Depuis fort longtemps on assiste à l’absence de grands leaders africains tel que le regretté souverain feu Mohamed V, Jamal Abdel Nasser et Nelson Mandela. Voici que l’Afrique accueille aujourd’hui Sa Majesté Mohammed VI, comme un nouveau leader qui porte les espoirs des peuples et leurs rêves d’un futur meilleur. Il avance pour défendre leurs intérêts, dans une ère où l’Afrique est sur le point de se résigner à son sort empreint de soumissions, des répercussions des guerres civiles, des changements climatiques, des exodes massifs et les départs du continent noir vers le Nord loin de la soif, la faim, les violences et le terrorisme.
Un leader qui a eu la confiance des peuples de l’Afrique avant ses gouvernants, préoccupé par le souci du développement du continent africain et qui s’enquiert, lors de ses visites, de ses villes, ses villages et ses jungles. C’est pour cela que le discours du 41e anniversaire de la marche verte, prononcé depuis Dakar, capitale du Sénégal, consacre dans sa première partie un précédent historique pour les Rois du Maroc ; et témoigne, dans sa deuxième, de l’amitié et de la fraternité pour le Sénégal. Le discours depuis Dakar ne devrait pas susciter l’exclamation, au contraire, si l’on considère la position historique du Sénégal vis-à-vis du Maroc et le soutien indéfectible dans ses causes justes, notamment la question de la souveraineté du Royaume. Quand le Maroc avait quitté l’Union Africaine en 1984, l’ancien Président Abdou Diouf avait même déclaré qu’ « il n’est pas possible d’imaginer l’organisation sans le Maroc … ».
Si le discours de la marche verte de 2015 avait été prononcé depuis Laayoune, capitale des provinces du sud, qui incarne les fondements de la stabilité, l’attachement de leurs enfants à leur marocanité et à leur système politique, et se distingue par son potentiel à devenir un axe de coopération économique reliant le Maroc à ses racines africaines ; le discours de la marche verte de 2016 a, pour sa part, été prononcé depuis un pays frère, lié historiquement et spirituellement au Royaume et considéré parmi les Etats démocratiques de l’Afrique. Un pays qui respecte les institutions constitutionnelles et les urnes, qui jouit également d’une stabilité politique et sociale remarquable dans la région ; et non pas pays de coups d’état. Le Président Macky Sall considère le discours depuis Dakar comme un évènement historique, car Sa Majesté le Roi a voulu s’adresser à l’Afrique et aux Africains.
Dans le discours du 6 novembre 2016, Sa Majesté le Roi a utilisé un langage direct, dont les objectifs, à la dimension africaine, peuvent être facilement assimilés. Ceci justifie la référence faite à la carte africaine, qui porte plusieurs messages directs : le Maroc est un composant africain, le futur du Maroc est dans l’Afrique et le futur de l’Afrique dans le Maroc.
C’est dans cet esprit que le Royaume oriente sa boussole économique et politique vers le sud, dans le cadre d’une coopération sud-sud, consacrant ainsi le préambule de la Constitution marocaine de 2011 qui l’engage « à consolider les relations de coopération et de solidarité avec les peuples et les pays d’Afrique, notamment les pays subsahariens et du Sahel », ce qui représente en soi une révolution tranquille que Sa Majesté a mené à travers ses diverses visites dans les pays de l’Afrique de l’Ouest francophone et de l’Afrique de l’Est anglophone. Le discours a été l’occasion d’expliquer les relations avec ces pays n’étaient pas suffisantes, « non pas par négligence ou par omission, mais pour des raisons objectives comme la langue, l’éloignement géographique et les différences de patrimoine historique ». Les réalisations de cette révolution tranquille commencent déjà à se faire ressentir dans les multiples partenariats conclus avec des pays importants dans la région comme le Rwanda et la Tanzanie.
L’absence du Maroc de l’Union Africaine depuis 1984 a contribué à l’affaiblissement des relations de coopération et de solidarité entre plusieurs pays africains, et a permis aux ennemis de l’intégrité territoriale d’envenimer des relations du Royaume avec les pays de l’Afrique. Ceci motive le Maroc à réintégrer l’organisation, parmi sa famille africaine, lors du sommet de Kigali 2016, loin de toute manœuvre tactique gratuite, car l’Afrique est notre famille à tous et le Maroc n’a pas besoin de permission pour y entrer.
Le discours de la marche verte a comporté un message implicite adressé à toutes les parties que le retour du Royaume à la maison africaine dérange, et il n’est désormais qu’une question de temps pour que le Maroc dispose d’une majorité écrasante et réintègre l’Union africaine. Le discours de Sa Majesté a en outre annoncé le contenu du « cahier des charges » du Royaume envers les peuples et les pays d’Afrique, à commencer par l’engagement du Maroc à défendre les intérêts du continent dans les manifestations internationales. Le Royaume est également prêt à partager son expérience avec les pays africains dans plusieurs domaines, surtout en ce qui concerne la sécurité et la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme, à poursuivre les efforts pour le traitement du phénomène migratoire en le reliant au développement et à œuvrer au règlement des différends par les moyens pacifiques. Plus que ça, le Maroc fera de la Conférences des Parties (COP22) Marrakech un sommet pour l’Afrique, et ce en élaborant une vision commune pour défendre les revendications du continent, surtout concernant le financement et le transfert de technologie.
Le retour du Maroc à sa place naturelle au sein de l’Afrique est une occasion de corriger les contre-vérités adoptées par les ennemis de la souveraineté nationale, notamment au sein de l’Union africaine.
Pour tout cela, et considérant l’importance de cette étape décisive, le Maroc a besoin d’un gouvernement sérieux et responsable, capable d’adopter des politiques globales intégrant tous les pays de l’Afrique et d’honorer les engagements du Maroc avec ses partenaires, comme l’a affirmé Sa Majesté le Roi. Nous avons touché le ton rigoureux avec lequel le discours s’est adressé aux concernés par la formation du gouvernement après les élections du 7 novembre, surtout que l’article 47 de la Constitution stipule que le Roi nomme les membres du gouvernement sur proposition du chef du gouvernement…, ce qui explique que Sa Majesté a tout à fait le droit d’accepter ou de refuser ces propositions et c’est la raison pour laquelle Il veille à ce que le prochain gouvernement ait un programme et des priorités définis, avec l’Afrique au premier chef, et ce loin de la logique du butin électoral !
Le Maroc a réussi inverser les équations politiques et économiques en diversifiant ses partenaires tout en préservant les partenaires classiques, et a fait preuve de maturité politique en annonçant son retour à sa place naturelle au sein de la famille africaine. Pour conforter cette orientation stratégique envers l’Afrique, le prochain gouvernement peut créer une institution ministérielle, probablement sous la forme d’un ministère délégué aux affaires africaines, qui puisse avoir les prérogatives d’une communication horizontale avec les institutions concernées et de la coordination des politiques marocaines et africaines afin de promouvoir la coopération maroco-africaine.
Enfin, il est essentiel de noter que les déplacements royaux en Afrique et la chaleur de l’accueil officiel et populaire réservé à Sa Majesté le Roi dans tous les pays qu’Il a visité en tant que leader du continent africain capable d’exprimer les aspirations de l’Afrique et de ses peuples au développement et à la dignité, ne peuvent que vider la thèse des ennemis de la souveraineté nationale de toute sa crédibilité, basée sur la diabolisation du Maroc et la perturbation de son image par des contre-vérités.
M. Abdellah Boussouf, Secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME)