islam comme cible, défend les valeurs nationales et introduit un nouveau répertoire politique…Suite

Sur ce sujet-là tout au moins, le gouvernement semble avoir perdu sa boussole. Lundi 28 mars, la confusion s'est une fois encore emparée du débat sur l'islam et la laïcité voulue par le président de la République, Nicolas Sarkozy, et porté par l'UMP…Suite

S’installer et travailler au Maroc : oui, mais ... Les Marocains résidant en Allemagne, particulièrement, rencontrent de nombreux obstacles ne seraient-ce que linguistiques. Pourtant, des « success stories » existent et leur nombre devrait augmenter. Plus que d’autres pays, l’Allemagne soutient les projets de retour.

Les quelques 100 000 Marocains résidant en Allemagne comptent de nombreuses personnes hautement qualifiées. Les premiers Marocains sont venus dans les années 60. Leurs enfants, aujourd’hui adultes, sont entrés dans la vie active. Depuis, les années 90, des milliers de Marocains partent en Allemagne pour y faire leurs études, essentiellement dans l’ingénierie. Ils représentent même, dans l’enseignement supérieur allemand, la deuxième communauté étudiante des pays en transition, après les Chinois.

Réintégrer des experts, soutenir la création d’entreprise

Parmi ces Marocains, le désir de faire valoir ses compétences dans son pays d’origine est bien présent mais il se heurte à des difficultés parfois difficiles à surmonter. Arif Andalousi, ingénieur d’Etat en génie civil est revenu au Maroc en 2001, à Nador, après ses études à Francfort, « J’ai dû me familiariser avec les normes marocaines en génie civil et avec le vocabulaire français utilisé dans ce domaine. De plus, les méthodes de travail auxquelles j’ai été habitué en Allemagne ont été difficiles à appliquer au Maroc », explique-t-il.

La coopération internationale allemande a reconnu le potentiel que représentent les diasporas. Dans ce cadre, le Centre pour la Migration Internationale et le développement (CIM) a pour mission de faciliter la réintégration d’experts de la diaspora dans leur pays d’origine. Vieux de plus de deux décennies, ce programme est mis en oeuvre et coordonné, depuis 2007, par la Chambre allemande de commerce et d’industrie au Maroc (AHK Maroc).

Outre la langue et les méthodes de travail, les obstacles pour les MRE sont souvent d’ordre pratique : comment trouver un emploi au Maroc, avec un salaire comparable aux salaires en Allemagne ? L’AHK Maroc offre une aide au placement au Maroc. De plus, le programme CIM prévoit, sur une période maximale de 2 ans, un complément de salaire.

Depuis 2010, l’AHK Maroc coordonne un autre programme : Faciliter la Création d’Entreprises au Maroc (FACE). Il met au profit de porteurs de projets innovants une structure d’accompagnement. Il opère de l’idée jusqu’à l’implantation de l’entreprise

au Maroc. La première année, 900 candidats ont envoyé leur dossier. 20% ont pu bénéficier des séminaires d’accompagnement, et les premières entreprises ont vu le jour.

La principale condition de sélection des candidats est la même pour CIM et FACE : un transfert de savoir-faire doit s’effectuer. « Un Marocain d’Allemagne qui veut ouvrir un restaurant au Maroc ne bénéficiera pas du soutien de ces programmes. Par contre, s’il introduit des techniques innovantes, il peut devenir éligible », précise Moha Ezzabdi, conseiller en ressources humaines et réintégration à la AHK Maroc.

Réintégration des experts marocains, aide à la création d’entreprise, l’Allemagne investit des sommes considérables pour les Marocains de l’étranger. Pour soutenir le développement économique au Maroc, certes, mais aussi pour renforcer les positions allemandes au Maroc. Comme l’explique M. Ezzabdi, « pouvoir compter sur des employés qualifiés qui parlent allemand et connaissent le contexte marocain a déjà fait opter des investisseurs allemands pour le Maroc ».

30/3/2011, Frederic Schmachtel

Source : Yabiladi

Les représentants des six grands cultes français estiment, dans une tribune commune, que le contexte politique actuel n'est pas favorable à ce débat voulu par l'UMP.

C'est un nouveau coup porté au débat sur la laïcité. Après les remous au sein de l'UMP, c'est au tour des représentants des grandes religions de France d'exprimer dans une tribune commune leurs grandes réticences face à la tenue de ce débat qui doit être organisé par le parti majoritaire. Dans ce texte publié mardi soir par le site internet du journal Le Parisien , douze représentants* des six grands cultes français, réunis au sein de la Conférence des responsables de culte en France (CRCF), formée en novembre, prennent leurs distances avec le débat sur la laïcité.

Les signataires de ce texte rappellent en préambule leur attachement à la laïcité, «pilier de notre pacte républicain». Mais ils préviennent : «Veillons à ne pas dilapider ce précieux acquis». «Il nous paraît capital, pendant cette période pré-électorale, de bien garder sereinement le cap en évitant amalgames et risques de stigmatisation», ajoutent-ils.

