vendredi 22 novembre 2024 15:31

Faux-semblants

Moins de trente ans après la chute du mur, les grands discours sur la mondialisation qui allait être l'un des plus grands acquis de l'humanité, un monde sans frontières, un village MacLuhanien, la réalité cynique du 21ème siècle vient nous rappeler, et d'une façon fracassante, qu'il faut être réaliste et rêver...le possible.

 Il est plus aujourd'hui question de croissance, de plans sociaux, de misère humaine...de l'univers de Dickens, Zola, celui des riches et des pauvres version XXIème siècle.

Un monde cynique qui tente de maquiller le très visionnaire « Brave New World » de Huxley afin de faire croire à l'humanité que la liberté, la justice, l'égalité, sont à portée de main, dans cet univers virtuel parallèle géré par un Big Brother lobotomisant et invisible.

 Un jeune ou moins jeune vivant en Centrafrique aujourd'hui peut avoir des milliers d'amis (fake-faux) sur facebook, avoir l'impression d'être connecté avec les amis de la liberté scandinaves assis bien au chaud dans leur maisons cosy, mais la réalité est que, dehors, des compatriotes s'entretuent parce qu'ils ne s'aiment pas. Dans ce cas cela se passe entre chrétiens et musulmans qui se battent à coups de machette...

Le monde d'aujourd'hui ressemble à un « fake » : il est fait de... semblants. Des millions de personnes vivant dans une précarité absolue naviguent à vaux l'eau dans le world "wild" web imaginant être dans le monde réel... Autant de personnes cherchent à vivre mieux en tentant d'atteindre l'inaccessible étoile, celle susceptible de leur permettre de mieux vivre. Ces gens-là, ces migrants ne sont désirés qu'en période de prospérité économique. Ce qui sera le cas dans les lointaines années à venir, mais pas aujourd'hui.

Des dizaines de milliers de personnes parties sans bagages des parties les plus pauvres du « village » meurent dans les déserts arides, les mers profondes, plus particulièrement en Méditerranée, parce que persuadées qu'ailleurs l'herbe est forcément plus verte que chez eux. La crise économique, les difficultés sociales qu'elle engendre, le chômage, le déclassement tout cela importe peu pour eux. Pour preuve, chaque 18 décembre, en plein hiver, le monde fête le migrant...

Le plus grand paradoxe dans ce monde cette fois-ci globalisé, c'est-à-dire, financiarisé, celui de l'argent de Zola, est que les frontières de l'argent existent. Et elles ne sont aucunement virtuelles. Des milliers de migrants restent bloqués dans des pays où ils ne souhaitaient pas s'installer. Parce que pas assez riches... Parce que comme le disait l'ancien premier ministre socialiste Michel Rocard, « la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre sa part ».

Il est tentant de remplacer France par Maroc, car le Royaume est devenu aujourd'hui l'un des passages obligés pour des milliers de gens du continent en quête d'un Graal qui n'existe plus. Bien qu'une politique adaptée à cette question humainement difficile ait été mise en place par Sa Majesté le Roi, il n'en demeure, hélas, pas moins que notre pays, risque de devenir une cible idéale pour les commerçants de la surenchère.

LA REDACTION

 

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