La crise économique mondiale qui dure « officiellement » depuis 2008 a fait des dégâts. Dans les économies et les esprits. Les systèmes sociaux européens, les plus aboutis au monde en ont pâti. Et continuent d'en payer le prix. Reraîtés, ouvriers, employés, chômeurs, les citoyens de souche et ceux qui sont arrivés après, c'est-à-dire au XXème siècle...Ce qui fait beaucoup. L'histoire a hélas montré qu'à chaque grande crise c'est souvent la bête en l'homme qui ressurgit. Celle-la même que la civilisation, les droits de l'homme, les lois, celles du vivre-ensemble, tente de faire « taire » depuis que l'Homme a choisi de réfuter cette théorie du surhomme qui a failli faire disparaître l'Europe de la carte du monde.
Plus clairement, la question qui est posée aujourd'hui est à la fois simple et compliquée : crise économique et racisme sont-ils liés ? Le citoyen d'origine étrangère dans un pays en crise devient-il forcément ce que les anglo-saxons appellent « a scapegoat », le coupable des maux d'un malaise mondial né de la folie d'une poignée d'humains toutes nationalités confondues ; qui à force de jouer au « cap', t'es pas cap » mettent à néant la politique, les politiques et naturellement des Etats et les citoyens ? Plus clairement devient-on raciste pour des raisons liées à cet argent/propriété que Proudhon définissait comme du « vol »? La réponse semble plus complexe qu'il n'y paraît.
Quand rien ne va plus, il est normal que l'on cherche un coupable. Et le premier désigné , en général, est le politique. Parce que « gouverner c'est prévoir »... Ceci étant dit, une crise économique de l'ampleur de celle que le monde connaît aujourd'hui était-elle à ce point prévisible pour les politiques et les citoyens ? La destruction est sans doute plus simple que la construction. Cela a pris plus d'un demi siècle pour l'Europe de construire ses systèmes sociaux qui vont de la Norvège à l'Espagne.
Les meilleurs acquis sociaux sont scandinaves. Pourtant c'est dans ces pays que les partis populistes à caractère raciste siègent le plus dans les parlements, avec bien entendu des régions comme la Flandre , les Pay-Bas, l'Autriche ou encore la Hongrie et la Grèce. S'agissant de la Grèce il faut tout de même dire, quitte à le crier sur le toit Monde, qu'après avoir pour la première fois depuis la chute de la dictature militaire, ouvert les portes du parlement au mouvement d'extrême droite Aube d'Orée qui était à 18% en début d'année 2013, il a suffi d'un choc résultant de la bête humaine : à savoir le meurtre d'un rappeur anti-fasciste, pour que la population pourtant annihilée et mise à terre par la crise, occupe les rues du pays pour exiger le départ quelques mois plus tard seulement, des têtes pensantes du racisme au Parlement Grec. Le mouvement raciste élu par dépit est ressorti la tête basse du poumon de cette civilisation qui a donné naissance à l'Occident.
Tout ceci pour dire que le lien entre racisme et crise économique n'est pas mathématique. L'un des meilleurs sociologues - et idéologue - du XIXème siècle écrivait « ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, mais leur existence sociale qui détermine leur conscience». Si Marx avait vécu au XXIème siècle peut-être aurait-il pris en compte des paramètres autres qu'économiques dans sa pensée. Car le racisme, le rejet de cet autre qui "ne nous ressemble pas" est certes une question intimement liée à la précarité sociale, mais pas naturellement à la conscience de l'Homme.
LA REDACTION