Membres
- Abdallah REDOUANE, président
- Mohamed KHARCHICH, rapporteur
- Ahmed AYAOU
- Ahmed EL HAMSS
- El Khemmar El BAKALI
Membres observateurs
- M. Brahim ABBAR, Fondation Hassan II pour les marocains résidant à l'Etranger
- M. Hamou BENASSER, IRCAM
- Dr Touriya LIHIA, Conseil supérieur des oulémas
- M. Brahim OUNIR, Ministère chargé de la communauté marocaine résidant à l'étranger
- M. Mohamed RIFKI, Ministère des Habous et des affaires Islamiques
1. Un bref historique
La gestion institutionnelle de l'islam en Belgique a une histoire d'une bonne quarantaine d'années, depuis les premiers contacts lors de la visite du roi Faysal en 1963, au premières propositions de loi (en 1967) non abouties de parlementaires socio-chrétiens flamands pour reconnaître la religion « mahométane ». Un moment important sera constitué par la cession formelle pour 99 ans du « pavillon oriental », un édifice de style orientalisant, destiné à l'origine à abriter une vue panoramique du Caire, bâti pour l'exposition universelle de Bruxelles de 1897. Ce bâtiment fut concédé à la Ligue islamique mondiale ([1]) en 1969 pour le transformer en mosquée. Il est très bien situé à quelques centaines de mètres des bâtiments de l'Union européenne. Dernier moment de cette phase initiale de la gestion du culte est la loi fondamentale de 1974 de reconnaissance du « temporel du culte islamique » au même titre que les autres religions déjà reconnues selon le cadre légal propre à la Belgique : catholique, anglicane, juive. Cette notion de « temporel du culte » empruntée au régime napoléonien signifie uniquement que l'Etat belge prend en charge certains aspects du financement des activités cultuelles. Il ne signifie pas que l'Etat « reconnaît » ces cultes à un titre ou un autre (comme religions d'Etat par exemple). Cette notion prête à confusion notamment auprès de musulmans qui pensent erronément que la Belgique a « reconnu le culte musulman », en général. Cette rpécision vaut évidemment pour tous les cultes reconnus.
A l'islam s'ajoutera ensuite la religion orthodoxe tout comme la « laïcité » (terme assez imropre, qu'il faudrait appeler plutôt « laïcisme », c'est-à-dire les institutions qui défendent de manière volontaire l'agnosticisme ou l'athéisme) traitée en équivalent d'une religion et se constituant ainsi en quasi-église. Le bouddhisme est reconnu en 2008. Dans la foulée de cet esprit il résulte aussi que la loi organique régissant l'enseignement et datant des années 1960, prévoit l'organisation de cours de religion et de morale non confessionnelle (au choix des parents), dans l'enseignement obligatoire « officiel ».
Il faut rappeler que la Belgique n'est pas un pays concordataire, n'est pas non plus un Etat qui se définit comme « laïc » au sens français du terme, mais c'est un Etat qui se définit comme « neutre » à l'égard des religions. Autrement dit, l'Etat tout en étant non confessionnel, dispose d'une loi générale, datant de 1870 qui fait que certains cultes reçoivent un traitement privilégié en matière de financement des ministres du culte et d'édification et entretien des bâtiments. Les cultes sont donc considérés comme exerçant une certaine fonction d'utilité publique. Dans le cadre complexe du système fédéral belge actuel, le principe de la reconnaissance de religions revient à l'Etat fédéral, tandis que la mise en oeuvre concrète relève des régions fédérées (Wallonie, Flandres, Bruxelles).
La cession du bâtiment au Centre islamique ainsi que la reconnaissance de l'islam n'était pas tellement due à une demande des musulmans, mais à une initiative politique et diplomatique de pays musulmans. Et du côté belge il s'agissait de donner des gages à l'Arabie Saoudite qui s'occupait de plus en plus du sort des musulmans dans le monde et avec laquelle la Belgique commençait à négocier des contrats juteux.
Une saga : l'institutionnalisation de l'islam
Avec la loi de 1974, commence alors la saga de l'institutionnalisation de l'islam, passionnante sous l'angle sociologique, même si elle est accablante sur le plan humain, social et politique. Car les institutions musulmanes, instaurées en Belgique pour gérer les affaires cultuelles, ne cessent d'être agitées, que ce soit par des incessants conflits internes ou par la mise en examen de dirigeants ou ex-dirigeants. Ces vicissitudes désespèrent de nombreux musulmans et laissent pantois les observateurs. Parfois elles salissent des innocents et souvent épuisent les meilleures bonnes volontés.
Ces vicissitudes concernent surtout la représentation de l'islam, car pour répondre aux exigences qui découlent de cette reconnaissance, s'est posée, dès le départ, la question de savoir qui est le « chef du culte », pour reprendre la terminologie de la loi relative aux cultes, étant le répondant de l'Etat, selon les exigences de la loi, construite historiquement sur le modèle de l'Eglise Catholique.
Ce besoin de reconnaissance était accru par l'urgence ressentie de plusieurs côtés.
De la part de musulmans, elle était animée par l'attente de reconnaissance sociale et par le souhait de partager avec les autres religions le gâteau du financement public. Ceci était (et est toujours) assorti de l'argument, pour ces nouveaux citoyens belges, qu'une certaine équité doit s'exercer à leur égard et que donc leur culte ne doit pas être traité différemment des autres cultes. De la part de l'Etat, des média, des partis politiques c'était aussi la croyance bien illusoire de parvenir à maîtriser pas ce biais les extrémismes islamiques, grâce à la mise en boite institutionnelle de l'islam.
Cette urgence institutionnelle a forcé les musulmans à courir au pas des institutions de l'Etat et des exigences administratives, les a mis en scène sur l'espace public sans qu'ils soient nécessairement outillés pour le faire.
Le Centre islamique et culturel de Belgique, association internationale sous la houlette de la Ligue islamique mondiale, fût reconnue un moment comme « chef de culte ». Mais il fût rapidement contesté et récusé. Depuis la fin des années 1980, dans des cercles belges et musulmans plus ou moins éclairés, a émergé l'idée que ce chef de culte devra être « démocratique ». Quoi de mieux. Et donc, il faut qu'il soit élu. Exigence bien étrange appliquée à un culte et aucunement exigée pour d'autres cultes. Le label de la démocratie élective devenait la pierre de salut pour faire sortir l'islam de son impasse et aussi, pense-t-on, du danger radical.
On invente alors un système électoral bien belge : autant de flamands, de bruxellois et de wallons ; autant de turcs, de marocains, de convertis, etc. Le leadership musulman a rapidement joué dans ce jeu. Les premières élections furent organisées en 1991 après avoir dressé des listes d'électeurs sur base volontaire en vue de l'élection d'un Conseil supérieur des musulmans de Belgique ( de 68 membres), devant élire en son sein un Exécutif des musulmans de 17 membres) et, en leur sein, un Président. Une deuxième élection aura lieu en 1998, sur base de 43.000 électeurs (sur les 70.000 inscrits). Cet Exécutif fût sabordé par la Ministre de la Justice justifiant le fait soit parce que cet Exécutif était contrôlé par les Frères musulmans soit parce qu'elle avait reçu des plaintes de musulmans. Des nouvelles élections furent organisées en 2004, avec, parmi d'autres, une forte ingérence des diplomates turcs et marocains. Ces élections furent sabotées par une partie importante de musulmans marocains. Malgré tout une Assemblée et un Exécutif furent désignés, avec une forte influence des courant turcs officiels proches de la Direction de sAffaires religieuses de Turquie. Les vicissitudes judiciaires de 2005 ont aboutit à la situation actuelle d'une Assemblée et d'une Exécutif provisoire réduit. A chaque étape la Sûreté de l'Etat opérait un filtrage des élus en exigeant d'écarter certains membres à cause de leur soupçon (jamais justifié) d'activités radicales. Ce filtrage étant objet de protestations de la part des musulmans.
Parallèlement à la création de cette instance représentative, une loi autonome relative à l'enseignement datant de 1960, prévoit que les cultes reconnus ont droit à deux heures hebdomadaires d'enseignement de la religion professé par des personnes présentées par le chef de culte en question. Ceci dans l'enseignement appelé « officiel » ([2]). Le résultat est que actuellement quelques 600 enseignants de religion islamique enseignent dans les écoles du réseau « officiel » des deux régimes linguistiques. Ce qui est probablement le plus important financement public dans l'enseignement en lien avec la religion musulmane en Europe.
Parallèlement encore, puisque le financement des mosquées est désormais de compétence d'un autre niveau institutionnel, les régions, des mosquées ont été reconnues par celles-ci ([3] )au printemps 2008 (juste avant les élections), ce qui implique un financement du fonctionnement et des bâtiments et le paiement des imams ([4]). Cette reconnaissance s'est fait en accord relatif avec l'instance représentative centrale... mais dans une relative autonomie de la part des régions.
Je voudrais parvenir à montrer que la gestion politique belge en général par sa complication institutionnelle, mais également par d'autres raisons qui seront explicitées plus loin, est adapté au mode du devenir de l'islam belge et européen. Mais ce qui met en péril ce mode de fonctionnement est l'angoisse d'une hypothétique et imaginaire autorité qui serait absente et le péril de manipulations multiples dont ce modèle peut devenir et devient l'objet.
Pour tenter de procéder à ma démonstration, j'essaierai de présenter quelques aspects de mon analyse sur le devenir de l'islam ; une réflexion sur les gestions étatiques du religieux ; pour conclure à un question sur les paradoxe de cette gestion belge de l'islam, quasi-modèle, mais en péril.
2. Etat belge et régime belge des cultes
Classiquement on présente les gestions publiques des cultes en Europe à partir de l'opposition entre un modèle français de séparation et un modèle britannique, dit communautaire. Cette typologie n'est pas entièrement satisfaisante. La réalité est plus complexe et plusieurs dimensions entrent en jeu. Elles sont de différents types et c'est en fonction d'elles que les pratiques des Etats se dessinent.
L'une concerne le mode d'intégration institutionnelle du religieux par l'Etat. Ce sont les régimes formels des cultes. Mais c'est aussi la manière même de concevoir le religieux entre d'une part une "vision sacrale" du religieux, qui peut d'ailleurs concerner tout aussi bien l'adhésion que l'opposition au religieux (dans ce cas, le religieux est perçu comme une réalité au-delà des autres faits de culture et des autres faits institutionnels); et d'autre part une "vision banalisante", qui consiste à ramener le religieux à la dimension d'un quelconque fait culturel.
Et enfin il est clair que la position à l'égard du religieux dépend aussi de la position de l'Etat et du rôle qu'il assume en fonction du rapport entre l'Etat et la société civile et du rôle que l'Etat se donne dans le processus intégrateur de la société civile. Ce critère a deux extrêmes: l'attitude totalisante où l'Etat se sent le garant de la société civile et la vision fonctionnelle où l'Etat se conçoit avant tout comme gestionnaire de la société civile. Cette dernière vision étant plus proche d'une vision libérale.
En croisant ces critères sur un espace à trois dimensions, on obtiendrait une représentation plus complexe des modes de gestions du religieux par l'Etat que non le simple modèle binaire.
Il ne faudrait toutefois perdre de vue qu'en observant les politiques des Etats européen à l'égard de l'islam on ne peut qu'être frappés par le fait que les postures idéologiques ou historiques des rapports entre Etats et religions en Europe ont quelque part sauté face à l'islam.
Si on observe les pratiques au-delà des rhétoriques et des affirmations « communautarienne» ou « républicaine », force est de constater qu'en gros les Etats européens ont dû faire plus ou moins la même chose, c'est-à-dire tenter de répondre plus ou moins aux demandes musulmanes. Bien entendu en y répondant selon les traditions respectives de gestion publique, tout en faisant plus ou moins les mêmes choses.
L'Etat belge
Au sein des modèles étatiques multiples, si on regarde la gestion du religieux par les pouvoirs publics belges on peut dessiner les contours suivants.
1. L'Etat belge se pense et agit - n'a la possibilité d'agir- que comme un Etat entremetteur entre les forces sociales existantes, traditionnellement catholique, libérale, socialiste. C'est le modèle semblable à celui hollandais des Verzuiling (piliers), mais avec une vision encore plus atténuée de son rôle. La fédéralisation de l'Etat, avec la conséquente fragmentation des pouvoirs a encore accentué cela. D'où l'importance que l'Etat accorde aux multiples instances de la société civile, dans une tradition d'inclusion, de représentation complexe et désormais imbriquée dans les niveaux multiples, toutes plus ou moins subsidiées.
2. Parmi celles-ci il y aussi les organisations religieuses, certes traitées un peu autrement. Elles sont considérées dans une vision banalisée du religieux, car elles sont prises en compte avant tout sous l'angle d'une organisation, voire d'un pouvoir, parmi d'autres organisations et en rivalité avec elles pour capter les ressources de l'Etat.
3. Le rôle entremetteur est quelque peu mis au défi par l'islam, car devant les vicissitudes multiples liées à cette religion, l'Etat semble forcé à sortir - maladroitement- de son rôle d'entremetteur pour acquérir un rôle dirigiste plus accentué (dissolution et imposition d'élections, filtrage des personnes élues...).
Mais en même temps la fédéralisation de la gestion des cultes complexifie les choses. L'Etat fédéral (Ministère de la Justice) gère en général la reconnaissance des cultes, les questions de sécurité, le financement des aumôneries des prisons mais le financement des lieux de culte et du personnel est une compétence régionale et le financement des enseignants de religion islamique dans l'enseignement primaire et secondaire est une compétence des Communautés linguistiques.
4. A quelque niveau que ce soit le mode d'action de l'Etat belge est « pragmatique », dans le sens où il fonctionne avant tout dans la perspective d'ajuster les demandes et pas d'imposer des solutions, mais sans perdre de vue des perspectives générales, en l'occurrence une vision laïque de l'Etat, une certaine prudence, voire une précaution méfiante relative au rôle des religions dans l'espace public.
Mais il n'est pas « pragmatiste » ([5] ) dans le sens où il ignorerait des objectifs généraux laissés entièrement aux citoyens et aux forces du marché.
3. Modèle belge de gestion de l'islam ?
De ce mode de fonctionnement de l'Etat belge et d'autres facteurs, s'est mis en place -non pas théoriquement, mais pragmatiquement- un modèle d'intervention belge assez singulier et assez adapté à cet islam en construction.