«N'ajoutons pas de la confusion»

S'exprimant «sans aucun esprit polémique ou partisan», les signataires du texte s'interrogent : «Faut-il dans le contexte actuel un débat sur la laïcité ?» Ils ne formulent pas à cette question de réponse définitive mais font état de leurs craintes. «L'accélération des agendas politiques risque (...) de brouiller cette perspective et de susciter des confusions qui ne peuvent qu'être préjudiciables», expliquent-t-ils. Si «le débat est toujours signe de vitalité», «un parti politique, fût-il majoritaire, est-il la bonne instance pour le conduire seul ?», demandent les signataires du texte. «N'ajoutons pas de la confusion dans la période trouble que nous traversons».

Les représentants des grandes religions reconnaissent cependant la nécessaire adaptation des cultes face aux évolutions de la société. «Nous ne manquerons pas d'être une force positive de propositions dans ce sens», concluent-ils, non sans rappeller l'importance de la production intellectuelle et les rapports établis sur le sujet.

* Parmi les signataires de ce texte figurent le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France, Mohammed Moussaoui, président du Conseil national du culte musulman, le pasteur Claude Baty, président de la Fédération protestante de France, le Grand Rabbin de France Gilles Bernheim, le Métropolite Emmanuel, président de l'Assemblée des Évêques orthodoxes de France et le révérend Olivier Wang-Genh, président de l'Union bouddhiste de France.

30/3/2011

Source : Le Figaro

Le débat actuel sur la laïcité, impulsé par Sarkozy et Copé constitue une nouvelle version du débat sur l’identité nationale. Initiative habile, jusqu’à l’intrusion de Marine Le Pen, car les partis de gauche ont du mal à se démarquer dès que la laïcité se trouve invoquée. Longtemps, celle-ci a été un marqueur essentiel de la gauche. Puis elle a semblé consensuelle. Maintenant c’est la droite et l’extrême droite qui se veulent ses meilleurs défenseurs. On ne peut s’en tenir à une dénonciation morale de la laïcité «lepénisée». Il faut décrypter l’usage dominant du mot «laïcité» et construire un discours de gauche cohérent, capable de contre-attaquer.

Qu’est-il arrivé ? En mai 2003, le rapport Baroin, «Pour une nouvelle laïcité», prenait acte de la fin du conflit des deux France et prônait déjà un déplacement vers une laïcité «culturelle et identitaire». La laïcité devait devenir une «valeur de droite». On sait qu’ensuite une seule des propositions de la commission Stasi a été retenue. Depuis 2007, c’est le Haut Conseil à l’intégration (HCI) qui fait des propositions sur la laïcité. Cette dernière se réduit à être le passeport que de «nouveaux Français» devraient acquérir pour revêtir l’identité française. Les questions qui concernent l’ensemble des Français sont exfiltrées de la laïcité.

Nicolas Sarkozy radicalise la perspective : de la basilique du Latran à la cathédrale du Puy-en-Velay, en magnifiant seulement l’«héritage culturel de la chrétienté» ou en faisant allusion à d’autres «racines», c’est la même antienne. Le passé de la France, vu par son président, est idyllique. Inquisition, pogroms, croisades, guerres de religion, révocation de l’édit de Nantes, sujétion des musulmans dans l’empire colonial : de tout cela il n’est jamais question. Ironie involontaire, Sarkozy précise qu’«il est dangereux d’amputer sa mémoire». Sous la «laïcité positive» se cache la chrétienté positive ! Nicolas Sarkozy délivre un message subliminal : comme on vivait bien en France avant que l’islam n’en devienne la seconde religion ! Pour «conserver» cet héritage, la laïcité qui doit s’imposer à l’islam est donc bien plus que le respect des lois et la tolérance civile, c’est l’assimilation à une identité patrimoniale non conflictuelle imaginaire. Tâche impossible : les musulmans apparaîtront toujours en déficit de laïcité.

Pour «réenchanter la gauche» et reprendre l’initiative, il nous faut refuser cette «nouvelle laïcité culturelle et identitaire» pour, de nouveau, recentrer la laïcité sur ses fondamentaux et sur l’Etat laïc. La laïcité a comme finalité la liberté de conscience et la non-discrimination pour raisons religieuses. Les moyens qui visent ces finalités sont la séparation des religions et de l’Etat et la neutralité arbitrale de ce dernier. La laïcité est un principe politique, non une donnée identitaire passéiste. Elle organise un vivre ensemble qui nous projette vers un avenir commun. Elle a une toute autre ampleur que son sens actuel dominant où dès que l’on dit «laïcité» on pense, en fait, «islam» !

