Dans les archives sur le nazisme du Journal américain, New York Times, un titre* suffit pour résumer une ère que le monde pensait à jamais révolue. Celle du règne de la barbarie humaine sous couvert de civilisation ; de la pureté de la « race » ; de la manipulation de la philosophie Nietzschéenne, transformée en théorie du "Übermensch" national socialiste.
Bien qu'aucune crise économique, donc politique et sociale, ne se ressemble, que tout parallèle avec la crise des années 30 et "la Résistible ascension" du Führer, serait hâtif, l'on ne peut faire fi des conséquences iniques de l'horreur économique qui dure depuis 2008 sur la vie des gens.
Plus particulièrement de celle de ces millions de personnes qui vivent hors des frontières de leurs pays d'origine ; de toutes ces générations qui ne connaissent parfois le pays dont sont originaires leurs parents, que de nom, mais stigmatisées, constamment renvoyées à leurs racines « étrangères ». Comme s'il existait des « races » humaines...
Les démocraties européennes ont mal à leurs immigrés. Les nouvelles lois se sont multipliées. A contrario de la réforme de la loi sur l'immigration proposée par l'actuelle administration américaine, qui propose de régulariser des millions de sans papiers, l'Europe durcit ses lois en matière d'immigration. Un durcissement lié à la crise économique mais aussi au retour en force des extrêmes droites et parfois de mouvements néo nazis.
En réponse aux chiffres qui montrent que l'Europe a besoin d'immigration, les politiques annoncent que cette immigration se doit d'être « intelligente », « hautement qualifiée », « choisie ». Une « stratification » qui n'a aucun impact sur les mouvements les plus réactionnaires présents aujourd'hui dans toute l'Union Européenne.
Dans certains pays, en Grèce, berceau de la civilisation occidentale, l'extrême droite qui ne cache guère son admiration pour le nazisme siège au Parlement. Allant jusqu'à empêcher le poumon de la démocratie de voter une loi contre le racisme. Au Danemark, l'extrême droite légifère comme tous les autres partis démocratiques du pays. Aux Pays-Bas cette droite extrême, revigorée depuis l'assassinat par un islamiste du réalisateur Theo Van Gogh en 2004, a une cible bien particulière: l'islam sans distinction de « pratique ». Dans la Belgique Flamande, là aussi c'est l'extrême droite qui fait et défait la politique en matière migratoire. Même en Grande Bretagne, l'extrême droite eurosceptique et contre l'immigration connait une success story ahurissante : les agressions contre les étrangers, musulmans plus particulièrement, se sont multipliées ces derniers mois.
Dans un entretien -à paraître ce 12 Juin sur le portail- que nous accorde M.Alain Gresh, directeur adjoint du Monde Diplomatique, celui-ci nous déclare :" ce qui me semble le plus notable c'est que le discours islamophobe que véhiculent ces partis n'est possible que parce que l'essentiel des forces politiques ont repris les mêmes thèmes, de manière moins extrémiste, moins caricaturale. Le discours islamophobe a pénétré l'ensemble du champ politique, y compris celui de la gauche. Et cela est très inquiétant".
La question migratoire qui est d'abord une histoire de femmes et d'hommes faits de chair et d'os est depuis un peu plus d'une décennie entrain de se muer en question religieuse. Ce qui est dangereux.
Par la rédaction