D'une part la représentation de l'islam au niveau central continue à vivre des vicissitudes et des soubresauts.
Mais ceci n'empêche pas d'autres part des choses concrètes se mettent en place. Autrement dit : il n'y a pas de représentations stable et convaincante de l'islam, mais l'intégration institutionnelle pratique de l'islam se porte plutôt bien. Car malgré ces vicissitudes et malgré des motivations parfois ambivalentes (entre autre dans le chef des politiques), des choses ont étés mises en place et fonctionnent.
Que l'on pense à l'enseignement de la religion islamique. Plusieurs centaines d'enseignantes et enseignants professent dans les réseaux officiels francophone et flamand. C'est un fait important, souvent peu pris en compte, tant l'attention, parfois la fixation, s'est portée sur les mosquées et les imams. Cet investissement des pouvoirs publics, l'engagement et le travail des enseignantes et enseignants et de ceux qui les encadrent est un cas unique en Europe. Ils représentent un investissement considérable de la part des pouvoirs publics. C'est entre autre par le biais de cet enseignement que se préparent les générations futures de musulmans de Belgique. Cette réalité existe, fonctionne, même si elle nécessite des améliorations notamment dans la formation des enseignants, car actuellement aucune école de formation d'enseignant dispense un formation en théologie et sciences islamiques.
Les aumôneries des hôpitaux et des prisons ont été mises en place. Des parcelles musulmanes dans les cimetières ont été ouvertes.
Des mosquées ont été reconnues et sont financées. C'est un fait, même si on devrait s'interroger sur le bien fondé de cette décision, qui manque de vision et peut devenir lourde de conséquences pour l'avenir. Des salles de prières fonctionnent se fondant sur l'engagement bénévole des membres.
Des cimetières ont été ouverts dans de nombreuses villes.
Dans les communes, un dialogue se poursuit et se construit entre associations musulmanes, mosquées et pouvoirs locaux.
A l'Université catholique de Louvain avec un financement octroyé au titre de la « formation continue » par la ministre francophone de l'enseignement supérieur, a commencé depuis l'année académique 2006-2007 une formation en « sciences religieuses : islam » dispensé par des enseignants musulmans et non musulman et délivrant un titre universitaire formel prévu par la loi sur la formation continue (Certificat d'Université) ([6]).
Autrement dit, au quotidien des choses existent et se font. Elles vont dans le sens d'une intégration de la réalité de l'islam dans le cadre institutionnel belge. C'est d'ailleurs ce qui fait l'originalité du modèle belge par rapport à l'ensemble des pays européens. Car il y a un modèle belge original. Il est adéquat à la réalité de l'islam européen en construction. Inutile de lorgner, comme souvent en Belgique, vers des solutions françaises, britannique, hollandaise ou d'autre pays. Le modèle belge est pilote. Il se fonde sur plusieurs potentialités : l'existence active d'une société civile dynamique et, au sein de celle-ci, des religions ; la prise en compte positive de celles-ci par l'Etat ; la décentralisation des compétences et de la gestion; un Etat pragmatique (non idéologiquement pragmatiste) prudent, même si parfois des hommes et des femmes politiques font des choix inopportuns et dérégulateurs.
L'angoisse et les manipulations
Où le bât blesse c'est donc dans l'institutionnalisation centralisée de l'islam et dans la quête d'une instance « représentative ». Cette situation est en partie commune à l'ensemble des pays européens. Elle est exacerbée en Belgique d'une part, par l'urgence mise par l'Etat et par des musulmans intéressés à institutionnaliser l'islam et d'autre part par la manière dont on s'y est pris pour le faire.
Trois questions sapent l'efficacité du modèle belge.
L'angoisse, intérêt et le figé
L'urgence d'assurer une solution institutionnelle à la représentation, tant de la part de l'Etat inquiet par l' « intégrisme », le « radicalisme » que de la part de musulmans intéressés à divers point de vue, peut aboutir à figer une situation qui correspond à la demande actuelle et pas à l'avenir.
Ainsi la reconnaissance des mosquées a figé les cloisonnements des appartenances ethniques-nationales de celles-ci, ce qui est une demande des anciennes générations, pas nécessairement celles de l'avenir.
Ceci a aussi consacré l'influence de la Diyanet, car la majorité des mosquées turques reconnues appartiennent à la Diyanet. L'intervention des autorités marocaines s'est également exercée, bien que de manière moins massive et méthodique que celle de l'Etat turc.
Les effets pervers d'un modèle démocratique idéal
Par ailleurs, le mode imaginé depuis les années 1980 pour « institutionnaliser » l'islam a produit certains effets pervers. En effet, l'Etat, pour gérer un culte qu'il accepte de financer, a besoin d'une instance interlocutrice. Il s'agit donc d'en constituer une pour les musulmans, qui ne disposent pas d'une telle autorité intégrée dans leur propre système religieux.
Le résultat est que lorsqu'on dit élections populaires, davantage encore dans un système dérégulé, on dit rivalité et luttes pour le pouvoir. Et ceci d'autant plus que derrière ces élections, il n'y a pas seulement et exclusivement l'action pour la plus grande gloire de Dieu, mais il y a aussi des postes, des fonctions, de l'argent, des honneurs, de la notabilité. Ainsi, aux élections de 2005, voulues par le pouvoir politique et annoncées comme providentielles, on a vu les musulmans turcs, guidés par l'instance religieuse de l'Etat turc, prendre le pouvoir contre les marocain, un nouveau leadership vouloir remplacer et liquider le précédent, avec ce qui s'en suit de dénonciations à la clé. Et ceci n'était qu'une répétition des élections précédentes.
Le résultat est que des malversations ont vu le jour, le vice-président « démocratiquement » élu (proche des milieux socialistes) a été inculpé d'abus financiers ; le président proche de la Diyanet a été démissionné, une partie de l'instance a démissionné à son tour.
En avril 2008 le Ministre a confirmé provisoirement l'instance « représentative » avec les éléments restants.
Les captations partisanes
Ne disposant pas d'une institution forte de type église, constituant un filtre aux influences des partis politiques européen, l'islam pourrait devenir - et certains signes l'annoncent déjà- un terrain de compétition entre forces politiques pour capter le vote musulman. En effet de nombreux musulmans européens sont désormais devenus des électeurs et constituent une clientèle électorale intéressante pour les diverses formations politiques. L'islam, comme les autres religions, bénéficie ou aspire à bénéficier de certains avantages prévus pour les cultes dans presque tous les pays européens (financement des lieux et du personnel du culte, de l'enseignement de la religion, etc.) ? Une sorte d'échange pourrait apparaître entre certains avantages que des partis gouvernementaux pourraient accorder et la canalisation de choix électoraux.
Et on a vu des influences partisanes, - de partis politiques belges, cette fois-ci- rebondir sur les élections tout court : reconnaissance de l'islam et reconnaissance des partis politiques s'entremêlent. D'autant plus que la loi sur les naturalisations, qui a accéléré l'acquisition de la nationalité belge par des populations immigrées, n'a fait que hâter le processus, car il fallait au plus vite capter le « vote musulman ». Le leadership musulman a joué au plus offrant et n'a pas su analyser les pièges qu'il y avait à s'engouffrer dans les logiques partisanes. Celles-ci n'ont fait que contribuer un peu plus à ramener le religieux, à l'intérêt et les idéaux, au calcul.
Ce système électoral qui institue des leaders en représentants, qui renforce les relais du politique a en plus comme résultat de donner du pouvoir ou bien à des gens qui ne le méritent pas toujours mais qui réussissent à se faire élire grâce à leur campagne électorale et aux moyens dont ils disposent pour la mener, ou bien à propulser des jeunes gens inexpérimentés à l'avant de la scène, afin de fournir une façade capable de satisfaire les attentes belges d'un islam « intégré ». Les résultats sont dès lors des gestions maladroites, des choix douteux, de l'incompétence, parfois des abus et, certainement une absence d'autorité morale.
Autrement dit, les vicissitudes de l'islam institué en Belgique ce ne sont pas liées seulement à un problème d'hommes et de femmes épinglés par les médias, mais c'est également le problème du système mis en place, voulu aveuglement par des musulmans, des autorités et leurs experts.
Et ce qui est plus lourd de conséquences pour l'avenir, c'est que la focalisation de tout le monde sur les enjeux institutionnels, en en faisant l'enjeu prioritaire et la solution des questions liées à l'islam belge, a laissé en deuxième ligne des questions majeures d'ordre intellectuel et éthique. Car l'avenir de l'islam et son insertion dans l'espace belge, va se jouer sur ces aspects, plus que sur la multiplication des salles de culte et de leur financement. Et parallèlement la question de la formation des futurs leaders a été sous-estimée, même si beaucoup d'initiatives ont vu le jour, là aussi, sous le mode de la rivalité et de la compétition négative. Il ne s'agit pas de la question du recyclage des imams, question tout compte fait appartenant désormais au passé. Mais celle des futures générations musulmanes.
4. Enjeux à venir : nécessité de revoir les priorités
Depuis trente-quarante ans une partie des populations d'origine musulmane immigrées en Europe s'est activée pour rendre visible, concrétiser sa « religion ». Des convertis se sont également attelés à cette tache. Il s'agit bien d'une partie, un tiers peut être de l'ensemble des personnes d'origine musulmane, mais avec un regard non hostile de la part des autres personnes d'origine musulmane. Autrement dit, l'athéisme ou l'agnosticisme militant sont très minorisés et apparaissent peu légitimes.
Lorsqu'on fait une histoire comparative entre pays européens, on est amené à conclure qu' il y a bien eu une similitude et une simultanéité dans le processus de visibilisation de l'islam : premières manifestations dans les années 1970, enthousiasmes au moment de la révolution khomeyniste et puis replis dans les années 1980 ; nouvelle phase d'implantation dans les années 1990 ; perturbations et incertitudes après le 11 septembre.
Globalement les musulmans se sont activés pour se doter d'infrastructures religieuses (mosquée, salles de prière) ([7]) et vont tendre à obtenir que les Etats donnent à l'islam un statut comparable à celui qu'ils octroient aux autres religions avec les conséquences pratiques qui en découlent et qui diffèrent selon les pays : financement des lieux des cultes, des fonctionnaires religieux, cimetières musulmans, distribution de nourriture hallâl dans les institutions publiques, etc.
Mais ce qui échappe souvent au regard des analystes et de la classe politique est que le processus de reconstitution, de construction de l'islam européen est loin d'être achevé. C'est une erreur constante de considérer l'état actuel de cette présence, comme définitif (et de bâtir des politiques en conséquence).
Il est inachevé tout d'abord du point de vue des attentes et des demandes des musulmans, qui évoluent au fil du temps et des générations. Les demandes d'islam des deuxièmes et troisièmes générations ne sont probablement pas les mêmes que celle des premières générations. C'est ainsi que alors que les musulmans de la première heure continuent à mettre en place des infrastructures, à bâtir des mosquées, à chercher des assises institutionnelles aidés par des bienfaiteurs musulmans divers et par des interventions publiques, on pourrait se demander si cette demande du cultuel continuera à se manifester avec la même intensité à l'avenir. Ces aspects cultuels, certes importants, pourraient ne plus être prioritaires.
On pourrait se demander à l'observation des jeunes génération si la demande qui émerge n'est pas moins en fonction d'une orthopraxie ou d'une référence à une norme absolue à laquelle se conformer (même quand elle se formule dans les terme du licite et de l'interdit) qu'en fonction d'une demande de sens. Cette demande de sens porte sur la question centrale du sens d'être musulman en Europe, sur le sens même à donner à l'idée de religion, sur le mode d'exister des structures sociologiques de base (leaders, forme d'assemblée....). Tout ceci renvoie de manière inévitable à la question de l'interprétation avec toute la multiplicité et les hésitations qu'elle connaît au sein de l'islam.
Un des questionnements qui sous-tendent cette réflexion consiste à savoir si l'islam européen doit se redéfinir à l'instar du christianisme européen (c'est-à-dire comme religion privatisée structurée comme église, dotée d'une hiérarchie) ou s'il doit chercher une voie propre. Si des contraintes financières amènent facilement (mais à travers des difficultés) des transactions au sujet de la structuration comme quasi-église, l'idée de suivre le chemin emprunté par les christianismes (privatisation, subjectivation du religieux, modestie identitaire) donne lieu à pas mal de réflexions et de perplexités, car il s'agit là d'un bouleversement considérable de la voie tracée par le Prophète.
Face à ces demandes émergeantes de sens, on mesure le drame qui vit l'islam contemporain. Sa crise majeure, son grand inachèvement est une crise de l'élaboration intellectuelle et de l'idéation religieuse.
Car aujourd'hui manque cruellement un leadership intellectuel formé issu de l'espace européen. Et manquent des lieux de formation supérieure en sciences islamiques, hormis les institutions privées qui ont vu le jour dans tous les pays européens mais qui sont bien insatisfaisantes. De telle sorte que de nombreux jeunes européennes prennent la voie des « université » de Médine ou d'ailleurs pour rechercher cette formation. Il n'est pas sûr qu'ils reviennent avec des outils adaptés pour l'insertion de l'islam dans l'espace européen.
Dans l'ensemble du monde musulman et en Europe les cinquante dernières années ont montré la crise et la carence des intellectuels. L'enjeu à venir pour l'entrée de l'islam dans la modernité est là. Et ce ne sont pas seulement des intellectuels solitaires, bons communicateurs qui seront une réponse suffisante. C'est un travail intellectuel de fond, c'est un essaimage d'intellectuels de l'intérieur du champ religieux musulman qui devient urgent et nécessaire. C'est le défi majeur des années à venir. Sinon les nouvelles sensibilités musulmanes et les attentes de sortie de l'impasse resteront sans réponse ou chercheront des réponses dans des formes de pensée peu souhaitables et dysfonctionnelles pour les devenir de l'islam européen.
C'est donc globalement une réalité en construction qui connaît des structures sociologiques de base changeantes, des demandes en évolution, des générations qui se succèdent et un leadership faiblement constitué même si les leaders sont nombreux, voir trop nombreux compte tenu du mode de structuration de base de l'islam.
4. Conclusion
Le quasi-modèle belge (qui ne peut être qualifié de modèle car il ne s'est jamais explicitement énoncé et encore moins formalisé) pragmatique, polycentrique apparaît adapté à la réalité musulmane qui est en construction et tâtonnante. Mais ce fonctionnement n'est pas pragmatiste, au sens qu'il ne promeut pas un pragmatisme aveugle, dissociés des questions fondamentales de la vie collective, telle que celle de la laïcité de l'espace public.
Toutefois l'urgence d'aboutir, de trouver des solutions, ou de donner l'apparence aux populations d'en trouver, et ce presque en réponse aux inquiétudes des populations face à l'islamisme, provoque l'urgence de vouloir, coûte que coûte, créer une instance représentative définitive, sure et de surcroît « démocratique », supposée capable d'encadrer et de réguler les populations musulmanes. Ce qui induit des effets pervers non indifférents et des crises régulières de cette instance, car les conditions sociologiques pour sa création ne sont pas réunies.
Mais, encore une fois, le modèle belge « sauve » la situation car les perturbations de l'instance centrale sont en quelque sorte compensées par les fonctionnements pratiques et décentralisés concernant de multiples aspects de la gestion du culte.
Quoi qu'il en soit la grande urgence aujourd'hui, n'est pas celle de bâtir de mosquées, qui de trouver une meilleur statut pour l'islam ou une instance représentative. Les baes existent déjà.
La grande urgence est n'est donc plus de batîr des murs, des minarets, des institutions, mais est celle de bâtir des hommes et des femmes, formés à haut niveau sur le plan intellectuel, capables d'assumer leur fonctions de leadership sur le plan intellectuel et morale. Ces leaders ne pourront plus continuer à être « importés » des pays musulmans.
Grande urgence car on sait que lorsqu'il s'agit de formations supérieures, les résultats concrets ne peuvent se voir que les une horizon de 10-15 ans. Il est donc urgent de commencer.
Mais l'urgence de commencer ne doit pas signifier précipitation, importation de modèles ou de formules d'enseignement des pays musulmans. L'espace européen musulman se construit de manière originale, spécifique. Il importera à l'avenir inventer un modèle original de formation supérieure en sciences islamiques.
[1] Plus exactement à l'association internationale sans but lucratif, de droit belge, appelé « Centre Islamique et culturel ». Ce centre a été fondé en 1968 à l'initiative de diplomates de pays musulmans accrédités en Belgique. Les activités avaient commencé de manière informelle en 1963-64.
[2] C'est l'appellation belge de l'enseignement public. Dans l'esprit décentralisé belge, celui-ci peut être organisé par les communautés linguistiques (anciennement par l'Etat central), ou par les communes ou par les provinces. L'enseignement officiel couvre environ la moitié de la population scolaire, l'autre moitié étant couverte par l'enseignement appelé « libre », en majorité catholique, mais comprenant aussi d'autres écoles créées par des initiaives diverses selon des dimensions religieuses (écoles juives, une école musulmane), ou pédagogiques (pédagogie Freinet etc.).
[3] 17 en région wallonne, 5 à Bruxelles et 8 en région Flamande (novembre 2007).
[4] 50 imams ont été reconnus pour un budget annuel de 1,2 millions d'euros, leurs rémunération étant alignées sur celle des pasteurs pour un salaire de 18.700 euros bruts/an (novembre 2007) (Cette rémunération est supérieure à celle des prêtres, car ceux cumulent souvent plusieurs paroisses).
[5] Je dirais que l'Etat britannique ainsi que les Pays-Bas des années 1980 ont ou ont eu une démarche pragmatiste, dont ils semblent se repentir aujourd'hui parfois en la corrigeant radicalement.
[6] Pour plus d'informations on peut consulter le site : http://www.uclouvain.be/cismoc
[7] Un indicateur significatif : le nombre des mosquées et salles de prières dans les pays des 15 pays de l'Union européenne était de quelque 6.000 au début du XXI° siècle. Il était un peu plus de 2.000 au début des années 1990. Dans les années 1970 ce nombre ne dépassait pas les 500 (voir - Dassetto F., B. Maréchal et J. Nielsen, Convergences musulmanes. Aspects contemporains de l'islam dans l'Europe élargie, Louvain-la-Neuve/ Paris, Académia Bruylant/ L'Harmattan, 2001 177p.)
Felice Dassetto
Université catholique de Louvain
Centre Interdisciplinaire d'Etudes de l'Islam dans le Monde Contemporain (CISMOC)
Le CCME a été présent tout au long du salon, en proposant sur son stand une sélection d'ouvrages sur la thématique des migrations internationales, de la présence marocaine à l'étranger et de documentaires sur les grandes figures de l'émigration marocaine.
Nouveau venu dans un paysage religieux européen de plus en plus diversifié, le culte musulman doit rattraper son retard historique par rapport aux confessions établies, notamment en matière d'édification de lieux de culte, d'encadrement et de positionnement référentiel. Le contexte européen, qui est historiquement différent des pays musulmans, est un défi et une chance pour l'islam en Europe.
Le processus de sécularisation de l'islam dans les pays européens, marqués par une « laïcité culturelle », entraine de fait plusieurs problématiques de nature référentielle et sociologique.
La jurisprudence musulmane concernant la réalité des musulmans d'Europe est dans une phase de questionnement mais aussi de confusion dans la structure de son discours en Occident en général et en Europe en particulier.
De ce qui précède, une réflexion et un débat sont nécessaires sur le modèle religieux et sur la pensée juridictionnelle concernant les musulmans en Europe. Cela suppose un renouvellement de l'approche quant à la nature de l'offre juridictionnelle, mais aussi concernant les contours de la formation que reçoivent les cadres religieux censés avoir la fonction de guide et de conseil pour les musulmans d'Europe.
Considérant l'importance et la portée du débat sur le référentiel de l'islam en Europe, le CCME organise un colloque international intitulé « l'islam en Europe : quel modèle ? ».
Ainsi, et après quelques interventions en plénière sur la problématique soulevée par le modèle de l'islam en Europe, les travaux se dérouleront autour des espaces thématiques suivants :
- la géographie de l'islam en Europe
- l'islam européen et la problématique du référentiel
- le modèle cultuel marocain et le contexte européen
Le CCME organise dans le cadre de ce colloque, une table ronde dont le thème est : « référentiel et pratiques chez les femmes et les jeunes musulmans en Europe ». Plusieurs spécialistes et acteurs du terrain sont invités à cette rencontre pour débattre du thème de la table ronde et confronter leurs idées.
Samedi 20 Juin 2009
Séance 1 : géographie de l'islam en Europe
- Le champ religieux en Europe : composantes et évolution
- Historique et mutations de l'islam moderne en Europe
- Etat des lieux des courants de l'islam en Europe
Séance 2 : l'islam européen et la problématique du référentiel
- Fondements et sources d'inspiration des musulmans en Europe
- Les musulmans en Europe à l'épreuve de la laïcité
- La formation religieuse : état des lieux et perspectives
- Perspectives de l'islam européen
Dimanche 21 Juin 2009
Séance 3 : table ronde :
« Référentiel et pratiques chez les femmes et les jeunes musulmans en Europe »
Séance 4 : le contexte européen et le modèle cultuel marocain
- Le modèle cultuel marocain : origine et fondements
- Le modèle cultuel marocain et le contexte européen : mutations et défis
- L'Europe et le modèle cultuel marocain : perspectives d'avenir
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Le CCME à la tête du comité de suivi de la première conférence internationale des conseils et institutions de l'émigrations
A l'issue de la première conférence internationale des conseils et institutions de l'émigration s'est déroulée, sous le Haut patronage de Sa Majesté le ROI Mohammed VI, les 3 et 4 mars 2009 à Rabat, et sur invitation du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), les participants ont adopté une déclaration finale qui a désigné un comité de liaison et de suivi provisoire, chargé de donner suite à ses travaux, et d'organiser les échanges entre les conseils des pays participants et d'élargir le rayon d'action et d'implication aux institutions similaires d'autres Etats qui y seraient intéressées. Le secrétariat de ce comité, chargé de préparer les prochaines initiatives entre les conseils et institutions de l'émigration, est confié au CCME.
Ce comité est composé des institutions suivantes :
- Le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger
- Le Conseil général de la communauté espagnole de l'extérieur
- Le Haut conseil des Maliens de l'extérieur
- Le Ministère pour les Equatoriens et Equatoriennes migrants
Cette première conférence internationale des conseils et institutions de l'émigration, la première du genre, a vu la participation d'une centaine de personnalités, incluant des ministres et responsables gouvernementaux, des représentants des conseils des émigrés, des élus des communautés émigrées aux institutions représentatives de leur pays d'origine, des représentants des partis politiques marocains et des experts en matière migratoire. Les délégations étrangères invitées ont représenté 16 pays à travers le monde (l'Algérie, la Belgique, le Bénin, la Côte d'Ivoire, la Croatie, l'Equateur, l'Espagne, la France, l'Italie, le Liban, la Lituanie, le Mali, le Mexique, le Portugal, le Sénégal et la Tunisie).
Les travaux et débats ont examiné les problématiques générales des migrations ainsi que les expériences concrètes des pays participants en matière de politiques publiques envers les émigrés. Plusieurs interventions ont par ailleurs traité des modalités de participation politique au sein de leur pays d'origine et des institutions consultatives des populations émigrées.
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Conseil de la communauté marocaine à l'étranger
Site : www.ccme.org.ma
Assemblée des français de l'étranger, France
Site : www.assemblee-afe.fr
Ministère des affaires étrangères, Direction des français à l'étranger et des étrangers de France, France
Site : www.diplomatie.gouv.fr/fr/les-francais-etranger_1296/index.html
Union des français de l'étranger, France
Site : www.ufe.asso.fr
Association des français du monde, France
Site : www.francais-du-monde.org
Conseil général des citoyens espagnols de l'extérieur, Espagne
Site : www.ciudadaniaexterior.mtin.es
Ministère du travail et de l'immigration, Espagne
Site : www.mtas.es
Direction générale de l'immigration, Espagne
Site : http://extranjeros.mtin.es
Consejería de gobernación, Junta de Extremadura, Andalucía, Espagne
Site : http://www.juntadeandalucia.es
Gobierno de Aragón, Vicepresidencia del gobierno, Aragón, Espagne
Site : http://portal.aragon.es/portal/page/portal/DGA/DPTOS/VIC
Gobierno del Principado de Asturias, Consejería de presidencia, justicia e igualdad, Asturias, Espagne
Site : http://www.asturias.es
Dirección General de acción exterior y relaciones con la Unión Europea, Consejería de presidencia, Baleares, Espagne
Site : http://www.caib.es
Consejería de interior y justicia, Castilla Y León, Espagne
Site : http://www.jcyl.es
Secretaria de asuntos exteriores, departamento de la vicepresidencia, generalitat de Catalunya, Espagne ;
Site : http://www20.gencat.cat/portal/site/Departament-de-la-Vicepresidencia
Vice presidencia primera y portavocia, Junta de Extremadura, Espagne
Site : http://www.prs.juntaex.es
Secretaria general de emigración de la Xunta de Galicia, Espagne
Site : http://www.xunta.es
Consejería de presidencia, justicia, interior y administraciones públicas, Madrid, Espagne
Site : http://www.madrid.org
Consejería de presidencia, Murcia, Espagne
Site : http://www.carm.es
Departamento de relaciones institucionales y portavoz del gobierno de Navarra, Espagne
Site : www.navarra.es
Consejería de presidencia del gobierno de La Rioja, Espagne
Site : www.larioja.org
Consejería de inmigración y ciudadanía, Valencia, Espagne
Site : www.gva.es
Union francophone des belges de l'extérieur, Belgique
Site : www.ufbe.be
Vlamingen in de wereld, Belgique
Site : www.viw.be
Parlement des finlandais expatriés, Finlande
Site : http://www.usp.fi
Conseil général des italiens de l'étranger, Italie
Site : http://www.comites-it.org
Députés des circonscriptions étrangères, Italie
Site : http://www.camera.it
Sénateurs des circonscriptions étrangères, Italie
Site : http://www.senato.it
Département des minorités nationales et des Lithuaniens résidant à l'étranger, Lituanie
Site : www.tmid.lt
Conseil des communautés portugaises, Portugal
Site : http://www.ccp-mundial.org
Ministère des Affaires Etrangères - Direction générale des affaires consulaires et des communautés portugaises, Portugal
Site : http://www.mne.gov.pt
Commission de liaison des polonais de l'étranger, Pologne
Site : http ://www.nw.senat.gov.pl
Organisation des suisses de l'étranger, Suisse
Site : http://www.aso.ch
Agence d'état des bulgares de l'étranger, Bulgarie
Site : http://www.aba.government.bg/english/index.php
Commission des croates de l'étranger, Croatie
Site : http://www.sabor.hr
High level committee on Indian Diaspora, India
Site : http://indiandiaspora.nic.in
General secretariat for Greeks abroad, Greece
Site : www.ggae.gr
World council of Hellenes abroad, Greece
Site: www.seaworld.org
Danes worldwide, Denmark
Site : http://www.danes.dk
Députés de l'assemblée populaire nationale, Algérie
Site : www.apn-dz.org
Office des tunisiens à l'étranger, Tunisie
Site : www.ote.nat.tn
Conseil supérieur des burkinabés de l'étranger, Burkina Faso
Site : www.burkinadiaspora.bf
Département des ivoiriens de l'étranger- Ministère des affaires étrangères, Cote d'Ivoire
Site : www.diplomatie.gouv.ci/fr/ministere/orga_dep_ivoiriens_de_letranger
Conseil supérieur des sénégalais de l'extérieur, Sénégal
Site : www.senex.gouv.sn
Agence des béninois de l'extérieur, Bénin
Site : www.anbe.org
Haut conseil des maliens de l'extérieur, Mali
Site : www.maliensdelexterieur.gov.ml
Secrétariat national du migrant équatorien, Equateur
Site : www.senami.gov.ec
Institute for Mexicans abroad, Mexique
Site: www.ime.gob.mx
Organización internacional para las migraciones misión Chili
Site : www.oimchile.cl
Direction en charge de la communauté chilienne, Chili
Site : www.chilesomostodos.gov.cl
Consejo nacional de la inmigración, Brasil
Site : www.mte.gov.br/cni
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Sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la première conférence internationale des conseils et institutions de l'émigration s'est déroulée les 3 et 4 mars 2009 à Rabat, sur invitation du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME).
Ont participé à cette première rencontre du genre une centaine de personnalités, incluant des ministres et responsables gouvernementaux, des représentants des conseils des émigrés, des élus des communautés émigrées aux institutions représentatives de leur pays d'origine, des représentants des partis politiques marocains et des experts en matière migratoire. Les délégations étrangères invitées ont représenté 16 pays à travers le monde (l'Algérie, la Belgique, le Bénin, la Côte d'Ivoire, la Croatie, l'Equateur, l'Espagne, la France, l'Italie, le Liban, la Lituanie, le Mali, le Mexique, le Portugal, le Sénégal et la Tunisie).
Conformément au programme de la conférence, les exposés et les débats ont été riches et variés. Ils ont permis d'examiner les problématiques générales des migrations ainsi que les expériences concrètes des pays participants en matière de politiques publiques envers les émigrés. Plusieurs interventions ont par ailleurs traité des modalités de participation politique au sein de leur pays d'origine et des institutions consultatives des populations émigrées.
Ainsi a-t-il été permis aux participants de relever que :
- Les phénomènes migratoires se globalisent et génèrent des problématiques au niveau mondial, interpellant de plus en plus d'Etats qui, à des degrés certes divers, deviennent à la fois des pays de départ, d'accueil et de transit plus ou moins durable des migrants.
- L'équation de l'intégration des migrants dans les pays d'accueil et la préservation de leur identité et de leurs liens avec leur pays d'origine engendre certes quelques malentendus, voire quelques tensions, appelant des solutions négociées, dans le respect du droit international des droits de l'Homme, tout en tenant compte de la diversité des ordres juridiques nationaux et du contexte des progrès démocratiques du monde d'aujourd'hui.
- Par delà les incompréhensions et l'instrumentalisation politicienne, et en dépit des dérives xénophobes, les phénomènes migratoires constituent un puissant levier de compréhension mutuelle, de respect réciproque et d'échanges culturels enrichissants entre les peuples. La réflexion collective au plan international sur les problématiques générées par ces phénomènes ne peut que contribuer à l'élaboration et à la mise en place de politiques concertées et pertinentes, dans l'intérêt des Etats émetteurs, récepteurs ou de transit et, avant tout, dans l'intérêt des populations migrantes et de la protection de leurs droits essentiels.
- A cet égard, la conférence de Rabat a permis de prendre la mesure de la diversité et du caractère évolutif des politiques publiques et des modalités de participation politique et de la nature des conseils des communautés émigrées, en fonction des traditions nationales propres à chaque Etat. Elle a également permis de prendre la mesure des contraintes et dynamiques historiques à l'œuvre, dont notamment l'intensité et la pérennité des liens culturels entre populations émigrées et pays d'origine.
- Cependant, cette diversité institutionnelle et politique offre par elle-même une riche source de réflexion, de recherche scientifique comparée et d'inspiration pour les acteurs des communautés émigrées et des pouvoirs publics. Ainsi, de nombreuses bonnes pratiques et pistes de réflexion plus ou moins adaptables au contexte de chaque Etat ont pu être mises en lumière.
Afin de poursuivre cette amorce de réflexion collective et de concertation, la conférence de Rabat a décidé de créer un comité de liaison provisoire, chargé de donner suite à ses travaux, et d'organiser les échanges entre les conseils des pays participants et d'élargir le rayon d'action et d'implication aux institutions similaires d'autres Etats qui y seraient intéressées. Ce comité est composé des institutions suivantes :
- Le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger
- Le Conseil général de la communauté espagnole de l'extérieur
- Le Haut conseil des Maliens de l'extérieur
- Le Ministère pour les Equatoriens et Equatoriennes migrants
Le secrétariat de ce comité, chargé de préparer les prochaines initiatives entre les conseils et institutions de l'émigration, est confié au CCME.
Fait à Rabat, le 4 mars 2009
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M. Driss El Yazami
Président du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger
Maroc
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Mme Lorena Escudero
Ministre pour les équatoriens et équatoriennes migrants
Equateur
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Conseiller : M. Juan Peris
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Secrétariat : Mme. Denisse Zambrano Gallegos
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M. Augustin Torres Herrero
Directeur général de la communauté espagnole de l'extérieur,
Espagne
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Secrétariat : Mme. Marta Maria Alonso Fernandez
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M. Jean Michel Lafleur
Chargé de Recherches du Fonds de la Recherche Scientifique (FRS-FNRS),
Belgique
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Mohamed Berdouzi
Universitaire, politologue
Maroc
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M. Paulo Marques
Membre Permanent de l'Assemblée des Portugais de l'Etranger, Président de la Commission de la participation civique et politique
Portugal
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M. Branko Barbic
Secrétaire du comité de l'immigration
Croatie
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Mme. Marie Pascale Avignon Ferret
Membre du Conseil d'Administration de l'Association des Français du monde
France
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M. Andrea Amaro
Conseiller du Président du Conseil Général des Italiens de l'étranger
Italie
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Secrétariat : Mme. Cinzia Mattocia
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M. Mohamed Gahche
Député à l'Assemblée nationale populaire d'Algérie
Algérie
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M. Amadou Soulalé
Conseiller spécial du président du Haut conseil des Maliens de l'extérieur
Mali
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M. Francisco Ruiz Vazquez
Président du Conseil général de la communauté espagnole de l'extérieur
Espagne
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M. Angel Peña Castañeda
Chef de la migration de la Communauté autonome de Castille et Léon
Espagne
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M. José Antonio Villamayor Filloy
Sous-Directeur général chargé de la coordination, de la coopération et de la gestion budgétaire
Secrétariat Général de l'Emigration, Communauté autonome de Galicie
Espagne
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Mme Cecilia Baeza
Doctorante en sciences politiques
France
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Mme Rouba El Chidiac
Liban
Email :
M. Mohamed Chaïb
Président du groupe de travail citoyenneté et participation politique du CCME
Maroc
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M. Djabia Joachim Anvire
Directeur du Département des Ivoiriens de l'Etranger
Côte d'Ivoire
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Mme Siga Sarr Diouf
Directrice des affaires sociales des Sénégalais de l'extérieur, Ministère des Sénégalais de l'extérieur et du tourisme
Sénégal
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M. Jean Benoit Alokpon
Directeur Exécutif, Agence des Béninois de l'Extérieur
Bénin
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M. Frej Souissi
Directeur Général de l'Office des Tunisiens de l'Etranger
Tunisie
Secrétariat : Mme Chihi
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Mme Vida Bagdonavicenne
Directeur général du département des minorités nationales et des lituaniens vivant à l'étranger
Lituanie
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Conseiller : Vytautas Mikelionis
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Mme Elisa Díaz Gras
Institut des mexicains à l'étranger
Mexique
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M. Didier Heiremans
Président de l'UFBE
Union francophone des Belges de l'étranger,
Belgique
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Madame et Messieurs les ministres,
Monsieur le Conseiller de Sa majesté le Roi Mohamed VI
Messieurs les présidents des conseils de l'émigration, Mesdames et Messieurs les Directeurs
Mesdames et Messieurs,
Permettez- moi en premier lieu de vous souhaiter la bienvenue et de vous réitérer nos plus sincères remerciements d'avoir bien voulu répondre à l'invitation du Conseil de la communauté marocaine de l'étranger.
Cette conférence, la première de son genre à notre connaissance au niveau international, constituera, grâce à vos communications et les échanges auxquels elles donneront lieu, une occasion unique de débat et d'échanges sur une problématique finalement peu étudiée sur le plan scientifique et encore peu visible, du moins au niveau mondial, sur le plan politique.
Ainsi, ce n'est qu'au mois de septembre 2008 que s'est tenue, sous présidence française de l'Union européenne , la première rencontre des Européens établis hors de leurs pays d'origine, événement auquel notre Conseil a eu le privilège d'assister en tant qu'observateur, et qui a été pour nous une occasion importante d'information, de prise de contact et une source d'inspiration.
Pourtant, de plus en plus d'Etats mettent en place ce que l'on pourrait appeler des politiques de l'émigration, en essayant par la création de conseils consultatifs, de ministères, d'agences ..., de maintenir et de revivifier les liens avec leurs communautés expatriées, de contribuer à la défense de leurs droits conformément au droit international des droits de l'Homme et notamment la Convention pour la protection de droits des migrants et de leurs familles, et enfin d'amplifier d'une manière ou d'une autre leur participation à la vie politique, économique et culturelle de leurs pays.
Pour quelques pays, notamment les grands pays de l'émigration, il s'agit de politiques établies depuis longtemps comme le démontrent, à titre d'exemples, les expériences espagnole, italienne ou portugaise. Il en est de même pour un pays comme la France où plusieurs institutions se sont succédées depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale.
Mais pour la plupart des pays, les populations nationales vivant à l'étranger ne faisaient pas l'objet d'une attention particulière. Ce n'est désormais plus le cas comme le rappelle le chercheur français Stéphane Dufoix : « à partir des années 1960-1970, affirme-t-il, ces pratiques d'indifférence ou d'abstention à l'égard des expatriés se muèrent progressivement en politiques d'attention ».
Ces politiques actives en direction des communautés expatriées sont probablement la conséquence et le reflet des mutations profondes du phénomène de l'immigration avec, en particulier, la progression significative du nombre de migrants, la mondialisation des flux avec une diversification des trajectoires et des destinations, la montée en puissance des flux sud-sud et le changement du statut de nombre de pays qui ne sont plus seulement des pays émetteurs, mais qui sont aussi et de plus en plus, même si c'est à des degrés variables, des pays de transit et d'installation.
Ces nouvelles politiques reflètent aussi les mutations internes des communautés émigrées.
Engagées dans des processus inéluctables d'enracinement dans les pays de résidence, les communautés émigrées aspirent en même temps à participer d'une manière ou d'une autre à la vie politique, économique et culturelle du pays d'origine.
Au fond, la revendication est celle d'une citoyenneté élargie, renouvelée et qui pourrait s'exercer de manières et à des niveaux différents dans plusieurs espaces politiques. En s'impliquant par leurs remises dans le combat contre la pauvreté, en s'investissant à travers des ONG dans le développement solidaire avec leurs communautés d'origine, en travaillant au transfert des savoirs et des compétences, tout en agissant sur le plan civique dans leurs pays de résidence, les migrants et leurs descendants manifestent un dynamisme civique certain qui peut être une source d'enrichissement pour les deux sociétés.
En effet, si dans certains pays les communautés émigrées peuvent constituer un facteur de polémique et de tensions, elles sont aussi un élément essentiel de rapprochement entre les peuples et les gouvernements et d'approfondissement de la notion même de citoyenneté.
C'est dans ce cadre qu'il faut considérer, nous semble-t-il, la multiplication des conseils de l'émigration et des institutions étatiques dédiées aux populations nationales vivant à l'étranger et le rôle qu'ils peuvent jouer, au moins à un triple niveau.
Composés d'hommes et de femmes qui ont vécu, souvent difficilement l'expérience migratoire, faite parfois de solitude, d'éloignement et de nostalgie de la terre quittée, de migrants qui ont du faire le dur apprentissage de l'intégration dans une société différente, qui peut mieux que ces conseils et institutions se faire l'écho des préoccupations et doléances des communautés expatriées et de défense de leurs droits dans les pays de résidence, constituer un vecteur de participation dans la vie démocratique des pays d'origine et agir aussi pour une prise en compte des souffrances et des droits de tous les migrants, y compris dans leur pays d'origine.
Dans le débat trop souvent passionné à propos des migrations et des mobilités humaines, dans chacune de nos sociétés et au niveau international, nos conseils peuvent jouer un rôle de modération et de rationalisation de ce débat, en maintenant fermement le cap de la fraternité et de la solidarité humaines ainsi qu'une approche fondée sur les droits de l'Homme. C'est en tout état de cause le choix irréversible de notre pays et de notre gouvernement, qui mène, sous l'impulsion de Sa Majesté le Roi, de vastes chantiers de réformes qui ambitionnent, au Maroc même comme au niveau de l'émigration, une approche participative aussi large que possible et l'élargissement des espaces de concertation et d'implication citoyennes.
Cet effort qui est le nôtre est d'évidence celui dont lequel vous êtes vous aussi engagés. C'est la raison pour laquelle je suis convaincu que de cette conférence donnera lieu à des échanges féconds et à de nouvelles initiatives dont cette réunion n'est que l'amorce.
Je vous remercie de votre attention.
Louange à Dieu
Prière et salut sur le Prophète,
Sa famille et Ses compagnons
Mesdames, Messieurs,
C'est un motif de joie et de fierté que le Maroc accueille la première Rencontre internationale des Conseils, institutions et élus de l'émigration des différents pays du monde.
Il Nous est agréable, à cette occasion, de souhaiter la bienvenue aux éminentes personnalités qui ont tenu à participer à cette importante rencontre. Nous saluons leur rôle positif et leur concours efficient dans l'encadrement et la gestion des affaires des communautés nationales émigrées.
Dans cette ambiance empreinte de confiance conjugée à la ferme volonté de construire un avenir meilleur, Nous tenons à rendre hommage au Conseil de la Communauté marocaine à l'étranger, qui a pris l'initiative d'organiser cette rencontre, la première du genre, et d'en faire un moment privilégié de réflexion collective et de prospective. Il se livrera à cet exercice à partir d'une évaluation des diverses expériences menées en la matière, et dont les interactions et les brassages sont de nature à conforter les intérêts de tous les immigrés, d'où qu'ils viennent et sans discrimination ni exclusive.
Mesdames, Messieurs,
Ainsi que vous le savez, les migrations sont désormais un phénomène mondial évoluant à un rythme accéléré et revêtant un caractère pluridimensionnel et multidirectionnel.
En effet, les problèmes que connaissent les immigrés sont devenus plus ou moins similaires, tant pour ce qui est de faciliter leur intégration dans les pays d'accueil, que lorsqu'il s'agit de leur garantir les conditions nécessaires pour pouvoir vivre dignement et apporter une contribution efficace au développement et au progrès de ces pays. Les problèmes sont également analogues lorsqu'il s'agit de consolider les liens culturels et les attaches sociales et de préserver et protéger l'identité de la mère-patrie. Il en est de même lorsqu'on se propose de réaliser la concorde, l'équilibre et la complémentarité entre les divers affluents qui irriguent les différentes identités des immigrés, d'où qu'ils viennent et où qu'ils se trouvent.