De nouvelles libertés doivent être rattachées au combat laïc, séparant la loi civile de normes religieuses et morales particulières. Au XIXe siècle, celui-ci a notamment signifié le droit de mourir sans enterrement religieux si cela était contraire à ses convictions. Aujourd’hui, c’est, analogiquement, le droit de mourir dans la dignité par la possibilité de l’euthanasie si on estime que la souffrance extrême ne fait partie de son sens de la vie. Au XIXe siècle, le combat laïc a permis de rétablir le divorce, aujourd’hui, il s’incarne dans le droit au mariage entre personnes de même sexe. Ces nouvelles libertés ne contraindront personne : comme pour la loi Veil, on peut prévoir une clause de conscience. Elles dérangeront peut-être certains, dans un premier temps du moins. Mais la laïcité signifie aussi qu’il n’existe pas d’ordre symbolique intangible ; chaque époque doit construire sa propre vision des limites, sinon le pantalon resterait toujours interdit aux Françaises !

De même, il faut reprendre le combat pour l’égalité entre les différentes religions et autres convictions, à l’encontre d’une laïcité à géométrie variable, pratiquant de plus en plus le grand écart. Quelques engagements clairs doivent être pris en cas de victoire en 2012 : retirer au HCI le dossier de la laïcité car c’est discriminatoire, refonder la Halde et relier laïcité et lutte contre les discriminations. Sinon le pire va bientôt venir : une situation où Marine Le Pen paraîtra plus laïque que la Ligue des droits de l’homme ! On pourra toujours s’en scandaliser. En fait, l’impuissance de la gauche en sera autant responsable que les dérives de la droite.

Dernier ouvrage paru : «Laïcités sans frontières», Seuil. (avec Micheline Millot).

29/3/2011, JEAN BAUBEROT

… et la «diversité» selon les Verts

Par FRANÇOIS COCQ secrétaire national du Parti de gauche, FRANCIS DASPE Secrétaire général de l’Association pour la gauche républicaine et sociale

Dans leur tribune intitulée «Manifeste pour une écologie de la diversité», Noël Mamère, Esther Benbassa et Eva Joly qualifient la laïcité de «noble idée» et la République de «construction majestueuse» (1). Nous, membres du Parti de gauche, qui menons de front transformation sociale et planification écologique, pourrions être rassurés de voir des responsables verts se rallier à notre idéal. Hélas, la démonstration tourne très vite au réquisitoire quand laïcité et république sont caricaturés en «laïcisme» et «républicanisme» et se voient accusées de charrier «nationalisme exclusiviste et stérile», nostalgie colonialiste latente ou islamophobie rampante. De quoi faire tomber la laïcité dans l’escarcelle d’une extrême droite qui s’approprie à bon compte un vocabulaire qui lui est pourtant totalement étranger.

Les auteurs feignent de croire que l’application du principe de laïcité n’aurait d’effet que sur l’islam. Méconnaissent-ils à ce point l’histoire du combat laïque pour ne pas savoir que tous les cléricalismes aliénants et oppressifs ont été combattus ? Les mêmes recourent à la sémantique naturaliste utilisée à des fins hygiénistes et assimilent certains détournements de la laïcité à des «maladies infectieuses» ou des «produits toxiques». Sans faire le parallèle, nous invitons les auteurs à se méfier d’une telle rhétorique qui était celle des fascismes adeptes de la régénération de la civilisation et de la race. De même, lorsqu’ils en appellent à une «laïcité raisonnée» et à une «diversité positive», comment ne pas y entendre l’écho de la «laïcité positive» formulée par Nicolas Sarkozy, chanoine de Latran ?

Méconnaissance aussi de la force propulsive de la laïcité. En reconnaissant la capacité des hommes et des femmes à se gouverner de manière terrestre et rationnelle en dehors de toute vérité révélée, celle-ci a fondé les notions de démocratie et de peuple souverain. Elle pose les bases de la justice sociale en stipulant l’égale dignité de tous. Appliquée au champ de la diplomatie, elle invalide toutes les théories nourrissant les stratégies géopolitiques fondées sur un prétendu choc des civilisations. Elle lutte pareillement contre les idéologies conquérantes et l’invasion marchande.

Se revendiquer de l’écologie politique ne suffit pas pour porter un projet progressiste fondé sur des valeurs humanistes. La crise écologique, qui met en question la survie même de l’humanité, appelle à une rupture avec le modèle capitaliste et productiviste. A cet effet ressourçons-nous à l’analyse jaurésienne. L’Etat-nation, cadre de définition de la res publica et d’expression de la souveraineté populaire, garantit l’existence d’une communauté politique que la mondialisation tend à disloquer. Là est le socle de tout internationalisme. Une laïcité dénaturée, ou un trop peu de laïcité, éloigne sans aucun doute de l’universalisme républicain ; beaucoup de laïcité y ramène immanquablement. La République sociale reste le seul projet émancipateur. La laïcité, dans la plénitude du terme sans l’adjonction d’adjectifs qui la dévoierait, en constitue l’arche la plus solide. Le débat mérite au moins d’être mené en toute sérénité sans recourir à l’excommunication, ne serait-ce que parce que ce mot n’appartient pas au champ lexical de la laïcité.

