Après les rendez-vous manqués de 2013, Washington se prépare à nouveau à aborder un dossier qui divise profondément démocrates et républicains. Certains indices incitent toutefois à l’optimisme.
Lorsque le Congrès américain a adopté le budget pour 2014 et 2015 fin décembre, John Boehner, le président de la Chambre des représentants, en a profité pour se démarquer du Tea Party, qui s’est le plus opposé à tout projet de réforme.
En rabrouant la frange radicale de son parti, M.Boehner a envoyé un clair signal de rupture qui pourrait lui laisser les mains libres sur plusieurs dossiers. « Honnêtement, je pense qu'ils induisent leurs partisans en erreur » et « qu'ils mettent nos membres dans des positions dans lesquelles ils ne veulent pas se trouver » a-t-il déclaré aux journalistes.
“M.Boehner aurait changé son point de vue sur l’immigration”, titrait récemment le New York Times. Le chef des républicains devrait présenter dans les prochaines jours une « déclaration de principes » où, pour la première fois, il envisagerait un « chemin vers la régularisation » (« a path to citizenship ») pour les quelques onze millions de sans-papiers.
Les républicains ont déjà signalé qu’ils préfèrent une série de textes, plus axés sur les questions de sécurité et les immigrés hautement qualifies plutôt qu’un projet comme celui adopté par le Senat en juin de l’année dernière, qui prévoit, à la fin d'une période transitoire de 13 ans, d'accorder la nationalité américaine aux personnes vivant illégalement aux Etats-Unis.
Le président Obama a fait connaitre pour sa part qu’il serait prêt à accepter des réformes plus circonscrites. La secrétaire au commerce, Penny Pritzker, a réitéré il y a quelques jours à Los Angeles que la réforme de l’immigration était l’une des priorités du gouvernement américain.
Autre piste : Eric Cantor, numéro deux de la majorité républicaine à la Chambre des représentants déclarait devant ses collègues de parti lors d’une séance législative la semaine dernière que réformer « l’immigration pourrait supposer un boom économique » pour les Etats-Unis.
Quant aux Hispaniques, dont le vote est si convoité, ils serait prêts, eux aussi, à accepter un compromis : 55% des Latinos estiment que les clandestins doivent avant tout pouvoir vivre et travailler aux Etats-Unis sans craindre de se faire expulser, selon un enquête du Pew Research. Quitte à choisir, ils préfèrent une loi qui permette la régularisation sans-papiers mais pourraient éventuellement se contenter d’un statut intermédiaire.
Ceci donne aux deux partis une certaine marge de manoeuvre pour trouver un terrain d’entente. Le président Obama, dont la côte de popularité parmi les Hispaniques a chuté de 23 points depuis l’année dernière, serait bien forcé d’accepter le résultat.
Il faut maintenant trouver le bon moment dans le calendrier politique. Selon les spécialistes de Washington, l’occasion se présenterait entre mai et juin, juste après les primaires républicaines et quelques mois avant les élections législatives de novembre.
19 janvier 2014
Source : Le Monde