Le discours de SM le Roi Mohammed VI du 20 août 2016, à l’occasion du 63ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, est une leçon magistrale en termes de solidarité africaine, d’humanisme envers l’immigration venue de d’Afrique au Royaume ainsi que de la dé-construction et démystification des discours de la haine et des attentats commis au nom de l’Islam mettant en péril l’humanité en général et de l’immigration musulmane en particulier.
Voici les points forts du discours de SM le Roi Mohammed VI sur le terrorisme en général et la question migratoire en particulier.
L’immigration victime de l’extrémisme et du terrorisme
« Le monde entier parle de la problématique migratoire et des drames humains endurés par les immigrés. Cette situation ne cesse de s’aggraver en raison de la propagation du phénomène extrémiste et terroriste et de la tentative de le relier, à tort ou à raison, aux immigrés, surtout en Europe » a dit Sa Majesté en invitant « les Marocains résidant à l’étranger à rester attachés aux valeurs de leur religion et à leurs traditions séculaires face à ce phénomène qui leur est étranger ».
Tout en exhortant les Marocains résidant à l'étranger « à s’armer de patience face à cette conjoncture difficile, à s’unir et à être toujours en première ligne parmi les défenseurs de la paix, de la concorde et du vivre-ensemble dans leurs pays de résidence respectifs », SM le Roi a rappelé qu’en raison de « la perversion de l’image de l’islam et des attentats terroristes qui ont coûté la vie à bon nombre d’entre eux (...) ils subissent aussi de plein fouet les réactions de certains et les accusations qu’ils portent contre eux en raison de leur confession ».
Par la suite Sa Majesté a entamé avec maestria un discours inédit de dé-construction des discours de la haine qui mènent aux meurtres au nom d’un islam perverti : « Mais depuis quand le Jihad revient-il à tuer des innocents ? »
Faisant référence au meurtre du père Jacques Hamel, le 26 juillet dernier, lors d'une prise d'otages dans l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen en France, SM le Roi a affirmé avec force : « Bien évidemment, nous condamnons vigoureusement le meurtre d’innocents, et sommes convaincus que l’assassinat d’un prêtre est un acte illicite selon la loi divine, et que son meurtre dans l’enceinte d’une église est une folie impardonnable. Car c’est un être humain et un homme de religion, quand bien même il n’est pas musulman »...
Car, « Les terroristes qui agissent au nom de l’Islam ne sont pas des musulmans et n’ont de lien avec l’Islam que les alibis dont ils se prévalent pour justifier leurs crimes et leurs insanités. Ce sont des individus égarés condamnés à l’enfer pour toujours. L’ignorance les incite à croire que leurs agissements relèvent du Jihad. Mais depuis quand le Jihad revient-il à tuer des innocents ? Le Très-Haut a dit : «Ne soyez pas transgresseurs ; Dieu n’aime pas les transgresseurs».
Est-il concevable que Dieu, le Tout-Clément, le Tout-Miséricordieux, puisse ordonner à un individu de se faire exploser ou d’assassiner des innocents ? Pourtant, l’Islam, comme on le sait, n’autorise aucune forme de suicide, pour quelque motif que ce soit, comme attesté dans le verset qui dit : « Celui qui a tué un homme qui lui-même n’a pas tué, ou qui n’a pas commis de violence sur la terre, est considéré comme s’il avait tué tous les humains ».
L’Islam est une religion de paix, comme énoncé dans le Saint-Coran : «ô vous qui croyez, entrez tous dans la paix».
Dans l’Islam, le Jihad est soumis à des conditions rigoureuses, entre autres qu’il n’est envisageable que par nécessité d’autodéfense, et non pour commettre un meurtre ou une agression, car attenter à la vie au nom du Jihad est un acte illicite.
Parmi les conditions de sa validité, il y a aussi le fait que l’appel au Jihad est du ressort de la Commanderie des Croyants, et qu’il ne peut émaner d’aucun individu, ni d’aucun groupe.
Ceux qui incitent au meurtre et à l’agression, qui excommunient indûment les gens et qui font du Coran et de la Sunna une lecture conforme à leurs intérêts, ne font que colporter le mensonge au nom de Dieu et du Prophète.
C’est cela la vraie mécréance, comme l’atteste la parole de Dieu qui dit : «Qui est donc plus injuste que celui qui ment sur Dieu et que celui qui traite de mensonge la Vérité, lorsqu’elle leur parvient ? N’y a-t-il dans la Géhenne un lieu de séjour pour les incrédules?», et le confirme le Hadith de Notre Aïeul, le Prophète, prière et salut sur lui : «Celui qui ment délibérément à mon sujet, qu’il se prépare à prendre sa place en enfer».
L’instrumentalisation des jeunes musulmans en Europe
SM le Roi a en outre affirmé -que ces incitateurs au meurtre et à l’agression au nom d’un islam dévoyé- « instrumentalisent certains jeunes musulmans, plus particulièrement en Europe, et exploitent leur méconnaissance de la langue arabe et de l’Islam véridique pour relayer leurs messages erronés et leurs promesses dévoyées » en ajoutant « La raison admet-elle que le Jihad soit récompensé par la jouissance d’un certain nombre de houris ? Le bon sens admet-il que quiconque écoute de la musique est voué à être englouti dans les entrailles de la Terre, et bien d’autres mystifications? Les terroristes et les radicaux mettent tout en œuvre pour amener les jeunes à les rejoindre et à s’attaquer aux sociétés imprégnées des valeurs de liberté, d’ouverture et de tolérance ».
Instances islamiques et responsabilité
Sa majesté le Roi a déclaré que « nombre de groupes et d’instances islamiques estiment disposer d’un référentiel puisé dans la religion et représenter, de ce fait, le vrai Islam, ce qui signifie que ce n’est pas le cas pour les autres. Mais en réalité, ils sont bien loin de l’Islam et de ses valeurs de tolérance. Cette attitude favorise la dissémination de l’idéologie extrémiste, excommunicatrice et terroriste. Car les apologistes du terrorisme pensent que c’est la voie qui conduit à l’Islam authentique. Aussi, il appartient à ceux-là de mesurer la part de responsabilité qui leur revient dans les crimes et les drames humains qui sont provoqués au nom de l’Islam.
Musulmans, Juifs, Chrétiens, le devoir de l’unité contre l’obscurantisme
« Nous sommes tous visés. Quiconque pense ou croit en ce que Je dis est une cible potentielle pour le terrorisme, qui a déjà frappé le Maroc, puis l’Europe et de nombreuses régions du monde.
Face à la prolifération des obscurantismes répandus au nom de la religion, tous, musulmans, chrétiens et juifs, doivent dresser un front commun pour contrecarrer le fanatisme, la haine et le repli sur soi sous toutes les formes.
L’Histoire de l’humanité est la meilleure preuve que le progrès ne peut se réaliser dans toute société en proie à l’extrémisme et à la haine, lesquels constituent conjointement le principal facteur d’insécurité et d’instabilité.
De plus, la civilisation humaine abonde en modèles de réussite qui confirment que l’interaction et la coexistence interreligieuses génèrent des sociétés civilisées ouvertes, où règnent affection et concorde, bien-être et prospérité.
En témoignent les civilisations islamiques, notamment celles de Bagdad et d’Al-Andalous, qui comptaient parmi les civilisations humaines les plus évoluées et les plus ouvertes ».
CCME