29/3/2011, FRANÇOIS COCQ - FRANCIS DASPE

Source : Libération

Apparemment notre république serait trop pauvre pour faire vivre des grands services publics communs à tous, croyants, agnostiques et athées. Asphyxie organisée de l’école publique, démantèlement des hôpitaux de proximité, privatisations en tous genres, etc. L’ultra-libéralisme fait son œuvre. La solidarité redistributive n’est plus à l’ordre du jour. En revanche la république serait assez riche pour financer des lieux de culte, qui ne concernent pourtant que les croyants pratiquants, une petite minorité. M. Sarkozy prône le supplément d’âme d’un monde sans âme. La terre vous paraît bien injuste voire invivable ? Réfugiez-vous donc dans le ciel ! Le protecteur des nantis ose dire sans ambages : «La république a besoin de croyants» (discours au palais du Latran).

La religion réduite à une compensation, et reconnue d’utilité publique ? Napoléon, que ne hantait pas une foi très vive, avait expérimenté la recette avec son concordat, qui aujourd’hui encore en Alsace-Moselle fait financer par tous les citoyens, croyants ou non, le culte de certains. Les mauvais coups contre la laïcité n’ont cessé. Voici venir le coup de grâce. Le prétexte en est l’utilisation illégitime d’une rue pour la prière, par des citoyens musulmans instrumentalisés politiquement. Certes la convergence hebdomadaire, vers la même rue, de fidèles de toute la région parisienne est clairement une manifestation en forme de défi. Elle usurpe l’espace public. Mais c’est un cas rarissime. N’importe. C’est une aubaine pour le FN qui se découvre adepte d’une laïcité à géométrie variable, que jamais il n’a invoquée contre les privilèges publics du catholicisme. Une aubaine aussi pour M. Sarkozy, qui s’apprête à détruire la laïcité en raturant la loi de 1905 sous prétexte de faire cesser le trouble. Janus biface, il «libère» la rue… mais accueillera les fidèles dans des mosquées payées par la puissance publique !

Notre sauveur fera ainsi coup double. D’une part il se présentera comme le gardien de la sécurité qui a toujours besoin de s’inventer un ennemi : jeunes des banlieues, immigrés, Roms, et maintenant musulmans des caves ou des rues. Funeste recette de la popularité que celle qui nourrit les peurs collectives ! D’autre part, le rétablissement de l’ordre public sera un prétexte pour faire payer aux contribuables des lieux de culte que ne devraient financer que les croyants.

Il fait ainsi croire que le seul problème réel est celui de l’intégration religieuse alors que la population visée souffre avant tout d’exclusion sociale et économique. Parler de l’islam sans le distinguer de l’islamisme politique, pourtant groupusculaire, est inadmissible. On prétend adapter la laïcité aux religions. N’est-ce pas plutôt à celles-ci de s’adapter à la laïcité, vecteur de liberté et d’égalité ? A-t-on jamais demandé aux droits de l’être humain de s’adapter aux coutumes ? Ce serait supprimer un levier d’émancipation. Les femmes en savent quelque chose, qui souffrent encore des préjugés machistes longtemps sacralisés par les religions du Livre. Ceux qui combattent la laïcité pour restaurer leurs privilèges perdus, et non une spiritualité désintéressée, se frottent les mains. Le scénario actuel les comble.

Premier temps : l’invention de la notion insultante de laïcité ouverte, ou positive. Parle-t-on de justice «ouverte» ? Ceux qui refusent l’égalité de traitement des croyants et des athées militent pour que les religions soient reconnues d’utilité publique. Cela les conduit à affubler la laïcité d’adjectifs polémiques et à la prétendre hostile aux religions.

Deuxième temps : le brouillage de la distinction entre cultuel et culturel. Puisque la loi laïque réserve l’argent public à ce qui est d’intérêt général, comme par exemple la culture, le rapport Machelon propose que le financement direct de la culture assure le financement indirect du culte. La ficelle est grosse. On dira que certains élus le font déjà. Mais l’infraction à la loi n’appelle nullement sa suppression. Qui propose d’abolir les feux rouges sous prétexte que certains les grillent ?

Troisième temps : le paravent du secours aux musulmans des caves. Comment déguiser une restauration de privilèges en bonne action égalitaire ? Par l’invocation d’un mythe : la pénurie supposée des lieux de cultes musulmans. En 1976, on recensait 150 salles de prière. En 1985, 900. Aujourd’hui, 2 147. Deux services de prière par jour suffiraient à accueillir tous les fidèles. La rue comme lieu de culte n’est donc pas une fatalité. Quatrième temps : l’abolition de la séparation laïque. La main sur le cœur on propose de réparer une injustice imaginaire en détruisant la loi de 1905. Quand de l’argent public aura été dépensé pour une mosquée, les tenants des autres religions s’exclameront : «Pourquoi pas nous ?» L’égalité républicaine ne permet pas que l’on donne aux uns ce qu’on refuse aux autres. A ceci près qu’à ce compte-là il faudra financer aussi les libres penseurs, les francs-maçons, les rationalistes, etc. Bref, il faudra communautariser l’argent public.