Par ailleurs, le monde aujourd'hui vit effectivement une « globalisation » civilisationnelle, à laquelle toutes les cultures humaines apportent leur contribution. Se nourrissant de la dialectique d'une interaction mutuellement enrichissante, la mondialisation à vocation à être au service du progrès de l'humanité entière. Elle devrait contribuer à la dissémination des valeurs d'entente, de paix, de tolérance, de coexistence et de solidarité entre les différentes communautés humaines. Ce sont ces idéaux qui confèrent leur dimension civilisationnelle positive aux migrations actuelles et qui alimentent les enjeux à venir pour les migrants, partout où ils se trouvent.
Pour autant, cette dimension positive, dans ses divers paliers, ne devrait pas nous faire perdre de vue les mutations profondes qui sont sous - jacentes à l'émigration, et qui tendent à ébranler les valeurs spirituelles et culturelles portées par tous les migrants du Sud vers le Nord ou de l'Est vers l'Ouest.
Aussi, en procédant à un examen approfondi des diverses problématiques politiques, juridiques, économiques, sociales, culturelles et spirituelles, outre celles concernant les droits de l'homme, qui pourraient se poser pour les immigrés sous différentes latitudes, l'on est interpellé par cette question pressante qui retient l'attention conjointe de toutes les instances et les institutions concernées par les questions de l'émigration, à travers le monde.
Par conséquent, une approche collective et un traitement concerté de ces questions sont de nature, au regard des suggestions et propositions qui en découleront, à contribuer à la recherche de solutions appropriées, qui se mueront à terme en une démarche universelle. Unifiée et plurielle à la fois, cette démarche sera observée dans le respect de toutes les spécificités et les constantes nationales et locales. Elle requiert, parallèlement, la préservation des diverses identités, dans le cadre des valeurs et des principes universels.
Nous sommes persuadé que cette première rencontre internationale constituera un jalon fondateur d'une nouvelle tradition de large concertation et d'échanges d'expériences. Elle marquera, Nous en sommes convaincu, le point de départ pour la mise en place d'un espace structuré, solide, pérenne et crédible.
Les idées et les suggestions que vous formulerez, ainsi que les méthodes d'action que vous adopterez, aussi bien celles portant sur le vécu présent, que celles orientées vers la construction d'un avenir prometteur, auront assurément des retombées bénéfiques pour tous les émigrés, hommes, femmes et enfants. Ils n'en seront que plus heureux, là où ils se trouvent et donc aptes à favoriser la cohésion et l'harmonie entre les sociétés humaines, tout en participant à la protection des droits de l'homme et à la dissémination des valeurs de paix et de concorde entre les civilisations, les religions et les cultures.
« Le Saint Coran dit : « Oh vous, les hommes ! Nous vous avons constitués en peuples et en tribus pour que vous vous connaissiez entre vous ». Véridique est la parole de Dieu Tout - Puissant.
Que Dieu vous accorde le succès.
Wassalamou alaîkoum wa Rahmatoullahi wa Barakatouh.
Mohammed VI, Roi du Maroc
Fait au Palais Royal de Fès, le 03 mars 2009.
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Mardi 3 mars 2009
9h-9h30 : Accueil et inscription
9h30-10h00 : Lecture du Message de Sa Majesté le Roi Mohammed VI adressé aux participants de la conférence
10h-10h30 : Allocutions d'ouverture
Président : M. Abdellah Boussouf, Secrétaire général du CCME
- M. Driss El Yazami, Président du Conseil de la communauté marocaine de l'étranger
- M. Mohamed Ameur, Ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de la communauté marocaine résidant à l'étranger
- Mme Lorena Escudero, Ministre pour les Equatoriens et Equatoriennes migrants
- Message de Mme Maria Consuelo Rumi, Secrétaire d'Etat à l'immigration et à l'émigration
10h30-11h15 : Première séance : émigration et participation politique : problématiques générales
- "La participation électorale des émigrés dans leur pays d'origine : état des lieux et enjeux" - M. Jean Michel Lafleur - Chargé de recherches du fonds de la recherche scientifique (FRS-FNRS) - Belgique
- "Considérations éthiques et politiques sur la participation des émigrés dans leurs pays d'origine" - Mohamed Berdouzi, Universitaire, politologue- Maroc
11h15-13h : Deuxième séance : les conseils de l'émigration et la participation politique : expériences nationales
Président : M. Mohammed Chaib, Président du groupe de travail « participation politique et citoyenneté » du CCME
- "La diaspora portugaise et la participation civique et politique" - M. Paulo Marques,Membre permanent de l'Assemblée des Portugais de l'Etranger, Président de la Commission de la participation civique et politique - Portugal
- "Vie politique, lois et institutions relatives aux Croates vivant à l'étranger" - M. Branko Barbic, Secrétaire du comité de l'immigration - Croatie
- "La citoyenneté espagnole à l'étranger" - M. Augustin Torres Herrero, Directeur général de la communauté espagnole de l'extérieur - Espagne
- "L'Assemblée des Français de l'étranger (AFE) et l'expérience française en matière de participation politique" - Mme Marie-Pascale Avignon-Ferre, Membre du Conseil d'administration de l'Association des Français du monde - France
- "La politique de l'Italie pour les Iitaliens à l'extérieur" - M. Andrea Amaro, Conseiller du Président du Conseil Général des Italiens de l'étranger - Italie
- Discussion générale
Déjeuner
14h30 : Troisième séance : les conseils de l'émigration et la participation politique : les expériences nationales (suite)
Présidente : Mme Siga Sarr Diouf, Directrice des affaires sociales des Sénégalais de l'extérieur, Ministère des Sénégalais de l'extérieur et du tourisme, Sénégal
- "La nouvelle politique migratoire de l'Equateur : réalités et perspectives" - Mme Lorena Escudero, Ministre pour les Equatoriens et Equatoriennes migrants- Equateur
- "L'expérience algérienne à propos de la représentation à l'étranger" - M. Mohamed Gahche, Député à l'Assemblée Nationale Populaire d'Algérie - Algérie
- "Les Maliens de l'extérieur dans le processus de développement de leur pays" - M. Amadou Soulalé, Conseiller spécial du Président du Haut Conseil des Maliens de l'extérieur - Mali
- "De l'immigration à la citoyenneté" - M. Francisco Ruiz Vazquez,Président du Conseil général de la communauté espagnole de l'extérieur - Espagne
- "Les politiques de soutien de la Communauté autonome de Castille et Léon à ses citoyens de l'extérieur" - M. Angel Peña Castañeda, Chef de la migration de la Communauté autonome de Castille et Léon - Espagne
- "Le Conseil des communautés galiciennes: création, évolution et effets" - M. José Antonio Villamayor Filloy, Sous-Directeur général chargé de la coordination, de la coopération et de la gestion budgétaire, Secrétariat Général de l'Emigration, Communauté autonome de Galicie - Espagne
- "Avancées et limites des droits des Chiliens de l'extérieur. Une mise en perspective historique dans le contexte latino-américain" - Mme Cecilia Baeza, Doctorante en sciences politiques - France
- "Les Iles Canaries et les migrations : Un Voyage Aller - Retour" - Mme Natividad Cano Perez, Vice conseillère de l'émigration et de la coopération - Iles Canaries, Espagne
- "Les perspectives de participation des Libanais de l'extérieur" - Mme Rouba El Chidiac - Liban
- "L'expérience marocaine" - M. Mohamed Chaïb, Président du groupe de travail « citoyenneté et participation politique » du CCME - Maroc
- Discussion générale
Mercredi 4 mars 2009
9h-13h : Quatrième séance : Politiques publiques des différents Etats envers leurs communautés émigrées
Président : M. Paulo Marques, Membre permanent de l'Assemblée des portugais de l'étranger, Président de la Commission de la participation civique et politique, Portugal
- "Difficultés de la gestion de la diaspora" - M. Djabia Joachim Anvire, Directeur du Département des Ivoiriens de l'Etranger - Côte d'Ivoire
- "La participation de la diaspora dans le développement de leurs pays et communautés d'origine : l'exemple du Sénégal" - Mme Siga Sarr Diouf, Directrice des affaires sociales des Sénégalais de l'extérieur, Ministère des Sénégalais de l'extérieur et du tourisme - Sénégal
- "Diaspora et construction nationale : l'expérience béninoise" - M. Jean Benoit Alokpon, Directeur Exécutif, Agence des Béninois de l'Extérieur - Bénin
- "L'expérience tunisienne en matière d'encadrement de la communauté tunisienne résidant à l'étranger" - M. Frej Souissi, Directeur Général de l'Office des Tunisiens de l'Etranger - Tunisie
- "Contexte général des politiques lithuaniennes relatives à la diaspora" - Mme. Vida Bagdonavicenne, Vice directeur général des minorités nationales et des Lituaniens vivant à l'étranger, Sous le gouvernement de la République de Lituanie - Lituanie
- "Etablissement des liens avec la diaspora et politiques d'intégration dans le pays d'accueil" - Mme Elisa Díaz Gras, Institut des Mexicains à l'étranger - Mexique
- "Expatriés belges et participation politique" - M. Didier Heiremans, Président, Union francophone des Belges de l'étranger - Etats-Unis
Déjeuner
14h30-16h : Séance de clôture
Président : Francisco Ruiz Vasquez, Président du Conseil général de la communauté espagnole de l'extérieur, Espagne
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Sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) organise, les 3 et 4 mars 2009 à Rabat, la première conférence internationale des conseils et institutions nationales dédiés par différents Etats à leurs populations émigrées.
Seize délégations officielles ainsi que plusieurs chercheurs devraient participer à cette conférence qui aura à traiter de trois thèmes au cœur de la mission du CCME : la participation politique, les organes consultatifs et les politiques publiques mises par les divers Etats en direction de leurs communautés expatriées. Sont ainsi attendus des responsables de conseils de l'émigration et des directeurs des administrations centrales des pays suivants : l'Algérie, la Belgique, le Bénin, la Côte d'Ivoire, la Croatie, l'Equateur, l'Espagne, la France, l'Italie, le Liban, la Lituanie, le Mali, le Mexique, le Portugal, le Sénégal, la Tunisie et le Maroc.
L'intérêt porté à l'initiative marocaine par les pays participants à cette conférence est à la mesure de celui qu'ils portent à leurs populations émigrées respectives. Les échanges et les éclairages comparatifs programmés promettent d'être d'autant plus intéressants que les législations et les politiques publiques des Etats d'origine envers leurs populations émigrées sont très variées et évolutives. En effet, il n'existe ni modèle unique, ni formule prédominante, notamment en ce qui concerne les conditions et les modalités de participation politique des émigrés à la vie démocratique des pays d'origine où une telle participation est prévue. De même, les organes officiels à vocation consultative dédiés aux émigrés s'avèrent, là où il en existe, fortement différenciés du point de vue de leurs attributions et de leurs modes de composition. Enfin, les politiques gouvernementales envers les populations émigrées varient fortement en ce qui concerne leurs priorités et leurs modes d'organisation et d'action administratives.
Ce sont précisément ces trois chapitres : participation politique, organes consultatifs et politiques publiques, qui constituent les axes des exposés et des débats programmés lors de la conférence. La revue vivante des expériences acquises ou en cours dans différents pays dans ces domaines permettra de capitaliser les meilleures pratiques, tout en identifiant les spécificités de chaque choix national.
Les participants devraient en outre discuter des modalités de coopération, de partenariat et de suivi de la conférence dont notamment l'institution de rencontres périodiques de ce genre.
Rappelons que le Dahir Royal portant création du CCME lui a attribué, entre autres missions, l'élaboration d'un avis consultatif sur la composition future du Conseil et un deuxième avis sur les modalités de participation politique des émigrés marocains. Cette conférence constitue l'amorce du vaste débat public et participatif que le CCME entend ouvrir tant au Maroc qu'au sein des communautés marocaines de l'étranger.
La contribution économique de « la » MRE : cas du Royaume Uni
Comme l'a dit Margaret Thatcher
"If you want something said, ask a man; if you want something done, ask a woman. "
"Si vous voulez que quelque chose soit dite, demandez a un homme , Si vous voulez que quelque chose soit faite, demandez a une femme ».
Donc l'objet de l'intervention sera d'essayer de dire :
- en quoi la migration des femmes marocaines vers le Royaume Uni est différente par rapport aux autres pays Européens
- que sa contribution économique et financière est plus importante lorsque l'environnement politique, social et économique dans lequel elle évolue lui est plus favorable
- un certain nombre de recommandations pour développer un lien différent qui ne se base plus seulement sur les transferts mais sur d'autres types d'investissements économiques et sociaux au Maroc.
Il existe très peu de statistiques et de recherche sur la migration féminine marocaine au RU. De ce fait nous avons base notre approche sur notre expérience et sur des données empiriques recueillies a travers plusieurs interviews de femmes marocaines établies au RU.
Brève histoire de l'immigration au RU
- Historiquement et a la différence d'autres pays européens les femmes ont depuis le départ été plus nombreuses que les hommes dans la population immigrée en Angleterre.
- la 1ere vague d'immigration a lieu au début des années 60 et concerne surtout des femmes sous contrat de 2 ans avec attribution d'un permis de travail et destinées a travailler dans le secteur agricole (cueillette de fruits et légumes) et en provenance essentiellement des régions de Berkane et Meknès.
- la 2eme vague a lieu vers le milieu des années 60 avec des contrats de travail offerts dans le Nord du Maroc, particulièrement la région des Jbala (Khmiss Sahel, Beni Gharfet, Beni Arouss), Larache, Asilah ,Tetouan et Tanger et aussi une petite communauté de Meknes et Oujda. Ce mouvement a concerne plus les femmes, pour des emplois dans les secteurs de l'hôtellerie et les hôpitaux tout particulièrement.
- Nous ne pouvons pas passer sous silence une petite vague d'immigration représentant plusieurs centaines de femmes recrutées comme call girls principalement a Casablanca et El Jadida a partir de 1977 et jusqu'à la mise en place du visa par l'Angleterre vers 1987. Ce mouvement correspondait au boom suivant les chocs pétroliers de 1973 et surtout celui de 1979 et a la volonté du Royaume Uni d'attirer les investisseurs des pays arabes du Golfe.
Type de migration et place de la femme immigrée dans la société Britannique :
- la plupart des femmes migrant vers le RU venaient en tant que célibataires à la différence d'autres pays européens ou les femmes émigrent avec leur mari ou le rejoignent. Dans ce dernier cas la tendance est à la reproduction au sein de la famille des relations calquées sur les pratiques du pays d'origine. Même lorsque ces femmes travaillent elles sont souvent le seul soutien économique de la famille, le mari étant fréquemment au chômage, et de ce fait leur contribution économique au pays d'origine est moindre.
- Par contre les femmes MRE en Grande Bretagne sont le plus souvent arrivées seules. Certaines sont restées seules ou se sont mariées à des non marocains. D'autres sont à l'origine du regroupement familial en ouvrant au mari, résidant au Maroc, la voie de l'immigration.
De ce fait la femme jouit d'une position plus favorable, sur le plan décisionnel et au niveau de son autonomie. Elle est plus actrice du changement et de l'intégration.
- Le fait que la société britannique soit plus tolérante, plus cosmopolite , plus riche culturellement et surtout avec une dualité britannique-non britannique beaucoup moins prononcée que d'autres pays européens , va rendre plus facile l'ascension de la femme marocaine.
- la catégorie socio-professionnelle de la femme marocaine au RU a énormément évolué de génération en génération : rarement simple femme au foyer elle était le plus souvent et dés le départ une employée venue avec un permis de travail.
Etant très ambitieuse pour l'éducation des ses enfants, elle assure aussi la continuité culturelle et un enracinement de l'identité marocaine.
De ce fait une partie non négligeable des marocaines de la 2eme génération occupent des positions de cadre dans divers secteurs (banques, cabinets d'avocat, entreprises multinationales, enseignement supérieur, organisations non gouvernementales, etc......).
Dans plusieurs pays européens, exemple de l'Allemagne et de la France, le secteur public, en particulier les services sociaux et hospitaliers sont fermés aux immigré(e)s ne disposant pas de la nationalité du pays d'accueil, mais ce n'est pas le cas au Royaume-Uni. De ce fait les femmes immigrées ne se concentrent pas dans le secteur domestique informel, et bénéficient d'une plus grande protection légale sur le marché du travail.
Les marocaines du RU sont représentées dans le commerce, les activités immobilières et financières, dans le secteur public, dans l'éducation, la santé et les services sociaux.
Investissement et attachement au pays :
La femme semble plus attachée que l'homme à sa patrie d'origine par le lien familial, culturel et économique (achat de la maison ou de terrain, affaire personnelle, ...).
A titre d'exemple la plupart des maisons de Larache ont été construites après la fin des années 60. Ces maisons, pour la plupart a 3 niveaux dont 1 a 2 réservés a la location, étaient finances en plus grande partie par la femme .Cet investissement au Maroc se faisait au détriment de leur qualité de vie au RU car la plupart louaient des logements sociaux au lieu d'acheter leur logement dans le pays d'accueil.
Concernant la 3eme génération un rapport datant de 1997 de la North Westminster Community School, ou est concentrée un nombre important d'élèves d'origine marocaine souligne que les filles marocaines réussissent beaucoup mieux aussi bien par rapport aux garçons marocains qu'aux aux autres groupes ethniques.
Le cas des marocaines diplômées venues récemment de France pour travailler en Angleterre :
- mouvement qui a démarré vers le milieu des années 90 .Face a la discrimination a l'embauche et dans le travail a l'encontre des élites d'origine maghrébine en France, plus d'un millier de marocains, dont plus du quart sont des femmes , ont choisi de venir vivre et travailler au Royaume Uni.
- Il existe un décalage sensible entre les 2 pays du fait que les candidats a un poste ne sont pas juges sur leur couleur de peau, leur patronyme ou leur adresse en banlieue, mais sur leur compétence et leur rigueur avec une spécificité des marocains qui ont au niveau de la City bancaire une réputation de matheux.
La plupart de ces femmes ont une formation d'école d'ingénieur ou d'école de commerce et beaucoup d'entre elles s'occupent de vente dans les salles de marché et certaines se spécialisent dans les modèles mathématiques prisés par les banques d'affaire.
- Londres est la capitale financière Européenne et l'incitation financière est importante du fait que les salaires + bonus avec moins de 5 ans d'expérience peuvent atteindre facilement 250.000 £ en moyenne par an avec des pointes pouvant atteindre et même dépasser 1 M £.
- un phénomène intéressant est qu'avec la crise actuelle certaines d'entre elles ont du quitter Londres pour aller travailler dans diverses institutions financières situées dans les pays du Golfe, en particulier Dubaï, Bahreïn et Abu Dhabi. Nous ne pouvons que mettre en évidence le rôle de ces femmes marocaines pour changer l'image de la femme marocaine dans les pays du Golfe.
- la défense des droits de la femme au RU peut être mise en évidence par la compensation de 10 millions de livres sterling (plus de 12 millions €) obtenue il y a quelques semaines par les deux sœurs jumelles marocaines qui poursuivaient leur ex-employeur, le courtier TSAF à Londres, pour discrimination religieuse, raciale et sexuelle.
Ce niveau de compensation n'est pas pensable dans d'autres pays européens.
MRE en Grande Bretagne et Transferts d'argent
- le nombre de MRE au RU s'élève à prés de 60.000 personnes disposant à prés de 70% de la nationalité britannique et concentrée pour la plus grande partie dans la région de Londres. Prés de 65 % de ces MRE sont des femmes.
- les transferts MRE en provenance du RU représentent à fin 2007 prés de 2,5 milliard dh, soit prés de 4 % de l'ensemble des transferts MRE vers le Maroc. A signaler que ces transferts dépassent ceux de l'Allemagne qui dispose d'une population MRE bien supérieure.
- Selon le Bureau de la Banque Populaire qui a ouvert au consulat en 1980, mais qui était présent de manière indirecte en Angleterre bien avant, des le départ la majorité de la clientèle était des femmes et cette tendance ne s'est jamais démentie depuis.
- D'après notre expérience depuis 1997 et le recoupement avec celles des responsables des autres banques marocaines établies au RU nous pouvons avancer sans gros risque de se tromper que « la » MRE représente entre prés de 65 % des comptes et des transferts d'argent vers le Maroc (soit prés de 1,5 milliards de dirhams à fin 2007 à partir du seul RU).
Conclusions et recommandations
- Egalité hommes-femmes: Le Maroc classé 125e
Selon le dernier classement mondial sur l'inégalité homme-femme, publié jeudi 8 novembre 2008 par le World Economic Forum, organisateur du forum de Davos (Suisse), Le RU a régressé de 2 places et est classé 11eme mais a toujours fait partie des 10 premiers pendant très longtemps.
La France a fait le plus important bond, soit 36 places, pour se classer 13eme contre 51eme l'année dernière grâce a une amélioration concernant l'égalité des salaires, et le % des femmes législateurs, haut fonctionnaires, responsables d'entreprises, parlementaires et ministres.
le Maroc figure a la 125eme sur 130 pays, avec le Yémen et l'Arabie Saoudite qui ferment la marche.
La question qui se pose est de savoir comment la femme marocaine au RU ou dans d'autres pays européens pourrait aider à changer le classement catastrophique de notre pays. Les représentantes du CCME ainsi que les femmes d'origine marocaine qui occupent des postes de responsabilité dans le secteur public et prive ont une expérience très riche en enseignements qui doit être prise en considération pour toute stratégie de développement de la société du Maroc.
- La contribution financière des femmes MRE va elle continuer indéfiniment ? rien n'est moins sur.
Les femmes de la 3eme génération ne compte pas rentrer définitivement au Maroc, en raison de plusieurs décalages (barrière de la langue anglaise qui est encore peu parlée au Maroc par rapport au français, droits de la femme, travail, environnement socio- culturel, mentalités....).
Elles vont effectuer moins de transferts de solidarité vers l'arrière grand mère ou la famille éloignée. Comme le montre le cas du Mexique elles seront attires par des investissements ciblés.
- une des priorités des représentants du CCME et du ministère est de faire du brain storming pour mettre en évidence les opportunités d'investissement qui sont offertes au Maroc et comment les packager pour les offrir a la communauté a l'étranger.
- on a besoin au niveau du Royaume Uni d'une structure pour orienter et faciliter les procédures administratives de l'investissement au Maroc. A signaler que la Tunisie dispose au Royaume Uni d'une telle structure. Cette structure devrait donner une importance particulière a l'investissement immobilier car en donnant un large choix, en facilitant les procédures administratives et s'occupant de la location éventuelle des biens immobiliers achetés, car beaucoup de ces logements seront des résidences secondaires achetés par les 3eme générations et suivantes dans le « pays des parents »Conclusions et recommandations
- encouragement a la création au Maroc d'entreprises basées sur un transfert de savoir. Les incitations a l'investissement sont multiples et comprennent aussi bien l'attribution de terrains et locaux , que des exonérations fiscales en passant par la création d'infrastructure et la formation de la main d'œuvre locale.
- partenariats des MRE avec les association marocaines pour des projets concrets : un tout petit exemple concerne le centre de dialyse a Mont Aroui avec hôtel pour les malades venant de loin. Dans ce cas la contribution du ministère de la sante et des associations locales concerne le recrutement de médecins, l'entretien de l'hôpital, etc....
- accords bilatéraux pour les soins de sante en faveur des MRE du 3eme âge désirant passer leur retraite au Maroc tout en recevant une couverture de soins de sante du RU. La aussi nos voisins Algériens et Tunisiens ont une longueur d'avance sur nous. Ce serait aussi un moyen d'attirer les générations futures vers un pays qui prend soin de leurs parents et grands parents.
- Possibilité d'investissements collectifs regroupant une multitude de MRE. Il s'agirait de sortes de fonds de placement pour des projets spécifiques dans divers secteurs et gérés d'une manière efficace :exemple achat d'une seule chambre dans un projet d'hôtel avec participation aux bénéfices, projets agricoles structurés, projets industriels ou autres ciblant les régions d'origine des MRE, .....
- Enfin le tissu associatif à l'étranger est un puissant moyen de vendre le Maroc auprès des gouvernements, entreprises et décideurs de toutes sortes. Par exemple il est aberrant que la British Airways ait supprime ses dessertes sur le Maroc, 2 par jour, alors qu'elle maintient ses vols sur l'Algérie et la Tunisie qui enregistrent pourtant un trafic beaucoup moins élevé. Si le Maroc avait un lobby puissant cette décision aurait pu être remise en cause.
L'enjeu fondamental pour notre pays est de développer un lien différent qui ne se base plus seulement sur les transferts. Tout dépendra de l'environnement que l'on aura préparé au Maroc pour attirer d'autres formes d'investissements, développer le tissu associatif et prendre en charge le 3eme âge. Si cet environnement n'est pas propice, ces marocains au lieu de devenir des « têtes de pont » a l'étranger préféreront investir et aussi s'investir localement ou dans d'autres pays plus incitatifs, et malheureusement bien loin du Maroc.
Le CCME a de ce point de vue énormément de pain sur la planche.
La femme a aussi un rôle essentiel a jouer, ne serait ce que parce que comme on dit chez nous :
« Ali bghatou lala mimouna, bghah lakrim moulana » !
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Nous sommes des parents, des travailleurs sociaux et des chercheurs issus ou non de l'immigration marocaine. Nous avons constaté que, d'une part il y a une forte demande d'apprentissage de la langue arabe et que d'autre part chez les jeunes issus de l'immigration marocaine la demande de transmission des valeurs est très forte, signifiant ainsi leurs besoins de repères fondamentaux pour se construire et définir leur identité. Nous avons en commun la conviction que ces enfants, ces jeunes, pour devenir des citoyens responsables, entreprenants et utiles à leur pays, doivent non seulement maîtriser parfaitement la culture française mais également la culture du pays d'origine de leurs parents ou grands-parents.
Des cours d'arabe sont proposés actuellement d'une part, dans le cadre du programme Langues Culture Origine (LCO) mais dispensés principalement dans les écoles des quartiers sensibles ; avec un temps imparti aux LCO d'une heure seulement par semaine donc trop léger pour un programme aussi ambitieux. Et d'autre part, la langue arabe est aussi enseignée dans le cadre des associations religieuses et dans les mosquées donc réservée aux musulmans.
En ouvrant l'apprentissage de l'arabe hors du contexte religieux, nous pouvons accueillir les enfants de toutes origines, de tous milieux sociaux et ainsi créer un espace de mixité sociale, de tolérance, d'ouverture culturelle et religieuse.
Il nous paraît aussi important d'isoler notre initiative de toutes lectures politiques et religieuses, privilégiant ainsi une approche culturelle ouverte, valorisant l'apprentissage d'une langue et d'une civilisation qui souffrent d'un regard stigmatisant. Nous souhaitons nous situer dans une posture favorisant une pédagogie des regards croisés.
En outre, une bonne connaissance de la langue et la civilisation arabe pour la jeunesse de demain. Contribuera à abattre les murs de l'incompréhension dont les fondations sont l'ignorance et la peur de l'inconnu.
Pour ce faire, nous avons donc constitué une association que nous avons dénommée « la maison d'Averroès ».
L'association a juste un an d'existence et déjà deux cours se déroulant à Dreux et accueillant des enfants marocains en majorité, mais aussi des enfants d'origines, de milieu social et de religions différentes aussi bien français de souche qu'issus de l'immigration ou de mariages mixtes.
Notre souhait est que cette initiative puisse être exportée sur d'autres villes, voire d'autres pays. Actuellement, nous avons été approchés, lors du colloque organisé par le CCME, pour des projets similaires en France, aux Pays Bas et au Canada.
Naïma M'Faddel
Présidente
Directrice centres socioculturels
Sociologie appliquée à l'action sociale
Rachid Benzine
Vice-président
Universitaire, écrivain
Spécialiste de l'Islam
Secrétaire : Olivier Roy
Directeur de recherche au CNR, écrivain
Politologue - spécialiste de l'islam
Secrétaire adjoint : Hafid Ntidam
Chirurgien
Trésorier : Eugène Henri Moré
Consultant politique de la Ville
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On m'a demandé de faire un témoignage. Exercice difficile, vu la richesse et la densité du programme, la qualité et le nombre des participantes.
Mon propos ici n'est pas de vous livrer une analyse ou une synthèse des deux journées mais
Il s'agit plutôt de partager avec vous quelques impressions, et des questionnements qui m'ont interpellé
1 - D'abord des impressions sur le déroulement de ces deux journées d'échanges et de débats
- Une atmosphère conviviale, non formelle qui facilite les échanges et les rencontres
- Un nombre impressionnant de participantes.
- Un programme dense,
- Une forte participation.
- Des témoignages d'une vibrante intensité
- Des exemples de dépassement de soi, de courage
- Des débats riches qui ont mis en en lumière des expériences, des recherches, venant d'horizons divers dans les domaines politique, social, économique, culturel
- Des débats qui ont su dépasser certains tabous,
- Des échanges parfois houleux, où l'on a opposé la marocaine d'ailleurs à celle d'ici, où l'on a opposé la langue arabe aux autres langues parlées.
- Des débats et échanges qui n'ont pas comblé toutes les attentes des participantes, qui ont en frustré certaines. En effet, les attentes sont multiples : SOIF de rencontres, SOIF de (re)connaître l'autre et de se faire (re)connaître, SOIF d'échanger dans le respect mutuel, SOIF d'être informé en temps réel sur les avancées et les défis du Maroc, BESOIN de s'impliquer efficacement aux chantiers initiés, BESOIN D'ETRE EN LIEN AVEC LE MAROC.....
Des débats empreints d'une Forte charge émotive
2- Des Questionnements qui m'ont interpellée ?
Marocaines d'ici et d'ailleurs : Qui sommes - nous ET qu'est ce qui nous unit ?
- Des femmes nées au Maroc ou ailleurs
- Des femmes vivant au Maroc ou ailleurs
- Des femmes parlant des langues différentes, certaines ne parlant pas l'arabe
- Des femmes ayant des parcours, des vécus, des trajectoires de vie différents
- Des femmes ayant des expériences et/ou des expertises variées
- Des femmes ayant des perceptions, des représentations, des attentes et des aspirations parfois différentes
DIVERSES ET PLURIELLES MAIS LIEES PAR notre MAROCANITE
- un fort attachement et un sentiment d'appartenance à un pays, le Maroc
- une mémoire historique et culturelle commune : nous appartenons à une civilisation plus que millénaire (depuis la préhistoire), à la fois arabo-musulmane, amazigh, judaique, africaine, antiquo-romaine...Une Culture riche plurielle, diverse et variée où les religions, les langues, les traditions ont toujours vécu en symbiose.... Une spiritualité riche et un Islam Tolérant ....Une Histoire et une Culture ouverte sur le Monde ..... Une Histoire et une Culture où l'apport des Femmes a été considérable depuis des siècles ( Fatima Al Fihria, Kenza al Awrabia, Zineb Nefzaouia..... Malika Al Fassi....) et continue à l'être
- le partage des mêmes valeurs : tolérance, respect, dignité, liberté, égalité, équité, justice, solidarité, hospitalité et ouverture
DIVERSES ET PLURIELLES MAIS LIEES PAR LE MEME COMBAT:
- le même engagement : la lutte pour les Droits Humains (Femmes)
- les mêmes défis à relever dans un monde globalisé, en constante mutation, avec une grande mobilité des populations, un monde en pleine crise : crise identitaire, crise financière, crise sociale, montée des extrémismes et des xénophobies, gestion sécuritaire des flux migratoires.
- Comment s'intégrer ? Comment conserver sa marocanité et la transmettre à ses enfants, tout en vivant dans la modernité, que ce soit au Maroc ou ailleurs ?
DIVERSES ET PLURIELLES MAIS LIEES PAR LE MEME REVE:
- un Maroc, un Etat de Droit, où l'égalité des chances et des opportunités est accessible à Toutes et à Tous, sans discrimination aucune, où les Femmes sont considérées comme des CITOYENNES A PART ENTIERE
- un Monde Tolérant, ouvert sur l'autre, où l'on peut circuler librement, où l'on peut s'intégrer aisément et où les Droits Humains sont respectés
Questionnement - Rôle du CCME ?
En organisant un événement d'une aussi grande envergure, le CCME a initié une dynamique qui s'inscrit dans le moyen et le long terme.
Pour ce faire, le CCME, aura à mon avis à :
- Instaurer de manière pérenne, un ESPACE DE DIALOGUE, d'ECHANGES, de CONCERTATION
- (rencontres, visioconference ; internet..)
- Réaliser un mapping de toutes les personnes ressources et initiatives d'ici et d'ailleurs
- Mettre en place un système d'information aisément accessible, permettant de prendre connaissance des situations, des initiatives, des réformes, ....
- Accompagner la mise en réseau, le partenariat entre femmes, groupes, associations ....
En conclusion
Nous sommes toutes Marocaines d'ici et d'ailleurs
- Nous sommes à la fois citoyennes marocaines et citoyennes du monde.
- Car nous partageons les valeurs universelles des Droits Humains et de la citoyenneté.
Nous sommes toutes Marocaines d'ici et d'ailleurs
- Marocaines, différentes et une à la fois,
- Marocaines, conscientes des défis et engagées à les relever
Nous sommes toutes Marocaines d'ici et d'ailleurs
- Car nous portons en NOUS une part de Marocanité que l'on a hérité et que l'on contribue à enrichir.
- Une Marocanité millénaire, une Marocanité plurielle, Une Marocanité tolérante, Une Marocanité ouverte sur le Monde.
Marocaines d'ici et d'ailleurs et Fières de l'Etre !
Najat M'jid, Raporteur spécial aux Nations Unies sur la vente des enfants
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Mesdames et Messieurs,
Je voudrais commencer mon intervention avec une expérience personnelle. Lundi dernier, je suis allée au consulat du Maroc à Amsterdam, ma ville natale, afin de renouveler ma Carte d'Identité Nationale. Au consulat, on m'a demandé plusieurs documents et informations que je n'avais pas sur moi. Donc, je n'ai pas pu renouveler ma CIN, mais j'ai pu immédiatement obtenir un passeport marocain. En tant que marocaine, née aux Pays-Bas, de la seconde génération, je n'ai jamais eu un passeport marocain. Lorsque le passeport marocain vert m'a été donné, je me suis sentie fière de mon identité marocaine, mais en même temps, j'ai eu le sentiment d' avoir trahi les Pays-Bas, le pays vers lequel mes parents ont émigré et où je suis née. Ces sentiments et ces émotions confuses sont le résultat de l'actuel débat public et politique dans les pays européens, principalement aux Pays-Bas. L'hypothèse dominante dans ces débats est que les migrants et les implications des engagements avec les pays d'origine sont un obstacle à l'intégration dans le pays d'implantation. En outre, la double nationalité est perçue comme étant en conflit avec les intérêts nationaux.
Mes deux passeports, qui sont en fait des documents de voyage, symbolisent mon identité marocaine et néerlandaise, mais ne déterminent pas qui je suis ou ce que sont mes convictions. Avec cette expérience personnelle, je tiens à illustrer deux points importants. Tout d'abord, cet événement, ici à Marrakech, n'est pas incontestable. Le fait que nous sommes ici aujourd'hui, en train de discuter des droits des femmes, inspire un débat public et politique chaud, dans lequel notre engagement à améliorer la situation des marocaines d'ici et d'ailleurs est assimilé à une déloyauté et une ingérence de plus en plus indésirables de l'Etat marocain dans la vie des migrants. Les partis politiques de droite aux Pays-Bas perçoivent les Marocains impliqués dans l'évolution de la situation au Maroc comme des suspects. Ces mêmes partis politiques pensent que les personnes détentrices de deux passeports devraient rompre les liens avec les pays où ils sont nés, eux ou leurs parents. Leur loyauté est remise en question.
Le deuxième point que je voudrais souligner est que la participation et les engagements dans le pays d'origine ne sont pas propres à la première génération. De plus en plus, nous voyons que les deuxième et troisième générations se sont engagées à contribuer au développement du pays et du peuple d'origine.
Cette manifestation de deux jours, ici à Marrakech, prouve que les décideurs dans les pays européens, en particulier dans les Pays-Bas, ont tort. Je suggère que nous ignorions ces irrationalités paternalistes et xénophobes et que nous continuions notre travail dans la promotion de l'égalité des droits pour les femmes marocaines d'ici et d'ailleurs. C'est ma profonde conviction que tous les Marocains dans le monde entier sont en train de devenir des citoyens de transition avec des engagements forts et des allégeances à la fois au pays de résidence et au pays d'origine.
Les historiens, comme moi, ont tendance à considérer le passé, avant de faire des prédictions sur ce qui est encore devant nous. Si l'on compare l'histoire du mouvement féministe nationaliste marocain avec l'histoire du féminisme et du nationalisme dans les autres pays du tiers-monde luttant pour se libérer de la domination coloniale occidentale, on trouve de nombreuses expériences similaires et parallèles. Dans tous ces pays, les sociétés traditionnelles ont été transformées par l'évolution économique capitaliste. L'émergence du nationalisme et des mouvements féministes a été parmi les résultats de ces changements économiques et sociaux. Plusieurs pays ont connu des mouvements réformistes qui ont appelé à l'éducation des femmes issues de la classe supérieure et les porter hors de l'isolement. La plupart de ces mouvements de réforme ont été socialement conservateurs, ayant pour objectif de renforcer les structures familiales traditionnelles, et donc de maintenir la subordination des femmes au sein de la famille. Dans la même période, la migration rurale-urbaine et les pressions économiques ont "émancipé" les femmes de la classe inférieure, créant un nouveau prolétariat urbain et amenant les femmes à quitter leur foyer pour se joindre à la main d'œuvre industrielle.
Bien que les femmes aient été impliquées dans le débat public qui a accompagné ces premiers mouvements de réforme - au Maroc, Malika El Fassi a commencé à écrire des articles sur l'éducation des filles au milieu des années trente - c'était le nationalisme qui comprenait des groupes de femmes impliqués dans l'action politique. Les mouvements nationalistes ont, pour la première fois, porté les femmes hors de la sphère domestique traditionnelle vers la sphère publique et politique. Mais ces mêmes mouvements nationalistes ont également mis de véritables limites aux mouvements des femmes. Ces messages confondus sur le rôle des femmes découlent des motivations doubles, et parfois contradictoires, des mouvements nationalistes eux-mêmes. D'une part, les nationalistes voulaient expulser les colonisateurs et moderniser leurs sociétés, en s'appuyant sur des modèles européens; des tâches qui ont exigé l'éducation et la mobilisation des femmes. D'autre part, ils ont voulu affirmer une identité nationale séparée et différente du colonisateur, une identité basée sur leur propre histoire et culture. Ceci les a amenés à souligner le rôle primordial des femmes au foyer, au centre de la famille, gardiennes de la tradition.
Après que l'indépendance ait été atteinte, l'Etat-nation établi et le droit des femmes au vote obtenu, les mouvements féministes ont généralement disparu ou se sont transformés en organismes de protection sociale subventionnés par le gouvernement et dirigés par la classe supérieure des femmes. Aucun mouvement organisé n'a essayé de remettre en cause le statut inférieur des femmes dans la famille. Les dirigeants politiques de sexe masculin, qui avaient consciemment mobilisé les femmes à participer à la lutte pour l'indépendance, les remettent maintenant, avec autant de conscience, à leur place habituelle. Au cours de la décennie de l'après indépendance, la conscience des femmes et leur visibilité dans l'arène politique ont sombré à un niveau très bas. Pourtant, les femmes du mouvement nationaliste et de la résistance armée sont aujourd'hui reconnues comme étant les aïeules du mouvement de la femme marocaine moderne.
A partir du milieu des années 1960, la direction du mouvement des femmes est sortie des mains de l'ancienne génération de femmes qui avaient participé au mouvement de l'indépendance, et les jeunes générations ont pris l'initiative. À ce moment, un grand nombre de jeunes femmes ont réussi à avoir accès à l'université, où elles ont adhéré à des mouvements estudiantins politiques et marxistes, qui ont fini par devenir une force politique. C'est au cours de cette période qu'un mouvement féministe marxiste a vu le jour, en reliant la cause des femmes à la lutte des classes sociales. Au milieu des années soixante-dix, le mouvement de gauche a établi une liste de revendications des femmes, afin de recueillir des informations sur la situation des femmes au Maroc, et de faire usage des médias pour attirer l'attention sur les questions relatives aux femmes, en reliant l'émancipation de la femme au socialisme.
Mais ce n'est qu'en 1981, année de ma naissance, que le mouvement des femmes marocaines a pris une nouvelle dimension, avec la fondation du «8 Mars ». L'une des plus grandes dirigeantes de ce mouvement est Latifa Jbabdi, qui est un modèle et une source d'inspiration. Avec son groupe, elle a voulu aborder les questions des femmes et présenter une vision des femmes qui avait fait défaut jusqu'alors. Cela a été un grand pas en avant, car c'était la première fois qu'il y avait un discours féministe continu généré par des femmes. Pour la première fois, les femmes ont bénéficié d'une voix pour s'exprimer, et c'est ce discours qui a mis le rôle des femmes dans la Moudawana sur l'agenda politique. Par la suite, le groupe « 8 mars » est devenu une organisation politique appelée l'Union d'action féminine (UAF), qui a été la première organisation politique au Maroc à être dirigée par des femmes, faisant de l'émancipation des femmes sa première priorité. Jusqu'aux années 1990, l'UAF s'est engagée pour la réforme de la Moudawana et a obtenu une première réponse de la part du Palais Royal. Mais ce n'est que dix ans plus tard que des réformes réelles ont été apportées à la Moudawana.
Pendant ce temps, des centaines et des milliers de femmes marocaines ont quitté le Maroc, principalement dans le cadre du regroupement familial. Maintenant, peu de temps avant d'entrer dans la nouvelle année, de nombreux développements positifs et des avancées dans le domaine des droits de la femme ont eu lieu. Mais jusqu'à aujourd'hui, le défi le plus important et le plus urgent face à la femme marocaine d'ici et d'ailleurs, ce sont les amendments du code de la famille et la mise en œuvre de ces réformes. La mise en œuvre de ces changements est encore un processus long et difficile. Je crois que dans ce cadre, les organisations de femmes marocaines d'ici et d'ailleurs peuvent se serrer les coudes et travailler ensemble sur ces questions. Non seulement il est important de sensibiliser les femmes et les hommes sur les réformes de la Moudawana, mais il est également important de réunir des experts, des avocats, des conseillers juridiques et des juges, autour de la question des droits des femmes, ici et ailleurs, pour le plaisir de l'échange d'informations et d'expertise sur ces questions. Permettez-moi de vous donner un autre exemple: les femmes battues et la violence domestique sont des problèmes sérieux, ici et ailleurs. L'expertise qui existe en Europe sur des foyers sains et saufs pour les femmes peut être partagée avec les organisations de femmes marocaines au Maroc. En même temps, les organisations de l'extérieur du Maroc peuvent apprendre beaucoup de choses sur la façon de traiter des questions et problèmes culturels et sociaux spécifiques aux femmes marocaines. Les approches et les méthodes qui sont utilisées au Maroc peuvent être facilement exportées vers d'autres pays européens.
