Le pavillon du CCME au Salon du livre de Rabat a accueilli, ce dimanche 12 mai 2024, une rencontre entre deux artistes, la romancière Hajar Azell (France) et le réalisateur Hakim Belabbes (USA), qui ont répondu aux questions de la journaliste Soundouss Chraïbi sur le prolongement de l’identité sur les espaces artistiques.
Dans leurs récits, les invités ont tenté de raconter leur expérience de « l’entre deux terres », un état d’âme « rempli de flou et d’un permanent movement d’allers-retours, un pied vers soi, et un pied vers le monde extérieur ». En créant dans l’écriture ou dans le cinéma, Hakim Belabbes et Hajar Azell se prêtent naturellement à ce mouvement « et voient leur culture d’origine flotter dans leur pensée ».
A commencer par l’expérience du départ du pays d’origine, où chacun a vécu une réalité selon ses conditions socioculturelles. Pour Hajar Azell, qui très jeune avait déjà « conscience que plusieurs mondes existaient au Maroc et que la maîtrise de la langue était une force » car,
« en tant que Marocains, on est constamment en train de tisser des liens en traduisant les différents dialectes, du nord au sud et de l’est à l’ouest ».
Cette richesse culturelle a vécu en elle même en changeant d’espace et de pays, ce qui l’amène à penser que « l’entre deux n’est pas du déchirement mais de la joie » et que l’écriture lui a permis de rendre « noir sur blanc un souvenir sensoriel ».
Mais écrire, selon elle, nécessite en plus de l’engagement émotionnel, un engagement intellectuel car, « il y a une dimension politique qu’il faut connaître pour mieux inventer la réalité ». Elle conjugue son identité « qui n’est pas quelque chose de figée, à l’espace, un paramètre en changement permanent, pour pouvoir raconter des faits malheureux avec des mots joyeux puisqu’en changeant d’espace on change nos contextes et nos émotions ».
Pour sa part, le réalisateur Hakim Belabbes décrit le cinéma comme une échappatoire pour transformer la laideur de la réalité. Une échappatoire « qui s’est créée dans son imaginaire et qui s’est traduite dans la réalité lui permettant de changer d’espace et de se transformer ».
En partant aux États-Unis il pensait changer simplement de condition sociale mais au fur et mesure qu’il évoluait, il s’est rendu compte qu’il « ne reviendra jamais la personne qui est partie et que la réalité qu’il voulait changer constituait sa principale source d’inspiration ».
Sa culture marocaine, riche et diversifiée, est le principal timbre de sa « voix et l’empreinte unique » qui se traduisent dans les plus simples gestes de son métier : « même les champs de mes plans de caméra étaient inspirés de ma culture d’origine », il se rappelle à cet effet un réalisateur japonais qui orientait ses caméras au plus près du sol car « la position assise faisait partie intégrante de sa culture nippone ».
Aujourd’hui, il voit la splendeur de sa culture marocaine prendre des formes à l’horizon infini quand il observe ses « filles parler l’arabe avec une conscience américaine » : « c’est une autre vision du Maroc et de notre culture qui s’enrichira en étant transmise de génération en génération ».
CCME
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Biographie de Soundouss Chraïbi : CCME - Soundouss Chraïbi
Biographie de Hakim Belabbes : CCME - Hakim Belabbes
Biographie de Hajar Azell : CCME - Hajar Azel