Jean Jaurès, en 1904, pensait aux retraites ouvrières : supprimer le budget des cultes, c’était transférer à l’Etat des moyens pour mieux assumer son rôle social. Pensons aussi à la santé pour tous. Un citoyen de confession musulmane hospitalisé dix jours, au prix moyen de six cents euros la journée, économise six mille euros si le service public de santé existe. Dans le meilleur des mondes ultralibéraux, il doit les payer, s’il peut, mais l’Etat lui fournit une mosquée. Quand on sait que seulement 18% des citoyens musulmans fréquentent une mosquée, on voit bien qui perd au change !

Il va de soi qu’il faut mettre un terme aux pratiques discriminatoires de certaines municipalités qui empêchent l’acquisition de terrains destinés à des lieux de culte musulmans. La république laïque n’a pas à financer de lieux de culte mais elle doit garantir juridiquement la possibilité d’en construire. Certains agitent l’épouvantail de l’intégrisme et disent : «Payons, ainsi nous contrôlerons.» Où est l’erreur ? Dans la prétention humiliante d’un tel chantage : voici un lieu de culte, mais attention à ce que vous allez y dire. Où est la faute ? Dans l’oubli de ce qu’est l’état de droit. En république, ce sont les lois qui règlent la liberté de parole. Un prêche qui incite à battre une femme est un délit : incitation à la violence. Peu importe alors que le lieu de culte soit privé ou public, la sanction sera la même. La république laïque ne fonde aucune norme sur un particularisme. Seule compte l’autorité de lois qu’inspire le droit (intégrité physique, égalité des sexes).

Marianne ne s’est pas séparée du Dieu qui la dominait pour le dominer à son tour, mais pour faire disparaître toute domination et tout privilège. Ne sacrifions pas l’universel sur l’autel du particulier. Préservons la laïcité.

Dernier ouvrage paru : «la Solidarité, une urgence de toujours», aux éditions Maif-Rue-des-Ecoles.

29/3/2011, HENRI PENA-RUIZ

Source : Libération

L'Espagne vient de décrocher la meilleure note en termes de politiques d'intégration pour les immigrés parmi les grands pays d'Europe, selon l'Indice de politiques d'intégration des immigrés (MIPEX). Ce dernier qui compare les politiques d'intégration dans 31 pays d'Europe et de lAmérique du Nord à travers l'évaluation de 148 indicateurs situe l'Espagne à la tête du classement des politiques d'Intégration économique et de vie familiale.

30/3/2011

Source : Le Soir

Le Festival international du film de Boulogne Billancourt, qui se déroule du 1er au 4 avril à Boulogne Billancourt (France) verra la projection, hors compétiotion,  du film Marhaba de la réalisatrice Zakia Tahiri…Suite

La tragédie à quoi aboutit si souvent l'émigration clandestine alarme aujourd'hui comme hier. Des journalistes l'ont quelquefois si bien dénoncée que leur témoignage a pu paraître insurpassable.

Je songe ici au livre de Fabrizio Gatti, envoyé spécial de l'hebdomadaire italien L'Expresso : Bilai Il mio viaggo da in filtrato nel mercato dei nuovi schiavi (littéralement: BilaI, mon voyage d'infiltré dans le marché des nouveaux esclaves)…Suite

Le nombre de Marocains affiliés à la Sécurité Sociale (SS) en Espagne est passé de 214.315 en janvier à 212.649 à fin février, soit 1.666 travailleurs (0,78%) qui ont cessé de cotiser à cet organisme de prévoyance sociale. Désormais, ils font partie, depuis le 1er mars, des sans emploi qui survivent grâce aux prestations sociales dans l'attente de la récupération économique…Suite

Initiée par lAssociation Trait d'Union et avec le soutien du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), cette édition-anniversaire propose une programmation riche et colorée où le Maroc est fortement présent. Les écrivains marocains

Mohamed Hmoudane, Abdallah Taïa, Yahya Belaskri, Fawzi Boubia seront au rendez-vous autour de cafés littéraires,  et le poète Abdellatif Laâbi…Suite

Un avion de la RAM a décollé, lundi soir, de l'aéroport de Djerba (520 km au sud de Tunis) à destination de Casablanca avec à bord 500 Marocains ayant fui la Libye.

Cet avion (un Boeing 747) devrait effectuer mardi plusieurs vols entre Djerba et Casablanca pour rapatrier les ressortissants marocains qui ont quitté la Libye par voie terrestre.

Près de 800 ressortissants marocains résidant en Libye sont arrivés lundi dans l'après-midi au point de passage frontalier Ras-Jdir (620 km au sud de Tunis) sur leur chemin de retour au Maroc. 500 d'entre eux ont été conduits à l'aéroport de Djerba (150 km du post frontière Ras-Jdir) à bord d'autocars mis à leur disposition par l'ambassade du Maroc en Libye et le consulat général du Royaume à Tripoli, les 300 restants passeront la nuit au camp des réfugiés Choucha à Ras-Jdir.