Pour ce qui me concerne, cette collaboration est une route à double sens: le Maroc ne devrait pas seulement se concentrer sur l'importation d'idées et d'expertise, mais aussi sur leur exportation. Les organisations de femmes marocaines en Europe peuvent en profiter et apprendre des réalisations du mouvement des femmes, de l'histoire et de la société civile au Maroc, autant que les organisations marocaines peuvent apprendre de leurs homologues européens. Il est important et crucial dans la formation de notre identité d'être conscientes de notre propre histoire en tant que femmes marocaines. Dans ce sens, nous, en Europe et dans le reste du monde, pouvons apprendre beaucoup de cette histoire. En rassemblant les histoires des femmes marocaines et en organisant des réunions comme celle d'aujourd'hui, le CCME peut jouer un rôle important dans la collaboration internationale sur l'égalité des sexes.
Lors de cette conférence, nous sommes en bonne compagnie de talents et d'excellents chercheurs, de politiciens, de journalistes, de juristes, d'acteurs de la société civile, de militants et de représentantes d'organisations de femmes. Nous avons tous une chose en commun: notre genre. Le genre est un élément important compte tenu de la prévalence de l'idéologie marocaine changeante des rôles et des espaces séparés pour les hommes et les femmes. Mais nous avons plus de points en commun: notre conviction que nous devons aller au-delà des rôles de genre. C'est cette conviction qui mène tout un chacun d'entre nous à se consacrer à la promotion de l'égalité entre les sexes, dans le respect des libertés individuelles et des différences. Il existe de différentes voies pour atteindre nos buts et nos objectifs, mais si nous travaillons ensemble sur une stratégie collective, nous serons en mesure de réaliser tout cela. Mais n'oublions pas les hommes. Le genre n'est pas sur les questions concernant les femmes seulement. Le genre est sur les mécanismes d'inclusion et d'exclusion. Dans la plupart des cas, les femmes sont exclues de l'espace public politique et social, non seulement au Maroc mais dans le reste du monde. Pour changer ce statu quo et faire un grand pas dans la promotion de la marche de la femme marocaine vers l'émancipation, nous devons rechercher des coalitions avec les hommes. L'égalité entre les sexes ne peut être atteinte que si la mentalité des hommes et des femmes change.
Quelle est la prochaine étape?
Le thème de cette conférence est extrêmement important et marque le début d'une collaboration internationale pour l'égalité des sexes. Nous devons mieux coordonner avec les organisations de femmes marocaines pour renforcer l'émancipation des femmes, ici et ailleurs. Nous avons besoin de plus d'échanges de connaissances et de compétences. Nous ne devrions pas être dictés par une sorte de stratégie, mais par nos principes. Grâce à ces principes de l'égalité des droits, nous pouvons formuler une stratégie collective sur la base de nos principes communs. Parlons moins et agissons plus et soyons plus pratiques! Car que ce soit ici ou ailleurs, il nous reste un travail énorme à faire. Continuons à organiser des réunions comme celle-ci, et à partager et à échanger les idées et les pensées. Que ceci soit le début d'un long voyage.
Mesdames et Messieurs, le monde est ce qu'il est; les hommes et les femmes qui n'ont rien, qui ne se permettent de devenir rien, n'y trouveront pas leur place. Faisons un effort commun et considérons que c'est notre responsabilité collective de veiller à ce que toutes les femmes et les hommes, ici et ailleurs, jouissent du respect et de l'égalité dans ce monde.
Je vous remercie.
Pluralités et diversités des intervenant(e)s et des participant(e)s : représentant(e)s d'institutions publiques et d'administrations, des femmes du monde de la politique, d'associations, des praticien(e)s du terrain et des théoricien(e)s universitaires et des chefs d'entreprise, du privé. Venant du monde entier : Europe, Pays Arabes, Afrique, Etats-Unis, Canada et Maroc. Au cours des débats, il y a eu des descriptions des dispositifs en vigueur dans différents pays, des tendances, des monographies, des études de cas, des descriptions de situations individuelles et collectives... qui constituent des échanges de pratiques et de situations. Toutes les interventions et les discussions ont été passionnées et vives, montrant une implication très forte dans la défense de la cause des femmes Il a été évoqué et balayé les situations des femmes de tous les âges, jeunes, mères, âgées ainsi que leurs différents statuts : étudiantes, travailleuses dans le secteur tertiaire, femmes hautement qualifiées, prostituées et femmes à la retraite.
Les participant(e)s ont insisté sur l'invisibilité des femmes tout en précisant les différents contextes : femmes seules, femmes isolées rejoignant leurs époux, étudiantes, travailleuses, clandestines... De même, il a été rappelé que les femmes, dans la plupart des cas, étaient sous le joug d'une triple vulnérabilité sociale, économiques et juridique.
La question du droit a été longuement débattue. Différents problèmes ont été soulevés. Nous citerons dans un premier temps le problème de l'Application de la réforme de la Mudawana aussi bien au Maroc qu'à l'étranger. Des nombreux témoignages associatifs et d'experts juridiques montrent que les femmes marocaines sont inégales devant l'application de la Mudawana. Que cette inégalité territoriale de l'accès aux droits provient d'une part de l'insuffisance de la formation et de la sensibilisation des autorités en charge de ce dossier, et d'un déficit d'accès à l'information pour les femmes sur ce sujet.
Dans un second temps, il a été question des manques de coopération, voire de conventions qui octroient et protègent les marocains à l'étranger. Quand ces conventions existent, elles sont limitées et ne prévoient rien pour les ressortissants qui ont la double nationalité. C'est ainsi que les jugements ne sont pas reconnus. Il a été demandé de faciliter la circulation des décisions juridiques entre le Maroc et les pays tiers pour des situations tels que le divorce, les femmes abandonnées par leurs maris au Maroc, la nécessité de l'autorisation parentale de quitter le territoire pour l'enfant et la question de la Kafala.
Le séjour dans certains pays d'accueil reste lié à la figure du travailleur et l'accès aux droits essentiels tels que l'enseignement, la famille, la sécurité sociale, la participation politique... est tributaire de l'acquisition de ce statut de travailleur. En outre, ces femmes connaissent des situations de précarité liées au durcissement des lois régissant le droit de séjour et l'acquisition de la double nationalité dans les pays d'acc
Notons également, que les femmes sont de plus en plus visibles et ont accès à l'espace public. Elles occupent des postes à haute qualification et à grande responsabilité que ce soit dans les associations, dans les administrations, dans les entreprises et dans les municipalités. Même dans des situations de précarité extrême, les femmes se constituent en réseaux informels de solidarité et d'amitié. Elles participent activement à la lutte contre les discriminations, à la promotion de l'égalité, à l'accès aux droits pour toutes les femmes que ce soit dans le pays d'accueil ou d'origine.
En conclusion, des recommandations ont été fortement exprimées par les participant(e)s :
- Une meilleure connaissance qualitative et quantitative du phénomène migratoire marocain féminin qu'il soit récent ou ancien : qui émigre, pourquoi, comment ?
- L'importance de la donne statistique notamment pour certaines destinations tels que les pays africains, arabes et les Etats-Unis.
- La lutte contre l'analphabétisme sur tout le territoire
- L'accès à la formation professionnelle des femmes
- L'intégration de l'approche genre dans l'éducation des enfants et ceci dès le bas âge
- L'accès à l'information sur les droits
Le CCME est « un pont » entre les pays d'origine et les pays d'accueil notamment dans la prise en compte de la diversité des conditions de vie de la communauté marocaine à l'étranger et qui doit constituer un espace d'échanges de pratiques pour améliorer les conditions de vie, de travail et les aspects juridiques des Résident(e)s Marocains à l'étranger.
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Les femmes sont actrices de changement et doivent prendre place dans les processus de mutations socio-économiques tant au Maroc que dans les pays d'émigration, mais cette volonté se confronte à tout un ensemble de contraintes économiques, sociales, culturelles et de discriminations qui diffèrent selon les pays. Il faut également prendre en compte les nouvelles formes de migrations féminines (migrations autonomes) et les nouveaux pays d'émigration (Afrique, pays du Golfe, Europe du Sud) où la situation des femmes est encore plus marquée par la précarité, alors même que les associations et organisations collectives de défense des droits des immigrés sont peu présentes (voire totalement absentes) et ont moins d'antériorité d'expériences.
Cet espace a montré à la fois la diversité des situations des femmes qui doivent être prises en compte pour adapter les politiques de justice sociale, de liberté et d'égalité des droits, et l'universalité du combat qui reste à mener. Aussi, une collaboration passant par des partenariats et des échanges d'expériences entre le mouvement féminin (associations, syndicats, partis politiques, etc...) au Maroc et dans les pays d'émigration est-elle indispensable. Il faut faire avancer les fronts de l'égalité conjointement, et le combat des femmes marocaines d'ici et d'ailleurs doit s'inscrire dans un processus global d'accès aux droits et d'égalité des femmes.
A la lumière des interventions et des débats, 3 champs apparaissent comme fondamentaux et prioritaires :
- Le champ de l'éducation :
Malgré l'émergence depuis une vingtaine d'années d'une élite intellectuelle et professionnelle en migration et d'un accroissement sensible de l'éducation au Maroc qui a permis à de nombreuses femmes d'entamer des carrières professionnelles, les femmes sont encore largement tenues à l'écart de la formation et de l'éducation. C'est le frein majeur à l'accès aux droits et au marché du travail, et aucun changement ne pourra être véritablement opéré sans une généralisation de l'accès à l'éducation. Il faut donc continuer à encourager les actions allant dans ce sens et promouvant l'éducation pour toutes les femmes (en migration, en milieu urbain comme en milieu rural). Cependant, ces actions et cette sensibilisation ne peuvent être laissées aux seules initiatives associatives. Les gouvernements doivent prendre leurs responsabilités et mettre en œuvre les politiques et les structures adéquates.
Cette thématique de l'éducation recouvre également la question de la transmission culturelle aux jeunes générations et en particulier celle de l'enseignement de la langue arabe qui reste une revendication principale des familles émigrées afin de perpétuer le lien entre les jeunes générations et le Maroc.
- Le champ du juridique et des droits :
La question de l'évolution du cadre juridique et de l'égalité des droits n'est pas résolue malgré des avancées tant au Maroc (réforme de la Mouddawana) que dans les pays d'émigration. Il y a notamment un hiatus entre le droit et ses applications, et l'accès à l'information sur les droits. Il est donc nécessaire de continuer à mener des campagnes de sensibilisation et d'informations au Maroc et dans les pays d'émigration. Ces derniers ont par ailleurs largement contribué à maintenir les femmes immigrées dans un statut marginalisé en ne leur appliquant pas toujours les droits des nationales. De la même manière, les mouvements féministes européens ne se sont que tardivement penchés sur les droits des femmes immigrées qui restent encore sur-discriminées, ainsi que les filles des générations suivantes, lesquelles semblent victimes d'une régression dans le domaine de la liberté personnelle. Le combat pour l'égalité des droits est un combat permanent qui n'est jamais gagné et qui concerne toutes les femmes tant sur les questions de la violence, des relations familiales et conjugales (mariage, divorce, filiation, etc...), des discriminations à l'emploi, etc... Les associations qui se mobilisent et engagent des actions pour l'égalité des droits et la justice ont besoin de relais et de visibilisation au niveau médiatique et politique.
- Le champ politique et de la représentation :
Toutes les discussions ont fortement appuyé sur la nécessité de placer ces questions dans l'arène politique qui est pourtant encore majoritairement dominée par les hommes. Les femmes restent largement sous-représentées dans les partis politiques et les instances élues. Les résistances à l'entrée des femmes, à des postes éligibles ou à responsabilités, dans les organisations politiques sont le fait même des partis, tant au Maroc que dans les pays d'émigration, davantage que des électorats. Leur combat commence toujours par un combat au sein même de leur famille politique. Le débat reste cependant ouvert sur les modalités à mettre en œuvre, sans qu'il n'y ait consensus par exemple sur la mise en place de quotas. Il apparaît cependant que seuls des règlements législatifs imposant une certaine représentativité puissent faire avancer rapidement et concrètement la situation. De nombreuses expériences de lobbiyng et de promotion au niveau national au Maroc et dans les pays d'émigration, et au niveau international européen, se mettent en place pour contribuer à une meilleure représentativité des femmes dans les instances politiques et décisionnaires, pour influer sur les politiques nationales et introduire la notion de genre. En migration, la difficulté d'être femme en politique se double du fait d'être perçue comme étrangère ou immigrée, c'est donc une double discrimination qui se pose dans la représentativité.
D'une manière générale, outre l'opportunité de confronter des regards et des expériences, ces rencontres sont l'occasion de poser les premiers jalons de collaborations futures. Ainsi, une base de données pourrait être constituée avec l'ensemble des personnes, collectifs et institutions participants, et pourrait être une ressource pour la mise en place de réseaux thématiques futurs.
La multiplication des interventions a pu certes provoquer des frustrations de ne pouvoir s'étendre davantage sur certaines questions, mais elles ont aussi contribué à faire entendre la diversité des situations et la multiplicité des approches. La nécessité de faire évoluer l'image de la femme au Maroc et en migration a été évoquée à de nombreuses reprises. Cet espace d'échanges a bien montré qu'il existait des trajectoires, des histoires et des contextes différents participant ainsi déjà à faire bouger cette image, en mettant en lumière les initiatives et le dynamisme des femmes et leurs contributions au changement, tant dans le domaine associatif, politique ou économique. Les discussions et les échanges ont également révélé la volonté des femmes émigrées et des femmes issues de l'émigration de contribuer au développement social, économique et démocratique du Maroc en mettant en œuvre des initiatives transnationales.
Des partenariats sont d'ores et déjà proposés ou mis en place, notamment sur la question de l'emploi et du retour des compétences (Manpower), des échanges économiques (développement du commerce équitable, Talouine), constitution et animation de réseaux scientifiques sur les questions de genre et migrations, des espaces d'échanges de pratiques dans le domaine politique (échanges entre élus de différents pays), de la santé (expériences de médiation et de continuité de prise en charge des maladies chroniques entre le Maroc et les pays d'immigration et des migrants âgés).
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