Un groupe de 850 Marocains établis en Libye devrait arriver mardi aux frontières tuniso-libyennes, a indiqué à la MAP, le consul général du Maroc à Tripoli, ajoutant que ce groupe sera acheminé au poste frontière Ras-Jdir par les soins des services de l'ambassade et du consulat général du Maroc en Libye.

Il a également indiqué qu'entre 2400 et 2500 membres de la communauté marocaine résidents en Libye seront conduits de la même manière sur deux ou trois jours.

28/03/11

Source : MAP

Réalisé par le ministère chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger, ce document a pour objectifs la promotion et la protection des droits et la préservation des intérêts de cette catégorie de la population.

Présenter le guide méthodologique d'accompagnement des Femmes marocaines immigrées (FMI), était l'objet d'une conférence de presse organisée récemment à Rabat par le ministère chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étrange. Réalisé par le ministère en partenariat avec l'Agence canadienne de coopération internationale, ce document a été conçu dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie du ministère visant la promotion et la protection des droits et la préservation des intérêts des femmes marocaines immigrées et l'intégration de l'approche genre dans tous les programmes du département.

La publication de cette référence permettra d'améliorer la qualité des services sociaux et juridiques des acteurs et institutions œuvrant auprès des FMI et les assistera pour une bonne application du nouveau code de la famille et des droits humains. Le guide contribuera aussi à faciliter l'intégration des FMI en les sensibilisant à leurs droits et en renforçant les capacités des services sociaux des consulats marocains à l'étranger.

Intervenant à cette occasion, le ministre délégué chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger, Mohamed Ameur, a souligné que la répartition territoriale et démographique des FMI confirme la féminisation croissante du phénomène de l'immigration (50% des immigrés sont des femmes) et la diversité importante des conditions sociales qui en résulte, notamment la situation sociale de ces femmes ou encore les rôles qu'elles jouent dans la société.

Selon le ministre, beaucoup de femmes marocaines immigrées ont pu réussir à s'intégrer de manière positive dans les sociétés d'accueil et ont pu développer leurs capacités professionnelles et leurs compétences en leadership.

Toutefois, il a été relevé la non-intégration de certains groupes de femmes qui sont restés soumis à des conditions sociales précaires entravant leurs aptitudes à l'intégration et leurs capacités à se développer.

«Ce guide a été publié justement pour assister l'ensemble des acteurs œuvrant dans les différents domaines relevant de l'immigration des femmes marocaines en mettant à leur disposition les informations et les mécanismes nécessaires afin que ces derniers puissent améliorer la qualité des actions d'accompagnement social et de soutien socio-juridique», explique le ministre.

En effet, le chef du département ambitionne, à travers ce guide, de jeter les bases nécessaires pour l'instauration des mécanismes institutionnels nécessaires pour l'accompagnement des femmes marocaines immigrées et la garantie de leurs droits. Une ambition soutenue également par la ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité qui s'est félicitée de l'élaboration de ce guide.

Un document qui permettra, selon elle, de mettre à la disposition des acteurs concernés par la question de l'immigration des femmes un outil pratique de communication et de sensibilisation dans le domaine de l'accompagnement institutionnel, juridique et social des femmes marocaines résidant à l'étranger.

«La publication de ce nouvel ouvrage traduit la volonté commune de promouvoir l'égalité entre les femmes et les hommes des deux côtés de la méditerranée et suscitera sans doute le débat autour de la situation des femmes ici et ailleurs», conclut la ministre.

Un nouveau mécanisme pour accompagner les femmes

Lors de cette conférence, le représentant du Fonds d'appui à l'égalité entre les sexes de l'Agence canadienne de la coopération internationale, Abdelhamid El-Iraki, a indiqué que le guide constituera un mécanisme pour suivre de près la situation des femmes, puisque ce dernier prend en compte les besoins des immigrées marocaines et les situations relatives aux différents pays d'accueil, outre les attentes du personnel des services sociaux. Ainsi, il sera expérimenté en France avec la participation directe des femmes, du personnel des services sociaux et de divers acteurs de la société civile.

Objectif du guide

Le guide assistera l'ensemble des acteurs œuvrant dans le domaine de l'immigration des femmes marocaines en mettant à leur disposition les informations et les mécanismes nécessaires pour améliorer la qualité des actions d'accompagnement social et de soutien socio-juridique.

Féminisation de l'immigration

La répartition territoriale et démographique des femmes marocaines immigrées confirme la féminisation croissante du phénomène de l'immigration.

29/3/2011

Source : Le Matin

Le choix de la préfecture des Bouches-du Rhône de n’accepter que 10 demandes de titre de séjour chaque jour entraîne des nuits de bousculades et d’épuisement pour les demandeurs.

Par OLIVIER BERTRAND Correspondant à Marseille

La nuit tombe sur Marseille, les portes du bâtiment sont fermées. Une pancarte indique «Service de l’immigration et de l’intégration». En dessous, ce jeudi, une trentaine d’hommes assis sur les marches d’un escalier. Ils sont étrangers, ont besoin de déposer un dossier de demande de titre de séjour. Mais la préfecture des Bouches-du-Rhône refuse d’en prendre plus de 10 le matin. Alors, pour être les premiers, ils vont dormir sur place. L’un d’eux est là depuis trois jours, un autre quatre, un troisième cinq. Vannina Vincensini, avocate spécialisée dans le droit des étrangers, raconte qu’un de ses clients a dormi là à partir du dimanche soir pour déposer son dossier le jeudi.

Filtre. Officiellement, la préfecture n’a pas assez d’employés. Alors le matin, lorsqu’elle ouvre les portes, elle rationne les tickets qui permettent de prendre place dans une file d’attente. Pour les étrangers qui demandent une régularisation au titre de la vie privée ou familiale (ceux qui sont entrés depuis longtemps sans titre), elle n’en donne que 10. Ensuite c’est fini, les autres doivent repartir. Une sorte de filtre qui limite ce que légalement on n’a pas le droit d’interdire : la possibilité non pas d’avoir un titre, seulement d’en faire la demande.

Malek, Tunisien de 25 ans, a déjà passé deux nuits ici. Il est encore de bonne humeur. Il fait assez chaud ce soir. Il explique qu’il faut se faire remplacer quelques minutes si on veut aller boire un café, se rafraîchir dans les toilettes d’un bar. Il vient d’Arles déposer son dossier. Selon Anaïs Léonard, autre avocate spécialisée dans le droit des étrangers, la situation est surtout compliquée pour les plus faibles. Ceux qui ne peuvent jouer des épaules au matin. Celles qui ont peur de passer une nuit avec ces hommes qu’elles ne connaissent pas. Le client d’une de ses collègues ne veut plus venir : transsexuel, il s’est fait casser la gueule deux fois. La troupe essaie de s’organiser. Il y a quelques jours, elle avait mis en place une liste pour aller et venir dans la journée sans perdre sa place. Cela n’a pas fonctionné. Au matin, des nouveaux passaient devant, cela se terminait en bagarres. Alors tout à l’heure, ils se presseront bien avant l’ouverture contre la porte. Pour l’instant, ils dorment en pointillé.

A 4 heures, la foule a grossi. Des demandeurs pensaient qu’il suffisait d’arriver dans la nuit. Ils regardent, découragés. Presque tout le monde est réveillé, les yeux partent dans le vague. Il fait froid. Les hommes se serrent les uns contre les autres. Il y a de la fatigue, de l’exaspération. Quelqu’un ronfle très fort. Un homme finit par quitter les escaliers pour le secouer doucement. Lorsqu’il revient, il a du mal à reprendre sa place. La tension monte. Quelqu’un dort debout, le coude appuyé à un mur. Vers 7 heures, la foule est compacte. Les 30 premiers, qui étaient là hier soir, sont comprimés contre la grille. Il faut tenir avant de pouvoir courir vers les guichets. Vers 8 heures, des policiers arrivent. Des renforts, que l’on envoie chaque matin réguler l’ouverture. L’un d’entre eux, agressif, donne un coup de pied dans un sac. «C’est à qui ça ? Ça part à la poubelle.» Il crie après les hommes qui s’agglutinent en haut des marches. «Tout le monde descend des escaliers, sinon on n’ouvre pas. Vous m’entendez ? On descend !» Un vieil Algérien regarde, appuyé sur une canne : «On est des chiens, alors ?» Un policier plus âgé, plus calme, essaie de convaincre les hommes de reculer : «Faites-le tous ensemble, personne ne perdra sa place.» Il glisse au journaliste : «Faites un article, racontez, ce n’est pas possible !» Ses collègues semblent exaspérés d’avoir à faire le sale boulot.

«Effectifs». A 8 h 20, les portes s’ouvrent enfin, les hommes se ruent. Mais, en quelques minutes, les 10 tickets se sont arrachés. Malek s’est fait passer devant. Comme quelqu’un qui grimperait chaque matin au mas de cocagne, et dévisserait toujours au dernier moment. La fatigue de la nuit lui retombe dessus. Il reste au milieu de la salle, perdu.

Près de lui, une femme observe ces hommes désemparés. L’adjointe du chef de service. Malek s’adresse à elle. «Il faut trouver une solution, madame. Je ne veux plus coucher dehors.» Elle répond gentiment, semble navrée. «Quand vous êtes parmi les premiers, dit-elle, jouez des coudes, ne vous laissez pas passer devant. Moi, je fais le maximum avec les effectifs que j’ai.» Il essaie d’insister, de lui laisser son dossier. Elle regarde, mais refuse de le prendre. Malek est entré illégalement voilà cinq ans. «Cinq ans, ce n’est pas beaucoup, murmure-t-elle. Il faut au moins dix ans. Ce que je vous conseille, c’est de rentrer dans votre pays et de faire les formalités auprès du consulat pour revenir légalement.» Il réplique : «Ce que je veux, c’est déposer mon dossier. Si après vous me donnez un titre, tant mieux. Si vous refusez, tant pis pour moi. Mais j’ai le droit de le déposer, c’est la loi.» Elle soupire : «Je vous comprends, mais c’est comme ça. Vous êtes trop nombreux.» Et finit par rejoindre son bureau. Malek ressort, s’arrête sur le trottoir jonché de cartons. Il devait revenir faire la queue cette nuit.

29/03/2011

Source : Libération

Le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) organisera les 14 et 15 mai prochain à Montréal la première rencontre des femmes marocaines des Amériques qui se focalisera sur les problématiques propres à cette région du monde.

Cette troisième édition des "Marocaines d'ici et d'ailleurs", qui regroupera quelque 150 femmes venus des Etats-Unis d'Amérique, de l'Amérique Latine, du Canada et du Maroc, "vise à combler les lacunes en termes de connaissances et d'enjeux, tout en offrant un espace de rencontre, d'échanges et de mise en réseau", indique un communiqué du CCME parvenu lundi à la MAP.

Cette rencontre, qui verra la participation de femmes issues du milieu académique, associatif, politique ou économique, "ambitionne de contribuer à la compréhension des problématiques spécifiques à cette région et d'apporter un éclairage scientifique aux défis vécus et aux actions concrètes à entreprendre, par le Maroc et les pays de résidence", selon le CCME.

Les participantes traiteront de trois problématiques centrales et communes à toutes les Marocaines d'ici et d'ailleurs, dans une approche axée sur les droits humains et l'égalité, ajoute-t-on.

Le premier axe "Agir contre les discriminations" traitera, sous une approche comparatiste, des politiques publiques de lutte contre les discriminations dont sont victimes les femmes migrantes de part leur sexe et leur origine ainsi que les actions menées, dans ce cadre, par les acteurs sociaux.

Le second axe "Agir pour l'égalité" se penchera sur les questions liées aux inégalités juridiques, particulièrement celles qui concernent les dispositions du Code de la famille (Moudouwana) et leur application effective dans les pays de résidence, alors que le troisième axe "Femmes et citoyennes" se veut un espace dédié aux différentes formes d'engagement civique des Marocaines des Amériques et de celles du Maroc pour améliorer leurs droits sociaux et promouvoir leur participation à la vie publique, précise la même source.

La rencontre de Montréal fait suite à celle de Bruxelles, organisée en décembre 2010 et qui fut la première d'une série de réunions régionales que le CCME organise dans le cadre de la troisième édition des "Marocaines d'ici et d'ailleurs ", dont les deux éditions précédentes s'étaient tenues à Marrakech en 2008 et 2009.

Après Montréal, la même source souligne que les deux prochaines rencontres, consacrées aux femmes marocaines de l'Afrique sub-saharienne et des Pays-arabes, seront programmées durant l'année en cours.

28/03/11

Source : MAP

"Penser le politique avec Abdelkébir Khatibi : altérité, interculturalité, transculturalité" est le thème d'une conférence qui sera organisée, vendredi, par l'Ecole de Gouvernance et d'Economie de Rabat et son Centre de Recherche sur l'Afrique et la Méditerranée (CERAM).

Cette conférence évoquera les nouvelles questions relatives à l'immigration, à la gestion des frontières et aux "valeurs civilisationnelles" qui sont posées aujourd'hui tant par les sphères des gouvernants et des partis politiques que par les milieux journalistiques, associatifs ou intellectuels.

La proximité avec "l'autre" prend un aspect politique sur lequel il semble important de s'interroger. Les rapports avec les autres cultures semblent être pris entre une relation dépassionnée, voire hétérogène, et un positionnement, inscrit lui-même dans cette autre relation censée "nous" lier à un "groupe d'appartenance", à une "nation", à une "communauté" ou à une "civilisation", soulignent les organisateurs, dans un communiqué.

Pour répondre à ces questions, la pensée d'Abdelkébir Khatibi (1938-2009) offre des ressources intellectuelles importantes. Pour les organisateurs, les écrits d'Abdelkébir Khatibi incarnent une réflexion permanente sur la proximité avec autrui, que cela soit au niveau de sa nation, de sa langue, de ses pratiques sociales et intellectuelles.

D'autre part, ajoutent-t-ils, sa pensée représente un plaidoyer important pour les rapprochements entre les cultures, où la dialectique ressemblance/différence est avant tout une immobilité où "l'autre" existe avant tout en "moi" et où "moi" n'existe avant tout que dans "l'autre".

C'est de ce double aspect qu'il s'agit de s'interroger en regardant les implications politiques qu'il peut avoir, notamment au sein de la société marocaine, relèvent-ils.

28/03/11

Source : MAP

Google+ Google+